L’excès de contrôle, la maladie du siècle !

La presse se fait actuellement passablement l’écho des dysfonctionnements relevés dans des institutions sociales genevoises en charge de personnes, jeunes ou moins jeunes, en situation de handicap (https://www.letemps.ch/suisse/clair-bois-polyhandicapes-face-dysfonctionnements-severes). Les critiques évoquent notamment de la maltraitance indirecte en raison de manque d’effectifs, quand ce ne sont pas des accusations beaucoup plus graves, comme dans le cas du foyer de Mancy par exemple, en raison de malveillance et de manque de compétences, à différents niveaux.

Nos bons députés, qui veillent à l’utilisation pertinente des deniers publics et à la performance des politiques publiques, s’en préoccupent et appellent à augmenter les contrôles, tout comme la presse d’ailleurs. C’est dans l’air du temps, le pouvoir est passé des entrepreneurs aux juristes et autres contrôleurs de tous bords. Quant aux directions des institutions concernées, elles se plaignent de manquer de ressources et d’avoir subi une longue pandémie qui a fortement impacté leur organisation…

Le contrôle c’est bien, l’auto contrôle, c’est mieux !

Le contrôle est une action postérieure qui vise à s’assurer que les résultats obtenus soient conformes aux objectifs et il est souvent effectué par des tiers, par souci d’objectivité. Il est donc utile dans un certain nombre de situations, notamment lorsque les systèmes mis en place déploient leurs effets à la satisfaction de ceux qui en ont la responsabilité, mais peut-être pas à ceux qui en bénéficient ou à ceux qui les financent.

En l’occurrence, les institutions font principalement face à un problème de ressources qui les empêchent de mettre en place des systèmes de prises en charge satisfaisants, en raison de moyens insuffisants pour répondre à des besoins qui ne cessent d’augmenter. En effet, la difficulté à trouver du personnel qualifié et motivé pour encadrer des personnes souvent difficiles, des taux d’absentéisme élevés, un cadre réglementaire très strict, des mécanismes salariaux imposés, des réductions linéaires de subventions et une action syndicale parfois discutable (voir l’article du 4.2.22 (https://www.letemps.ch/economie/syndicalisme-genevois-cetait-mieux) les mettent en difficulté. Quelle est la marge de manœuvre objective de directions d’institutions dont l’État maîtrise plus de 80% des ressources (les subventions, les prix de pension) et des charges (la masse salariale) ?

Par ailleurs, au-delà des contrôles réguliers de l’État sur l’utilisation des subventions qu’elles perçoivent, rappelons qu’elles sont aussi contrôlées par divers autres organismes de certification indépendants (SQS, iQNnet, AOMAS/IN-Qualis, Zewo, leurs organes de contrôle, etc.). Alors, est-ce qu’un contrôle de plus est vraiment la solution à la problématique où ne faudrait-il pas plutôt chercher du côté des ressources ?

Le contrôle est un moyen à utiliser avec parcimonie, car il déresponsabilise les acteurs. Il génère souvent ensuite des remises à niveau qui se concrétisent par des procédures sclérosantes qui limitent leur marge de manœuvre et les démotivent. A mon avis, il y a mieux à faire : investir dans l’agilité des organisations et la flexibilité des ressources, dans la promotion des métiers et le développement des compétences ainsi que dans le renforcement de la culture institutionnelle.

Steeves Emmenegger

Fondateur d’emmenegger compétences conseils

et de SCAN Sàrl

Steeves Emmenegger

Steeves Emmenegger est ancien DRH, ancien DG, président ou membre de différents conseils d'administration ou de fondation dans les assurances sociales (OCAS), la fiduciaire (SFER), l'Immobilier (Cité U), le social (TRT, Compétences Bénévoles), la culture (Cité Bleue)et le sport (Groupe Servette), consultant indépendant depuis 18 ans, basé à Genève et à Lausanne, dans le domaine du head hunting et du consulting.

3 réponses à “L’excès de contrôle, la maladie du siècle !

  1. « Le contrôle est un moyen à utiliser avec parcimonie, car il déresponsabilise les acteurs. »

    L’industrie du contrôle est la conséquence de la démocratisation des études qui a permis à des cohortes d’étudiants médiocres d’obtenir des diplômes universitaires au rabais (qui s’apparentent souvent plus à des certificats de conformité qu’à la validation d’une compétence).

    Comme il faut bien les occuper et justifier de l’existence de certaines chaires universitaires, on crée des jobs inutiles et parasitaires qui consistent essentiellement à empêcher ceux qui produisent véritablement de faire leur travail correctement.

    On crée des titres ronflants avec des salaires confortables pour des gens sans talent ni expérience qui ne connaissent des entreprises et des sites de productions qu’ils contrôlent que les petites épingles sur Google Map. Les procédures et les feuilles Excel sont l’Alpha et l’Omega de leur périmètre intellectuel.

    Celui qui a le mieux décrit cette dérive est David Graeber avec son concept de « bullshit jobs » (« emplois à la con » en français).
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Bullshit_jobs

  2. Je trouve qu’Olivier Caillet est trop optimiste. En fait l’industrie du contrôle est une industrie à part entière qui n’a pas d’argent à perdre à surpayer des diplômés au rabais, ni à créer des bullshit jobs. Cette industrie du contrôle utilise une sorte de lobby politique, très puissant, et des agences oligarchiques incompétentes comme McKinsey (qui a ruiné Swissair nota bene, il faut s’en souvenri) pour imposer aux entreprises toutes sortes de contraintes réglementaires qui tuent leur profitabilité, mais permettent d’exiger l’utilisation des équipements, gadgets et procédures produits par l’industrie du contrôle, c’est à dire l’industrie hitech qui produit des semi conducteurs, des algorithmes, des logiciels, de l’intelligence artificielle, mais aussi des cabinets de conseils parasitaires comme justement McKinsey, des cabinets d’avocats comme Baker & Mackenzie, et aussi beaucoup d’autres sortes de systèmes multiples et variés. Il s’agit d’une mafia parasitaire car ses actions sont au détriment de la profitabilité des entreprises. En revanche cela permet d’engranger des superprofits pour les entreprises affiliées au lobby du contrôle. Il y a là derrière également des états et même des grandes puissances. Par exemple l’imposition de la politique hypocrite de compliance dans les banques, après la chute du secret bancaire, non seulement impose un fardeau aux banques suisses qui les empêche d’être profitables, mais surtout donne un pouvoir de supervision à de grandes agences internationales, cabinets d’audits comme Arthur Andersen, Price Waterhouse, etc., afin d’exercer un espionage économique direct, industriel, financier, stratégique, politique, au service des Etats Unis et de son empire. La Suisse avait il y a encore 25 ans un système bien meilleur, qui était bien contrôlé en interne et plus souple, tenu par des élites suisses, ce qui permettait d’éviter les dérives. Souvent les directeurs des grandes banques, cies d’assurances et grandes fiduciaires suisses étaient officiers dans l’armée, suisse, et donc c’était beaucoup mieux. Mais précisément tout cela a été démantelé. Aujourd’hui les dirigeants de nos grandes banques, cies d’assurances et fiduciaires, sont soit étrangers soit soumis au pouvoir étranger, ils ne sont ni gradés à l’armée ni patriotes, si ça se trouve ce sont des militants des grandes causes sociétales de décomposition poste moderne, et tout cela a pour finalité que nous soyons tous soumis aux grandes oreilles et aux chantages de l’impérialisme mondialiste.

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