Ce dernier dimanche, à l’heure où sont tombés les résultats des votations, un sondage improvisé m’a permis de constater que même des enfants de l’école primaire peuvent aspirer à se prononcer sur des questions qui concernent leur avenir, telles que le réchauffement climatique. Moi qui me demandais s’il serait bien raisonnable d’abaisser l’âge du vote à 16 ans, j’ai en tout cas reçu une réponse.
Cela étant dit, le cas de figure de ce petit non à la loi sur le CO2 (de même d’ailleurs que celui du petit non à l’initiative pour des entreprises responsables il y a quelques mois) me fait penser que les règles de la démocratie ne sont pas si faciles que ça à expliquer aux plus jeunes. Le choix de la majorité, fût-elle infime, doit l’emporter, point barre. Même si la majorité se trompe ? Oui, même si la majorité se trompe. Difficile à avaler pour des enfants à qui on donne une mauvaise note en cas d’erreur dans la récitation des livrets.
Je vous vois venir, vous allez me dire qu’il n’y a qu’à enseigner aux enfants que leur opinion politique (ou celle de leurs parents) peut être fausse, alors que 7 x 8 ne peut pas faire autre chose que 56. Mais je ne suis pas d’accord. Ce qu’exigent les règles de la démocratie, ce n’est pas d’admettre que l’autre, qui pense le contraire que moi, pourrait avoir raison, c’est de plier devant la force du nombre. La nuance est de taille.
Il nous arrive à toutes et à tous de ne pas savoir quoi voter sur tel ou tel sujet, ou de nous dire que, ma foi, je vote A au plus près de ma conscience, mais il y aurait peut-être des arguments valables pour voter B. La situation est toute différente dans certains cas où nous avons la conviction absolue que voter B est une terrible erreur.
Est-ce que c’est mal d’avoir des convictions absolues ? Certainement pas. Les hommes et femmes politiques doivent se décarcasser pour trouver des compromis, c’est leur métier, mais c’est l’honneur des citoyennes et citoyens d’avoir, parfois, des opinions non négociables. Ce qu’il faut donc enseigner aux futurs citoyennes et citoyens, ce n’est pas à renoncer à penser que les feuilles des arbres, qu’elles et ils voient vertes, sont effectivement vertes – c’est à s’incliner devant celles et ceux, plus nombreux, qui pensent qu’elles sont bleues. Indispensable pour respecter la démocratie, mais pas évident à emballer pédagogiquement.