Le poids de la masculinité dominante sur la santé mentale des hommes cis

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Le mois de novembre marque le retour de la campagne internationale Movember consacrée aux problèmes de santé qui touchent particulièrement les hommes. Créée à l’origine pour sensibiliser au cancer de la prostate, d’autres thématiques sont également mises en avant chaque année, comme la santé mentale et le risque de suicide. Pour comprendre pourquoi les hommes sont plus affectés par cette problématique, il est intéressant d’explorer la construction sociale du genre masculin et les injonctions qui peuvent influencer le bien-être de cette catégorie de la population. À l’issue de son stage dans l’équipe de STOP SUICIDE, Marie Ruffieux vous propose un tour d’horizon de l’état actuel des connaissances sur le sujet.

 

Le suicide, un comportement genré

Le suicide est une thématique complexe qui ne saurait se réduire simplement à un problème de genre. Néanmoins, nous pouvons constater que plus d’hommes que de femmes décèdent du suicide (1). En effet, en Suisse, environ trois quarts des cas de mort par suicide concerne des hommes cisgenres (2). Attention, nous parlons ici des décès, car il y a en réalité une plus grande proportion de tentatives réalisées par des femmes cisgenres (3).

 

En Suisse, la majorité des suicides concerne les hommes, tandis que les femmes sont plus nombreuses à réaliser des tentatives (OFS 2020).

 

Ces chiffres traduisent une importante différence entre les hommes et femmes cis, aussi pouvons-nous nous demander si le fait d’être socialisé en tant qu’homme et de s’identifier en tant que tel peut être un des facteurs impactant le risque de décéder du suicide. De fait, de nombreux.se.x.s chercheur.euse.x.s se sont déjà penché.e.x.s sur cette question et ont constaté un lien entre les caractéristiques de la masculinité hégémonique et cette prédominance du suicide des hommes cisgenres au sein de notre société moderne occidentale.

 

Définition : cisgenre

D’après le Larousse : « cisgenre (adj. et n) se dit d’une personne dont l’identité de genre est en adéquation avec le sexe assigné à sa naissance. ». Les enjeux autour du risque suicidaire pour les personnes transgenres sont différents de ceux des personnes cisgenres.

Sur ce sujet, nous vous invitons à « (re)lire notre article « La communauté trans* face au suicide ».

 

La masculinité hégémonique, c’est quoi ?

La masculinité hégémonique est un concept qui a tout d’abord été développé par la sociologue australienne R. Connell en 1995 dans l’ouvrage Masculinities (4), et qui spécifie qu’il existe différentes manières d’appartenir au genre masculin. Ces différentes façons sont hiérarchisées et plus ou moins valorisées au sein de la société. La masculinité hégémonique est donc celle qui est tout au sommet de cette hiérarchie. En Occident, elle se caractérise notamment par une tendance pour la compétition, de l’agressivité, de la réussite professionnelle, un besoin d’afficher une importante virilité et un fort rejet de l’homosexualité et des comportements associés au féminin (5). À noter que c’est une masculinité très blanche et riche : les hommes cis noirs et les hommes cis ouvriers par exemple, se retrouvent situés en marge de cet idéal dominant, même lorsqu’ils présentent certaines caractéristiques conformes aux critères hégémoniques, ils ne posséderont pas de réel pouvoir social (6).

 

Dès le plus jeune âge, nous vivons une socialisation différenciée en fonction de notre genre. Illustration : canva

 

Dans ce cadre, les hommes cisgenres apprennent dès leur plus jeune âge, via la socialisation, qu’il faut correspondre à cette forme de masculinité, perçue comme la plus souhaitable. Ceci les incite à ne pas montrer leurs émotions et valorise le fait de se « débrouiller seul ». Et les individus de ce groupe qui ne respectent pas ces codes se retrouvent relégués à un statut considéré comme « inférieur » (7).

Cette masculinité étant dominante, elle impacte plus ou moins tous les individus hommes cisgenres occidentaux, car ils évoluent dans cette structure hiérarchisée. La masculinité hégémonique a ainsi des conséquences sur la santé mentale de la majorité de ces hommes, ainsi que sur les personnes qui les entourent.

 

Impact de la masculinité hégémonique sur la santé mentale : lorsque l’on s’y conforme

Le fait de s’accommoder à cette masculinité hégémonique peut avoir des conséquences importantes quant à la qualité de la santé mentale d’un individu.

L’autrice Benita Chatmon a constaté que les critères à respecter pour être un homme perçu comme dominant peuvent engendrer des états dépressifs et anxieux du fait de leur rigueur, mais aussi étant donné le souci constant de ne plus y correspondre et de perdre son statut face aux autres. Ils mènent parfois à des abus de substances comme manière de supporter la pression et d’oublier les émotions qu’il ne faut pas montrer, et poussent à adopter des comportements malsains pour la santé. Ils peuvent encore engendrer des difficultés à entretenir des relations profondes avec d’autres êtres humains, à nouveau à cause de cette déconnexion envers ses émotions, et inciter à la violence interpersonnelle du fait de la compétitivité et les difficultés de gestion des émotions. Ils participent aussi à amener une certaine détresse psychologique, et découragent à demander de l’aide en cas de besoin, car cela est considéré comme une faiblesse (8), mais aussi car les hommes cisgenres ne se rendent plus forcément compte de l’état de leur santé mentale de par leur déconnexion avec leurs émotions (7).

 

La pression sociale sur les hommes les pousse à ne pas exprimer leurs ressentis. Illustration : canva

 

Intervenants pour un Webinaire de l’Association Canadienne pour la Santé Mentale (ACSM), Pierre l’Heureux et Jean Giroux-Gagnée constatent tous deux un phénomène de désensibilisation chez leurs patients : ces derniers ayant appris à ne pas exprimer leurs émotions, ils se sont conditionnés à ne pas les ressentir et perdent conscience de leur état mental. Ils expliquent que c’est souvent forcés par leur proches ou leurs employeurs que leurs patients ont commencé une thérapie (7).

Survivre à sa tentative de suicide est considéré comme quelque chose de féminin. C’est donc quelque chose de dévalorisé, que les hommes ne peuvent pas se permettre (9).

Plusieurs chercheur.euse.x.s, dont Lucie Charbonneau and Janie Houle, mettent en avant ce détail peu anodin lié au suicide des hommes : survivre à sa tentative de suicide serait considéré comme quelque chose de « féminin », et un homme risque d’être jugé négativement si la tentative n’aboutit pas. Craignant ce regard des autres, les hommes vont en général s’orienter vers des méthodes à forte létalité (9).

 

Impact de la masculinité hégémonique sur la santé mentale : lorsque l’on s’en détache

Si correspondre à la masculinité hégémonique apparaît comme néfaste pour la santé mentale, nous pourrions penser qu’en sortir règle le problème. Mais malheureusement dans un système hiérarchique où certaines masculinités sont plus valorisées que d’autres, ne pas correspondre à la norme dominante peut être un grand facteur de stress. Ceci du fait de la pression extérieure et les violences qui peuvent découler des autres et/ou de fait de sa propre perception négative de soi-même.

 

“Pas tous les garçons veulent être des soldats”. L’instagrammeur Mattxiv redéfinit les codes de la masculinité

 

Un homme cisgenre homosexuel par exemple, risque de subir des violences homophobes de la société (10), car il ne sera pas reconnu comme un homme dominant correspondant à la masculinité hégémonique. Ces personnes se trouvent dévalorisées au sein de la hiérarchie sociale et ceci peut avoir un impact important sur leur santé mentale, et participer à engendrer un état dépressif et une mauvaise estime de soi (5).

Pour plus de précisions sur l’impact des discriminations envers les jeunes personnes LGBTQ sur leur santé mentale, vous pouvez lire notre précédent article “The Kids are not alright : ce que la discrimination fait aux jeunes des minorités sexuelles et de genre

Par ailleurs, un homme qui va perpétuellement chercher à se conformer aux normes imposées de la masculinité hégémonique, sans succès, risque de se dévaloriser lui-même, ce qui a aussi un impact négatif sur sa santé mentale (5).

 

Définition : le conflit du rôle de genre

Le conflit de rôle de genre, développé par James M. O’Neil (1981, 2008) (11), correspond à l’écart entre ce qu’un individu est comme homme et ce qu’il «devrait» être. En cherchant à atteindre les standards irréalistes de masculinité, les rôles masculins peuvent être dysfonctionnels, traumatisants et inadéquats (5).

 

 

Le traitement des souffrances masculines par la société

La masculinité hégémonique semble avoir une autre conséquence négative pour la santé mentale des hommes. En effet, elle freine l’accès pour les hommes à des ressources d’aide efficaces.

Dans une société où l’homme cisgenre hétérosexuel est perçu comme la norme, l’individu de base, il devient la généralité et ne sera pas traité de manière spécifique. Aussi, l’autrice Chantal Perrault constate que les hommes sont généralement pris en charge d’une manière qui les empêchera de développer les outils nécessaires à redevenir des individus « fonctionnels » intégrés dans la collectivité (12).

 

Et pour les femmes ?

À l’inverse, les femmes cis sont souvent considérées comme des individus fragiles et faibles, qui nécessitent un soutien et un traitement particulier. Le sexe féminin a régulièrement été psychiatrisé au cours de l’histoire (par exemple avec l’hystérie), avec des conséquences terribles pour ces dernières (enfermement, stérilisation, etc.) (13).

 

Dans certaines situations particulières, comme un divorce au sein d’un couple hétéro par exemple, il semblerait que les hommes cis se retrouvent souvent dans une situation de solitude et avec un sentiment d’échec cuisant que la masculinité hégémonique ne saurait tolérer, mais cette dernière empêche aussi ces derniers de développer des systèmes de soutiens qui leur permettrait de se maintenir la tête hors de l’eau. En effet, c’est généralement l’ex-épouse qui créait le lien social entre le mari et leur entourage (9). De fait, la masculinité hégémonique empêche aussi l’instauration de liens de soutien qui permettraient aux hommes de faire face à ce type d’instabilités et en plus rajoute un poids de mauvaise estime de soi liée à cette situation.

La masculinité dominante a comme caractéristique de pousser les hommes à ne pas exprimer la manière dont ils se sentent. Aussi, les chercheur.euse.x.s ont remarqué que cette catégorie d’individus a tendance à « traduire » ses états mentaux plus compliqués en des problèmes physiques, professionnels ou sexuels (14). En outre, demander de l’aide est quelque chose qui n’est pas promu par la masculinité hégémonique, car elle impose aux hommes d’avoir la fierté de s’en sortir seuls (14). Aussi, même quand un homme cisgenre aura conscience d’avoir besoin d’un soutien pour sa santé mentale, il ne cherchera probablement pas d’aide extérieure et aura tendance à ne pas bien visualiser le problème.

 

Pour les hommes, demander de l’aide est encore trop considéré comme une faiblesse. Illustration : canva

 

De plus, L’Heureux et Giroux-Gagnée constatent que, comme l’homme cisgenre n’est pas supposé s’intéresser à ses états émotionnels et mentaux, il sera parfois plus complexe de cerner cette personne en thérapie. Ceci en opposition avec les personnes non-hommes cisgenres, qui ont appris à mieux s’analyser, via par exemple des articles bien-être dans des magazines « féminins », et arrivent souvent sur le fauteuil du psy avec déjà des pistes de réflexions et des mots à poser sur leurs ressentis (7)

 

 

La santé mentale des hommes cisgenres impacte tous les autres individus

Nous ne pouvons pas séparer les enjeux qui touchent la catégorie des hommes cisgenres des autres, car la société forme une structure au sein de laquelle les individus relationnent entre elleux et ont un impact les un.e.x.s sur les autres.

Les proches des hommes cis en souffrance sont particulièrement victimes de leur mauvaise gestion de leur santé mentale. La masculinité hégémonique, va, au lieu d’apprendre aux hommes à exprimer leurs frustrations et colères d’une manière saine, les pousser à des comportements violents, parfois liés à des abus de substances, dont les proches vont subir les conséquences directes (15).

En outre, comme demander de l’aide est considéré comme une faiblesse, il est souvent hors de question pour un homme cis de consulter un.e.x professionnel.le.x. Le poids du soutien se retrouve donc souvent sur les compagnes de ces derniers qui occupent ce rôle de care important. C’est ce que constate Jean Giroux-Gagné, qui explique que régulièrement ses patients célibataires stoppent leur thérapie dès qu’ils se mettent en couple. De plus, il ajoute que la désensibilisation émotionnelle les empêche de prendre en compte les besoins de leur compagne, alors même qu’elle les aura exprimés de manière claire de nombreuses fois. Il relate les vécus de certains patients, surpris de la demande de divorce de leur compagne, qui les avait pourtant déjà prévenus auparavant (7).

 

De manière générale, la masculinité hégémonique a un impact négatif sur la santé mentale de toutes les personnes évoluant dans notre société. Nous avons déjà constaté que les violences sexistes, racistes, de classe, homophobes et transphobes sont des facteurs qui peuvent fragiliser l’état psychologique d’une personne concernée. Ces dernières étant exigées par le modèle dominant, c’est un modèle systémique d’oppression qui est en place, et qui impacte donc continuellement la santé mentale de touxtes (8) (6).

 

 

Vers la valorisation d’une performance de la masculinité plus saine ?

Pour conclure cet article, nous pouvons constater que la masculinité hégémonique impose un poids négatif sur les épaules de nombreuses personnes, et peut être un facteur de déstabilisation de leur santé mentale.

Néanmoins, il convient de nuancer : certain.e.x.s chercheur.euse.x.s ont aussi remarqués que certaines valeurs peuvent parfois jouer un rôle protecteur vis-à-vis du risque de suicide. La valorisation de la famille par exemple, peut offrir un système de soutien précieux, de par la nécessité de subvenir aux besoins de ses enfants, et les liens interpersonnels créés au sein du groupe.

Le champion de MMA Paddy Pimblett s’engage pour briser le tabou de la santé mentale masculine

La solution pour les hommes cis serait peut-être de pouvoir se détacher de ces rôles imposés, en prenant ce qui leur convient pour éviter de se retrouver écrasés sous des idéaux toxiques et inatteignables. Un aspect important, pour arriver là, est une meilleure représentation de la masculinité dans la culture de notre société. Ceci en poussant les hommes à délier leur langue et en mettant en avant des personnages plus en phase avec leurs émotions, car il en manque cruellement (7). L’été dernier, le combattant en MMA Paddy Pimblett a lancé un appel à la libération de la parole, pour les hommes cis et entre les hommes cis, sur leur santé mentale lors de sa victoire à l’UFC Night de Londres, ceci suite au suicide d’un de ses proches amis (16) : c’est certainement un pas dans la bonne direction, mais le chemin reste encore long !

 

Dans cet article, il est question de l’impact de la masculinité hégémonique sur la santé mentale des hommes cisgenre. Nous rappelons que cette masculinité exerce aussi un poids sur la santé mentale des personnes transgenres. Si cet aspect n’est pas développé dans cet article, il convient de ne pas oublier que ce modèle dominant affecte tout le monde.

De plus, les données disponibles étant très binaires, nous avons précisé que nous évoquions des femmes cisgenre la plupart du temps. Pourtant, ces constatations peuvent probablement s’étendre à toute personne sexisée (femme trans, personne non-binaire…).

 

Ressources sur la santé mentale masculine

  • Site Movember
  • Les couilles sur la table : podcast qui explore les différents aspects des masculinités contemporaines
  • Entre mecs : émission Youtube où les invités discutent et témoignent sur des sujets en lien avec la masculinité
  • Dr Gay : site suisse dédié à la santé des hommes gays, bi et queer. Infos, ressources d’aide et questions en ligne
  • Maenner.ch : faîtière des organisations suisses d’hommes et de pères, carte interactive des services adressés aux hommes dans les cantons
  • Santépsy.ch : répertoire des ressources de santé mentale dans toute la Suisse romande

 

Références bibliographiques

[1] Fitzpatrick, S. J., Brew, B. K., Handley, T., & Perkins, D. (2022). “Men, suicide, and family and interpersonal violence: A mixed methods exploratory study”. dans Sociology of Health & Illness, p. 1–18.

[2] Statistiques des causes de décès en Suisse en 2020, Office fédéral de la statistique

[3] CEVERINO, A., LOPEZ CASTROMAN, J., BACA-GARCíA, E., (2010). « Évolution du risque suicidaire au cours de la vie de la femme », dans Philippe Courtet éd., Suicides et tentatives de suicide. Cachan, Lavoisier, « Psychiatrie », p. 163-169.

[4] MORALDO, D., (2014). « Raewyn Connell, Masculinités. Enjeux sociaux de l’hégémonie», Lectures.

[5] ROY, P. (2012). « La sociologie du genre : une contribution originale à la compréhension du suicide chez les hommes. » dans Santé mentale au Québec, 37(2), p. 45–55.

[6] Gut J. (3 février 2020). « The kids are not alright : ce que la discrimination fait aux jeunes des minorités sexuelles et de genre ». Blog de STOP SUICIDE, Le Temps.ch.

[7] « La santé mentale des hommes : si différente de celle des femmes ? », intervenants : L’Heureux, P., Giroux-Gagnée, J.

[8] CHATMON, B. N., (2020). « Males and mental health stigma ». Dans American Journal of Mens Health.

[9] CHARBONNEAU, L., HOULE, J., (1999). « Suicide, hommes et socialisation ». Dans Frontières, 12(1), p. 62–68.

[10] ABED, F., MEACH, F., M’HIRI, K., ESCARD, E., (2016). « Violences chez l’homme, un sujet peu connu des praticiens », Rev Med Suisse, (Vol.2), p. 1620–1623.

[11] University of Connecticut, “James O’Neil”.

[12] PERRAULT, C. (1990). « Et si on parlait des hommes ? » dans Santé mentale au Québec, 15(1),p. 134–144.

[13] RETG, C. (2018). « Femmes et folie d’hier à aujourd’hui : psychiatrie et contrôle social ». Réseau québécois d’action pour la santé des femmes.

[14] Ogrodniczuk J, Oliffe J, Kuhl D, Gross PA. (Juin 2016), « La santé mentale des hommes: Espaces et milieux propices aux hommes ». Can Fam Physician.

[15] YU, R., NEVADO-HOLGADO, A. J., MOLERO, Y., D’ONOFRIO, B. M., LARSSON, H., HOWARD, L. M., FAZEL, S., (2019). « Mental disorders and intimate partner violence perpetrated by men towards women: A Swedish population-based longitudinal study. » dans PLoS Med.

[16] BT Sport. (24 juillet 2022). « A powerful message from Paddy the Baddy ». Youtube

STOP SUICIDE

En 2000, un jeune collégien genevois se suicide. Face à cette tragédie des étudiant.e.x.s organisent une marche silencieuse et décident à l’issue de celle-ci de fonder l’association STOP SUICIDE. En réaction au silence institutionnel et au manque d’action pour prévenir le suicide des jeunes, ils et elles se sont donné.e.x.s pour mission de parler et faire parler du suicide.

6 réponses à “Le poids de la masculinité dominante sur la santé mentale des hommes cis

  1. Merci pour cet article fort intéressant qui met en lumière ces mécanismes mais aussi les ressources pour y faire face. Imaginons un monde où la thérapie serait un pas de côté pour mieux analyser les mécanismes destructeurs et où demander de l’aide serait un acte valorisé !

      1. construire sur des ruines n’est pas souhaitable, il faut commencer par détruire le monde actuel… par chance on s’en charge plutôt bien.

  2. Merci pour votre article qui remet en lumière un problème dont la société se préoccupe assez peu.
    J’émets toutefois d’énormes réserves concernant certaines sources utilisées. Un homme, lors d’une tentative, ne pense pas à l’aspect féminin ou masculin de la réussite de celle-ci. Il a sans l’ombre d’un doute d’autres choses qui occupent sa tête que le tendance genrée de son action. Cette citation me semble particulièrement maladroite, cherchant une explication à un problème qui se trouve ailleurs. On sait que les hommes sont plus impulsif. Les normes sociétales en sont peut-être la cause mais on ne peut pas résumer la non-réussite (et l’intensité) de l’acte à une appréciation genrée.
    Citer des études est toujours positif mais comme dans toutes les sciences, certaines cumulent l’hypothétique sans appréciation et vérification. Et celle-ci me semble réellement réductrice.

    Je trouve aussi dommage de ne pas parler de la société plus en général et des attentes du sexe opposé. Je suis bien jeune mais j’entends fréquemment des “il n’y a plus d’hommes”, et d’autres attentes vieilles comme le monde lorsqu’il s’agit d’hommes. L’égalité des sexes est encore bien lointaine…

    1. Merci de partager ces retours ! Vous avez tout à fait raison, une personne qui envisage le suicide ou qui passe à l’acte est aux prises avec des émotions intenses et ne raisonne pas en termes d’enjeux de genre. Et il y a en effet d’autres aspects genrés qui entrent en jeu et que nous n’avons pas détaillés ici, notamment la tendance à l’impulsivité plus présente chez les hommes, et il serait intéressant d’aller plus en profondeur pour mieux comprendre comment et pourquoi ses mécanismes se développent plus ou moins chez les individus en fonction de leur socialisation.
      Concernant les attentes sociales vis-à-vis des hommes, il me semble que ce que vous évoquez rejoint ce qui est dit dans l’article : les injonctions qui pèsent sur les hommes et imposent une seule “vision” de la masculinité sont nuisibles à la santé mentale des hommes, ainsi qu’à celle des autres individus. C’est en tout cas le message que nous souhaitions faire passer !

    2. Bonjour,
      Merci pour votre commentaire, c’est moi qui ai rédigé cet article.

      Nos actions liées à la socialisation ne sont pas toujours conscientes, ainsi un homme cis pourra avoir cette pression supplémentaire de mener à terme son suicide sans en avoir conscience. Ceci n’empêche pas que cela joue un rôle. En outre, l’impulsivité est considérée comme un comportement lié à la socialisation masculine : un manque d’espace d’apprentissage pour exprimer ses émotions notamment, peut pousser à avoir des comportements impulsifs lors d’un trop plein.

      J’estime donc que ce n’est pas réducteur d’amener ce point car le but de l’article est réellement d’explorer la manière dont la masculinité hégémonique exerce un poids sur la santé mentale des hommes cis. Néanmoins, je peux comprendre que vous l’interprétiez de cette manière, c’est pourquoi je rappelle le but de l’article. Il y a évidemment beaucoup d’aspects à prendre en compte pour comprendre le suicide de quelqu’un.e.x, c’est un acte multifactoriel je ne renie pas cela.

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