L’université, dépotoir des gymnasiens trompés?

Selon M. Strahm, docteur honoris causa de l’université de Berne, commenté par M. Piccand, ancien chef de l’emploi du canton de Vaud (LT du 10 mai), « les universités sont encombrées d’étudiants dans des branches éloignées des besoins du marché. Les université suisses comptent par an 9400 psychologues et dans des branches que les <<méchantes langues qualifient de décoratives, (sciences humaines et sociales) >>, 44000 étudiants, dont les deux tiers sont des étudiantes ».

Ce constat est malheureusement exact et rejoint indirectement celui de M. le conseiller fédéral Schneider-Ammann, il y a un peu plus d’un an, lorsqu’il déplorait l’existence de trop d’étudiants et le manque de techniciens et d’apprentis.

A qui la faute ? Aux responsables (politiques ou politisés) des programmes scolaires et à l’ordonnance fédérale sur la reconnaissance des certificats de maturité gymnasiale de 1995. Les premiers ont cédé, dans les cantons de Vaud, Genève et Neuchâtel en tous les cas, à la tentation du « tous à l’université » – c’est le culte des pourcentages à la française ! – abaissant considérablement les niveaux et les exigences, évitant les examens, trichant souvent sur les moyennes de manière à remplir des quotas de réussites. Le canton de Vaud, juste un peu moins mauvais que Genève, a parachevé la descente aux enfers des enfants trompés sur leurs aptitudes en instituant maintenant deux filières au lieu de trois, sous prétexte que la troisième filière était mal jugée ! Et en avant, tous au gymnase puis à l’uni !

L’ordonnance fédérale de maturité a complété le tableau en substituant à l’exigence d’une formation sérieuse en histoire et en géographie, une sorte de magma informe de connaissances générales, tristement baptisé « domaine des sciences humaines », plus ou moins socio-politisées selon le « génie » de l’enseignant ou du chef de file. L’enseignement des sciences, de la chimie et de la physique est baptisé, « domaine des sciences expérimentales » et là aussi le contenu du magma varie. Certes, l’«option spécifique » peut apporter un petit plus, mais côté sciences humaines, « économie et droit » représentent l’option la plus facile que choisissent souvent les indécis, parfois les plus faibles et qui assurent des bataillons d’étudiants pour les facultés dites de sciences humaines et sociales. Il en va sans doute de même pour l’option « philosophie, pédagogie et psychologie » qui devrait d’ailleurs évacuer pédagogie et psychologie plus utiles aux maîtres qu’aux élèves.

L’option spécifique des « sciences exactes », qui comprend soit « physique et application des mathématiques », soit « chimie et biologie », et dont l’option complémentaire, toujours limitée à une branche, restreint encore le contenu de l’enseignement, paraît toutefois plus difficile et attire moins de gymnasiens, ce que déplore à juste titre M. Schneider-Ammann. Le président de la confédération entend modifier l’ordonnance ci-dessus. C’est bien, mais qu’il accroisse fortement les exigences en matière de sciences humaines et non seulement de sciences dures. Ce sera un premier pas vers une revalorisation de l’université dont la mission n’est pas d’être une école professionnelle ni un dépotoir.

 

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

3 réponses à “L’université, dépotoir des gymnasiens trompés?

  1. Parfaite observation de Mme. Sandoz, autrefois opposante au vote des femmes ! L’orientation actuelle est néfaste au développements futurs de l’industrie Suisse qui reste l’atout majeur du pays.
    Du temps de mon bac en France, la majorité étudiait les maths et la physique pour devenir ingénieur ou médecin. C’était en…1956.

  2. Bonjour Madame,
    Un “psychologue” matérialiste qui ne parle plus de l’âme en dit long, en effet, sur la validité du cursus universitaire contemporain.
    Un exemple parmi d’autres.
    Décadence, quand tu nous tiens …
    Cordialement,
    pascal

  3. Un détenteur de CFC est largement moins bien payé qu’une personne ayant un master, peu importe la branche. Mon expérience m’a montré que ce ne sont pas les moins bien payés qui ont font le moins! Bien au contraire…
    Il est temps que l’État montre l’exemple et supprime les différenciations de salaires sur la formation pour le fixer uniquement sur le post. Pourquoi la personne qui à une formation “plus haute” devrait-elle être mieux payé pour le même post avec le même cahier des charges? Ces grilles salariales sont obsolètes et ne font pas honneur à la maxime “travail égal, salaire égal.”.

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