Virus biologique, virus informatique

Contexte

Selon l’OMS, la Suisse est à ce jour, sur les 110 pays touchés par le virus COVID-19, en douzième position pour ce qui concerne le nombre de cas de personnes infectées. Ce classement ne tient pas compte de la densité de la population. Faire le calcul, du ratio du nombre de cas connus au regard de la population du pays, c’est peut-être nous rendre compte que la situation de la Suisse dépasse celle de notre voisin italien.

Comment disposer d’une juste cartographie des personnes infectées alors que le dépistage systématique n’est pas possible, que les porteurs de virus ne sont pas tous recensés, ni identifiés, surtout s’ils n’ont pas de symptômes, alors qu’ils sont un vecteur de propagation de l’infection.

 

Posture et exigences de sécurité

Comme en cybersécurité, les organisations qui ont développé des postures de gestion des risques sont mieux préparées que les autres à anticiper et à se mobiliser pour faire barrière à la propagation de virus, qu’ils soient d’origine biologique ou informatique.

Comment comprendre la difficulté de certaines instances dirigeantes à prendre des décisions pour mettre en place des mesures proactives et de préventives en temps voulu, c’est à dire à temps, pour préserver leurs capital qu’il soit informationnel ou humain? Aujourd’hui, comment ignorer la réalité du terrain et le fait que les mesures de précaution prises au plus tôt augmentent leur efficacité ?

Combien d’institutions privées ou publiques ont communiqué à leurs employés, les mesures de prévention, de protection et de précaution prises pour ne pas favoriser l’infection et la propagation du coronavirus SARS-CoV-2 (COVID-19) ? En fait, si certaines entreprises prennent des mesures particulières pour limiter l’exposition de leurs personnels, ce n’est pas le cas partout.

Le retard pris dans l’adoption de mesures de précaution est préjudiciable à la protection de la population. Les impacts du risque sanitaire sont subis par les individus qui, s’ils sont infectés, en porteront les conséquences financièrement mais aussi dans leur chair et dans leur esprit. Si le virus ne leur est pas fatal, être un vecteur de la maladie, avoir contaminé des personnes, y compris des proches qui peuvent en décéder, les affecteront.

Parmi les nombreuses questions que soulèvent les virus biologiques et informatiques, il convient de se demander :

  • Comment rester sain dans un monde de malades ?
  • Comment assurer sa sécurité et sa sûreté alors que la qualité de celles-ci dépend de celles des autres ?

 

L’urgence d’agir

Faire face à une menace de grande ampleur, invisible mais bien réelle, en se reposant sur le civisme des citoyens ou sur l’hygienne individuelle, ne suffit pas. Toutes démarches de sécurité reposent sur la responsabilité des dirigeants, une volonté politique, des mesures stratégiques et opérationnelles de prévention, de défense et de réaction cohérentes. Le faux sentiment de sécurité, la pensée magique consistant à croire que les problèmes n’arrivent qu’aux autres, que les virus s’arrêtent aux frontières de son organisation ou encore de croire que de ne pas voir le problème le fait disparaitre, sont des erreurs exemplaires.

Aujourd’hui, l’urgence n’est pas uniquement liée aux cryptovirus, qui depuis Wanacry en 2017, sont devenus des préoccupations des responsables de la sécurité informatique, de manière pragmatique, l’urgence est biologique, humaine. Toutefois, que devient la sécurité informatique en cas de pandémie, qui est disponible pour l’assurer ? Comment protéger le système d’information quand l’humain est défaillant ?

Mais à ce jour pour les institutions, il s’agit encore de décider et de mettre en place des mesures concrètes pour se protéger au mieux du Covit-19 et de contribuer à limiter sa propagation. Concrètement, par exemple, c’est faire en sorte que la distance minimale entre les individus soit respectée sur leur lieux de travail ou lors de leurs déplacements.

Est-ce que les salles de cours sont suffisamment grandes pour assurer une distance minimale entre les personnes ?

Est-ce que les lieux communs fréquentés par un grand nombre de personnes sont régulièrement et suffisamment désinfectés durant la journée ?

Force est de constater que ce n’est pas le cas dans nombre d’organisations. Ainsi par exemple, l’absence du port de masques de protection par le personnel employé dans la restauration et de l’absence de la distance minimale entre individus aux files d’attente des bureaux administratifs et autres points de vente (gares, poste, supermarchés, etc.), telle que préconisée par l’OFSP (Office fédéral de la santé publique) est une réalité. Comme l’est d’ailleurs, l’absence de produit hydro-alcoolique pour la désinfection des mains aussi bien aux entrées des bâtiments, à proximité des toilettes ou encore à côtés des ascenseurs.

Pourtant, ce sont des précautions simples, indiquées par les autorités fédérales ayant pour but d’éviter la propagation rapide du virus au sein de la population.

 

COVID-19, sommes-nous prêts?

Y a-t-il un plan d’action pour le tutorat de cours dispensés par voie informatique? Comment assurer l’équité de traitement entre étudiants et évaluer les contrôles continus et autres examens si quelques étudiants sont absents, se trouvant en quarantaine volontaire suite à la fréquentation de zones à risque ou à la contamination d’un proche ?

Qu’avons-nous appris des exercices stratégiques concernant les risques d’épidémie et de pandémie en Suisse et de l’expérience de pays affectés avant nous ?

Sommes-nous prêts à faire face au COVID-19 et à saisir l’opportunité de penser et de faire différemment et surtout de tirer parti du numérique et de toutes ses promesses ?

Sommes-nous prêts à croire que les établissements d’enseignement ne seront pas un maillon de la chaîne de contamination ?

Sommes-nous prêts à faire face à un tsunami de virus informatique et à la combinaison d’une infection virale biologique et informatique ?

Sommes-nous prêts à vouloir privilégier la santé de tous et de toutes ?

Sommes-nous prêts à prendre des décisions courageuses ?

La crise « Covit-19 » est un révélateur de notre capacité à gérer les risques, à déterminer les risques acceptables et à savoir qui les assume. À l’heure des décisions, nous sommes face à nous mêmes, aucune intelligence artificielle ne peut se substituer à l’intelligence naturelle ou au bon sens. Il est temps que l’humain reprenne en main son destin. Il est temps de privilégier le progrès technologique au service du vivant et de faire en sorte que l’humain ne soit pas uniquement une ressource à optimiser au service du pouvoir économique et technologique.