Brexit: éviter le retour des pleureuses

Donc, la Grande-Bretagne a décidé de sortir de l’UE. Tiens ! On nous disait autrefois qu’on ne pouvait plus en sortir une fois entré. C’est donc faux, voilà une bonne nouvelle !

On devine sur les ondes et dans les journaux, le chœur des pleureuses : enfermement, étroitesse de vue, égoïsme, insécurité, bref ! Toutes les calamités et tous les défauts. C’est un peu l’équivalent du vote du 9 février, chez nous, en plus grave. L’événement mérite, sans pathos, une analyse fine qui permette de dessiner un éventuel avenir.

Depuis la création de l’Euro, depuis son élargissement à la vitesse grand V, l’Union européenne n’a cessé d’être décriée par les peuples, mais les responsables se bouchent toujours les oreilles car ils ne peuvent admettre que l’on conteste leur instrument de pouvoir, que l’on menace leur jouet international.

Centre de réunion de l’argent et de l’influence politique, donc aussi de la mafia, notamment récupérée de feue l’URSS, Bruxelles ne fait rêver que ceux dont l’idéal se limite à leur propre personne. Le Brexit oblige à s’arrêter et à faire le point. Rien ne servira, comme en Suisse en 1992, de traiter la majorité votante de majorité d’imbéciles, avançant l’œil fixé sur le rétro-viseur, de s’invectiver les uns les autres. Les vrais Européens seront ceux, dans tous les pays, y compris en Suisse,  qui analyseront  les causes de cet échec européen, oseront dire que les choses doivent être reprises sans doute à zéro, soit à partir du noyau dur des six, renonceront à « punir » la Grande-Bretagne et chercheront à limiter au maximum, pour tous les pays, les conséquences négatives éventuelles sur le plan économique. L’avenir de l’Europe dépend de ceux qui raisonneront en gardant la tête froide, sauront échapper à une crise de mauvaise humeur revancharde et auront assez d’honnêteté pour chercher, avec la Grande Bretagne et peut-être aussi avec la Suisse et d’autres Etats, comment reprendre la marche vers une paix qui n’a presque jamais cessé d’être compromise.

 

Le 24 juin 2016

 

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

3 réponses à “Brexit: éviter le retour des pleureuses

  1. Excusez-moi mais c’est un peu facile comme commentaire : la GB a toujours gardé sa propre monnaie (et du coup on paie des frais de change de toute façon quand on fait un virement bancaire vers la GB), son propre système de prise électrique, etc etc… Quand on allait en GB avant le Brexit,en venant d’Europe, on avait déjà l’impression d’être ailleurs. Oui elle est entrée dans la CEE, devenue depuis UE, mais avec tellement d’arrangements personnalisés qu’elle a toujours eu un pied dedans et un pied dehors. Le Brexit n’a rien de comparable avec ce qui se produirait si un pays ayant adopté l’euro, et faisant partie du coeur de fonctionnement de l’UE (Benelux, France, Italie, Allemagne, Portugal et Espagne, Grèce) en sortait avec changement de monnaie en particulier.

  2. On pensait effectivement qu’il n’était pas autorisé de l’union, car les traités ne l’autorisaient pas. Si un État sortait contre le grès des autres membres, il devait rompre le traité unilatéralement. L’État sortant s’exposait donc à des contres mesures comme avec tout traité international. Depuis le traité de Lisbonne, les choses changent, ce traité ayant un droit de sorti explicite à l’article 50: « Tout État membre peut décider conformément à ses règles constitutionnelles de se retirer de l’Union. »

    Je vous laisse lire l’article Wikipedia, ce sera déjà un début: https://fr.wikipedia.org/wiki/Retrait_de_l%27Union_europ%C3%A9enne

  3. On pensait effectivement que quitter l’union n’était pas autorisée, car les traités ne l’autorisaient pas. Si un État sortait contre le grès des autres membres, il devait rompre le traité unilatéralement. L’État sortant s’exposait donc à des contres mesures comme avec tout traité international. Depuis le traité de Lisbonne, les choses changent, ce traité ayant un droit de sortie explicite à l’article 50: « Tout État membre peut décider conformément à ses règles constitutionnelles de se retirer de l’Union. »

    Je vous laisse lire l’article Wikipedia, ce sera déjà un début: https://fr.wikipedia.org/wiki/Retrait_de_l%27Union_europ%C3%A9enne

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