Le steack et l’abattoir

Pourquoi continuons-nous (je parle pour moi, mais j’appartiens à la majorité) à manger des animaux morts ? Alors même que les antispécistes et les végétarien.ne.s ne cessent de nous alerter, notamment, sur les conditions dans lesquelles la majorité de ces animaux sont élevés, tués, dépecés, parés et conditionnés pour arriver sur notre table. N’étant pas anthropologue de l’alimentation, je me garderai bien de tenter une réponse – par contre, la question, je me la suis posée une enième fois en lisant récemment A la ligne. Feuillets d’usine de Joseph Ponthus .

Joseph Ponthus était un éducateur passionné de culture avant de se retrouver au chômage et de devoir se résoudre à gagner sa vie comme intérimaire dans l’industrie agroalimentaire, en Bretagne. Il est mort très prématurément d’un cancer au début de cette année 2021. Son livre, publié en 2019, est bien plus qu’un témoignage, parfois teinté de réflexion politique, sur sa dure vie d’ouvrier, d’abord dans des usines de poisson, ensuite dans un abattoir. C’est un grand texte littéraire. C’est aussi, en filigrane, une occasion de s’interroger sur les contradictions de la sensibilité humaine.

Cet homme est confronté huit heures par jour, cinq ou six jours par semaine, aux aspects les plus brutaux et traumatisants de la manipulation des bêtes marines ou terrestres destinées à la consommation de masse. On pourrait penser que le dégoût l’incite à se tourner vers les protéines végétales, mais pas du tout ! «Odeur de viande de mort et d’industrie à cinq heures du matin/Qui me donne presque envie d’une grillade avec des frites et un quart de rouge.»

A l’abattoir, il y a un supermarché pour les employés où on peut acheter de la viande à bas prix, « de la viande à tomber par terre tellement elle est bonne». Une hampe, une entrecôte, un onglet, une bavette à déguster à la maison : «C’est comme s’il me fallait me nourrir de cette viande (…) /Comme s’il fallait qu’elle me donne de sa force/Qu’elle me donne/ Sa force.» Et à l’avant-dernière page, cette phrase impressionnante pour nous toutes et tous carnivores  assidus ou occasionnels: «Il y a qu’en sachant je mange des steacks».

Où je veux en venir ? Absolument nulle part, si ce n’est à pasticher Pascal : «L’inconscient a ses raisons que la raison ne connaît pas». Ça peut être utile d’y penser si on veut sauver le monde.

 

Silvia Ricci Lempen

Silvia Ricci Lempen est écrivaine. Son champ d’investigation préféré est celui des rapports entre les femmes et les hommes: un domaine où se manifeste l’importance croissante de la dimension culturelle dans la compréhension des fonctionnements et dysfonctionnements de notre société.

3 réponses à “Le steack et l’abattoir

  1. « Ça peut être utile d’y penser si on veut sauver le monde »

    C’est en y pensant qu’on se rend compte qu’on ne le sauvera pas.

  2. Les animaux les plus intelligents mangent de la viande (chimpanzé, dauphin, chien, chat, …)
    Je ne crois pas au hasard d’autant que notre cerveau a besoin de protéines animales qui ne semblent pas pouvoir être remplacé par des protéines végétales.
    Le véganisme, est un comportement contre-nature pour respecter la nature….

    Notre inconscient, c’est notre programmation génétique.
    En attendant le monde intellectualisé de bisounours où on mangera des pilules pour ne pas impacter la nature par l’agriculture ou l’élevage, traitons la nature avec respect, surtout ce qui nous nourris.

    Concernant la biodiversité, qu’est-ce le mieux, un champ de blé ou une prairie destinée aux vaches ?

  3. Madame,

    Vous avez bien fait d’écrire que vous ne vouliez en venir nulle part, car permettez-moi de vous pasticher, mais votre texte n’a “ni queue ni tête.”
    À l’avenir gardez-vous bien d’écrire un article dont vous n’avez aucune idée et qui ne fait pas avancer le schmilblick, ce sera aussi bien pour vous que pour les lecteurs et lectrices.
    À bon entendeur, salut!

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