L’émission «Forum» de la RTS a eu l’exquis bon goût, le dimanche 10 juillet, d’inviter deux hommes (individus mâles) à débattre de la proposition d’un groupe de travail visant à instituer l’obligation de servir dans l’armée pour les femmes. Cela s’explique, on parlait de choses sérieuses : l’armée, un truc de mecs, des vrais, depuis que le monde est monde, et l’économie, où que l’on sache il y a quand même quelques femmes par-ci par là, mais où le vrai pouvoir est encore largement en mains masculines.
Le sujet du débat, donc, était celui des conséquences éventuelles d’une telle obligation sur la bonne marche des entreprises. La question mérite d’être posée. Mais posera-t-on aussi, dans ce débat naissant, les deux véritables questions de fond que soulève cette proposition farfelue ?
Première question. Est-ce vraiment dans l’armée suisse telle qu’elle est, ou même carrément dans une entité appelée «armée», qu’il faudrait intégrer les femmes à large échelle pour les faire participer à la défense du pays ? Ne faudrait-il pas plutôt commencer par changer le nom de cette institution, abandonner le folklore du fusil d’assaut (à la maison ou pas), des tenues de camouflage et des uniformes qui envahissent les trains suisses le dimanche soir et, surtout, donner un sérieux coup d’accélérateur aux réformes en cours visant à une meilleure prise en compte des vraies menaces contemporaines? Confier aux femmes comme aux hommes la préservation de l’intégrité et de la sécurité de la population, c’est une belle idée, mais certainement pas dans le cadre d’une institution qui est encore loin de s’être débarrassée de ses origines archaïques et patriarcales.
Deuxième question, et là j’arrive à peine à la formuler tellement ça me fait rire. Le modèle norvégien !!! Mais est-ce que vous avez, messieurs, une petite idée du système social de la Norvège, et notamment de la durée du congé parental dans ce pays ? Vous parlez (je m’adresse toujours aux deux interlocuteurs du débat de «Forum» ) des chances qui seraient ainsi offertes aux femmes de participer à des activités technologiquement intéressantes. Commencez par leur offrir la possibilité de rester actives dans de bonnes conditions quand elles deviennent mères, et après on en reparlera.
Bon, il paraît que cette proposition, c’est juste un ballon d’essai et que, telle quelle, personne n’est vraiment pour. Eh bien, messieurs, je vais vous étonner, moi, je suis pour. A condition que la loi institue l’obligation de servir pour les hommes à la maison, à égalité avec les femmes et avec toutes les mesures de contrainte nécessaires. Oui, je vous assure, dans ce cas, je suis pour.