Incompréhensible silence

Pourquoi le Conseil fédéral n’a-t-il pas mis en vigueur la loi votée par le Parlement en mars 2015 pour exécuter la première initiative sur le renvoi des étrangers criminels ? Une fois le délai référendaire échu sans avoir été utilisé, le 9 juillet 2015, la loi pouvait être immédiatement mise en vigueur et les citoyens auraient donc pu constater et la bonne volonté des autorités et, éventuellement déjà, les effets « positifs » du texte voté.
Pourquoi donc n’avoir rien fait et pourquoi, dans la campagne actuelle, ne jamais montrer, preuves en main, que la première initiative a bien été mise en œuvre et que seule la mauvaise foi des initiants en retarde les effets ? Je n’ai pas entendu une seule fois, ni lu une référence à la modification pénale votée. On entretient donc l’idée dans la population – pour la plus grande joie des défenseurs de la seconde initiative UDC – que rien n’est prévu, à ce jour, pour sanctionner les étrangers criminels. C’est favoriser et entretenir la méfiance du peuple envers les autorités, alors que tout montre l’abus de la part des initiants.
L’impéritie des partis politiques et des autorités est à l’origine de la votation du 9 février 2014 sur laquelle d’aucuns continuent de pleurnicher. La même incapacité risque bien d’être la cause du succès de l’initiative UDC dite « de mise en œuvre » lors du vote du 28 février prochain. La démarche suicidaire est incompréhensible. Les arguments de droit international et de « discrimination » des délinquants étrangers par rapport aux délinquants suisses, sans cesse avancés pour contrecarrer le fond de cette seconde initiative, ne touchent absolument pas une partie des citoyens convaincus simplement que les autorités n’ont rien fait depuis le 28 novembre 2010 et ne veulent rien faire. Mais de grâce, Mme Somaruga, et vous, parlementaires de la précédente législature, dites donc la vérité s’il n’est pas déjà trop tard. Vous serez sans cela responsables de votre échec devant le peuple et les cantons.

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.