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La saga estivale du couple plombé !
Hotel Palma del Playa Paradiso, Vanessa et Henri-Pierre se prélassent sur les transats, piscine à deux mètres, la plage à trente. Tout va bien. De vraies vacances.
Henri-Pierre, léger et serein les yeux clos, commence à raconter une histoire vécue, visiblement il est content d’avoir le temps de se rappeler de cet épisode qui l’avait beaucoup touché trois semaines auparavant, en plein stress avant le voyage. Et…
Vanessa, croyant déjà connaitre la fin, lui lance, « ah ouais, et alors tu t’es de nouveau fait avoir… !?! »
Que passssa ?
Henri-Pierre blêmit, se tait et se contracte, hésite d’exploser, implose, et a un soudain besoin de partir très loin, peut-être en vacances… loin de sa femme. Il faut dire que c’est la 5e fois qu’elle l’interrompt ce soir, et que lui ne supporte pas d’être interrompu ! Il est patient, mais là, il a touché sa limite. Il arrive juste à balbutier « non là c’est trop, c’est trop… ! »
Vanessa a un cerveau allumé, qui quand son homme dit une chose, elle en a cinq qui fusent dans sa tête. Avec l’enthousiasme qui va avec, c’est la joie de déverser le torrent mental qui l’envahit elle-même. En plus elle a peur d’oublier, alors elle le dit t o u t d e s u i t e. Vanessa a cette qualité d’innocence et de vitalité qu’Henri-Pierre apprécie beaucoup, peut-être même qu’il l’a choisie pour ça.
Mais là, c’est trop !
Cependant, l’histoire ne finit pas là. Vanessa, susceptible, se sent directement attaquée, et rétorque « je suis trop ? Tu ne m’aimes pas comme je suis, mais je suiiiis comme ça ! ».
Puis comme Tchernobyl après son explosion, il y a le meltdown (fusion, tout se désagrège…). Henri-Pierre se ferme, blessé de si peu de compréhension, ni même un mot d’excuse. Après tout, c’est lui le lésé.
Vanessa est blessée de la réaction de son homme, elle a jeté son livre qui manque de peu de tomber dans la piscine, se lève et se dirige vers le bar où il y a Pancho qui saura lui servir un bon cocktail.
Couple plombé/ Le mur de Berlin/ La guerre froide/ La bouderie régressive et pathologique ! / Le cœur dans les talons/ Le visage a pris 15 ans/ L’autre devient moche/ On voit la liste de plein d’autres problèmes, en fait qui existaient et qu’on avait oubliés/ La vie en noir/ L’excommunication sans pardon/ Les corbeaux qui volent bas/ Fantasmes de séparation fracassante et immédiate, irrévocable/…
Avez-vous déjà observé d’autres couples que le vôtre passer par ce processus étonnant ? Nous pouvons les voir au restaurant, sur la plage, au musée. En général, il y en a un ou une qui tire la gueule un peu plus que l’autre si ce n’est pas les deux, la mine déconfite, le regard lourd ou glacial, absent, ayant l’air de s’ennuyer à mourir…
« Mais bon Dieu, qu’est-ce que cette belle femme fait avec un mec verrouillé comme ça ? » Ou « mais qu’est-ce que ce beau mec fait avec une emmerdeuse pareille ! ». Si nous sommes célibataires, nous vient parfois la vocation soudaine de sauver cette pauvre (très belle) femme (ou pauvre très bel homme) des affres de cet enfer !
Rappelez-vous, lorsque nous sommes pris dans une telle crise, ce n’est pas vrai qu’il ne se passe plus rien. En général, l’agressivité passive s’épanouit, les messages codés, non-verbaux, détournés prennent la place et viennent enfoncer le pauvre couple encore un cran dans la misère. Le message est souvent très clair et, dit en mots directs, ressemble à un vrai « fuck you ! » (excusez-moi, je suis Anglais et ma foi, il sonne bien), ou en français « je ne t’aime plus, tu n’existes plus, dégage… ! ». Une vraie punition…
Exemples : ne pas entendre ou ne pas répondre à l’autre. Ou répondre à l’autre mais d’une manière ultra sèche ou froide. Ne pas faire ou « oublier » de faire certaines choses qui sont importantes pour l’autre. Claquer les portes, laisser ouvert le pot de confiture malgré les mouches, occuper la salle de bain ou les WC bien trop longtemps, laisser nos traces (linge sale, notre valise…) sur le chemin de l’autre, mettre sa musique trop fort, se faire tout beau et très sexy et aller faire un tour seul, etc… Tout devient provocation et peut relancer le cycle des reproches ou accentuer le fossé. Bref un vrai film d’horreur !
Cela vous arrive ?
Savez-vous que cela arrive surtout à nos enfants, à nos ados. En fait c’est à ces âges que nous apprenons et pratiquons l’agressivité passive, la colère refroidie, probablement par insécurité, par imitation ou parce que la colère chaude, directe, est mal supportée par le milieu familial ou scolaire. Puisque nous, les adultes, sommes encore de grands enfants, et c’est si long de devenir mature… ces comportements mériteraient néanmoins d’évoluer. Soyons clairs, cela arrive bien-sûr aussi aux couples de psy, d’enseignants spirituels, de politiciens et de la famille royale…
Alors d’abord, plein de compassion pour nous tous. La vie de couple n’est pas facile. Nous nous ouvrons beaucoup en face de notre bien-aimé, alors la sensibilité est accrue, notre garde est baissée, et nous pouvons être heurté par la maladresse ou l’inconscience de l’autre.
Rassurez-vous, nous ne sommes pas condamnés à vivre cette misère. Dans mon observation, les couples qui s’en sortent le mieux, ont souvent autant de frictions que les autres, mais ont développé des moyens comme la communication, l’humour, des rituels et des protocoles de retrouvailles plus rapides, plus musclés, qui les aident à revenir à la légèreté, à l’amour qui a toujours été là, mais qui était enfoui sous le drame de l’égo. Il semble aussi que la relation peut s’approfondir et se réajuster positivement après les turbulences.
Comment apprendre autre chose ?
Une majorité de couples viennent en thérapie, à deux parfois, hélas aussi seul, pour acquérir ou développer des habilités relationnelles et conflictuelles. Apprendre l’art du conflit pour sortir de la violence. Le vœu pieux de ne jamais avoir de disputes, ni de différents, ni de désaccords est naïf. Beaucoup de livres traitent de la communication, du couple et des conflits.
Je vous recommande d’abord d’aller lire mes autres blogs où je traite de ces thèmes de manière courte et pragmatique. Par exemple : Travail d’Empathie, La Dispute de Couple – un Sport Comme un Autre?, Ça me Dérange, … alors Change !, L’Art de Demander, Le Couple n’est pas un WC, Le Principal Ennemi du Couple, notre Idéal !, Entendre l’Autre Peut Suffire, Les Femmes Demandent Pardon aux Hommes etc …
Des amis et confrères ont écrit ce livre utile au titre sage et motivant : “Comment Bien Se Disputer en Couple“ [1]
Rappelez-vous, même si par moments vous détestez votre partenaire, c’est quasi impossible de le/la sortir de votre cœur. Comment le feriez-vous ? Et si votre cœur semble fermé pour quelques heures, ce n’est pas grave, sachez que la fonction d’aimer du cœur reste intacte. Cependant, si vous fermez votre cœur pour de bon, alors faites attention à vous, ce n’est pas bon pour votre propre santé et allez voir de suite un cardiologue et un psy !
[1] “Comment Bien se Disputer en Couple” de Carol Graf et Serge Vidal, disponible en Open Source (gratuit) sur Facebook, Amazon, Fnac et Kobo
Image en titre: Alexandre MILOV-Ukraine. Oeuvre présentée à Burning Man 2015, intitulée LOVE
Cher Steven !
Tous ces conflits n’arrivent que chez les voisins ! Je plaisante ! Merci pour ce que tu écris, cela me touche à plusieurs endroits, bien évidemment ! Le couple est un chemin initiatique, nous faisant grandir et devenir mature ! J’ai encore du boulot !
J’apprécie beaucoup cette forme d’humour (un peu « british » que j’ai à apprendre à développer !
A bientôt !
Hélène
Big hugs
Merci Hélène!
Je crois que c’est thérapeutique de pouvoir en sourire (ou rire), et de nous-mêmes bien-sûr. Le sérieux et le drame n’est pas bon pour la santé de soi et du couple. Comment revenir plus tôt et plus vite à une légèreté. Ça s’apprend!
Big hug!
J’ai compris certaines choses dans ma façon de fonctionner, mais je les retrouve régulièrement – c’est ce qu’on appelle avoir de l’expérience !!! Cette propension à me fermer ou à excuser l’autre au lieu d’exprimer et d’affronter ma colère par exemple. Bien le boudisme ; encore une religion à dépasser.
Merci Stephen
André
Héhé cher André, sympa de te lire. Merci de ton commentaire et de ton honnêteté!
Bonjour, je « tombe » sur votre blog après avoir posé la question: comment faire une demande, tout en restant sans attente. Une idée ?
Merci et belle journée.
Merci Clairette pour la question. Dans mon expérience, c’est tout un art délicat!
La formule ” j’ai une demande, et stp, sens-toi libre de répondre oui ou non…“ me semble une bonne approche qui libère le champs de mes attentes.
De nommer et d’assumer l’attente (la rendre visible) peut servir, elle prends des fois moins de place et charge moins l’autre! “Je te fais cette demande, et j’ai une attente grosse comme une maison que tu dises oui bien-sûr!“. L’attente est liée à la posture interne, notre attitude; Plus difficile à travailler mais quel chemin passionnant pour devenir plus responsable et créer des relations et des transactions saines.
Merci mille fois, Monsieur Vasey, pour cette réponse.
Belle journée à vous et bien cordialement.