Les banques centrales aggravent la situation

Les récentes décisions des principales banques centrales dans l’économie globale, censées lutter contre le fort renchérissement des prix à la consommation, sont en réalité susceptibles d’aggraver la situation macroéconomique et ce pour quatre motifs principaux.

Primo, la remontée des taux d’intérêt poussera à la hausse les coûts de production des entreprises ayant besoin de faire appel à des crédits bancaires pour financer leurs activités économiques, induisant alors une plus forte augmentation des prix de vente des produits de ces entreprises et par conséquent exacerbant d’autant plus le renchérissement qui d’ores et déjà pèse sur le budget des ménages. L’activité économique en sera réduite de manière considérable à moyen terme.

Secundo, l’augmentation des taux d’intérêt va décourager bien des entreprises à investir, étant donné qu’une partie de leurs projets d’investissement ne sera plus rentable en raison de ladite augmentation et des conséquences négatives qu’elle engendrera dans l’ensemble du système économique. On assistera dès lors à une diminution du niveau d’emploi (entendez une augmentation du taux de chômage) qui induira une pression à la baisse sur les salaires d’une part importante des travailleuses et des travailleurs au sein de l’économie nationale.

Tertio, la hausse des taux d’intérêt se traduira par une appréciation des taux de change des monnaies nationales concernées, selon les différentiels des taux d’intérêt entre les principales zones monétaires. En résultera une diminution du volume des produits exportés, qui pourrait se répercuter aussi négativement sur le niveau d’activité dans l’ensemble du système économique, augmentant alors davantage le taux de chômage.

Quarto, l’augmentation des taux d’intérêt va également impacter les finances publiques, d’abord en raison des multiples problèmes mentionnés ci-avant, mais aussi parce qu’une partie accrue des dépenses publiques devra en fait être consacrée au paiement des intérêts sur la dette publique dont le renouvellement comportera alors une majoration des taux d’intérêt. Cela aura pour conséquences une modération des dépenses publiques censées satisfaire les besoins de la population, en particulier des personnes les plus démunies et dont les intérêts ne sont pas aussi bien défendus au niveau politique que ceux des personnes (physiques ou morales) plus en vue sur le plan économique et financier.

La crise financière globale éclatée en 2008 avait conduit beaucoup d’acteurs économiques à se représenter les banques centrales comme des institutions omnipotentes. Les difficultés économiques actuelles devraient toutefois amener les parties prenantes à se rendre compte que les banques centrales, en l’état, sont plutôt une partie du problème au lieu de contribuer à mettre en œuvre les solutions appropriées permettant de dépasser ces difficultés, dans l’intérêt général et pour le bien commun.

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.

34 réponses à “Les banques centrales aggravent la situation

  1. Les banques centrales aggravent la situation – sans aucun doute. Votre desciption me paraît juste.
    Mais, selon mon analyse, les banques centrales savent très bien ce qu’elles font, du moins pour les plus importantes d’entre elles, notamment la FED.
    Ce n’est pas de l’incompétence. C’est un programme de transformation de l’économie mondiale à marche forcée, avec une prise en otage des populations civiles.
    Et il y aura beaucoup de cadavres au bord du chemin si ce programme va jusqu’au bout de sa logique.

    1. Bonjour SAMY,

      À présent – après mes dernières interventions et votre réaction très pertinente – voici pour vous:
      —-
      Le gestionnaire de fonds spéculatifs Michael Burry, célèbre pour avoir prévu la crise financière de 2008, vient de mettre en garde contre une “récession pluriannuelle prolongée” aux États-Unis. Ce dernier, en avril 2022, déclarait déjà que la Réserve fédérale américaine (Fed) “…n’a jamais eu l’intention de lutter contre l’inflation“, ajoutant même que “la Fed ne pense qu’à recharger le bazooka monétaire…”
      —-
      Quant au professeur de l’université de New York, Nouriel Roubini, qui a répondu à Burry en tweetant : “Certains d’entre nous ont prédit une longue et grave récession et ont expliqué en détail pourquoi nous nous dirigeons vers une grande crise stagflationniste de la dette…”
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      Cette semaine encore, Elon Musk a également mis en garde contre une grave récession. Il a exhorté la Réserve fédérale américaine (Fed) à “réduire les taux d’intérêt immédiatement“, soulignant que la Fed “amplifie massivement la probabilité d’une grave récession…”
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      Bien à vous
      P.R

  2. L’argument “quarto” me paraît tout au mieux hasardeux, étant donné que la majoration des taux d’intérêt des banques centrales revient in fine aux états. Tant que la différence entre taux central et taux d’emprunt des états reste la même, cela ne changera rien pour les finances publiques.

    Pour le reste, vos arguments me semblent corrects mais c’est bien le but que recherchent les banques centrales par ces mesures (ralentir l’économie).

    1. Les Etats déjà très endettés par la gestion du Covid seront exposés à de nouvelles dépenses imprévues conséquentes pour faire politiquement face à la crise économique qui découle des trois premiers points, sans parler du paradigme de la sortie du pétrole, qui demanderait des investissements très importants.
      Dans le contexte actuel de forte remontée des taux d’intérêt et d’absence de perspectives de croissance, de perte de confiance générale, les Etats seront ainsi soumis à des soubresauts potentiellement incontrôlables des budgets.
      C’est un contexte explosif sur tous les plans (économiques, politiques, sociaux).

    2. Et bien non ! (Tony et Isabelle) Les banques centrales, par la hausse de leur taux directeurs ne cherchent pas à ralentir l’économie (bien au contraire dans leurs esprits). Elles ne savent, aussi étonnant que cela puisse paraître, pas ce qu’elles font ! Car, elles raisonnent à travers le logiciel qui est le leur, le logiciel néo-libéral, qui est tout simplement faux ! Il ne comprend pas le fonctionnement réel de l’économie et il conduit, comme le professeur Rossi l’indique, à des remèdes économiques aberrants. Comme au Moyen-Âge lorsque l’on pratiquait des saignées pour guérir un patient malade et déjà très affaibli.

  3. Très pertinent merci M. Rossi …@Tony et Samy oui, vous avez raison, les banques centrales cherchent à ralentir l’économie …mais ce sera au prix de beaucoup de “cadavres” au bord la route . Les banques n’ont pas d’états d’âmes….

  4. Je suis économiste (politique) de formation et je ne souscris pas entièrement à votre analyse, car elle ne présente qu’une face de la médaille en omettant complètement l’autre.
    Commençons par un petit retour en arrière : lorsque la BCE et la BNS ont annoncé qu’elles allaient emboiter le pas à la FED et augmenter progressivement leurs taux, je me suis dit : ils sont fous, on ne peut pas lutter contre l’inflation importée par la politique monétaire !
    En effet, resserrer le crédit localement ne va pas faire diminuer le prix du pétrole et de toutes les matières premières importées, dont les cours se sont envolés d’abord suite à la reprise économique post-covid et très subsidiairement à cause de la guerre en Ukraine.
    Pour une économie auto-suffisante énergétiquement, comme celle des USA, l’augmentation rapide des taux se justifie cependant mieux. Elle évite la surchauffe économique intérieure et permet de freiner la dévaluation du dollar. Une monnaie qui s’affaiblit implique une augmentation du prix des marchandises importées, qui nourrit l’inflation.
    Le revers de la médaille mentionné dans le premier paragraphe consisterait à répondre aux questions suivantes :

    – À votre avis, la lutte contre l’inflation actuelle par l’intermédiaire de la politique monétaire n’est-elle pas indispensable ? Historiquement, il est pourtant prouvé que l’inflation galopante est beaucoup plus nuisible à moyen-terme pour l’économie d’un pays qu’une restriction monétaire momentanée, même quand celle-ci implique une mise en récession de l’économie pendant quelques années.

    – A votre avis des taux d’intérêts de 0% à 1% doivent-ils et peuvent-ils constituer la norme à long terme dans les économies occidentales ? Je ne pense pas. Pour moi, il s’agit d’une anomalie historique car la moyenne à long-terme serait plutôt de 2,5 % à 3 %.

    – A votre avis, les travailleurs avec les plus bas salaires et même la classe moyenne peuvent-ils longtemps faire face à une inflation annuelle de 5-10% sans revalorisations salariales et ne craignez-vous pas, s’il y a revalorisation des salaires (et il y aura), qu’une boucle inflationniste ne s’installe ?

    – A votre avis la pression inflationniste sur les matières premières est-elle temporaire? Personnellement, j’estime que dans un monde fini (entendez « pas infini »), la raréfaction des matières premières est inévitable. Les 20 prochaines années ont un potentiel de hausse exponentielle des prix.

    Bref, j’en viens à penser que l’erreur des banques centrales a été de presser la pédale de frein un peu trop tard. Une action plus précoce aurait peut-être permis de devoir freiner moins fort.

    P.S : le commentaire qui sous-entend que les banques centrales poursuivent toutes des desseins cachés inavouables est assez désolant et il a suscité l’approbation d’1-2 autres lecteurs pour lesquels je n’ai qu’un message à faire passer :
    Soyez heureux de vivre en démocratie et participez à la cohésion de notre pays plutôt que d’essayer de le miner de l’intérieur.

    1. Selon vous, dire que l’action des banques centrales (notamment de la FED) est devenue problématique, c’est nuire à son pays?
      Et pourquoi donc?
      En quoi critiquer une action qui a des répercussions concrètes très importantes sur l’humanité serait problématique?
      C’est au contraire ce type d’action qui devrait être constamment sous nos yeux.

  5. “Casserolier de formation”, il me tenait à cœur de réinsérer un panel (quelques extraits) de mes analyses “consternantes”. D’ailleurs, à regarder de plus près mes quelques lignes non conventionnelles, je mériterai presque d’obtenir le grade de “complotiste ou celui d’hérétique”.
    —–
    RAYMOND
    Le 25 avril 2022 à 10h03

    Analyse (…) Je veux dire par là qu’au siècle dernier – avec le “paradoxe de Robert Triffin” – après le rôle hégémonique concédé au dollar américain suite à la conférence de Bretton Woods en 1944. Cette conférence avait pour initial objectif de fournir un cadre stable et propice à la reconstruction et à la croissance des économies affaiblies par la deuxième guerre mondiale. Cette dernière écartera néanmoins l’idée de l’économiste John Maynard Keynes pour la création d’une monnaie supranationale – un étalon monétaire international – “le Bancor”. Cette réunion qui accompagnera 44 nations alliées à repenser le “Système Monétaire International” proposera une monnaie internationale basée sur l’étalon-or (“Gold Exchange Standard”), en l’occurrence le dollar US afin d’assurer la stabilité des flux mondiaux “sans s’exposer” à des crises majeures telle qu’elle l’a été avec la Grande Dépression économique des années 1930.

    Toutefois, quelques années après la signature des accords de Bretton Woods, l’économiste américano-belge Robert Triffin portera un regard critique et avisé à l’égard de ce système dans son ouvrage “Gold and the Dollar Crisis. The Future of Convertibility” (1960). Selon les critères clairvoyants de Robert Triffin (à très juste titre), une monnaie nationale ne peut servir durablement de monnaie internationale, à moins d’accepter un système monétaire et financier instable et inefficient”(…)
    —–
    RAYMOND
    26 septembre 2022 à 18 h 21 min

    Analyse (…) Comme la France n’a plus de pétrole, pas plus qu’elle n’a de bonnes idées et que la devise monétaire commune à l’Union s’enfonce, la France saisit “l’opportunité de jouer à un jeu dangereux”. Tout à l’image des États-Unis d’ailleurs, mais eux bénéficient de hégémonie du dollar.

    En effet, s’il est aussi bien connu qu’une inflation galopante fait (mécaniquement) diminuer le poids réel de la dette, un phénomène marqué en France au sortir de la Seconde guerre mondiale où la forte inflation aurait permis une réduction rapide de la dette publique rapportée au PIB. De 1944 à 1952, la dette publique française n’est-elle pas passée de 280% du PIB à moins de 35%, période durant laquelle l’inflation atteignait en moyenne 30%? Or, avec cette mécanique infernale (offrant plus de latitude au calcul budgétaire rapporté au taux d’endettement/PIB), il y a également un compromis difficile à faire en regonflant la dette, car ce qui représente une opportunité à court terme pour le gouvernement, elle se fait aux dépens du prêteur, sans compter les gros profits (différés) des gros spéculateurs sur les dettes souveraines, à l’instar des “Vulture funds” (fonds vautours).

    Cela signifie d’une part que les détenteurs d’obligations seront remboursés par le gouvernement beaucoup moins qu’ils l’ont initialement mis en place, alors que l’inflation rend l’ancienne dette plus facile à gérer pour un gouvernement, elle rend évidemment la nouvelle dette plus chère, surtout lors d’un resserrement des taux directeurs de la politique monétaire. Mais d’autre part, cet artifice consistant à gonfler la dette dans le contexte d’une inflation galopante a une autre conséquence non négligeable, à savoir une boucle catastrophique d’anticipations d’inflation en flèche.

    Dès lors, l’augmentation successive des taux directeurs des BC se montrera alors impuissante. Le professeur à la London School of Economics, R.Reis, n’a t-il pas récemment ressortit du cercueil un des vieux démons en argumentant qu’au cours du siècle dernier, “l’hyperinflation” a commencé lorsque “les gouvernements ont eu une dette si importante qu’ils se sont retrouvés incapables de percevoir les Impôts pour l’a payer, et on ainsi eu recours à une forte inflation à long terme (…)
    —-
    RAYMOND
    4 octobre 2022 à 12 h 25 min

    “Voyage dans le temps et l’espace”

    Nouvelle saison (1) : Ils ont déjà tout oublié !

    Analyse (…) En effet, rappelons-nous les chocs pétroliers des années 70 qui auront – au final – sonné le glas des différents dispositifs imaginés par la Banque Nationale Suisse (BNS) pour réduire dès lors l’augmentation du cours du franc suisse (monnaie forte/valeur refuge). Les difficultés économiques de la Suisse auront ainsi persisté au-delà de cet autre choc en devenir – avec la mauvaise maîtrise des injections de liquidités (relance monétaire en l’absence de la courroie de transmission budgétaire) dans l’économie pour réduire les effets du krach de 1987. Avant ce point fatidique, un vent d’optimisme soufflait à nouveau aux États-Unis à l’ère du changement de paradigme par les monétaristes. N’est-ce pas avec le slogan “America is Back” que le populaire Ronald Reagan achevait son deuxième mandat? Le même acteur hollywoodien qui -“grâce à sa révolution ultra-libérale” – avait restauré la confiance dans son pays en éloignant les vieux démons des chocs pétroliers des années 70. Toujours ce même “cowboys” qui affirmait dans son discours d’investiture, le 20 janvier 1981 : “l’Etat n’est pas la solution à notre problème, l’Etat est notre problème” ! Il n’en faudra pas moins, comme pain béni, à l’économiste Eugène Fama – un des pères du monétarisme et de l’idéologie néolibérale – pour affirmer péremptoirement “que l’hypothèse des marchés efficients est une affirmation simple qui dit que les prix des titres et des actifs reflètent toutes les informations connues” (ce qui deviendra un dogme). Car, en effet, c’est suite aux travaux d’économistes comme Fama, Friedman et Malkiel que les marchés financiers subirent dès le début des années 1980 une authentique transfiguration. Avec la participation active des plus hauts responsables politiques de l’époque.

    L’économie américaine tournait par la vélocité d’une “régime miraculeux” avec ce qui allait devenir la financiarisation débridée de nos économies “modernes”. Dans cette euphorie toute relative, les États-Unis (Wall Street) ont d’ailleurs été les premiers à innover l’ingénierie financière avec les “junk bonds” (obligations pourries) et autre “LBO” ou “leveraged buyouts” (rachats d’entreprise avec effet de levier) etc. Résultat? Wall Street battait record sur record grâce à cette main divine (des monétaristes) arguant que les marchés financiers sont efficients et qu’ils peuvent en ce sens s’autoréguler (ce fantasme mené par une caste de fanatique). La conjoncture économique mondiale sera ainsi portée jusqu’à la fin des années 1980 par un cycle “d’investissements favorables” (ai-je dis à court terme?) et le reflux de l’inflation (mais pas l’inflation sous-jacente, loin de là!) dans les grands pays industrialisés. Cependant, cette “bonne conjoncture” s’accompagnait inévitablement de la formation de bulles spéculatives sur les marchés financiers et immobiliers. D’ailleurs, le retour de bâton du 19 octobre 1987 sera extrêmement violent (krach) après une remontée vive des taux d’intérêt à long terme par la Fed, ayant culminé en ce lundi d’automne 1987. L’onde de choc se propagera immédiatement sur les places financières internationales.

    Tandis que du côté helvétique, la Banque Nationale Suisse (BNS) avec sa mauvaise conduite de la politique monétaire – et des politiciens coulés dans le même moule qu’aujourd’hui – les secteurs de la construction et de l’immobilier se retrouvent eux aussi en surchauffe – et pour contrer ce phénomène – la BNS augmentera également ses taux d’intérêt et plongera alors l’économie du pays dans une forte récession (…)
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    RAYMOND
    6 octobre 2022 à 11 h 58 min

    Analyse: (…) L’OPEP+ baisse ses extractions de 2 millions de barils de pétrole par jour – mais une baisse de 1.1mb/j en net, selon le Premier ministre d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane – alors que le conflit géopolitique n’est (peut-être?) que l’arbre qui vient cacher la forêt. Ceci confirmerait alors (peut-être?) mes sentiments postés sur le billet précédent (19.09.2022) du dr et prof Sergio Rossi. À savoir, un futur effondrement du dollar comme monnaie de réserve mondiale et porterait ainsi la légitimité vers nouveau régime de Bretton Woods (ordre monétaire mondial), telle pourrait-être la question.

    En effet, si la seule réponse de l’Occident à la pénurie de matières premières créée par l’ axe Russie-Chine-Afrique-Amérique latine serait de provoquer une compression mondiale du financement en dollars au détriment des “alliés amis” – tels que la BOJ et la BOE – en inondant le monde de monnaie fiat, ce ne serait plus seulement l’axe anti-occidental qui s’attaquerait à la Fed, selon Goldman Sachs, mais comme à l’heure actuelle, aussi le cartel le plus important du monde: l’OPEP+

    Dans une note publiée par l’équipe des matières premières (disponible pour les “sous-marins” professionnels), les stratèges de Goldman Sachs ont récapitulés les derniers développements qui ont contribué aux derniers événements […] Ce que les stratèges de la banque Goldman Sachs concluent, effectivement, c’est que l’OPEP+ reprend le combat contre la Fed, qui, en augmentant et en poussant le dollar à des niveaux record, a envoyé le prix du pétrole à de nouveaux creux de 2022. Eh bien, tout comme la Fed peut limiter l’offre de “billets en dollars”, qu’ils soient physiques ou électroniques, l’OPEP peut étrangler et couper l’offre trop physique de pétrole en représailles. Mais ” (…) comment l’OPEP+ compterait-elle exactement contester le rendement attractif du dollar américain? Simple, comme l’anticipait les stratèges de GS : “(…) une baisse de l’OPEP+ en renforçant le niveau de déport augmenterait encore le portage offert par une position longue glissante passive sur les contrats à terme sur le Brent, qui offre déjà un portage annualisé de 24 % (…)

    (…) Alors, le resserrement de la politique monétaire de la Fed a-t-il comme premier objectif la maîtrise de l’inflation galopante, ou tout entreprendre afin de préserver l’hégémonie du dollar comme monnaie de réserve mondiale (y compris les pétrodollars) et purger en parallèle les bulles des marchés financiers et immobiliers afin de préparer son économie domestique à un nouveau départ? Ceci au prix du sang et des larmes!(…)

    L’arbre qui cache la forêt?

    https://assets.zerohedge.com/s3fs-public/styles/inline_image_mobile/public/inline-images/ChinaUSChart-600×470.png?itok=HqjZBSxd
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    RAYMOND
    20 octobre 2022 à 12 h 10 min

    Ô ben mince alors, l”inflation galopante” ne serait-elle pas uniquement imputable aux conséquences des effets de la pandémie mondiale et du conflit Russo-Ukrainien? Mais que s’est-il donc passé au point de pivot des années 1970 (je fais de l’ironie, bien évidemment).

    https://i0.wp.com/michelsanti.fr/wp-content/uploads/2022/02/FLc1qX1XoAM8x8i.png?resize=768%2C538&ssl=1
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    Dans cette “guerre économique globalisée”, la transition vers un Nouvel ordre monétaire mondial ne se fera pas sans douleurs, ni larmes!
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    PS: Souviens-toi de nos échanges privés sur la politique monétaire contestée, mais néanmoins poursuivie par la Fed – et les autres gouverneurs – contre vents et marées, mon très cher Ami Sergio. Ceci étant, je salue et soutiens bien évidemment ton billet👏

  6. Matière à penser:

    1) “Inflation: toujours la même histoire ?”

    http://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/l-invite-e-des-matins/inflation-toujours-la-meme-histoire-7217065

    2) “L’addiction aux certitudes” avec not. la partie 2 consacrée à la monnaie, et son sous-chapitre “la grande peur de l’inflation, de Weimar à la BCE”

    http://www.payot.ch/Detail/laddiction_aux_certitudes-daniel_favre-9782364290464

    3) Et très éclairant, dans une optique systémique: LE MONDE DE DEMAIN

    http://www.youtube.com/watch?v=-eGYvYRpWWs

    1. Bonjour CCCM,

      Merci pour le partage de vos liens. À toute fin utile pour votre point 2, voici une introduction avec un extrait de mon analyse re-postée en date du 10 mai 2022. Effectivement, les aléas inflationnistes de l’Allemagne démarrèrent avec l’occupation du bassin de la Ruhr – le 11 janvier 1923 – par 60 000 soldats français et belges – qui occupaient déjà la Rhénanie allemande depuis la fin de la Grande Guerre de 14. Ces troupes agissaient sur l’ordre du président du Conseil français Raymond Poincaré. Le gouvernement de Weimar de l’époque paya ainsi des ouvriers grévistes avec les Reichsmarks imprimés par la banque centrale afin de les encourager à protester et à mieux résister contre l’invasion étrangère. La combinaison d’une production en chute libre avec l’augmentation inversement proportionnelle de marks papiers (décorrélés de l’étalon or) contribuèrent à l’effondrement du pouvoir d’achat. L’avènement de cette hyperinflation en 1923 fut un désastre allemand qui marqua pour toujours les consciences collectives jusqu’à aujourd’hui…
      —-
      RAYMOND
      10 mai 2022 à 17 h 56 min

      (…) Ce que nos homo-politicus n’ont pas fait en répliquant certaines erreurs du passé, surtout durant la période de la crise des dettes souveraines en zone euro [2010 à 2019] dans un monde globalisé. À l’heure des populismes et des traumatismes du présent, rappelons-nous le passé avec une de mes interventions déjà très datée (…)

      (…) Nous sommes plongé en 1930, alors que l’Allemagne se remettait doucement de la période d’hyperinflation de 1923 et 1924 (et ses traumatismes après ceux de WW1) l’onde de choc de la grande dépression traverse l’Atlantique et frappe l’Europe toute entière. Le pays est touché en profondeur. De 650 000 en 1928, le nombre de chômeurs progresse rapidement pour atteindre le seuil de 3 millions en 1930. C’est dans ce contexte de crise économique que le Président Hindenburg va désigner Heinrich Brüning à la Chancellerie. A son arrivée au pouvoir, le nouveau Chancelier se fixe plusieurs objectifs : résorber le chômage, rétablir la balance commerciale et les déficits du pays mais surtout l’obtention de la révision du plan Young, c’est à dire la suppression de la dette due au titre des réparations de guerre. Afin de rendre une telle décision possible, Brüning juge indispensable de rétablir les comptes de la nation. La stratégie suivie est d’adoucir la position de ses créanciers par un affichage de rigueur et de vertu. Dès lors pour Brüning, il n’y a pas d’alternative, c’est une politique d’austérité qui s’impose dans un contexte pourtant déjà déflationniste. Le 16 juillet 1930, Brüning soumet son projet au Reichstag : réduction de 10% du salaire des fonctionnaires, diminution des indemnités chômage, augmentation des impôts. Le projet est cependant rejeté. Brüning tente alors de passer en force, sans succès. La dissolution devient inévitable, elle aura lieu le 22 juillet. Mais les électeurs vont d’ores et déjà se montrer récalcitrants face au programme qui les attend. Si les élections de la mi-septembre voient le SPD (parti social-démocrate) progresser, c’est le parti nazi (NSDAP) qui réalise une forte percée à 18% des voix. Le parti de Heinrich Bruning, le “Zentrum”, n’obtient de son côté que 11% des suffrages. La pression sur le Chancelier est alors maximale, mais il reste déterminé. Face au nouveau blocage du Parlement et en vertu de l’article 48 de la constitution Heinrich Brüning va alors gouverner par décrets, et ce, avec le soutien du Président Hindenburg. A la fin de l’année 1930, les premières mesures sont prises, la politique d’austérité entre dans le dur. Les résultats sont catastrophiques pour le pays. La politique menée par Brüning aggrave une situation déjà calamiteuse.

      Le 1er juin 1931, le clou s’enfonce encore un peu plus. Un nouveau décret-loi s’attaque à la protection sociale ; baisse de 14% de l’aide aux chômeurs, les femmes ne sont plus indemnisées, tout comme les moins de 21 ans, baisse des allocations familiales, hausse des impôts de 4 à 5%. Malgré son évident caractère “récessioniste”, la politique est poursuivie avec vigueur. Lors de cette année 1931, la crise économique atteint son paroxysme en Allemagne et le PIB se contracte de 7%. Au cours de l’été 1931, la faillite bancaire démarrée en Autriche se propage à l’Allemagne. En moins de deux années, la politique d’austérité enterre l’économie du pays. Suite aux élections présidentielles de 1932, et la victoire d’Hindenburg, Brüning se voit contraint de “démissionner”. Fin 1932 Le chômage atteint un niveau de 30% de la population active, soit 5 millions de personnes dont la moitié n’est pas indemnisée. La production industrielle s’est effondrée de près de 30% en deux ans. La population est excédée. La conférence de Lausanne de juillet 1932 permettra une révision drastique des montants dus au titre des réparations de guerre, mais ne changera rien, le mal est fait. Le 30 juillet, les nazis obtiennent 37% des voix aux élections législatives. La fin de l’année 1932 et le début 1933 se résumeront à quelques misérables tactiques politiciennes, au “gouvernement des barons” de Franz Von Papen, et à la fin de la République de Weimar. Les deux années qui séparent l’arrivée d’Heinrich Brüning à la Chancellerie et la prise de pouvoir du parti nazi se résument à la convergence de plusieurs facteurs. Une crise déflationniste à laquelle Brüning va répondre par une politique d’austérité, un passage en force devant le Parlement rendu possible par les décrets lois, et une volonté d’afficher une politique “stricte” devant les créanciers internationaux afin de se mettre en capacité de demander la révision du plan Young).

      En 2019, [donc, avant la pandémie mondiale et le choc géopolitique et économique que nous traversons à partir de 2020 jusqu’à ce jour] sur le plan de la “science économique”, il demeure toujours aussi dramatique de constater que l’idéologie “mainstream” (propre aux monétaristes), qui a pris le relais de l’orthodoxie néo-libérale, “ignore” encore et encore les outils de politique monétaire contracyclique, c’est-à-dire via le levier de la relance budgétaire. A moins que nous assistions à un formidable transfert des richesses piloté par le truchement des marchés financiers et immobiliers (bulles des actifs, respectivement hyperinflation du prix de ces derniers) puisque la vélocité du capital n’a d’égal au facteur travail, lequel tend à disparaître. Il va s’en dire, que la déflation salariale qui accompagne la politiques de l’offre (qui ne créé plus sa propre demande) a un effet récessionniste.Tout comme une demande agrégée atone se renforce par un sentiment de perte de confiance des ménages dont le niveau d’épargne de précaution n’est qu’un révélateur. Tout comme l’investissement calamiteux des entreprises (…)

      (…) Les technocrates de Bruxelles ont déjà reconnu leurs erreurs durant la crise des dettes souveraines (c-à-d l’austérité, en très bref, et dont les effets auront fini par mécaniquement augmenter la dette et retarder la sortie de crise). Des erreurs lourdes de conséquences pour affronter de nouvelles crises 2020…2022. Les dogmes persistent tout comme les fausses croyances et les pyromanes. Affligeant! (…)
      —-
      Bien à vous

  7. Les quatre point sont toujours les mêmes face à tout cycle d’augmentation des taux. C’est la hausse modérés des taux ou l’hyperinflation, au choix.

  8. “Les marchés boursiers mondiaux s’effondreront l’année prochaine”, selon les augures de Deutsche Bank (Investissement Banking). Mais ce n’est qu’un détail pour les attardés du monétariste, n’est-ce pas?

    Parole du “casserolier” – 19 mai 2022 – “(…) sachant que la formation des bulles – suivie de leur éclatement – à très souvent par le passé été la condition sine qua non du redressement économique américain; en l’état, J. Powell, en bon “faucon” et via son comité, ne va-t-il pas finalement chercher à expurger les marchés avec l’appui de cette fausse croyance que l’inflation galopante s’inscrit sur le court terme? (…)” 🙊🙉🙈

  9. SAMY : vous avez le droit de critiquer les banques centrales, évidemment.
    Par contre, dès que je lis nouvel ordre mondial ou grand reset, je pense au complotisme, qui n’est pas un phénomène spontané, mais une propagande néfaste. Si vous n’êtes pas concerné, tant mieux et félicitations.

    Revenons au sujet : la montée des taux. Je suis nouveau sur le blog de M. Rossi et constate toute l’ironie des différents intervenants face à ce qu’ils nomment la doxa monétariste. Intéressant. Donc dans le monde actuel, les arguments des sciences économiques sont devenus caduques, ce sont forcément des arguments politiques et il est obligatoire de prêter allégeance à un bord : l’ultra libéralisme monétariste de droite, sans cervelle, ou l’interventionnisme keynesien de gauche, magnifié par la politique du taux zéro ? Ou ai-je mal compris les règles du jeu ? Personnellement, je n’aime pas les dogmes et il m’arrive de concéder qu’un argument opposé au mien est plus correct que le mien.

    Bref : les taux. Dans “sciences économiques”, il y a le mot science. On ne peut pas s’abstraire de toute réalité arithmétique quand on parle d’économie. Je soumets donc à la sagacité des autres lecteurs l’argument suivant : dans une économie ou l’inflation est à 10% et le taux d’emprunt à 1%, à combien se situe le taux d’intérêt réel ? En faisant abstraction de tout autre facteur, comme les anticipations et le risque, le taux d’intérêt réel se situe alors à -9%. Est-ce viable ? Je ne crois pas. Un taux réel à -9% implique une forte dévaluation et offre des opportunités d’arbitrage faciles aux grands méchants financiers qui vont aussitôt en profiter en empruntant pour spéculer sans risque sur le marché des changes contre la devise concernée, voire même dans l’économie réelle en achetant des immeubles ou des contrats à terme sur les matières premières ou n’importe quoi qui ne soit pas de la monnaie nationale.

    J’aime bien les dissertations et la littérature, mais un banquier central ne doit-il pas faire preuve, prioritairement, d’un réalisme très terre à terre pour éviter la faillite de son pays? Vouloir mener une politique contra-conjoncturelle (anticyclique) sans tenir compte de l’inflation est un non-sens qui donnerait inévitablement des opportunités de profits illimités et sans risques aux armées de financiers sans scrupules et autres traders sans foi ni loi 😉 A éviter, non ?

    1. Bonsoir Jérôme Genève,

      Vous écrivez – avec clivage – “l’interventionnisme keynesien de gauche”. Intéressant. L’École Autrichienne vous aurait-elle servi de fil rouge à votre cursus?
      —-
      RAYMOND
      17 mars 2020 à 12 h 39 min

      En 1944, Friedrich Hayek reçut une lettre d’un client de l’hôtel Claridge d’Atlantic City, dans le New Jersey. Il félicitait l’économiste, né en Autriche, pour son « grand » livre, ‘The Road to Serfdom‘ (La route de la servitude) dans lequel Hayek défendait l’idée que la planification économique constituait une menace pour la liberté. « Moralement et philosophiquement, je me retrouve profondément en accord avec vous », disait la lettre. Le correspondant de Friedrich Hayek était John Maynard Keynes, en route pour la conférence de Bretton Woods, dans le New Hampshire, où il allait participer à l’élaboration du nouvel ordre économique de l’après-guerre. La chaleur des louanges surprendra ceux qui considèrent Friedrich Hayek comme le parrain intellectuel du thatcherisme, et Keynes comme le saint patron d’un capitalisme très dirigiste. Mais Keynes n’était pas un homme de gauche. « La guerre des classes me trouvera du côté de la bourgeoisie éclairée » avait-il écrit dans son essai de 1925, « Suis-je un libéral ? » Plus tard, il décrivit les syndicalistes comme des « tyrans, dont les prétentions égoïstes et partisanes doivent être combattues avec bravoure ». Il accusa les dirigeants du parti travailliste britannique d’agir comme des « embrigadés d’un credo dépassé », des « demi-semi-marxistes fabianistes marmonnants et rongés de mousse ». Keynes, contrairement à ses disciples, n’était pas un homme de gauche. « La guerre des classes me trouvera du côté de la bourgeoisie éclairée » avait-il écrit dans son essai de 1925, « Suis-je un libéral ? »

      Quant aux déviances entreprises dès les années 1970 avec les monétaristes, rappelons-nous d’Eugène Fama né en 1939, un des pères du monétarisme et de l’idéologie néo-libérale pour qui « l’hypothèse des marchés efficients est une affirmation simple qui dit que les prix des titres et des actifs reflètent toutes les informations connues ». Une théorie simpliste démentie depuis les derniers travaux de Richard Thaler de l’École de Chicago et Robert Shiller de l’Université de Yale (dont il s’inspira des avancées de Keynes sur nos « Esprits animaux », puis de George Arthur Akerlof). C’est en effet suite aux travaux d’économistes (monétaristes) comme Eugene Fama, Milton Friedman (1912-2006) et comme Burton Malkiel, né en 1932, que les marchés financiers subirent dès le début des années 1980 une authentique transfiguration. Avec la participation active des plus hauts responsables politiques de l’époque comme Margaret Thatcher et comme Ronald Reagan qui devait même affirmer dans son discours d’investiture, le 20 janvier 1981 : « l’Etat n’est pas la solution à notre problème, l’Etat est notre problème » ! Dès cette période, le conservatisme économique et la régression sociale devaient régner en maîtres absolus. Le vide laissé par l’État fut tout naturellement comblé par le développement hyperbolique d’un secteur financier dès lors qualifié d’ « efficient », voire de « parfait ». Cette finance était en effet appelée à rendre tous les services à l’économie. Les marchés seraient une sorte de juge de paix qui remettrait de l’ordre dans les finances des entreprises et des ménages en imprimant tous les pans de l’économie de sa bienveillante efficience.

      Les adorateurs du marché financier étaient même persuadés que ses prix étaient la résultante d’un équilibre rationnel, et que l’emploi n’était en fait qu’une variable au service de l’optimisation des valorisations boursières. C’est en effet Burton Malkiel qui assurait que « La vraie valeur des marchés triomphera en finalité car la bourse est un mécanisme de précision sur le long terme ». La dérégulation de nos économies et de la finance nous vient donc évidemment en droite ligne de cette hypothèse du marché efficient. Plus besoin de règlementation ni de garde-fous si le marché est efficient, donc optimal. Inutile de brider une bête qui se régule elle-même par le prix, qui élimine les plus faibles – c’est-à-dire ceux qui ont pris les mauvaises décisions – et qui fait gagner les plus forts. C’est donc une authentique « sélection naturelle » qui s’opère par des marchés financiers omniscients et infaillibles. Comme cette autorégulation déroule ses effets bénéfiques sur l’économie, la tâche de l’État doit donc se réduire à sa plus simple expression. Hélas, ce rétrécissement du champ d’action de l’Etat – préalable incontournable à la dérégulation de la finance -, accouche depuis plus de trente ans de crises bancaires et boursières à répétition. Ce laissez-faire ayant essaimé depuis le monde anglo-saxon jusqu’à l’Europe continentale pour ensuite toucher l’Amérique latine et l’Asie, c’est l’ensemble de la planète qui a progressivement été infectée par des bulles spéculatives dont l’implosion fait d’immenses ravages financiers, économiques et bien-sûr humains. Aujourd’hui, c’est l’ensemble du spectre qui se retrouve contaminé par la financiarisation : l’énergie, l’immobilier, les denrées alimentaires, mais également l’éducation, voire la santé dans certains pays. Toutes les facettes de l’activité économique se retrouvent ainsi enchevêtrées dans une toile complexe tissée par la financiarisation.

      Quant à ces idéologues, prônant une politique de « laissez-faire » et une réduction de l’État à une peau de chagrin, même le pluralisme en « sciences économiques » a été infecté par leur doctrine. Suffit-il déjà de lire la publication, en France, d’un petit ouvrage intitulé « A quoi servent les économistes s’ils disent tous la même chose ? » se référant aux économistes « mainstream » ayant fait main basse sur une discipline. Suffit-il également à prendre connaissance de la lettre de l’économiste Jean Tirole pour tenter de bloquer une réforme – au niveau politique – visant à restaurer le pluralisme des doctrines économiques à l’université. Oui, le « laissez-faire » est un mythe (et un paradoxe) sachant que les néolibéraux ont besoin des leviers de l’État (lui-même ayant succombé dans les ornières dénoncées par la théorie du Public Choice) pour prospérer. Oui, un mythe, tout comme la « théorie du ruissellement » et la « Supply-side economics » qui ont récemment été déboulonnés par des recherches empiriques.
      —-
      Bien à vous

    2. Ce qui serait à éviter à tout prix en ce moment, c’est une récession très importante.
      Après tout ce qui s’est passé ces 3 dernières années, une récession marquée mettra en faillite beaucoup d’entreprises et créera une pauvreté très importante dans de nombreuses parties du monde.
      D’autre part, l’inflation est aussi à mettre en lien avec la hausse des matières premières – qui est liée à la baisse historique de disponibilités des ressources pétrolières (qui n’est pas cycliques, mais physique).
      Avec les taux élevés que vous préconisez, il sera trop cher d’investir pour se réadapter à une nouvelle donne énergétique.
      Bref, je crois que vous sous-estimez complètement la période exceptionnelle que nous vivons.
      Et effectivement, je me demande si certains banquiers centraux (FED notamment) ne jouent pas avec le feu en favorisant une politique de récession soit-disant “bénéfique” contre l’inflation.

  10. Bonsoir Jérôme Genève,

    Si je comprends bien votre argument politique, un nouvel ordre monétaire mondial serait une théorie véhiculée par “les complotistes”? Intéressant venant de quelqu’un se prétendant “économiste”. Politicien, je veux bien l’entendre!

    https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2022/04/25/poutine-et-le-nouvel-ordre-monetaire-international/#comments

    Vous nous écrivez : [Dans “sciences économiques”, il y a le mot science. On ne peut pas s’abstraire de toute réalité arithmétique quand on parle d’économie] Intéressant.

    Dois-je comprendre que vous tentez une figure de style en jouant le sophisme en amalgamant science “molle” et science “dure”? Intéressant.
    —–
    RAYMOND
    8 novembre 2021 à 10 h 54 min

    Extrait(s) de mon intervention adressée par le passé à un ancien conseiller de banques centrales: Si, en effet, les mathématiques constituaient un outil pour démontrer des régularités, tout en gardant à l’esprit qu’elles sont contingentes et historiquement déterminées, l’économiste hétérodoxe John Maynard Keynes restera néanmoins un critique avisé de la société d’économétrie en précisant que “la vérité n’est pas obtenue comme résultat d’une sophistication formelle, elle tient pour l’essentiel à la capacité de générer une efficacité pratique des énoncés”. En ce sens, l’utilisation extrême des mathématiques (comme science dure) tombera toutefois dans le giron des idéologues qui auront une fâcheuse tendance, à l’instar des économistes orthodoxes (mainstream), à se réfugier durant des décennies derrière l’outil mathématique et à tirer argument de l’usage de cette science dure pour affirmer à la fois la scientificité de leur discours, suggérer son exactitude et donc le caractère intangible des lois qu’ils révèlent au prisme de leurs théories économiques. Comme l’écrira du reste Keynes dans sa Théorie générale, comme autant de prémonition avant la domination de la “science économique” – en tant que science molle et discipline des sciences humaines et sociale – par les pères du monétarisme et de l’idéologie néo-libérale ; “une beaucoup trop grande part de travaux récents d’économie mathématique consiste en des élucubrations aussi imprécises que les hypothèses de base sur lesquelles ces travaux reposent, qui permettent à l’auteur de perdre de vue les complexités et les interdépendances du monde réel, en s’enfonçant dans un dédale de symboles prétentieux et inutiles”.

    Et ce n’est pas l’économiste Paul Samuelson qui le démentira post-mortem, lorsqu’on se souvient de son expression faisant déjà état que la science économique “tombera dans le trou noir des mathématiques”. Ni l’économiste Richard H. Thaler, qui, après quarante ans de recherches en “économie comportementale” et de combat contre la doxa régissant les prestigieuses universités américaines – mais pas que –qui nous offre au sein de son récent ouvrage “Misbehaving”, après celui des économistes George Akerlof et Robert Shiller, qui, lui, reprend à son compte “Les esprits animaux”, une formule choc que Keynes utilisa dans le très fameux chapitre XII de la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie paru en 1936; une meilleure compréhension de nos modes de raisonnement réels, certes déviants de la rationalité économique, mais qui font de nous des humains, et non pas ces extraterrestres qui peuplent les manuels d’économie moderne.

    Dès lors, comment faire l’impasse sur l’économiste américain Robert Heilbroner (1919-2005), principalement connu pour “The Worldly Philosophers”? Dans sa première édition de 1953, l’ouvrage annonçait “un voyage à travers l’éthique” et pour cela partait à la découverte d’une poignée d’hommes qui, par leurs idées, donnèrent sens au monde économique moderne. Tous différents – “il y eut parmi eux un philosophe et un illuminé, un pasteur et un agent de change, un révolutionnaire et un gentilhomme, un esthète, un septique et un vagabond” – ils élaborèrent pour cela, intrigue, pièce, drame, scène, pour lever les doutes et les anxiétés que faisait naître un nouveau et vaste monde économique apparemment chaotique et pourtant en constante évolution; leurs récits permettant en définitive aux communautés humaines de comprendre et d’agir en vue d’adapter et de contrôler le capitalisme. L’ambition de ces hommes ne pouvait pas être celle de simples techniciens ou experts: leurs imaginations, nourries par ce large éventail de biographies singulières, leur donnaient l’audace d’embrasser l’ensemble de ce processus dans ses dimensions économiques, mais tout autant politique, sociale, culturelle, que paraissait rythmer l’accumulation progressive de richesses. Cet économiste américain, Robert Heilbroner, au fil de son épopée, posera un énième constat: “les mathématiques avaient insufflé une rigueur à la science économique avant de la tuer!”
    —-
    Si vous me le permettez, Jérôme Genève, et sauf votre respect, continuez à suivre votre domaine de prédilection: La politique.

    Bien à vous

    1. Comme vous aimez bien les dissertations et la lecture, cher Genève, je vous en fais parvenir deux puisque vous vous interrogez de la manière suivante, avec toutefois une profonde naïveté: “un banquier central ne doit-il pas faire preuve, prioritairement, d’un réalisme très terre à terre pour éviter la faillite de son pays?”

      https://mobile.payot.ch/Detail/le_crepuscule_de_la_banque_nationale_suisse-vincent_held-9782888922124

      Ô mince alors, encore un “complotiste”:

      https://mobile.payot.ch/Detail/apres_la_crise-vincent_held-9782970126218

      Bonne lecture Genève

      Un retraité (par choix) privilégié de 54 ans en 2019; ex-financier/whistleblower lors de la crise du subprime US; ex-spécialiste des marchés financiers; ex-consultant et ex-enseignant en études supérieures en finance/économie. Écœuré par un monde où le “Crony Capitalism” a assassiné la pluralité de la recherche dans les “sciences économiques”, corrompu intellectuellement nos gouvernements autistes et, ce, doublé d’une sphère financière qui n’est plus au service de l’économie.

      PS. Ceci étant, les interventions de SAMY sont très pertinentes, précisément.

  11. SAMY : merci de votre réponse apaisante. Je partage entièrement votre constat sur la question de l’inflation importée, qui devient structurelle.

    Si la conjoncture devait s’améliorer dans les mois à venir, les prix des matières premières augmenteraient encore. Les banques centrales seraient démunies face à ce phénomène. Il est préoccupant de penser qu’elles risquent de s’entêter dans une politique monétaire restrictive, inefficace en l’espèce ou plutôt très efficace pour replonger l’économie dans la récession.

    Le citoyen sensibilisé aux questions écologiques qui veille en chacun de nous devrait peut-être se réjouir de cette promesse de décroissance, mais c’est un autre sujet.

    Par ailleurs, il faut reconnaître que l’efficacité d’une banque centrale se mesure en grande partie sur des effets d’annonce et sur sa crédibilité. La posture de faucon de la FED et de la BCE permet de maintenir une certaine confiance, voire une incertitude susceptible de freiner la spéculation contre leurs monnaies et de maintenir leur rating (surtout pour la BCE). Je vois mal la BCE monter les taux autant qu’elle menace de le faire, mais c’est l’effet d’annonce qui compte.

    Raymond : Vous êtes fâché, là ?

    Le propos de l’article de M. Rossi, dont il est question ici, est de critiquer la politique actuelle des banques centrales, pas de faire un cours d’histoire.
    Donc, je me demande si ce n’est pas vous qui vous trompez de blog. N’y a-t-il aucun article sur l’Histoire de la pensée économique à commenter ?
    Au demeurant, j’admire votre érudition.

    Cependant, savoir qui commandait du café et qui préférait le thé au petit déjeuner, au Mount Washington Hotel en 1944, lors des réunions de Bretton Woods ne nous aide pas beaucoup s’agissant de jauger la pertinence des actions de politique économique des banques centrales en 2022. Humour et dérision.

    Je ne suis certes pas un illustre économiste ou « prétendu » économiste comme vous dites, mais si j’ai précisé la chose c’est uniquement par honnêteté. Dans un débat, il est toujours important de savoir qui parle.

    Merci de vous être présenté à votre tour. Je vous fais part de ma profonde admiration pour votre cursus académique et professionnel, ainsi que pour vos convictions philosophiques (je n’ose plus dire politiques) : vous êtes un homme de conviction et cela fait plaisir à voir dans ce monde devenu trop conformiste.

    Néanmoins, vous concéderez que dans un débat ouvert, les personnes plus ordinaires comme moi doivent aussi avoir le droit d’en placer une sans être moquées sur ce qu’elles sont, ni même sur ce qu’elles écrivent. D’ailleurs vous vous ennuieriez beaucoup si vous étiez le seul à avoir le droit d’intervenir. Sachez accueillir les petits nouveaux sans trop de bashing. Ce blog ne vous appartient pas, c’est celui de M. Rossi. 😉

    Bien à vous

    1. Bonjour Jérôme Genève,

      Suis-je fâché? Ô que Oui, précisément à l’encontre des opportunistes de la politique politicienne, des laquais au service (même s’ils s’ignorent) de la haute finance et des incompétents notoires en matière de “science politique”. Et je sais de quoi je parle, tout comme l’ouvrage (paradoxal) abordant la “Public Choice Theory” que je vous suggère de lire attentivement.

      Ceci étant dit, j’apprécie votre relatif rétropédalage à l’égard des interventions constructives de SAMY.

      Merci également pour votre leçon de morale sur cet espace de partage qui nous appartient à tous (le public) et pour lequel le très éminent professeur Rossi nous fait l’immense joie – par sa générosité et son temps très précieux – d’être notre hôte. Ceci dit, lorsque vous vous présentez à nous, Genève, par: “Je suis économiste” en veillant bien à placer des parenthèses sur le mot (politique), il ne m’en a pas fallu plus pour perçevoir en vous un politicien. Ou un fervent officionado de la politique! Voyez-vous, les connaissances en économie comportementale (EC) tout comme en finance comportementale (FC) ont accompagnées mon cursus.

      Enfin, il m’est totalement jouissif de lire votre commentaire “dénigrant”, ou relativisant profondément l’histoire des sciences économiques dans le temps ainsi que les événements du passé car, voyez-vous, c’est précisément ce qui fait affreusement défaut aux gouvernements (donc aux politiciens autistes). Sans une grille indispensable de lecture de l’histoire économique, cher Genève, que j’ai intitulé pour mes interventions personnelles: “Voyage dans le temps et l’espace”, comment voulez-vous comprendre le présent pour travailler sérieusement sur l’avenir? Mais le politique ne s’inscrit-il pas dans un mouvement perpétuel à court terme (comme le spéculateur) cherchant à satisfaire avant tout ses propres intérêts, et celui de ses disciples, au détriment de l’Intérêt général et du bien commun. Quant à mon amour propre, soyez rassuré, je n’ai plus rien à prouver. Ainsi, prenez ce que je vous offre “gratuitement” (même si fondamentalement rien ne l’est; je finance généreusement ces dons par mon temps sans en retirer quelconque profit). Ce qui précède est également une leçon de morale – “gratuite” – j’en conviens, mais l’essentiel ne réside-t-il pas dans le débat, même s’il paraît sulfureux au premier abord? En cela, je vous adresse mes plus sincères remerciements.

      Bien à vous et sans aucune animosité

      PR

  12. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison (28): Quand le job le plus important au monde est influencé par l’homo-politicus

    Pendant 15 ans, les décideurs politiques (gouvernements) ont tenté de stimuler l’économie mondiale – avec leur influence déplacée sur les Banques Centrales – par la création monétaire, des politiques de taux d’intérêt zéro (une politique qui n’est pourtant pas du ressort des décideurs de la politique politicienne!) et très récemment – mais beaucoup trop tard! – par des mesures de relance budgétaire agressives (là, du seul ressort des gouvernements!) contre le Covid-19, puis envers les conséquences du conflit géopolitique Russo-Ukrainien. Avec des capitaux à des coûts quasi nuls durant cette dernière période les investisseurs (et les spéculateurs) ont commencé à accorder beaucoup plus de valeur aux flux de trésorerie dans un temps et un espace comptant trois lustres. Durant ce cycle qui pourrait paraître lointain, les actifs ont gonflé (bulles) et les bilans se sont élargis comme les risques (instabilité). La politique de l’absurde menée par des gouvernements plus autistes les uns des autres où l’Intérêt général et le bien commun ne sont plus que des reliques.

    https://www.zerohedge.com/s3/files/inline-images/money2_0.jpg?itok=cNTY8IgZ

    https://www.zerohedge.com/s3/files/inline-images/money1.jpg?itok=jPKaJV7S

    En conséquence, les Banques Centrales ne peuvent être les seules sur le banc des accusés, bien au contraire!

  13. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison (29): – BCE – La leçon d’histoire économique qui ne sert à rien?!

    Comme on le sait (ou devrait-on le savoir) post crise financière de 2008 et début de la crise des dettes souveraines en 2010, le leadership Européen fut piloté par le couple austère Schäuble/Merkel. L’Allemagne, pays où règne l’ordo-libéralisme teutonique, “exemple devant l’éternel pour sa locomotive économique” et aux yeux des européens, qui ne pouvait être que le Messie revenu sur terre devant tant de discipline rigoriste, soit. Mais cette Allemagne là se gardait bien de crier sur les toits que les mesures Hartz (notamment les mini-jobs à 500 euros/mois) concurrençaient directement ses partenaires économiques de la zone euro (déflation salariale compétitive) contribuant ainsi à les affaiblir économiquement. Évidemment, tous les yeux des politiciens extra-muros salivaient devant cette recette ordo-libérale où les excédents commerciaux se succédaient en battant la mesure. Sauf qu’avec un peu de connaissance en économie (un tout tout p’tit peu) – du moins sur le plan des balances commerciales – ces homo-politicus auraient également du savoir qu’au sein d’une Zone Monétaire non Optimale – selon les critères de l’économiste canadien – Robert Mundell, “les excédents des uns ont pour corollaire les déficits des autres”. Ils auraient également du savoir – alors que les “p’tits soldats de l’Allemagne” s’étaient déjà emparé de la BCE – et que les pays du Sud étaient déjà asséchés avant les prochains pays du Nord, que l’Allemagne était entrain d’accélérer sa voie économique avec les États-Unis. Sans compter que dans ce jeu de société, l’Allemagne n’avait encore soigné ses profonds problèmes structurels, à l’instar de sa démographie déclinante; de ses infrastructures routières; ferroviaires; énergétiques; publiques (…) tombant en désuétude et les prestations sociales de ses salariés domestiques dilués dans le mercantilisme. Qu’importe puisque la BCE et la Deutsche Bank lui faisaient son beurre et le pain, tandis que les autistes de la politique politicienne lui produisaient le miel. Ah l’axe franco-allemand!

    Au fait, comme “l’histoire économique ne sert à rien” pour nos homo-politicus, que deviennent à présent les dettes publiques des États membres de l’Union européenne après tant d’années d’une orthodoxie mortifère? Et la santé de la Deutsche Bank, après avoir sucré les intérêts sur les dettes “junk” de ses partenaires voisins – qu’elle est donc sa santé financière en 2022? Qu’en est-il aussi à l’heure actuelle de 2002 (avant que tous les alibis de la pandémie et du conflit géopolitique n’effacent la trace dans nos mémoires) des investissements structurels en Allemagne, par exemple dans les énergies durables? Bref, maintenant, sans aucun complexe, il est tout à fait d’usage de retrouver “un ancien” financier à la tête de la Fed, tout comme une politicienne à la tête de la BCE, mais qu’importe finalement l”‘histoire économique”.

    D’ailleurs, qu’importe aussi – et en son temps – ma position critique partagée avec un confrère à l’égard du rôle de Mario Draghi – “cette marionnette” au sein de la BCE – qui avait notamment pour point de départ un article du Wall Street Journal paru en 2017, où ce dernier nous informait que la sphère opaque de la BCE comptait en son sein 29% de salariés allemands, contre seulement 8% de français, par exemple. Tout en sachant déjà que le très stratégique “Département d’économie et de prospectives” qui conditionne toutes les recommandations de la BCE en termes de politique monétaire, était dans une chaîne de commandement allemande. Cette dernière portant dans le milieu le surnom de “panzer division” et était alors dirigée par le Chef économiste que fût Jürgen Stark, remplacé ensuite par le moitié allemand et moitié belge, Peter Praet. Sans compter que la Banque Centrale Européenne, basée dès le début à Francfort, compte dans son ADN les gènes de la Bundesbank.

    Puis, qu’importe que cette toute petite histoire économique – parmi tant d’autres – n’ait aucune importance selon la vision de la politique politicienne, alors que: “la Banque Centrale Européenne vient d’ouvrir son arme anti fragmentation à coup de milliards pour sauver l’Italie. Ce graphique démontre à qui profite l’argent des européens. Après tout, une banque centrale c’est fait pour ça!?”

    https://michelsanti.fr/crise-europeenne/les-lecons-de-draghi#respond

    1. “Voyage dans le temps et l’espace”

      Saison (30): – Réserve fédérale américaine – La leçon d’histoire économique qui ne sert à rien?!

      Pour quelques-uns, “l’histoire économique” n’aurait aucune valeur afin de chercher à comprendre notre monde d’après.

      Étonnant, car ces temps-ci, nous avons pu tous observer que la Banque centrale d’Angleterre renfloue les fonds de pension britanniques, que la Banque du Japon utilise une politique monétaire excessive pour protéger sa monnaie et plafonner les taux d’intérêt. Tandis que la Banque centrale de la Chine encourage ses banques à acheter des actions. Le dollar est malmené et les taux d’intérêt montent en flèche et le monde financier se fracture. Ben oui ! Contrairement à toute autre devise, le dollar américain est le moteur de l’économie mondiale et des marchés financiers en raison du statut hégémonique de cette devise considérée comme monnaie de réserve mondiale. Les actions de politique monétaire de la Fed jouent ainsi un rôle essentiel dans la direction de l’économie américaine et de toutes les économies et marchés financiers mondiaux.

      Comme “l’histoire économique n’est pas importante”, inutile donc de revenir en ce jour de 1971 (Nouvel ordre monétaire mondial) où face à un cénacle de diplomates européens qui s’inquiétent des fluctuations de la devise américaine, le secrétaire au Trésor de Richard Nixon, John Connally, leur avait ­rétorqué “le dollar est notre monnaie, mais c’est votre problème!”

      Tout comme il est inutile de se rappeler que l’accord initial de Bretton Woods précisait qu’une grande majorité du commerce mondial se ferait en dollars américains, que les États-Unis participent ou non à ce commerce. Cependant, selon les termes de l’accord, il y avait un remède supposé à l’un des abus que les pays ayant le statut de monnaie de réserve commettent généralement, enregistrant des déficits commerciaux et fiscaux continus. Ce que les États-Unis ont fait étant donné que l’accord a commencé par s’effilocher avec le temps. En 1961, les principales nations du monde ont créé le London Gold Pool en fixant le prix de l’once à 35$. En manipulant ainsi le prix de l’or, un indicateur important de la taille des déficits commerciaux américains a été brisé. Par conséquent, il y avait moins d’incitation à échanger des dollars contre de l’or. Sept ans plus tard, la France sort des rangs et s’est retirée du pool d’or et a exigé de grandes quantités d’or en échange de dollars.
      En conséquence, en 1971, le président Richard Nixon, craignant que les États-Unis ne perdent leur or, a suspendu la convertibilité des dollars en or. À partir de ce moment, le dollar américain est devenue une monnaie flottante! Et l’or, une “relique barbare”.

      Mais aujourd’hui, comme l”histoire économique” ne sert toujours à rien pour les politiciens, et quelques-uns, nous pouvons toutefois leur dire, qu’ils l’entendent ou non, que la dé-dollarisation (sous fond d’inflation) est en marche forcée pour un autre “nouvel ordre monétaire mondial”. Au cours des dernières années, la pandémie a radicalement changé le cours de la politique monétaire et budgétaire. Depuis 2020, le gouvernement américain a accumulé plus de 10 000 milliards de dollars de dettes. Pour aider les marchés à absorber l’énorme offre d’obligations, la Fed a acheté près de 5 000 milliards de dollars de dette. En raison des dépenses budgétaires, la masse monétaire a bondi et l’inflation a rapidement suivi. Les prix ont grimpé en flèche en raison de l’affaiblissement des lignes d’approvisionnement et des aides fiscales massives. Malgré la normalisation économique et les signes d’inflation latente en 2021, la Fed a continué d’acheter des obligations et a maintenu les taux d’intérêt à zéro. Le moment ultime pour lutter contre l’inflation était avant qu’elle ne devienne un problème!!! Avec le resserrement monétaire de la Fed, l’argent gravitait ainsi vers les dollars et à mesure que les prix augmentent davantage dans un pays par rapport à une autre devise, les taux de change entre les deux doivent changer pour compenser la différence. Donc, sans surprise, les cambistes ne faisant que leur job ont ajouté une force considérable au dollar américain en le transformant en une devise surévaluée. Et comme la plupart des matières premières et autres biens sont échangés en dollars américains, les variations de prix de ces biens dans les pays étrangers sont dues à la combinaison de la dynamique de l’offre et de la demande et des variations du taux de change.

      Ça commence à rentrer le bien-fondé de “l’histoire économique? Aujourd’hui, dans cette “guerre économique globale”, alors que nous sommes à l’aube d’un “nouvel ordre monétaire mondial”, notre monde est enfin confronté au paradoxe de Triffin (toujours sous le fond d’une lutte contre l’inflation galopante). Et malheureusement, effectivement, nous sommes tous placés entre le marteau (la Fed) et l’enclume (le dollar US). Sachez enfin qu’avec le joug des États-Unis, ces derniers sont disposés – comme dans le passé – à devoir entrer en récession, voir casser provisoirement leurs marchés domestiques (déconnectés de l’économie réelle) afin de préserver leur statut de “puissance économique mondiale” contre l’adversaire Chinois et ses alliés.

    2. 30 novembre 2022 (repris de mon post)

      (…) Qu’importe puisque la BCE et la Deutsche Bank lui faisaient son beurre et le pain (…)

      (…) Et la santé de la Deutsche Bank, après avoir sucré les intérêts sur les dettes “junk” de ses partenaires voisins (…)
      —-
      06 décembre 2022:

      “La Commission européenne a annoncé avoir notifié à Deutsche Bank et Rabobank qu’elle les soupçonnait d’avoir pris part à un cartel sur le marché des obligations d’État (…) Elle leur reproche de s’être coordonnées pour fixer des prix et élaborer des stratégies de trading sur plusieurs segments du marché obligataire, dont ceux des obligations souveraines en euro et des emprunts garantis, entre 2005 et 2016 (…)

      https://www.reuters.com/article/ue-banques-cartel-idFRKBN2SQ0X9

      Eh ben alors.

  14. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison (31): J. Powell et ses relations incestueuses?
    —-
    RAYMOND
    1 juin 2018 à 12 h 16 min

    Un futur Oscar risque bien d’être décerné à Jérôme Powell pour son rôle de « spin-doctor » dans « bullshit artist » ! La nomination de Powell montre (une fois de plus) l’ampleur du pouvoir politique des institutions financières.

    Dix ans après le début de la crise financière, la Fed (Réserve fédérale) a proposé, mercredi 30 mai 2018 d’assouplir l’une des principales règles qui avaient été adoptées pour empêcher les banques de prendre des risques boursiers trop importants. La Banque centrale américaine veut s’attaquer à la règle Volcker, qui interdit aux banques de détails de faire des paris boursiers pour leur compte avec l’argent des déposants. La nouvelle mouture du texte viendrait « simplifier » la mesure pour la rendre « plus efficace », d’après Jérôme Powell, le nouveau président de la Fed, nommé à ce poste le 5 février 2018 par Donald Trump.

    https://www.wsj.com/articles/fed-floats-changes-to-volcker-rule-on-big-bank-trading-restrictions-1527705603

    La règle Volcker partait d’un bon sentiment : éviter que les contribuables ne paient pour les risques inconsidérés des banquiers. Avant 2008, les banques pouvaient utiliser l’argent de leurs clients – et qui était garanti par l’État – pour boursicoter à leur guise et faire des profits. En cas de perte, l’État intervenait pour rembourser les déposants. C’est ainsi que, durant la crise, les banques ont réussi aux États-Unis (et sur le Vieux Continent) à faire éponger une partie de leur dette par les contribuables.

    Mais l’interdiction édictée par la règle Volcker n’est toutefois pas absolue. Les banques peuvent toujours avoir recours à l’argent des clients, s’il est utilisé à leurs profits ou pour couvrir un pari risqué fait avec les fonds propres de l’établissement. D’où le problème : ces exceptions peuvent entraîner des audits et contrôles à répétition pour établir si les opérations boursières sont faites dans le respect de la règle Volcker. Les banques ont utilisé le prétexte du casse-tête des tracasseries administratives pour contester le bien-fondé de cette mesure. Ainsi, la règle Volcker, érigée en symbole de l’effort de la réforme bancaire d’Obama de 2010 pour protéger les contribuables contre les excès de la finance, n’est entrée en vigueur qu’en 2015 après d’intenses tractations pour en définir précisément le champ d’application. La règle Volcker 2.0, voulue par la Fed, limiterait les contrôles auxquels sont soumises les banques. Ces dernières auraient aussi moins de preuves à fournir pour établir la légitimité d’une opération boursière. C’est donc un assouplissement en bonne et due forme des règles de régulation bancaire qui est proposé par la Fed. Ce n’est pas le premier. Le Congrès a voté, le 22 mai 2018 une annulation partielle de la réforme bancaire 2010. Cette autre victoire pour Wall Street prévoit qu’il n’y aura plus désormais qu’une dizaine de très grandes banques qui seront soumises à l’intégralité des contrôles établis après la crise financière de 2010.

    https://www.nytimes.com/2018/05/22/business/congress-passes-dodd-frank-rollback-for-smaller-banks.html
    —-
    Zut, zut et zut! Encore une autre leçon d’histoire économique qui ne sert à rien?!

  15. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison (32): Quand le “fond alternatif BNS” (la Banque centrale helvétique) joue un jeu dangereux sur le marché des devises et des énergies fossiles
    —-
    “(…) Contrairement à toutes les autres banques centrales de nations aux économies modernes et intégrées, le bilan de la BNS est quasi-entièrement composé d’actifs non helvétiques, et donc libellés en monnaies étrangères. En effet, tandis que la Fed, que la BCE et que la Banque du Japon sont détentrices d’un portefeuille certes également gigantesque mais constitué d’obligations exprimées en leur propre devise nationale, la politique volontariste d’affaiblissement du franc suisse a forcé la BNS à investir de plus en plus de réserves partout sauf dans son propre pays.

    Ce faisant, la banque centrale s’est doublement mise à la merci des marchés financiers (…)” Source ci-dessous

    https://michelsanti.fr/speculation/banque-nationale-suisse-grande-speculatrice-devant-leternel

    Bon, comme paraît-il qu'”un banquier central doit faire preuve, prioritairement, d’un réalisme très terre à terre…”, nul besoin de revenir sur les relations incestueuses qui pourraient induire ce type de vue de l’esprit. Pourtant, alors même que la très controversée Banque Nationale Suisse (Banque centrale) fut déjà épinglée, entre-autres, pour ses nombreux investissements dans les énergies fossiles et, ce, en dépit de l’Intérêt général et du bien commun, il n’est peut-être pas inintéressant de prendre lecture du constat de l’auteur (que je soutiens bien évidemment 👏)

    “La Suisse va élire un nouveau ministre. Le candidat, Albert Rösti fut pendant des années, le Président des pétroliers Suisse dans SwissOil. Les petites enveloppes de SwissOil lui ont aidé à dire aux Suisses qu’il fallait continuer à utiliser du mazout de chauffage pour se chauffer et de l’essence, car nous en avions pour les 100 prochaines années et que jamais, au grand jamais, les prix allaient augmenter. Bref, aujourd’hui, c’est le genre de truc qui fait tâche dans son CV. Donc le brave Albert a effacé toute mention de SwissOil dans son site internet. Le plus drôle est d’aller dans l’archive du Net pour remonter dans le temps et voir le subterfuge.
    En résumé, quand un zozo touche des enveloppes de SwissOil, c’est ok, mais le jour où il veut devenir ministre, tout cet argent disparaît. Est-ce le retour du secret bancaire?” Source ci-dessous

    https://www.2000watts.org/index.php/energies-fossiles/peak-oil/1310-energies-economie-petrole-et-peak-oil-revue-mondiale-novembre-2022.html

    Ah, décidément tous ces “complotistes” sont franchement agaçants, y compris moi-même bien entendu!?

  16. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison Master class II: Nous devons changer le logiciel des banques centrales

    Avant qu’il ne soit définitivement trop tard (?!), nous devons passer aux monnaies numériques de banque centrale en changeant le logiciel. Pour Emmanuel Kant, “l’espace et le temps sont le cadre dans lequel l’esprit est contraint de construire son expérience de la réalité”, d’où l’intérêt de l’histoire économique des événements et de l’évolution des “sciences économiques et sociales” que nos homo-politicus feraient bien d’en tirer quelques leçons.

    ♟En ce qui me concerne – simple homo-sapiens – me voilà transposé dans la Suisse des années 1850 après avoir emprunté les configurations de l’espace-temps à Kurt Gödel. Dans ce voyage initiatique, je rencontre John qui passe son adolescence dans un institut privé de notre beau pays helvétique, avant que celui-ci rejoigne l’université de Göttingen – en Allemagne – où il achèvera ses études à l’âge de 20 ans. Pour finir par entrer dans le monde de la finance quelques années plus tard à une époque où les Etats-Unis n’ont ni banque centrale, ni législation bancaire pointue. À 15 ans, John aura déjà visité les principales villes du monde et, lui qui vouait une véritable admiration pour Napoléon, on le retrouvera régulièrement visiter la France, notamment Aix-les-Bains. Pour ce féru d’histoire, l’empereur français s’est “forgé” grâce à une “volonté de fer qu’aucun obstacle ne pouvait abattre, même lors de ses défaites”.

    C’est d’ailleurs en suivant ce leitmotiv que John Pierpont Morgan (J.P.M.) gagnera son surnom de “Napoléon de Wall Street”. D’ailleurs, la banque J.P. Morgan (du nom de son fondateur) ne viendra-t-elle pas au secours du système financier et économique en jouant à elle seule le rôle de “prêteur en dernier ressort”, après la panique bancaire américaine de 1907? Comme le feront du reste nos banques centrales lors de la débacle mondiale un siècle plus tard. Mais si “le pompier des affaires” – John Pierpont Morgan – aura joué un rôle fondamental à une époque où les États-Unis ne disposaient pas encore de la Réserve Fédérale – à contrario des États européens qui étaient en mesure de suppléer aux déficits financiers pendant les périodes de crise avec leur banque centrale respective – l’action disproportionnée du seul grand manitou du secteur bancaire fut tout autant décriée que source d’inquiétudes après les nombreuses crises financières ayant succédé à la guerre de Sécession. Des inquiétudes justifiées qui donnèrent finalement un nouvel élan aux débats sur la réforme monétaire (loi Aldrich–Vreeland) et à la création d’une banque centrale nationale aux États-Unis (Fed) via le prisme de la loi du 22 décembre 1913 (Federal Reserve Act). Puis, 20 ans plus tard, au “Banking Act de 1933” (Glass-Steagall Act). Pour ce “banquier des affaires” – John Pierpont Morgan – la base fondamentale de l’entreprise se résumait à cette maxime: “un homme en qui je n’ai pas confiance ne pourrait me procurer de l’argent pour tous les liens de la chrétienté”.

    ♟Nous avons voulu transformer le plomb en or. Pourtant, autant dire que ce grand chef d’entreprise (J.P.M) ne prêtait pas de l’argent sans un minimum de “capital confiance” envers son débiteur, tout comme il ne pouvait dissocier la monnaie (au titre d’un médium d’échange) du “capital confiance” qui lui est légalement conféré. Suivant cette logique appliquée à un crypto-actif (ou crypto-monnaie par abus de langage) dissocié d’un “tiers de confiance” (Banque Centrale), sa valeur ne sera pas décrètée à un “cours légal” à l’instar d’une monnaie communément acceptée (c’est-à-dire que personne ne peut sur un territoire donné refuser de la recevoir en règlement d’une transaction libellée dans la même monnaie) mais sera déterminée uniquement en fonction de l’offre et de la demande (c’est-à-dire selon une authentique sélection darwinienne). Prenons l’exemple du cours du crypto-actif (respectivement crypto-monnaie) bitcoin qui, par le passé, s’est envolé de 900 dollars à plus de 19’000 dollars en l’espace d’une année seulement. Si à ce moment là on avait transposé cette logique au marché des devises (comme médium d’échange) à l’instar du dollar, ceci aurait eu pour conséquence de paralyser littéralement l’économie car nul n’aurait dépensé son argent en attendant de devenir riche, suivant la “version 2.0” de la loi de Gresham qui porte le nom de ce commerçant et financier anglais, Thomas Gresham (1519-1579), considéré comme l’un des fondateurs de la bourse de Londres. En effet, “lorsque dans un pays circulent deux monnaies dont l’une est considérée par le public comme bonne et l’autre comme mauvaise, la mauvaise monnaie chasse la bonne”. Les agents économiques préfèrent thésauriser la “bonne” monnaie et utiliser la “mauvaise” pour payer leurs échanges dans le but de s’en défaire au plus vite. Un risque spéculatif qui ne peut être raisonnablement supporté par le plus grand nombre au sens de l’Intérêt général et du bien commun. Quant à l’hyperinflation de son prix – comme crypto-actif – de 0,000764 dollar en octobre 2009, il fut multiplié par plus de 54 millions de fois en 2021, ça en dit long sur l’aspect de cette “crypto-monnaie”. Ou “e-monnaie”, pour reprendre l’expression du monétariste Milton Friedman (père de l’École de Chicago et du courant monétariste) qui pronostiquait en 1999, dans une tribune, “qu’internet sera l’un des vecteurs principaux dans la réduction du rôle de l’État. La seule chose qui manque, mais sera bientôt développée, c’est une e-monnaie fiable”.

    À présent, sous nos latitudes – notamment post 1971 – nous voyons bien que l’emprise des monétaristes sur les “sciences économiques” (à matrice néo-libérale) s’est également attachée au monde politique comme une excroissance de la finance. Un rapprochement entre deux univers qui depuis joue un rôle essentiel dans le déclenchement de nouveaux excès, et donc des crises à l’impact mondial. Officiellement atteinte du syndrome de Stockholm, la politique s’est malheureusement éprise de la finance qui l’a petit à petit privée de l’essentiel de ses pouvoirs. Mais, dans ce contexte nauséabond où le diktat des marchés a pris le pouvoir en érodant sérieusement les notions d’éthique et de capital-confiance, il me plaît toujours à croire (peut-être naïvement) que l’État (représentant du peuple) reste le dernier rempart avant la dernière curée.

    ♟D’où mon intérêt pour l’émission de “monnaies numériques de Banque Centrale”!

    Pour les fanatiques des “crypto-monnaies privées”, qu’importe de savoir si ces “crypto-actifs” sont à ce point dangereux pour la survie de notre espèce (car si le Bitcoin était un pays, ne serait-il pas le 41ème le plus énergivore de la planète?), alors même qu’en terme de crédit planétaire (“Earth Overshoot Day”), nous voyons bien que l’ensemble de nos comportements de consommation/production accélère un phénomène pourtant déjà dénoncé depuis 1972 avec le “rapport Meadows”. À la demande du Club de Rome, de jeunes chercheurs américains rédigaient un rapport, “The Limits to Growth”, qui créa le scandale: nous étions alors à la veille du premier choc pétrolier et pour beaucoup le crédo de la croissance économique ne pouvait être remis en question. Toutefois, sortit de sa léthargie d’un demi-siècle, l’homo-politicus continue néanmoins de blanchir le “greenwashing” par l’intermédiaire de son armée de “spin-doctors” rompue au “storytelling”! Et ce n’est pas la Suisse qui va échapper à cette règle puisqu’après la nouvelle donne européenne en matière de régulation des “crypto-monnaies privées”, l’helvétie a affiché déjà fièrement ses débouchés dans le titre de sa promotion économique avec le rassemblement des officionados en marge du Blockchain Week Summit: “La Suisse, lieu idéal pour développer vos projets blockchain et crypto”.

    Nous étions pourtant largement avertis des risques portant sur les “crypto-monnaies privées” avant la chute de l’empire FTX de Sam Bankman-Fried! Il est tout aussi regrettable (mais logique) que les fanatiques des “crypto-monnaies privées” n’aient jugé utile d’informer correctement le quidam sur la relation des “crypto-monnaies” sous l’angle de l’inflation (même rampante) et de la vente à découvert! Car, si peu nombreux sont les personnes qui comprennent vraiment le concept de ventes à découvert, pourtant, sans le savoir, nous vendons tous à découvert! Nos dépenses par carte de crédit, nos prêts hypothécaires, nos lignes de crédit sont en effet autant de ventes à découvert dans le sens où nous empruntons de l’argent (donc nous sommes à découvert) jusqu’à ce que ce prêt soit remboursé en faisant l’acquisition de francs suisses, d’euros ou de dollars. Comme le fruit de notre travail est quasiment toujours rémunéré en argent (et non en “crypto-monnaies privées”) nous savons toujours quelle somme devra être remboursée si nous sommes à découvert en argent, tandis que nous ne saurons jamais quelle somme devra être restituée si nous empruntons en “crypto-monnaies privées” du fait de la volatilité et de l’incertitude liées à l’évolution (spéculative) des cours. En effet, comme nous ne sommes pas payés par ces instruments, nous ne saurons jamais quelle quantité de travail fournir – réglée en argent – afin de couvrir notre position à découvert en “crypto-monnaies privées”. A l’extrême, la valeur de ces “crypto-actifs” (respectivement créances libellées en crypto-monnaies) – comme je l’écrivais déjà en son temps (bien avant la faillite de FTX) – serait susceptible de monter à l’infini (un prochain “Triomphe de la cupidité”? Réf: Jo Stiglitz) nous contraignant en théorie à travailler à l’infini (de quoi ravir les actuaires des fonds de retraites et l’homo-politicus dispensé des fâcheuses réformes impopulaires) pour rembourser une dette non libellée en argent… alors que le remboursement d’un emprunt en argent est un geste relativement banal à planifier car nous sommes rémunérés à l’aide du même moyen de paiement, c’est-à-dire en francs suisses (dollars ou euros). Ceci étant dit, le principe des ventes à découvert est absolument crucial au sein de nos sociétés car il autorise d’établir une passerelle entre nos prévisions de consommation et nos revenus. Comme nos appétits de dépense ou nos plans d’investissement ne coïncident pas systématiquement avec nos rentrées d’argent, “la vente à découvert” réalise ainsi une jonction vitale entre le présent et le futur, et c’est précisément la raison pour laquelle le médium utilisé dans un tel cadre se doit d’être stable et résilient. Donc, non spéculatif à l’instar des “crypto-actifs privés” (respectivement, “les crypto-monnaies privées”).

    Étant précisé que dans une société dématérialisée de la monnaie fiduciaire au bénéfice d’une “monnaie numérique de banque centrale” (Central Bank Digital Currency), l’argent profiterait à l’économie réelle dopée par une consommation rendue nécessaire pour éviter les pénalités bancaires, par exemple. Bien entendu, cela supposerait un encadrement strict des taux de transaction bancaire par l’État afin d’éviter la dérive des tarifs pratiqués par certaines banques et organismes de cartes de crédit. Certes, “l’État aurait un contrôle absolu sur l’argent de ses citoyens et des investisseurs”, mais les citoyens pourraient en tirer profit car cela permettrait de réduire les coûts pour le consommateur (et par analogie l’État bénéficierait ainsi d’une taxation fiscale plus optimale pour amortir sa dette), ce qui est non négligeable dans une période où l’orthodoxie est à nouveau antinomique avec l’inflation galopante qui pénalise non seulement les moins bien lotis mais sanctionne durablement les classes moyennes inférieures et supérieures.

    ♟Cette proposition de nouveau logiciel n’est pas nouvelle en soit puisque notre éminent hôte – le Dr. et Prof. en économie, Sergio Rossi, hétérodoxe et Expert internationnal reconnu en macroéconomie monétaire – nous en avait déjà posé les bases via ses brillants développements et, moi-même, humblement, je rappellais aux lecteurs – en 2018 – un point crucial que nous nous devons de ne plus ignorer en 2022, à savoir “que lorsqu’un crédit est accordé (c-à-d une promesse de remboursement futur basée sur un rapport de confiance), la banque commerciale augmente simplement son bilan du montant désiré. En d’autres termes, elle crée simplement une quantité d’argent supplémentaire qui n’est somme toute…qu’une écriture comptable : de l’argent scriptural. La banque commerciale enregistre les formalités de crédit (promesse de remboursement du capital) comme un nouvel actif et elle ajoute le montant correspondant sur le compte de sa relation commerciale, donc au passif de la banque commerciale. Et c’est pareil pour tout achat : elle n’a pas besoin d’avoir la somme correspondante avant, elle crée cette somme. L’argent ainsi créé et mis en circulation dans le système économique par le biais des dépenses de l’emprunteur qui consiste donc essentiellement en une dette. C’est pourquoi les dettes font les dépôts et non l’inverse”.

    Ceci étant précisé, comme le rappelle également un ancien responsable trading sur les marchés dérivés actions et indices de la Société Générale, désormais entrepreneur dans les nouvelles technologies, Anice Lajnef, “une monnaie numérique, paradoxalement, est la porte de sortie des Banques Centrales”. En effet, actuellement, “seules les banques commerciales peuvent jouir d’un compte logé directement à la banque centrale et ainsi manipuler des “francs; euros; dollars; (…) centraux numériques”. Généraliser les monnaies numériques aux citoyens munis d’un compte unique à la banque centrale, c’est remettre en question le système monétaire actuel à deux niveaux; avec d’un côté les agents économiques de l’économie réelle qui utilisent ces monnaies émises par des banques commerciales et, de l’autre, les agents bancaires seuls autorisés à manipuler de la monnaie centrale. Les monnaies qui sont sur nos comptes bancaires ne sont pas des monnaies émises par la banque centrale. Elles sont simplement une reconnaissance de dette de notre banque commerciale envers nous contrairement à une monnaie numérique d’une banque centrale qui resterait en notre possession quoiqu’il arrive. Ainsi, la mise en place de cette monnaie numérique de banque centrale pourrait permettre aux décideurs monétaires de se libérer du chantage intrinsèque au système-dette : le « too big to fail ».

    ♟Du moins réguler un tant soi peu ce scandaleux schéma de Ponzi qui ne profite qu’à une caste. ” En effet, l’avantage de la monnaie numérique de banque centrale est qu’elle est libre de dettes, c’est-à-dire qu’elle ne repose sur aucune dette d’État ni aucun crédit d’un ménage. Donc même si les États, les entreprises, les ménages et les banques font faillite, cette monnaie numérique ne meurt pas. Elle reste sur notre compte de banque centrale et peut être dépensée à tout moment. Aujourd’hui, la monnaie (masse monétaire) est détruite quand elle est remboursée (principe de l’Argent/Dette). Ainsi, en cas de crise systémique – comme nous avons pu le vivre lors des confinements liés à la crise sanitaire – cette monnaie numérique pourrait être injectée par la banque centrale directement sur les comptes des citoyens, sous une forme ou une autre (…)”

    Or, il n’est pas exclu que les banques centrales peuvent utiliser cette innovation en “la monnaie numérique de banque centrale” pour contrôler l’inflation. Toutefois, restera encore à en connaître précisément la forme.

  17. Que pensez-vous de cet article: L’époque des crédits faciles est révolue. L’inflation est inévitable. Le néolibéralisme a vécu. Les gouvernements doivent agir.

    https://bylinetimes.com/2022/11/28/the-great-contraction-how-the-end-of-cheap-money-and-energy-will-degrade-or-renew-civilisation/.

    Quant à moi, je suis convaincue que nous sommes à la veille de graves catastrophes climatiques, et que notre écologie doit changer pour éviter la destruction physique de notre civilisation par ces cataclysmes. J’en parle dans mon blog https://blogs.letemps.ch/dorota-retelska.

  18. Bonjour DOROTA RETELSKA,

    Tout d’abord, merci infiniment pour l’ article très fouillé de Nafeez Ahmed et votre billet, tous les deux forts enrichissants et constructifs (à lire) pour l’Intérêt général et le bien commun.
    *****************************
    “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison Master class III: Tout n’est pas perdu si l’on prend conscience de la scène du crime.

    Ces deux brillants articles fournit généreusement par Mme Retelska nous rappellent à tous ô combien la maxime du deuxième président des États-Unis, John Adams, était déjà puissante alors que le constat n’a guère changé depuis plus de deux siècles: “Il y a deux manières de conquérir et d’asservir une nation, l’une par le glaive et l’autre par la dette”. D’ailleurs, en 2019, j’avais consacré une de mes réactions en affirmant que la croissance – telle que les économistes mainstream la conçoive – était déjà bornée à l’aune des années 1970, à l’heure où l’École des monétaristes prenait le pouvoir sur le monde économique. Où précisément, je dénonçais l’émergence de la financiarisation de nos économies dites modernes qui fut le prémisse d’un détournement planifié des richesses (et le pillage des ressources naturelles) avec la bénédiction successive des détenteurs de rentes de situation, à l’instar des pouvoirs politiques. En effet, en 2004, après trois décennies d’une croissance économique établie sur des leurres – ainsi qu’une démographique exponentielle – les auteurs d’une nouvelle édition du rapport Meadows (en 1972, à la demande du Club de Rome, de jeunes chercheurs américains rédigent un rapport, “The Limits to Growth”, qui créera le scandale : nous sommes à la veille du premier choc pétrolier et pour beaucoup le crédo de la croissance économique ne saurait être remise en question) confirment leur premier diagnostic et alertent les acteurs politiques et économiques en proposant différents scénarios de transition vers un développement “soutenable”. Désormais, le concept même de “développement durable” paraît complètement obsolète pour Dennis Meadows : “C’est trop tard” répétera-t-il à Paris en 2012, avec un grand sourire un peu désabusé, “nous avons dépassé les limites depuis déjà longtemps”. Il n’est toutefois pas inutile non plus de revenir sur les bouleversants témoignages d’un ex-“Economic Hitman” – économiste, écrivain et écologiste américain – John Perkins (Confessions of an Economic Hitman – publié en 2004) malheureusement assimilé trop souvent, de près ou de loin, à “la mouvance complotiste” pour ses confessions dérangeantes à plus d’un titre. Néanmoins, nous ne pouvons réfuter que la croissance économique, mesurée par rapport à l’évolution du Produit intérieur brut (PIB) est devenue une obsession pour la plupart des économistes (mainstream) des institutions financières et des politiciens (ne dit-on que l’on ne mord pas la main nourrissière?) mais la nature même du “PIB est désormais obsolète” pour paraphraser l’économiste hétérodoxe, Joseph Stiglitz, car ce thermomètre reste imparfait eu égard aux nombreux agrégats déjà pervertis par l’idéologie dominante. Durant le WEF de Davos, en janvier 2016, la fronde de Joseph Stiglitz résonnera encore en prônant que les instruments de mesure de l’activité économique doivent urgemment évoluer. Pour ce qui a trait à l’économiste hétérodoxe Paul Krugman, il publiera une critique éloquente du PIB dans une tribune: “Le Viagra et la richesse nationale symbolise la problématique ambiguë d’un produit, le Viagra, qui donne du bonheur aux utilisateurs/consommateurs alors que sa présence dans les statistiques de production est quasiment absente”. Quant à la notion du PNB (Produit national brut), nos sociétés modernes et développées feraient bien de s’inspirer du Bouthan, avec son BNB (Bonheur national brut), cet indice qui sert à mesurer le bonheur et le bien-être de la population du pays et qui demeure inscrit dans la constitution promulguée le 18 juillet 2008 ; il se veut une définition du niveau de vie en des termes plus globaux que le PNB!

    En effet, après la mise à mort des accords de Bretton Woods, il est tout aussi hallucinant, comme l’a du reste très bien expliqué un ex-conseiller de banques centrales (Michel Santi) dans une de ses tribunes, que le monde ait “laisser-faire” cette hégémonie américaine via la devise américaine et ensuite avec les pétrodollars. “Laisser librement fluctuer les monnaies les unes contre les autres, indépendamment du cours de l’or, ne réglerait en rien les soucis américains qui subissaient une vraie crise de confiance à cause de leur mauvaise gestion économique et financière. Ce n’est en effet pas le flottement du dollar, annoncé unilatéralement, qui encouragerait les nations et investisseurs du monde à financer la dette américaine de plus en plus incontrôlable. Les Etats-Unis devaient donc impérativement trouver des débouchés pour le marché de leur dette, sans devoir être contraint de monter leurs taux d’intérêt. C’est alors que le Président Nixon dépêcha en 1974 en Arabie Saoudite son Secrétaire au Trésor, William Simon, avec pour mission de négocier un arrangement qui dure encore à ce jour. Les USA seraient le premier fournisseur d’armes du Royaume et son protecteur le plus déterminé en contrepartie de quoi les saoudiens recycleraient les dollars issus de leurs ventes pétrolières pour financer les déficits américains par l’entremise d’achats massifs de Bons du Trésor. Echange de bons procédés d’une simplicité enfantine, permettant de soulager les finances publiques US tout en assurant la sécurité d’un pays instable, menacé de l’extérieur dans un contexte géopolitique tourmenté, mais également de l’intérieur (souvenons-nous entre autres de l’assassinat en 1975 du Roi Faysal par son propre neveu).

    Le Pétrodollar était donc né, d’une volonté américaine de neutraliser l’arme du pétrole (qui menaçait à l’époque de plus en plus l’Occident), convenant en outre parfaitement aux saoudiens qui trouvaient aux Etats-Unis un refuge pour y parquer leurs dollars. Cette association – il faut bien le reconnaître quelque peu contre nature – entre les Etats-Unis d’Amérique et le Royaume Wahhabite – à une époque où l’Arabie régnait sur l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole laquelle dominait alors pas moins de la moitié du marché ! – devait contraindre tous les autres exportateurs d’utiliser le dollar qui retrouva dès lors une nouvelle jeunesse car de plus en plus demandé, sollicité, convoité et par les vendeurs et bien-sûr par les acheteurs de pétrole qui devaient obligatoirement s’en procurer pour régler leur facture énergétique. Pétrole saoudien contre protection US, garantie américaine d’abriter en toute sécurité sur son territoire les pétrodollars arabes en échange du financement de son train de vie : c’est ce pacte américano-saoudien qui devait ainsi consacrer la toute puissance de la monnaie américaine à l’échelle universelle, le tout dans une opacité absolue de part et d’autre et dans une étroite collaboration mutuelle car nul ne peut évaluer avec précision – même aujourd’hui – la nature ni la quantité des actifs saoudiens investis aux USA”.

    D’ailleurs, certains ne parlent-ils pas de “pétromonnaie au lieu de pétrodollars”? Ainsi, nous comprenons peut-être mieux pourquoi “les Etats-Unis ont donc plus que jamais besoin que le dollar reste la monnaie la plus sollicitée au monde, comme il leur est vital de pouvoir attirer suffisamment de flux financiers pour financer leurs déficits chroniques. Une crise budgétaire provoquée par un assèchement de l’approvisionnement en Pétrodollars exercerait une remontée immédiate de leurs taux d’intérêt, un effondrement de la valeur du dollar, une envolée de leur inflation, bref une réaction en chaîne dont le spectre conditionne évidemment leur politique étrangère.Voilà pourquoi toute velléité émise par un producteur de libeller ses ventes de pétrole en une autre devise est immédiatement prise très au sérieux par les USA, qui agissent en fonction, quelles que soient les conséquences humaines ou géopolitiques”.

    Comment, dans ce contexte généralisé de tricherie économique, nier les limites de la croissance? S’il est devenu évident que notre planète vit à crédit, il en va de même pour la majorité de ses locataires dont les maîtres du monde (les deux grandes puissances USA vs Chine; la financiarisation totale de nos économies; puis ce gigantesque schéma de Ponzi) en syphonnent toutes les ressources selon l’adage: “Après moi, le déluge!”. Toutefois, nous devons impérativement garder à l’esprit qu’une transition écologique ambitieuse ne pourra jamais s’opérer sans avoir au préalable dompté et muselé les “trois dragons”, à savoir, par un changement de paradigme de l’architecture du système monétaire mondial; une redistribution des cartes afin de détrôner “Hégémone” comme monnaie de réserve; et enfin prodédé à une régulation très ambitieuse de la sphère financière par nos gouvernements respectifs.

    Une utopie? J’en ai bien peur! Néanmoins, à défaut, toutes autres rustines sur la planète seront (et sont déjà) exploitées sans vergogne par la haute finance au travers de l’économie et la finance comportementale (EC/FC): “Greenwashing”

    Bien cordialement à vous et encore un Grand Merci.

    PS: Quand les images valent mille mots (ou maux)

    https://demonocracy.info/

  19. Sur le fond d’une “guerre économique mondiale” ainsi qu’une crise monétaire internationale, quel est donc le point commun entre le “Crony Capitalism” néolibéral américain et le “Capitalisme d’État” Chinois?

    Les ménages aux États-Unis et en Chine se combinent pour constituer la moitié de toute la richesse personnelle dans le monde…

    https://www.visualcapitalist.com/wp-content/uploads/2022/11/world-household-wealth-by-country-in-2022.jpg

    En une décennie seulement, la part de l’Europe dans la richesse des ménages a chuté de huit points de pourcentage, ce qui serait dû, en partie, à la dynamique économique de la Chine…

    https://www.visualcapitalist.com/wp-content/uploads/2022/11/world-household-wealth-by-continent-2022.jpg

    Réponse: Le dirigisme économique

  20. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison (33): Laissons les Oracles à la mythologie, néanmoins…

    Depuis le siècle des Lumières -1900 – notre monde moderne n’a jamais connu de tels progrès – aussi bien techniques; technologiques; sociaux et sociétaux – comme autant de créations de richesses qui auront profité à l’Intérêt général et au bien commun jusqu’à l’aune des années 1980. Le tout additionné à un taux d’endettement privé et public relativement raisonnable. Alors, quand est-ce qu’un jour nos obscurantistes vont-ils enfin comprendre l’équation mortifère nous donnant deux résultats? D’un côté, une concentration indécente des richesses partagées entre seulement quelques mains et, de l’autre, une stratosphérique montagne de dette concédée à un océan de serfs.

    “(…) La dette totale des secteurs public et privé, exprimée en pourcentage du PIB, est passée de 200 % en 1999 à 350 % en 2021. Ce ratio est désormais de 420 % dans les économies avancées et de 330 % en Chine. Aux États-Unis, il est de 420 %, ce qui est plus élevé que pendant la Grande Dépression et après la Seconde Guerre mondiale (…) La mère de toutes les crises économiques est imminente et les responsables politiques ne peuvent pas faire grand-chose pour l’empêcher (…)”

    https://m.fr.investing.com/news/stock-market-news/inevitable-crash-financier-la-mere-de-toutes-les-crises-arrive-selon-n-roubini-2138994

  21. “Voyage dans le temps et l’espace”

    Saison Master class IV: L’imposture

    Selon les prévisions des experts de BlackRock et de son vice-président Philipp Hildebrand, la conjoncture géopolitique incertaine mêlée à la hausse de l’inflation laisse présager le début d’une nouvelle ère économique à l’international dès 2023. Pour ce plus grand gestionnaire d’actifs au monde, qui détenait près de 7 800 milliards de dollars d’encours en octobre 2020, une nouvelle ère économique et un changement de paradigme total s’annoncent. “La Grande Modération, la période de quatre décennies d’activité et d’inflation largement stables, est derrière nous. Le nouveau régime de plus grande volatilité macroéconomique et de marché se met en place. Une récession est annoncée”. La Grande Modération constitue la période allant des années 80 jusqu’à la crise financière de 2008, “période durant laquelle la volatilité macroéconomique était à son plus bas” et où l’ensemble des divers facteurs importants tels que le chômage, la croissance économique ou l’inflation ont pu observer un niveau stable continu. Aussi, comme le souligne Philipp Hildebrand, “depuis 2008, ces facteurs macroéconomiques sont devenus imprévisibles et l’inflation ne peut plus être dissimulée”.

    “Il s’agit, à notre avis, de l’environnement mondial le plus tendu depuis la Seconde Guerre mondiale. Nous voyons la coopération géopolitique et la mondialisation évoluer vers un monde fragmenté avec des blocs en concurrence. Cela se fait au détriment de l’efficacité économique”

    Il est enfin venu le temps où l’ancien président de la Banque nationale suisse (BNS) reconnaisse entre les lignes que l’idéologie néolibérale est à bout de souffle, mais elle aura toutefois bien vécu au détriment de l’Intérêt général et du bien commun (captation des richesses via l’accroissement de dettes contreproductives). Est-il encore nécessaire, sans se faire taxer de “gauchiste”, à préciser que pour les ultra-riches, non seulement la pandémie mondiale a été une aubaine, mais également une opportunité de manipuler la masse monétaire – comme jamais auparavant – par des politiques monétaires non conventionnelles associées à une orthodoxie budgétaire de 2010 à 2019 – soit après le sauvetage du secteur financier entre 2008 et 2009 qui sera lui-même ce préalable à l’onde de choc menant à la crise des dettes souveraines de 2010 à 2019 – une hérésie, un crime contre l’humanité au nom du dogmatisme. Car les banques centrales, accrochées à la pensée économique dominante, auront injecté des milliards de dollars dans les marchés financiers dans but de sauver l’économie – comptant sur le leurre de la “Trickle down economics” et la fantasque “courbe de Laffer” propre aux nombreux dogmes monétaristes – mais une grande partie de cette alchimie aura fini dans les poches des milliardaires profitant de la montée en flèche des cours des actions. Et les actionnaires modérés, à perçevoir des rentes de situation aux travers des dividendes portés par une exubérance-irrationnelle des marchés financiers (transformation du plomb – intérêts misérables des titres obligataires souverains – en or par l’effet de levier où la spéculation sur actions fut soutenue, et garantie, par les Banques centrales et nos homo-politicus). En conséquence, rien qu’au prisme de la pandémie, la fortune des dix hommes les plus riches au monde a plus que doublé, passant de 700 milliards de dollars à 1 500 milliards de dollars, à un rythme de 15 000 dollars par seconde ou 1,3 milliard de dollars par jour pendant les deux premières années de la pandémie au cours de laquelle 99 % de la population mondiale a eu des revenus moins importants que prévu, et où plus de 160 millions de personnes supplémentaires auront basculé dans la pauvreté. Si ces dix hommes perdaient demain 99,999 % de leur fortune, ils seraient toujours plus riches que 99 % de toute l’humanité. Ils sont désormais six fois plus riches que les 3,1 milliards de personnes les plus pauvres. Dans un nouveau rapport d’une ONG, intitulé “Les inégalités tuent” et publié le jour de l’ouverture des “Agendas de Davos” organisés par le Forum économique mondial, il révèle que les inégalités contribuent à la mort d’au moins 21 000 personnes par jour, soit une personne toutes les quatre secondes. Ces chiffres sont établis sur la base d’estimations prudentes du nombre de décès dus au manque d’accès aux services de santé, aux violences basées sur le genre, à la faim et au dérèglement climatique. On retiendra donc que la fortune des milliardaires a davantage augmenté depuis le début de la pandémie qu’au cours des 14 années précédentes. Estimée à 5 000 milliards de dollars, il s’agit de la plus forte augmentation de la fortune des milliardaires depuis que ce type de données est recensé. Et selon la logique dominante de la bien-pensance, il ne faudrait surtout pas taxer ce phénomène d'”Oligarchie” ou nos démocraties de “Ploutocratie”.
    Notre ancien “spéculateur de la BNS” – Philipp Hildebrand – par son storytelling a toujours une fâcheuse tendance aux pertes de mémoire, car nous ne l’avons pas beaucoup entendu s’exprimer sur ce phénomène où les sociétés cotées les plus importantes au monde – anté pandémie – ont réussi à s’endetter durant la dernière décennie (dès 2010) à hauteur de 13 500 milliards de milliards pour racheter leurs propres actions (manipulant de fait et légalement le cours de leurs titres par effet mécanique) jouant ainsi au Casino Royal. Sans pour autant un réel ruissellement dans l’économie réelle mais accroissant le phénomène de la “zombification” de certaines entreprises. Des bandits-manchots! Ceci dans une ère où les destinée de nombre d’entreprises était déjà en mains de mégalomanes ayant largement privilégié l’ingénierie financière à la création de richesses, au lieu d’investir intrinsèquement dans leur entité. Toute cette mécanique infernale, ou devrais-je dire ce “vampirisme”, a eu des effets désastreux et délétères sur nos économies réelles avant le choc exogène Covid-19 et le conflit géopolitique Russo-Ukrainien. Pas plus que nous ne l’avons écouté s’exprimer sur le mur des réalités, c’est-à-dire les améliorations du bien-être économique d’une population dans son ensemble – entre 1980 et 2016 – où les 1% les plus riches ont accumulé 28% de la croissance agrégée des revenus réels aux Etats-Unis, en Europe occidentale et au Canada, tandis que les 50% les moins riches en ont eu seulement 9%. Ni par ailleurs sur les nombreuses crises financières éclatées post 1980. Tu parles d’une “Grande Modération”!

    Bien évidemment, dans ce théâtre consternant répliqué à un autre espace temps, Victor Hugo ne serait sans doute jamais revenu de Guernesey et Molière aurait prêté allégeance au burlesque; il n’empêche que nos homo-politicus, enfants de chœur de la financiarisation outrancière, servants de messe de l’École de Chicago, n’ont toujours pas embrassé les vertus de l’Intérêt général et du bien commun. D’ailleurs, Neelie Kroes (Commissaire européen à la Concurrence) ne dénonçait-elle pas en octobre 2008, que “les actionnaires ne doivent pas non plus bénéficier du soutien public au détriment des contribuables et recevoir des profits excessifs”.renchérissant de la sorte: “Il faut aussi des garde-fous pour éviter que les comportements du passé, trop risqués, ne puissent continuer grâce à la garantie de l’État”. Pourtant, en analysant la situation de 2008 à fin 2019, on peut prendre toute la mesure des nouveaux errements qui se sont affichés comme autant de “profits sans prospérité”, pour paraphraser l’étude de Harvard datant de septembre 2014 et dirigée par William Lazonick.

    https://hbr.org/2014/09/profits-without-prosperity

    Alors, selon les bien-pensants retournant leur veste grâce à l’abus de langage (ou vue de l’esprit), en aucuns cas nous ne devons crier à l’imposture. Ainsi, selon la conception des nombreux dieux revenus sur terre: “Les péchés de ces 40 dernières années seraient imputables aux seuls Covid-19 et au conflit géopolitique Russo-Ukrainien*”

    * Définition de la schizophrénie

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