Une irresponsabilité contagieuse

Les fonctionnaires genevois qui, en grève, ont défilé dans les rues de la ville, ont donné un fort mauvais exemple. Non seulement ils ont volé aux citoyens des heures de salaire payé avec leurs impôts, non seulement ils ont failli à leur engagement contractuel, mais ils ont aussi fait croire que tout mouvement de mauvaise humeur pouvait défiler en revendiquant n’importe quoi. On ne peut s’empêcher de penser que cette manifestation de la fonction publique a encouragé indirectement les participants libertaires de la nuit de samedi à dimanche à s’arroger le droit de défiler coûte que coûte. Et quand j’écris « coûte que coûte », c’est à prendre au sens propre vu les dégâts causés. Certes, il semble bien que des groupes de casseurs venus de l’étranger aient été les vrais agents des déprédations. Mais on sait qu’une manifestation – non autorisée à plus forte raison – contient hélas ! aujourd’hui les germes d’une extrême violence.
Selon Le Temps du 18 décembre, les syndicats des fonctionnaires reprocheraient au Gouvernement la réforme de l’imposition des entreprises, source de « pertes massives pour les finances publiques ». Si c’est là une des causes de la grève, alors il y a une manœuvre particulièrement malhonnête. Contre une décision du Parlement et du Gouvernement, il y a probablement le référendum. La grève est une démarche dévoyée.
Un mauvais exemple de plus ! La liberté est menacée par ceux qui en abusent.

Suzette Sandoz

Suzette Sandoz est née en 1942, elle est professeur honoraire de droit de la famille et des successions, ancienne députée au Grand Conseil vaudois, ancienne conseillère nationale.

4 réponses à “Une irresponsabilité contagieuse

  1. Suzette Sandoz se trompe. Les fonctionnaires genevois n’ont rien volé du tout. Ils ont exercé un droit, celui de faire la grève. LEs jours de grèves ne leur seront pas payés.
    S’agissant de leurs revendications, elles sont corporatistes et irréfléchies, c’est certain. Car arguer d’un “service public de qualité” pour défendre des privilèges, c’est se payer de la tête du peuple.
    On doit malheureusement relever qu’à Genève, il n’existe plus de dialoue social dans le secteur public. Des syndicats raides, une droite revancharde et une gauche sectaire, tous les ingrédients du désastre sont réunis.

  2. Madame,
    Libre à vous d’établir une relation entre ces deux événements.
    En revanche, il n’est pas correct d’affirmer que les fonctionnaires grévistes ont “volé” des heures de salaire, dans la mesure où celles-ci doivent être annoncées à la hiérarchie et font l’objet de retenues salariales. Le mot utilisé est fort, il appelle une rectification de votre part, me semble-t-il.

  3. Il est regrettable qu’un professeur de droit, de la famille il est vrai, ne reconnaisse pas que la grève est un droit dans un état démocratique. Par ailleurs, la fonction publique ne revendique pas n’importe quoi mais défend ses conditions de travail et le service public dans une période où populisme et neoconservatisme les menacent. Les voleurs ne sont pas toujours ceux q’on croit. Il est, de plus, injurieux et irresponsable d’accuser les fonctionnaires d’avoir incité, par leur mouvement, les débordements d’une autre manifestation.

  4. Un amalgame irresponsable

    Les fonctionnaires genevois qui, en grève, ont défilé dans les rues de la ville, ont donné un bien bel exemple.

    Non seulement ils ont alerté les citoyens et les autorités du risque qu’encourt le service public d’injustes coupes budgétaires mais il l’ont fait en acceptant sciemment une retenue sur salaire puisqu’évidemment, un fonctionnaire n’est pas rémunéré lorsqu’il est gréviste. Le contribuable s’en trouve ainsi préservé puisqu’une grève allège le coût des services de l’Etat.

    Ils n’ont pas non plus failli à leur engagement contractuel puisque la grève est un droit surtout quand les accords de 2015 n’ont pas été respectés au budget.

    Ils ont aussi montré l’exemple en manifestant, avec autorisation préalable, dans la bonne humeur, preuve que seul un comportement raisonnable peut mener au dialogue. Le conseil d’état a d’ailleurs rejoint la table des négociations avec succès.

    Dès lors, on ne peut s’empêcher de penser que l’attitude de la fonction publique se trouve aux antipodes des actions de certains participants de la manifestation de samedi.

    Il semble évident qu’imputer les germes d’une extrême violence aux budgets réduits de la culture et de l’éducation soit prématuré. Il n’est cependant pas exclu que l’on puisse le faire après des années de démantèlement du service public. Il en sera la conséquence et non la cause.

    En amont, les entreprises reprocheraient au Gouvernement genevois de trop les imposer ; de tarir leurs profits.

    Si c’est là une des causes du mécontentement, alors il y a une manœuvre particulièrement malhonnête. Un géant du tabac, qui contamine impunément nos citoyens, vient d’inaugurer son siège mondial à plusieurs centaines de millions de Francs sans être inquiété des coûts médicaux astronomiques qu’il engendre aux frais du contribuable. Une réforme de l’imposition lui permettrait peut-être alors d’investir dans des hôpitaux privés et de tirer davantage profit de leur clients/patients !

    Contre une décision du Parlement et du Gouvernement, il y a certainement le référendum. En attendant, la grève est une démarche on ne peut plus d’actualité quand ceux qui prennent des engagements ne les respectent pas et croient que la population n’y verra que du feu.

    Un bel exemple de plus ! Les raccourcis, comme les amalgames, ont l’avantage de nous faire arriver plus vite à destination mais ils occultent certainement une partie du chemin. Face à la prouesse du sommet, la contemplation permet aussi une vue délectable !

    En associant fonctionnaires et violences inexcusables, ne tombez-vous pas dans le même écueil que ce petit nombre de personnes qui confondent revendications et dégradations ?

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