Depuis près de 40 ans, l’idéologie pourrit l’école (vaudoise)

La démocratisation des études  mal comprise et récupérée par des maniaques de l’égalitarisme, le culte du pourcentage des étudiants, la négation de l’existence de formes différentes d’intelligence, la méconnaissance des spécificités de l’enseignement du côté des responsables politiques de tous bords, tous ces vices s’unissent depuis plusieurs décennies et minent peu à peu l’école (vaudoise), la formation professionnelle et l’université, naturellement au grand dam des jeunes que l’on trompe sur eux-mêmes et malgré les efforts  admirables de beaucoup d’enseignants pour « sauver les meubles ». On peut évidemment encore ajouter à la liste les méfaits d’Harmos.

L’entrée en vigueur de la Loi sur l’enseignement obligatoire (LEO) dans le canton de Vaud – acceptée en votation populaire – menace de parachever la catastrophe. Tout y est mis en œuvre, pour accélérer la médiocratisation de la formation scolaire. On trompe les jeunes, on décourage les moins scolaires, on amollit ou on affame les plus scolaires, on trompe les parents en les renseignant mal sur leurs enfants, on trompe les citoyens sur les résultats des « réformes », on démotive et on épuise les enseignants, on gaspille des sommes considérables notamment en prolongeant systématiquement et inutilement les études.

Qui va oser crier haut et fort au scandale ? Les enseignants qui constatent les dégâts craignent pour leur poste, les parents craignent une vengeance sur leurs enfants, les partis politiques craignent pour leurs sièges. Et les idéologues bêlent qu’ils préparent l’avenir ! Vivement que l’on touche le fond pour remonter ! L’arrivée au gymnase des premières classes « LEO » pourrait annoncer cette dernière étape !

Le 9 juin 2016

 

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

7 réponses à “Depuis près de 40 ans, l’idéologie pourrit l’école (vaudoise)

  1. Merci pour cette vision catastrophiste mais qui ne restera pas longtemps comme exagérée. L’école publique va dans le mur. Ses élèves aussi dans le mesure où aujourd’hui, nous ne sommes pas loin d’aider individuellement un enfant sur deux, dès les premières années d’école et constatons que cela ne va guère mieux après. Que vont-ils devenir dans le vrai monde, celui dans lequel il faut faire ses preuves par soi-même sans le soutien de l’enseignant spécialisé et des parents pas toujours responsables?

  2. Comme cela fait du bien de lire votre texte si vrai, Madame Sandoz !
    Et lorsqu’on sait que 28.5 % du budget du Canton de Vaud est consacré à l’enseignement, on se dit que c’est un véritable gâchis.
    Ce qui me peine particulièrement, c’est d’entendre des parents, réalisant que leur enfant n’apprend pas grand-chose à l’école publique, dire qu’ils n’ont pas les moyens de payer une école privée.
    L’idée du bon scolaire était excellente.

  3. Bonjour,
    Merci pour votre article qui décrit une situation difficile et contradictoire. En effet, le déclin de l’exigence conduit au marasme et je suis embarassée de le dire car si l’on peut le penser, il est plus délicat de l’écrire. Croire au savoir n’a plus de sens, s’il n’est économmique ou politique. Economique pour répondre aux “nécessités” économiques de certains, et politique pour ne pas devenir le “mouton noir” et mettre son emploi en danger. Parlons bas, parlons peu, surtout dans cette époque où ne pas être conformiste est assimilé à un danger … si je ne suis pas d’accord, alors mes compétences ne seront pas utilisées, ni plus sollicitées. Pourtant s’il est un vrai danger, c’est celui de ne plus compter sur la matière grise de la Suisse, la ressource cardinale, qu’elle que soit la nationalité, la non-appartenance ou l’appartenance politique, le genre (hé oui, c’est une sujet, encore, toujours), la religion, et cela dans le privé comme dans le public…. En tant que parent, aujourd’hui collaboratrice scientifique de l’Etat de Vaud, enseignante, citoyenne, ingénieure, ayant vécu plusieurs années à “l’étranger”, je souhaite ardamment que les têtes se réveillent pour toute la journée, tous les mois, toutes les années et les prochaines decennies !

  4. Bravo pour cette tribune éloquente et qui vaut certainement pour nombre de territoires pollués par les nouveaux pédagogismes et les inconséquences des HEP.

    Que l’Etat se contente d’être juste, nous nous chargeons d’être heureux (Benjamin Constant)

  5. Bonjour madame,

    Il se révèle intéressant à propos de cette dérive globale de l’enseignement en Europe de fouiller du côté du lobbying de l’OCDE envers les divers ministères de l’éducation via des orientations budgétaires et des directives qui favorisent certaines options de “formatage”, lesquelles n’ont plus qu’un vague lien avec la pédagogie et dont la finalité première n’est plus l’éducation mais la “production” de bon petits soldats corvéables de l’ultralibéralisme aveugle (pléonasme).

    Pour soumettre un peuple, effacez-lui sa mémoire. Ôtez-lui la lecture de l’Histoire et il perdra de surplus le sens politique. Recette extraite du livre de cuisine du totalitarisme : mouton à la sauce orwellienne.

    Voir pour plus de détails le site de l’APED (Appel pour une école démocratique).
    http://www.skolo.org/spip.php?article978

    Cordialement.

  6. madame… certes aujourd’hui les parents lucides sont les premiers à dire que cette démagogie est débile puisque le jeune adulte se retrouve subitement confronté au “choc” du monde du travail où l’on ne lui dit pas tous les 5 mns qu’il est MERVEILLEUX parce qu”il s’est levé le matin… mais la lâcheté dont vous parlez concerne justement votre monde , celui des politiques, qui agaçe tout le monde. lâcheté, mensonges, outrecuidances, médiocrité… ne sont que les “valeurs” de ces politiques qui se tiennent par la manche. Un parent peut dire à son gamin, et au prof, qu’une copie avec 3 FOTES par ligne ça vaut 0 et pas 18 ! Il reste toujours les 10% d’excellents élèves…. qui désormais quittent l’Europe et parfois reviennent… ou pas.

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