Tous mes nouveaux blogs depuis juillet 2023, sur mon site ici: https://therapie-de-couple.ch/blog/#
Si vous êtes amoureux en ce moment, cet article n’est pas pour vous.
Votre partenaire, grâce aux hormones, est parfait.
Vivre une relation de couple durable, par contre, est devenu un immense challenge.
« Hhhiiiiiiiiiiii – Ça m’énerve ! ».
« Arrgggh, tu as de nouveau oublié …. ».
« Je ne supporte plus tes remarques… ».
« Je ne veux plus entendre que tu n’as pas le temps… ».
Bref, notre bien-aimé n’est pas parfait, loin de là.
Grace Jones, positive, chantait… : « I am not perfect, but I am perfect for you ! » (Je ne suis pas parfaite, mais je suis parfaite pour toi !)
Elle/il me provoque, me presse les boutons, m’irrite, m’agace, m’exaspère, me rend fou, je ne la/le su-ppor-te plus ! Otage de la relation, condamné à subir, à encaisser, à endurer les traits mécaniques et répétitifs du caractère de cette personne que nous aimons. Il faut reconnaitre que dans la durée, nous nous laissons aller et le soir fatigués, c’est un peu le pire de nous-même que nous offrons à notre conjoint, voire à nos enfants. Après quelques mois ou années, toutes ces mauvaises habitudes, ou les petites manies et les singularités occupent davantage le champ relationnel. En proportion, mes réactions chargées décuplent. Elles prennent trop de place, trop de temps, trop d’émotion et trop d’importance.
Une parmi les nombreuses raisons historiques de cette difficulté, c’est que nous avons aujourd’hui acquis beaucoup de notions psychologiques et donc beaucoup de mots et de concepts pour décrire le disfonctionnement de notre partenaire ! Nous devenons parfois un expert, le spécialiste de toutes ses tares et ses maladresses.
- Alors, lorsque nous sommes dérangés par son comportement, il semble que pour une grande partie d’entre-nous, il y a une première solution simplissime :
Ça me dérange, …alors change !
Cela ME dérange, alors TU changes. Cela ne vous semble pas étrange ?
En thérapie de couple, nous pouvons demander à notre conjoint de changer. Nous en avons le droit. C’est d’ailleurs l’immense espoir-piège des consultations, nous y allons pour que l’autre enfin comprenne et change !
Le thérapeute peut soutenir et donner des pistes. Mais il y a une forme de naïveté qui nous fait beaucoup souffrir.
« Pourquoi mon partenaire n’est pas plus comme moi ? C’est tellement évident, s’il changeait, tout serait plus facile et harmonieux !» Parfois c’est même une position culturelle intégriste, « on doit faire comme ça… », « tout le monde fait comme ça sauf toi… ».
Face à ce combat acharné, une phrase de défense lourde qui bloque bien le processus, et qui nous vient en plus facilement : « Ma foi, je suis comme ça ! » (Voulant dire, « je suis que comme ça, ça c’est moi, tu dois me prendre comme je suis… »)
Etre en attente et en exigence que l’autre change met la pression, suscite de la défense, n’encourage pas l’autre. Et pour nous tous, changer est difficile, surtout en ce qui concerne nos travers, nos habitudes, nos manières de faire ou d’être. Et en plus de manière durable, à perpète ? La barre est trop haute.
Néanmoins, par de petits efforts de se rappeler de mettre les chaussettes dans le panier, (pas d’efforts musculaires épuisants, rassurez-vous !) cela fera une différence qui compte pour l’autre. Si nous le voulons, en souverain, sans avoir tort ni devoir justifier sa manière, nous pouvons adapter des comportements, ou modifier des attitudes. A ma connaissance, ce sont sur ces deux paramètres que nous pouvons agir, si nous le voulons. Et avec un bon soutien aimant, un peu de reconnaissance sincère, et le moins de pression possible, le changement devient plus facile.
Attention : même si ce n’est pas important pour moi, je peux décider de le faire car justement c’est important pour l’autre. Dans un couple, c’est souvent assimilé à de l’amour.
Des millions de fois dans notre vie nous avons changé ou adapté nos comportements. Par exemple, au travail, en entrant dans une église, en rencontrant quelqu’un de nouveau…
Changer d’attitude est plus difficile, néanmoins possible. Par exemple développer une attitude positive, ou entreprenante, dans telle situation ou relation…
Le fond de qui nous sommes, cela non, nous ne le changeons pas – éventuellement nous l’enrichissons.
- Et il y a une seconde solution
Ça me dérange, alors… je me relaxe!
Accepter les choses comme elles sont, ne pas se battre avec, faire avec, lâcher prise, composer et jouer avec la réalité quelle qu’elle soit. C’est le début de la sagesse, ou peut-être juste un peu de maturité. Vous savez, cette maturité que nous connaissons tous, qui nous vient dans des moments de challenge, des moments de cœur, des moments où nous sommes présents. Maladroitement, notre part infantile s’exprime et prend la place de manière royale lorsque nous sommes stressés et fatigué, et hélas dans nos couples.
Accepter que notre conjoint soit « chiant », ne veut pas dire que nous sommes d’accord ou que nous aimons ça. Si notre partenaire ne peut s’empêcher de laisser trainer ses chaussettes, et que nous réagissons en nous énervant chaque fois, nous sommes donc à la même enseigne. Si nous trouvons son comportement lamentable, nous ne sommes donc pas obligé d’avoir chaque fois la même réaction … pathétique. Si nous nous rappelons qu’il est comme ça, il va le refaire, … tout à l’heure d’ailleurs (!), nous pouvons apprendre à nous en protéger ou décider de le tolérer, de vivre avec. Ou, si vous êtes un pro de l’impro, jouer avec !
Ce dont je parle, vous l’avez déjà fait quelques milliers de fois. J’appelle cela le métissage, l’enrichissement qui se produit inévitablement dans chaque couple.
Une vidéo très touchante, une pub de Singapour pour « Le droit et la liberté » qui a gagné quelques prix, en parle de manière très inspirante. Voir ci-dessous.
Cette vieille dame à l’enterrement de son défunt mari, entourée de sa famille et des proches, lui donne son eulogie funèbre. Elle cite les défauts de son mari, avec nostalgie et plein d’amour, et que maintenant qu’il est décédé, combien cela va lui manquer.
” … au final, ce sont ces petites choses dont tu te souviens, les petites imperfections qui les rendent parfaites pour toi. Alors à mes beaux enfants, j’espère qu’un jour, vous aussi vous trouverez un partenaire de vie qui sera aussi magnifiquement imparfait que votre père l’était pour moi.”
En toute honnêteté, dans votre couple, que pratiquez-vous ? Et si vous aviez le choix, quelle option serait la bonne pour vous ?
Oui, c’est rigolo, moi j’ai connu…? j’en sais rien ptêt 300 ou 500 femmes (sans vouloir être mégalo, j’étais jeune) entre 1 jour et 11 ans de vie commune?
Maintenant, je vis au cul du monde, seul et le destin y pourvoira, pour autant que ce soit le mien
🙂
Après la lecture de votre article, j’ai pensé à cette expression : « En vouloir à quelqu’un… ». Et quand ce quelqu’un est celle ou celui qu’on aime, on lui en veut parfois « pour… », on ne dit pas « contre… », et c’est si heureux de pouvoir rire après le coup de vent, en pensant que tout ce qui va et ne va pas compose la vie à deux. Il y en a bien qui y ont eu des regrets une fois séparés, chacun enfin en paix… Un jour l’amie que j’aimais « de tout mon cœur » (oui, j’y pense encore toujours ainsi) m’avait lancé toutes les critiques possibles lors d’une grande promenade le dimanche, même ma voiture toute neuve était insupportable en manque de confort sur route lisse. Puis le soir à mon retour seul chez moi, j’avais reçu un SMS : « Merci pour cette si belle journée à la piscine, au restaurant, dans les vignes, c’était si beau et heureux ! Bisous ». Ah je ne m’y attendais pas ! Et j’ai pensé : « Eh bien elle m’aime, même que je suis le plus grand des nuls ! Et dans le fond je ne voudrais pas qu’elle soit autrement, je l’ai choisie ainsi ! Parce qu’elle est une enfant gâtée, sauf que je n’aurais pas dû le lui dire, c’est ce qui l’a rendue folle de rage. Est-ce que dans son enfance ses parents lui reprochaient souvent d’être une enfant gâtée ? Ce doit être ça ! Et elle n’a pas compris que moi j’adore les enfants gâtées, c’est ce qui m’avait immédiatement ému à notre première rencontre !.. » Deux jours après notre promenade, ma bien-aimée m’avait déclaré : « Nous nous sommes disputés, c’est une bonne chose, c’est comme ça qu’on peut mieux se connaître ! »
Quelques années plus tard, de nouveau seul dans ma vie, je croisais une copine qui m’annonçait la bonne nouvelle : « Oui, j’ai un ami que j’aime et qui m’aime, nous sommes vraiments faits pour être ensemble. Depuis maintenant une année, nous n’avons jamais eu de paroles déplacées l’un pour l’autre, pas une seule fois… » J’ai pensé : « Oh quelle horreur, si c’était moi je mourrais !.. »
Cher Dominic, Je suis ému et très touché par votre commentaire. J’y trouve une forme d’élégance et de générosité, merci de partager comme vous le faites sur mon blog. J’ai de la chance.
J’ai de la chance aussi de trouver des personnes qui écrivent sur ce qui peut exister « pour toujours » même si ce n’est souvent qu’une seule fois pour chacun(e), et énormément de fois sur la terre entière ! Une folie heureuse qui ne tue pas (enfin parfois). Merci à vous !
Je suis contente d’être tombée sur ce blog.
Relativiser est peut-être une bonne chose. Ne pas entrer dans la spirale facile des reproches. C’ est épuisant pour le quotidien.
Merci pour ces réflexions et commentaires riches, secs et sonnants 😁☀️