Les jeunes en grève pour le climat dans les rues de Lausanne

Un petit pas pour les jeunes, un grand pas pour l’humanité

Après ce qu’il s’est passé hier, les ronchons ne pourront plus dire que les jeunes sont paresseux et qu’ils ne se mobilisent pas.

Hier, vendredi 18 janvier 2018, des milliers de jeunes à travers la Suisse ont prouvé qu’ils pouvaient se mobiliser et s’organiser pour se réunir afin de défendre une cause qui leur tient à cœur.

En fin de matinée, à Lausanne, je suis tombée sur ces milliers de jeunes qui marchaient dans les rues lors de la grève du climat. Une grève qui vise à inciter les politiciens à prendre des mesures drastiques en faveur du climat. Des étudiants, des collégiens, des universitaires, des apprentis. Une foule joyeuse qui brandissait des banderoles en scandant des “Révolution, ah bas la pollution” et autres “On est plus chauds que le climat!”.

“C’est impressionnant!”

“C’est émouvant de voir une telle foule de jeunes.”

“C’est beau toute cette énergie.”

 

Voici le genre de phrases que j’entendais de la part des adultes qui, comme moi, regardaient passer ces grévistes.

Puis, à peine quelques minutes plus tard, j’ai commencé à entendre ces mêmes phrases suivies du fameux “mais”.

 

“… mais toutes les occasions sont bonnes pour rater quelques heures de cours.”

“… mais ça va s’essouffler. Ils ne vont pas tenir sur la longueur.”

“… mais ça ne va rien changer.”

En gros: ce n’est pas quelques jeunes dans les rues qui vont changer le monde.

 

Et, là, j’ai repensé à ces phrases qu’on m’a répétées des dizaines voire des centaines de fois quand je me suis lancée dans l’aventure Opaline:

“C’est bien joli tout ce que tu fais mais c’est tellement petit comme entreprise que ça ne va rien changer.”

“Tu dépenses beaucoup d’énergie. Tu vas t’épuiser.”

Et autres:

“Si ça marchait ton truc, d’autres l’auraient déjà fait!”

 

Oui, sauf que d’une bouteille vendue en 2009, nous en sommes à plus d’un million de bouteilles vendues l’année dernière.

Seule dans ma cuisine au début, je suis aujourd’hui entourée d’une équipe de 8 personnes.

Un réseau de plus de 2’000 cafés, restaurants, épiceries et boulangeries défend nos valeurs dans toute la Suisse en vendant nos produits.

Nous avons créé une fondation au printemps qui propose aux agriculteurs une alternative à l’économie de rendement et qui offre à tous les curieux la possibilité de suivre des ateliers de sensibilisation au métier de la terre et à la biodiversité. 450 pommiers bio ont été plantés au printemps dernier, à Bex, dans un verger participatif soutenu par une communauté de plus d’une centaine de parrains. 450 poiriers bio vont être plantés ce printemps.

Le conseil d’administration d’Opaline a voté a l’unanimité lors du dernier conseil pour que 5 cts de chaque bouteille vendue de jus (25 cl) ou de limonade Opalin soient reversés à la fondation depuis le début de cette année.

Tout ça à partir d’une bouteille!

 

C’est comme cette grève qui a eu lieu hier et qui a réuni des milliers de jeunes à travers la Suisse.

Tout ce mouvement est parti d’une personne: Greta Thunberg. Cette collégienne suédoise de 15 ans fait grève tous les vendredis depuis des mois. Au lieu d’aller à l’école ce jour-là, elle se poste devant le parlement suédois à Stockholm pour réclamer des actions de la part des politiciens pour faire face au dérèglement climatique.

 

Greta Thunberg devant le parlement suédois à Stockholm
Greta Thunberg devant le parlement suédois à Stockholm le vendredi 11 janvier dernier. Son 21ème vendredi de grève.

 

Ses revendications? Que le réchauffement climatique soit traité comme une crise et que l’exploitation des énergies fossiles soient stoppées.

Le 14 décembre dernier, lors de la COP24 qui se tenait en Pologne, elle a tenu un discours devant une audience médusée. “En 2078, je célébrerai mon 75e anniversaire, et si j’ai des enfants, ils fêteront peut-être ce jour avec moi. Peut-être qu’ils me parleront de vous, qu’ils me demanderont pourquoi vous n’avez rien fait quand il était encore possible d’agir”, leur a-t-elle notamment lancé.

 

 

La semaine prochaine, la jeune activiste a annoncé sur son compte Twitter qu’elle serait présente à Davos lors du World Economic Forum. Un voyage qui lui prendra plus de 65 heures aller-retour puisqu’elle fera le trajet… en train.

 

Greta Thunberg sera présente au WEF la semaine prochaine.
La jeune activiste sera présente au WEF la semaine prochaine.

 

Hier, pour soutenir ce combat des milliers de jeunes sont descendus dans la rue. Notamment en Suisse. Une action de grande ampleur qui a d’ailleurs été saluée par cette activiste à l’initiative du mouvement sur son compte Instagram.

 

 

Greta Thunberg félicite les jeunes Suisses pour leur mobilisation.
Greta Thunberg félicite les jeunes Suisses pour leur mobilisation.

 

Le Prix Nobel de chimie, le Vaudois Jacques Dubochet a écrit une chronique dans le Journal de Morges pour apporter son soutien à ces jeunes. “Nos dirigeants sont vieux. Pour ce qui est du climat, ils sont encroûtés (…). Les jeunes ne peuvent pas attendre, c’est leur affaire, leur vie, ils ne la laisseront à personne”, peut-on notamment y lire.

Lundi, je l’espère, certains professeurs ou directeurs d’école essaieront de discuter avec ces jeunes pour essayer de trouver quoi faire tous ensemble plutôt que de les sanctionner avec des heures de colle. Que les jeunes profitent de l’expérience de leurs “vieux” profs et que les profs profitent de l’enthousiasme et des idées des jeunes. Utiliser cette fameuse intelligence collective pour mettre en place des activités concrètes.

Aujourd’hui, chaque bouteille vendue comme chaque pas de ces jeunes dans la rue comptent. Des actes initiés sans stratégie précise. Juste avec sincérité. Et, parfois, sans le prévoir, la magie opère.

Aujourd’hui, petit ne veut plus dire pas impactant car une succession de petites actions mènent parfois à de très grandes choses.

Sofia de Meyer

Avocate de formation, Sofia de Meyer a a travaillé à l’international dans de grandes villes comme Londres et Chicago. Puis, après plus de 7 ans au service de multinationales, elle part à la quête de sens et s’engage pour une économie de conscience. Elle fonde Whitepod en 2004 (concept d’éco-hébergement) et Opaline en 2009 (producteur de jus et limonades suisses sur un modèle d'économie circulaire et régénérative). Récemment, elle a également créé la Fondation Opaline, dont la mission est de valoriser les métiers de la Terre et de favoriser les liens que nous cultivons avec elle.

7 réponses à “Un petit pas pour les jeunes, un grand pas pour l’humanité

  1. C’est curieux, je ne parviens pas à voir les choses comme vous. Pour moi ces manifs sont l’image affligeante d’une jeunesse décérébrée et manipulée par une propagande habile qui s’exerce sur les réseaux sociaux et dans les médias dominants.

    Ce soi disant réchauffement climatique n’est pas dû à l’activité humaine. La fonte des glaciers a permis de decouvrir des mélèzes sous le glacier du Rhône. C’est donc la preuve qu’au moyen âge le climat à été plus chaud qu’aujourd’hui. Mais le mondialisme a besoin d’un mensonge pour proposer un gouvernement mondial, comme “solution” à un “problème” qui n’existe pas. Alors on manipule les jeunes avec çe bobard. Et le pire, c’est qu’ils tombent dans le panneau.

    En plus il y a la volonté de faire oublier le vrai problème qui est le remplacement des populations par l’immigration massive. Ca c’est réel et irréversible si on n’y prend pas garde. Avec ce bobard réchauffiste on a réussi à créer artificiellement une sorte de religion fondée sur un sentiment d’urgence. Je suis convaincu qu’il s’agit d’une opération de diversion, organisée par des professionels de la propagande, pour tenter d’allumer un contrefeu au “populisme”. Heureusement, ça reste superficiel et cela n’aboutira pas à grand chose.

    Le vrai problème, c’est ce qui mobilise les Gilets Jaunes en ce moment, et là il ne s’agit pas d’états d’âmes de la puberté, mais bien d’une insurrection populaire. Parlez donc plutôt des choses sérieuses : les Gilets Jaunes, et laissez de côté les faux problèmes.

    1. Merci pour le partage de votre vision que je rejoins en partie dans le sens où la question du réchauffement climatique est complexe et éveille différentes (ré)actions à travers le monde. Cela ne m’empêche pas d’être touchée par ces manifestations, non pas dans la certitude qu’elles apporteront une solution concrète à une problématique complexe, mais parce qu’elles sont le signe d’un engagement, d’une prise de parole et de conscience, individuelle et collective. Ce sont là des énergies essentielles à mon sens pour adresser les enjeux auxquels notre société est confrontée.

    2. Chère madame, cher monsieur,

      Permettez-moi, à mon tour, de rester un peu sceptique quant à votre message.
      Les revendications de ces jeunes sont bel et bien celles de citoyens inquiets de la tournure des évènements. Si certes le message est avant tout climatique, c’est bien un problème politique qui est relevé par ces mouvements. C’est leur incapacité à participer à la direction du pays qui leur pose problème. C’est pourtant bien le slogan le plus important de notre système…le pouvoir au peuple oui, mais quel peuple? Certainement pas sa totalité.

      De plus, je crains que vous vous méprenez sur les participants de ces manifestations. Certes ce mouvement est avant tout celui de jeunes. Mais il est soutenu par des partis, des politiciens, des directeurs d’établissements scolaires ainsi que des scientifiques de renom, comme monsieur Dubochet, dont vous avez dû omettre la présence dans cet excellent article. A cela, ajoutons les nombreuses alertes lancées par les scientifiques de tous pays. Madame, Monsieur, “cette jeunesse décérébrée” semble bien vouloir prendre les choses en main. Cette propagande comme vous dites, c’est celle de Greta Thunberg, qui lance des appels au secours et non des experts de la manipulation.

      Je comprends tout à fait votre scepticisme quant aux évolutions climatiques, cependant, prôner le populisme dans un monde au seuil de la guerre, dans un monde où l’humanité se cache derrière son argent, dans un monde ou l’humain ne sait plus être humain, le raffermissement des frontières derrière des états nations construits sur des illusions…non merci.

      Vous excuserez la virulence de mes propos…

  2. Chère madame,

    Merci infiniment pour votre article plein de soutien et d’espoir.
    La chronique de monsieur Jacques Dubochet m’intéresse particulièrement mais je ne la trouve pas, auriez-vous un lien?
    Merci infiniment et une merveilleuse journée

  3. Merci Sofia! J’étais aussi à Lausanne vendredi et cela m’a fait chaud au coeur de voir autant de mobilisation de la part de ces jeunes (et autant de créativité dans les slogans de leurs panneaux!). excellent parallèle avec Opaline, j’imagine qu’on a du vous dire maintes fois qu’il nyavait pas de place pour une nouvelle marque de jus, et encore moins avec un réseau de distribution non traditionnel. Bravo pour tout le chemin parcouru!

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