Lors d’une instructive conversation avec un technicien de Swisscom, ayant pour objet une anomalie de fonctionnement de ma borne Wifi mobile de marque Huawei, j’ai appris un nouveau mot : hotspot. Ou plutôt, j’ai appris que le mot hotspot, que jusque-là j’associais vaguement à l’idée générale d’une concentration d’activité quelconque, est le nom que les experts donnent à ce petit boîtier en forme de savonnette ayant pour fonction de créer un réseau Wifi. Très utile en cas de séjour dans des endroits non connectés, en Suisse ou ailleurs.
Ma première réaction a été de me demander si, dans dix ou quinze ans, le mot hotspot, dans cette acception, sera remplacé par son équivalent chinois. Je crois savoir que la firme de Shenzhen traverse des turbulences, mais cela n’enlève rien au fait que, dans le domaine de la technologie, la Chine étend à pas de géante son empire. Ce serait amusant qu’elle le fasse aussi dans le domaine linguistique, ça nous changerait de l’empire américain. Evidemment, ça demanderait un petit effort de formation, en tout cas pour les gens comme moi qui, étant plus branchée culture que technologie, m’obstinais, les premiers temps, à déclarer que j’utilisais un produit de la marque Ai Weiwei.
Ma deuxième réaction a été de consulter la page d’homonymie de Wikipedia, histoire de m’abandonner à quelques rêvasseries sémantiques. Hotspot, en fait, ça peut vouloir dire beaucoup de choses. Par exemple, «un endroit à la surface d’une planète ayant une activité volcanique régulière» (là, l’analogie avec la production d’un réseau Wifi se tient assez bien) ou «une infection de la peau, ou pyodermite, notamment chez les chiens» (là, plus subtil, on pourrait déceler une allusion à la plaie sociale qu’est la connexion permanente…).
Mais la première définition, celle qui probablement nous est le plus familière, renvoie aux lieux de tri des migrants sur territoire européen (genre Lesbos ou Lampedusa, pour nous entendre). Et dire que, toujours selon la page en question de Wikipedia, un hotspot peut aussi désigner «un point chaud de biodiversité», c’est-à-dire un lieu où la biodiversité est particulièrement riche. Végétale et animale, mais pas humaine, peut-être.
P.S. Vous avez oublié le “Hotspot” du Brexit irlandais, et on se sait pas lequel est le plus chaud.
P.S. Shutdown, Backstop, Huawei, Wei Wei, ou encore, Face de Bouc, Apple, GAFAMs, twitto, la poésie des langues est à venir, no Doubt et à mesure que disparaissent les espèces, las
Mais en Suisse, il nous restera toujours le drapeau, le couteau et le Lioba. Oui, des génies ont crû innover en supprimant l’arbalète, pour la remplacer par rien, bon, d’acc!
Mais si, la biodiversité humaine se concentre dans des hotspots où leurs habitants peuvent vous témoigner de la richesse des échanges qu’ils vivent. Une richesse à laquelle la police qui doit se rendre dans ces quartiers est sensible, et qu’elle décrit avec des termes plus simples et directs dans ses rapports : Violence, injures, vandalisme. C’est une réalité que les habitants de ces lieux vivent tout au long de l’année. Mais il est certainement difficile de s’en rendre compte en faisant connaissance de cette diversité culturelle au travers de la littérature, les céations musicales, ou même vestimentaires… Celles et ceux qui ont réussi à s’extraire de ces quartiers n’y retournent pas, sinon pour aller serrer les mains, puis rejoignent leurs nouveaux hotspots, à de plus hauts étages leur apportant confort et recul pour mieux offrir leur solidarité avec les anciens voisins de misère. La notion d’enrichissement de sa personne parmi les autres est très variable selon le hotspot où l’on se trouve pour jouir de la biodiversité humaine.