Le virage écologique est proche

La situation dramatique créée par l’invasion russe en Ukraine et la guerre qui en a résulté a choqué et attristé le monde entier, qui était déjà aux prises avec les effets et les problèmes de la crise du coronavirus. Quelque chose de positif, cependant, pourrait sortir de l’expérience de la pandémie et des énormes tensions géopolitiques au niveau mondial.

En ce qui concerne la pandémie de Covid-19, la leçon que nous pouvons en tirer pour le bien-être de tous les acteurs du système économique dans son ensemble concerne la contribution du télétravail à la conciliation de la vie privée et de la vie professionnelle, ainsi que le fait que le travail à distance réduit considérablement le trafic et donc aussi le stress et la pollution (et les embouteillages) causés par les déplacements quotidiens ou hebdomadaires des personnes qui utilisent la voiture pour se rendre au travail. Il est clair que les personnes qui peuvent travailler à domicile ne doivent pas se lever tôt pour arriver à l’heure au travail et peuvent généralement mieux gérer leurs relations familiales, qu’elles aient des enfants ou des parents à charge. Tout cela devrait réduire le stress et donc le risque de «burn out», qui touche de plus en plus de personnes en Suisse, avec des coûts individuels et sociaux qu’il vaut mieux éviter dans l’intérêt du bien commun ainsi que pour tous les acteurs économiques (à savoir, les ménages, les entreprises et finalement l’État, ne serait-ce qu’en raison de la situation des finances publiques).

Certaines leçons économiques peuvent également être tirées du conflit entre la Russie et l’Ukraine, tant pour les consommateurs que pour les entrepreneurs. Ce conflit et les sanctions imposées par les pays occidentaux à la Russie ont déjà eu un impact économique important au niveau mondial. L’effet le plus immédiat et le plus évident est que tout cela a déjà provoqué une forte augmentation des prix des produits énergétiques de base, avec une flambée marquée du coût de l’essence. Cela affectera aussi progressivement les prix des autres biens de consommation, puisque leur transport jusqu’au point de vente implique généralement un coût lié à l’achat du carburant nécessaire. Ce coût plus élevé pourrait inciter un nombre croissant d’acteurs économiques, qu’il s’agisse d’entreprises ou de consommateurs, à changer de vecteur énergétique, entendez remplacer leurs véhicules à essence par des véhicules électriques, réalisant ainsi un virage écologique.

Les sanctions occidentales visant à bloquer les exportations de pétrole et de gaz naturel en provenance de Russie pourraient également contribuer à ce revirement, dans la mesure où l’augmentation brutale et soudaine des prix de l’énergie qui en résultera incitera de nombreux acteurs économiques à se tourner vers les énergies renouvelables, plus pour des raisons de coût que de sensibilité environnementale.

L’avenir n’est pas rose, mais il pourrait être plus vert…

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.

15 réponses à “Le virage écologique est proche

  1. Matière à réflexion et à action =>

    1) “Pour limiter la hausse de la température globale à 1,5°C, voici en cinq points un plan possible calculé par le bureau d’études en développement durable parisien B&L évolution. Ces mesures impitoyables et impopulaires feraient baisser de 63% les émissions de CO2 mondiales d’ici à 2030. ”

    http://www.illustre.ch/magazine/contre-rechauffement-un-scenario-deconomie-guerre

    2) « Grâce à des stratégies intelligentes et à une consommation de matériaux réduite, nous estimons que l’économie circulaire peut réduire les émissions mondiales de GES de 39% et l’utilisation des ressources vierges de 28%. »

    http://www.circularity-gap.world/2021?utm_source=0.+Master+list&utm_campaign=b60f2d80f7-EMAIL_CAMPAIGN_2019_01_22_11_23_COPY_01&utm_medium=email&utm_term=0_d023026741-b60f2d80f7-128045157&mc_cid=b60f2d80f7&mc_eid=58828a3250#downloads

    3) TURN DOWN THE GAS !

    https://alliance-climatique.ch/article/turn-down-the-gas/

    http://www.klima-allianz.ch/

    http://www.klimaschutz-schweiz.ch/

    4) ” Le droit suisse permet-il de défendre le climat ? ”

    https://framaforms.org/symposium-klimaprozesse-und-umweltnotstand-anmeldunginscription-1645918081

    https://framaforms.org/sites/default/files/forms/files/symposium_zu_programme_comp.pdf

    5) “Des chercheurs de Harvard ont identifié une règle d’or: toute cause qui mobilise pacifiquement 3,5% de la population atteint un point de bascule rendant le changement social pratiquement inéluctable”

    (The ‘3.5% rule’: How a small minority can change the world, http://www.bbc.com/future/article/20190513-it-only-takes-35-of-people-to-change-the-world )

  2. S’il est indiscutable que nos habitudes de consommation/production vont connaître une profonde transformation – et heureusement d’ailleurs – néanmoins, nous ne devons ignorer l’arbre qui cache la forêt. C’est-à-dire l’effet mécanique de la spéculation dans un monde totalement financiarisé!

    En effet, les prix à la pompe se sont envolés dès le début de l’offensive russe en Ukraine, pourtant Il n’y a eu aucune rupture d’approvisionnement ou de demande supplémentaire du fait de la guerre. Les investisseurs ont préféré prendre les devants et ont artificiellement fait monter la demande et les prix, alors que l’économie mondiale commençait à reprendre des couleurs à la veille du déclenchement des hostilités en Ukraine. La consommation mondiale de produits pétroliers était repartie à la hausse, même si les niveaux de demande antérieurs au Covid n’étaient encore atteints. La prévision de demande mondiale de pétrole pour le premier trimestre 2022 avait été réévaluée par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) à 99,1 millions de barils par jour, au lieu de 96,7 consommés en 2021. Selon l’OPEP, la reprise économique en Chine menait à un regain d’attrait pour l’or noir. Un retour à une demande soutenue donc, dans un contexte où les réserves de pétrole des uns et des autres laissaient à désirer. Le rapport de l’OPEP du 15 mars 2022 indiquait que “les stocks commerciaux de pétrole de l’OCDE ont baissé pour atteindre leur niveau le plus bas depuis 5 ans”. Selon Bloomberg, “les niveaux de stocks de gazole seraient particulièrement faibles dans la zone dite Ara (Anvers, Rotterdam, Amsterdam), ce qui a une influence majeure sur les tendances et prix en Europe”. Or, si l’on en croit toujours ce rapport de l’OPEP, “l’escalade en Europe de l’Est a suscité des inquiétudes quant à une perturbation de l’approvisionnement à court terme”, avant de se faire plus précis : “Les fonds spéculatifs et autres gestionnaires de fonds ont augmenté leurs positions en prévision d’une hausse des prix du pétrole”. Toujours selon l’OPEP, les sanctions à l’égard de la Russie, notamment leur putative sortie du système bancaire Swift ont fait craindre aux investisseurs “de graves perturbations sur les exportations de pétrole brut et de produits pétroliers”. l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et l’Agence internationale de l’énergie (AIE) ont reconnu de concert que la montée des prix du pétrole ces dernières semaines ne s’est fondée que sur des craintes et des hypothèses, mais à aucun moment sur le moindre fait tangible.

    La spéculation a donc fait son œuvre!

    Comprenons bien qu’une nation ne peut prétendre réduire de manière substantielle ses émissions de gaz à effet de serre sans réguler en amont les flux de liquidités canalisés vers les énergies fossiles. À quoi bon taxer et donc pénaliser les classes moyennes et les pauvres, à quoi bon créer des conseils de défense écologique et comment décemment répondre aux légitimes inquiétudes de nos jeunes, si les banques occidentales – qui ont un impact considérablement défavorable sur le climat – continuent de subventionner littéralement toute la chaîne des prédateurs?

    https://www.bankingonclimatechaos.org/bankingonclimatechaos2021/

    1. “si les banques occidentales – qui ont un impact considérablement défavorable sur le climat – continuent de subventionner littéralement toute la chaîne des prédateurs? ”
      A mon humble avis, les banques font aussi partie des prédateurs.

      1. Comme ancien “whistleblower” de la crise du subprime (banque “too big to fail”) et ex-spécialiste des marchés financiers et ex-enseignant en finance/économie (d’orientation hétérodoxe), je vous réponds sans ambages: OUI parfaitement, Samy, et elles ne sont plus véritablement au service de l’économie réelle depuis longtemps!!!

  3. Après les nombreux prêches dans le désert des économistes hétérodoxes, puis suite aux rapports de l’OCDE et du FMI en 2014 et 2015, il a enfin été clairement établi que la “théorie du ruissellement” (trickle-down theory) fut un leurre pour une large majorité et une formidable machine à concentrer les richesses pour une infime minorité. Cette injustice sociale se retrouve bien évidemment au niveau de la préservation climatique, car l’on retrouve cette même minorité à l’origine des émissions mondiales de CO2 pour assurer leur train de vie dispendieux. En effet, les 1% les plus fortunés de la planète sont à l’origine de 17% des émissions mondiales de CO2, tandis qu’à l’opposé du spectre, les 50% les plus pauvres de la population mondiale n’ont entraîné que 12% des émissions mondiales. En termes d’émissions de tonnes de CO2, le fossé est encore plus évocateur. Les 1% les plus riches ont ainsi émis en moyenne 110 tonnes de CO2 par an et par habitant, quand les 50% les plus pauvres ont émis en moyenne 1,6 tonne de CO2 par an et par habitant, soit 70 fois moins. Or, pour respecter un scénario de réchauffement limité à 1,5°C, il faudrait émettre environ deux tonnes de CO2 par an et par habitant. Selon les calculs, les 1% les plus riches émettraient encore 70 tonnes de CO2 en trop en 2030 par rapport à l’objectif de +1,5°C. Les classes moyennes, qui ont vu leurs émissions augmenter le plus vite entre 1990 et 2015, subiraient quant à elles un redressement sous “l’effet de Paris” en référence à l’Accord signé en 2015. Elles seraient ainsi quasiment dans les clous en 2030.

    Nous voyons bien qu’aujourd’hui les choix publics sont toujours orientés dans cette même veine qui postule à taxer et pénaliser encore plus les pauvres et les classes moyennes pour soulager les très riches et surtout les ultra-riches. Pourtant, une des pistes pourrait consister en une taxation progressive sur le carbone, suivant notamment le niveau des émissions mais aussi de richesse des individus, avec l’exemple d’impôts progressifs sur la détention de titres financiers liés à des activités non vertes. “La mise en place d’impôts progressifs écologiques sur la richesse pourrait être politiquement plus viable que les taxes sur la consommation de carbone qui frappent durement les groupes à faibles revenus et ne parviennent pas à réduire les émissions des personnes très fortunées. Avec un impôt progressif sur les plus hauts patrimoines, accompagné d’un supplément pollution pour ceux qui possèdent des actions dans les secteurs carbonés, un tel impôt sur la fortune des multimillionnaires (et milliardaires) pourrait même rapporter au moins 1,5% à 2% du PIB mondial”. De quoi financer les investissements nécessaires pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat!

    Dans un monde se voulant “moderne”, les notions d’Intérêt général et de bien commun devraient être un sujet central pour tous et non un comportement moyenâgeux avec une prime de risque reportée sur un océan de serfs!!!

    PS: “L’histoire et l’expérience enseignent que les peuples n’ont absolument rien appris de l’histoire.” (Hegel 1822-1823)

  4. Dans vos cours, vous enseignez quelle définition de l’écologie ?

    Comme les profs de la Sorbonne, vous oubliez d’y inclure le ramassage de leurs déchets et le tri sélectif ? 😉

    https://mobile.twitter.com/Pierre_GTIL/status/1514952097288105989

    Cette jeunesse est déplorable…

    Heureusement que des jeunes de cantons “primitifs” comme Zoug, avec un excellent système scolaire (malgré la quasi absence d’impôts), montrent qu’on peut devenir Conseiller d’Etat à 29 ans ! 🥰

    1. Tout est question de point de vue et de philosophie.

      “Les leçons de morale et de civisme” – me semble-t-il – s’apprennent au sein du foyer familial, puis ensuite au premier degré de l’enseignement (comme ce fut le cas chez nos voisins français dans la foulée des lois Jules Ferry de 1881 et 1882 et abandonnées aujourd’hui).

      Il est également cocasse de citer le canton suisse de Zoug (à la fiscalité royalement avantageuse) alors que la France – en pleine cure d’austérité mortifère en 2012 – était même qualifiée de “paradoxe” par le New York Times.

      En effet, la France (“enfer fiscal”) était juste le troisième pays au monde (après la Chine et les Etats-Unis) à avoir réussi à attirer des capitaux étrangers “pour son économie” à hauteur de quelque 43 milliards d’euros. Par définition, les Français porteurs d’œillères négligent par exemple (comme ils le font en 2022 avec le McKinseyGate) que 171 compagnies ou usines ont opté en 2011 pour la France, préférée de très loin à l’Allemagne et à la Grande Bretagne pour domicilier leurs entreprises (et pour cause!). Sachant que le gouvernement français poursuivait dans la voie hasardeuse des mesures emblématiques comme les allègements de 20 milliards d’euros de charges, ou encore le “Crédit Impôt Recherche” (en pleine orthodoxie budgétaire) donnant droit à un remboursement de 45% des dépenses de l’entreprise sur le poste de la recherche et du développement (R&D). Certes, la France (“paradis fiscal des multinationales”) n’a pas jugé utile de se pencher sur son système public de santé (mais pas que) en faillite depuis plus de dix ans. La pandémie sera le révélateur!

      Il est correct de dire qu’en Suisse l’on peut en devenir conseillère d’Etat à l’âge de 29 ans, comme l’on peut devenir en France secrétaire d’Etat au sein du ministère de l’Éducation nationale à 29 ans (Gabriel Attal). Tout est relatif avec un peu de philosophie, voyons-nous, car il nous faut également savoir que par rapport au nombre d’habitants, et à la quantité de gaz à effet de serre émise sur le sol national, la Suisse est championne du monde des émissions de CO2 produites à l’étranger via la fabrication des biens de consommation que nous importons. Les deux tiers de nos émissions sont donc produites et comptabilisées à l’étranger! Et cela, sans compter les investissements de nos institutions financières dans des sociétés actives dans les énergies fossiles et autres entreprises polluantes. En les prenant en compte, on arrive à des valeurs estimées à plus de vingt fois les émissions sur notre territoire helvétique. Concrètement, chaque personne vivant en Suisse pollue beaucoup plus à l’étranger que sur le territoire national.

      Enfin, en Suisse, le “littering” reste un fléau mais n’est pas simplement l’apanage des jeunes. Par contre, en France, c’est culturel!

      Les rives du Lac Léman dans toutes leurs splendeurs (ironie)

      https://amp-20min-ch.cdn.ampproject.org/v/s/amp.20min.ch/fr/story/la-saison-des-ordures-au-bord-du-lac-est-de-retour-222685236793?amp_js_v=a6&amp_gsa=1&usqp=mq331AQKKAFQArABIIACAw%3D%3D#aoh=16501262689396&referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com&amp_tf=Source%C2%A0%3A%20%251%24s&ampshare=https%3A%2F%2Fwww.20min.ch%2Ffr%2Fstory%2Fla-saison-des-ordures-au-bord-du-lac-est-de-retour-222685236793

      🙊🙈🙉

  5. L’homo-politicus, cette nouvelle génération d’hypocrites?

    Sur le plan sémantique, le terme “Green Tech” regroupait l’ensemble des innovations respectant l’environnement, que ce soit dans leur processus de production ou de distribution. Mais historiquement parlant – et avec un peu de sérieux – les innovations écoresponsables existent depuis des siècles. Cependant, l’engouement pour ce type d’innovations date d’un peu plus d’une décennie, car celui-ci remontait à la mise en avant du terme “Clean Tech” par l’entreprise américaine Clean Edge, au milieu des années 2000. Les “clean technologies” désignaient alors les innovations respectueuses de la planète. “So cute”, diraient nos jeunes d’aujourd’hui! Au fur et à mesure, le terme “Green Tech” a été poussé pour des raisons de marketing. Non sans blagues!!! Désormais, les deux termes sont utilisés de façon interchangeable. Le but de la “Green Tech” est donc de répondre aux besoins de la société actuelle en limitant l’impact négatif sur la planète. Pourtant, bien que dans le contexte actuel il soit impératif de s’intéresser de près à l’environnement, tout indique aussi de plus en plus clairement que la résolution du défi climatique ne pourra se faire sans un puissant mouvement de compression des inégalités sociales, à tous les niveaux, car avec l’ampleur actuelle des inégalités, la marche en avant vers la sobriété énergétique reste un vœu pieux ou une prochaine répression financière sur les moins nantis.

    J’entends déjà tous les Taruffes du pouvoir s’écrier, mais couvrez donc ce sein nourrissier que l’on ne saurait voir, dès lors que l’on pose un regard insistant du côté de la dime. Alors même que refuser à payer sa juste contribution, c’est précisément nous condamner collectivement. Les non moins célèbres révélations des “Paradise Papers” n’ont-elles pas révélé que plusieurs entreprises (parmi tant d’autres) du secteur des énergies fossiles – Total, Engie, Glencore – avaient eu recours à des sociétés offshore? Et c’est à mille lieux d’être une première. Utilisant ainsi des montages financiers complexes via des États aux juridictions indécemment complaisantes pour investir dans des projets charbonniers, gaziers ou pétroliers, escomptant augmenter mécaniquement leurs ressources, tout en préservant leur image en dehors du voile. Certes, de là à parler d’un lien systématique entre “évasion fiscale et crise écologique”, il n’y a que quelques pas qu’ont esquissé des chercheurs dans leur étude: “D’abord, la perte éventuelle de recettes fiscales en cas d’optimisation fiscale agressive, recettes qui pourraient être utilisées par les États pour financer des politiques sociales et des politiques environnementales”. Puis, un deuxième problème qui “est que l’utilisation des paradis judiciaires et fiscaux pourrait être comparée à des subventions cachées. Elles payent moins d’impôts, et ont donc plus de capital qui peut être utilisé pour étendre leurs opérations, ou tout simplement pour redistribuer plus de dividendes et ainsi attirer plus d’investisseurs peu scrupuleux des questions environnementales”. Enfin, “l’utilisation de paradis judiciaires et fiscaux empêche de savoir d’où vient et où va l’argent. La gestion des écosystèmes en devient donc d’autant plus difficile”.

    S’il est effectivement logique que “payer moins d’impôts et d’éviter les règlementations trop contraignantes permettent aux entreprises de gagner plus d’argent”, les conséquences sont dramatiques pour l’extrême majorité vivant sur notre planète qui, elle, n’est pas à géométrie variable.

    Comprenons bien que le fait de “ne pas payer d’impôts (où cautionner l’immense injustice fiscale), c’est précisément condamner la planète. Rien qu’en France, la pleurnicheuse devant l’éternel pour son “enfer fiscal”, le manque à gagner du budget national fut estimé avant la pandémie à quelques 80 milliards d’euros par an… causé – cette fois – par l’évasion fiscale. Or, aucun pays ne pourra raisonnablement faire de transition vers un monde plus juste et écologique sans un investissement massif de l’État. Car, à l’instar des oligarques du régime Poutinien, il ne faut surtout pas toucher aux ayatollahs de l’ultralibéralisme immoral.

    Ainsi, en l’état actuel, le financement de la transition écologique (climatique) n’est malheureusement qu’une énième version moderne de la “lutte des classes”. Et l’homo-politicus, une nouvelle génération d’hypocrites que l’on ne condamnera jamais pour “crimes contre l’humanité”!

  6. Comprenons bien que les catastrophes économiques, sociales et climatiques qui nous guettent (et nous frappent) irrémédiablement imposent de poser les bonnes questions et exigent un grand nettoyage à l’instar des écuries d’Augias. Pourtant, les années passent et les leçons trépassent sans surprises! Rien ne sert donc de sortir de sa boîte à outils les bons vieux clivages et préjugés, seules les analyses empiriques et les réflexions à moyen/long terme comptent, tout comme le nombre de voix dans les urnes. Et si les souverainetés nationales appartiennent effectivement au peuple, il est tout aussi intéressant de mesurer le choc intergénérationnel qui se réplique dans le temps et l’espace avec une vélocité incroyable, comme si “la petite histoire” de George Orwell était condamnée à se répéter “ad vitam aeternam”.

    “La Ferme des animaux” (publié en 1945)

    Sinoposis: “Comme l’indique cet extrait situé en tout début du premier chapitre, ce roman commence par un rêve dont le contenu évoque la prise en charge de leur destin par les animaux eux-mêmes : animés par les idéaux d’un vieux cochon dénommé Sage l’Ancien, ils décident de se révolter contre leur maître, M. Jones, dans l’espoir de mener une vie autonome dans l’égalité, l’entraide et la paix pour tous.

    La ferme est passée sous le contrôle des animaux. Elle est dès lors gérée dans le respect des sept commandements qui prônent le pacifisme tout en définissant les spécificités des animaux, présentées comme une richesse. L’ennemi est clairement désigné : l’homme doit disparaître du lieu, une cohésion doit se créer entre les bêtes et se renforcer autour de la menace humaine.

    Très rapidement, les cochons forment une élite et sont amenés à prendre le pouvoir, asservissant les autres animaux. Ils utilisent leur intelligence supérieure pour manipuler les craintes et modifier le passé à leur avantage. Les idéaux sont très vite dénaturés, les principes généreux insensiblement dévoyés. Un dictateur émerge, chasse son principal rival, puis exécute les « traîtres » pour asseoir son pouvoir de plus en plus hégémonique. Il instaure un culte de la personnalité, maintient ses congénères en état de soumission et les épuise par un travail harassant.

    Ce maître, devenu tout puissant avec l’aide des chiens et des autres cochons, continue à leur faire miroiter le même espoir, mais leur fixe un objectif inaccessible tout en leur promettant sans cesse une vie meilleure afin de les maintenir dans cette utopie. Les années passent et l’ouvrage s’achève sur un constat amer pour les autres animaux asservis : plus rien ne semble distinguer les cochons de leurs anciens maîtres”

    Nous devrions tous méditer là-dessus pour espérer un monde meilleur (tout en le respectant à sa juste valeur)!

  7. Le Veau d’or de la mondialisation se serait-il fracassé au mur des réalités?

    La politique autoritaire du “Zéro-Covid” en cours au sein de l’empire du milieu – et comme la Chine reste un allié de taille de Moscou – la mondialisation au travers de l’inflation galopante – qui n’est autre qu’une “arme à destruction massive pour les moins nantis” – nous ont plongé dans une troisième guerre mondiale économique! “Au moins 300 navires sont actuellement bloqués dans le port de Shanghai, provoquant une défaillance d’approvisionnement dans le monde entier”. Rappelons que les ports chinois sont un des rouages essentiels de l’approvisionnement mondial, alors que “90 % du commerce transite par les mers”, selon l’Organisation maritime internationale (OMI). “Le cabinet spécialisé VesselsValue a d’ailleurs publié un graphique qui montre l’ampleur de la crise”:

    https://www-novethic-fr.cdn.ampproject.org/v/s/www.novethic.fr/amp/actualite/economie/isr-rse/bouchons-impressionnants-de-navires-signe-que-le-monde-n-est-toujours-pas-sorti-de-la-crise-150727.html?amp_js_v=a6&amp_gsa=1&usqp=mq331AQKKAFQArABIIACAw%3D%3D#aoh=16507049444853&referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com&amp_tf=Source%C2%A0%3A%20%251%24s&ampshare=https%3A%2F%2Fwww.novethic.fr%2Factualite%2Feconomie%2Fisr-rse%2Fbouchons-impressionnants-de-navires-signe-que-le-monde-n-est-toujours-pas-sorti-de-la-crise-150727.html

    Pour le professeur agrégé de commerce et de finance à la New York University Shanghai, Rodrigo Zeidan, qui a partagé le post sur Twitter, cette crise va provoquer une inflation durable des biens échangeables. La transition énergétique (vitale) dans ce chaos schizophrénique va rester extrêmement complexe.

    1. Comme très souvent souligné d’une manière ou une autre, la mondialisation de la planète s’apparente (in-fine) au “laminage des classes moyennes” et “la polarisation riches-pauvres” de l’ensemble des sociétés, les ramenant toutes à l’état du “Tiers-monde” d’avant les “miracles” de l’économie de marché… irrationnellement financiarisée. Avec le caractère universel de cette transformation sociale comme résultat des politiques économiques néolibérales mises en œuvre depuis le milieu des années 1970 (monétarisme), le nouveau libéralisme (par le truchement du “capitalisme actionnarial”) régulé des “Trente Glorieuses” fonctionnait sur la base redistributive du compromis fordiste (“capitalisme fordien”) au Nord et du clientélisme nationaliste au Sud. Puis la crise des années 1970 (chocs pétroliers) et l’implosion du bloc soviétique changèrent la donne et le “capitalisme actionnarial” s’orienta vers la financiarisation et la dérégulation. Dans un premier temps, “le monétarisme” (qui écarta des deux mains le keynésianisme) inspira les ajustements structurels : la désinflation compétitive au Nord et les programmes du consensus de Washington au Sud. Quand leur mise en œuvre buta sur l’obstacle politique, l’ordolibéralisme prit le relais et entreprit, sur la base du post-consensus de Washington, de diffuser mondialement une “économie sociale de marché purifiée”. C’est-à-dire que l’économique – intimement corrélée à l’hypertrophie de la finance – – et le social sont devenus depuis plusieurs décennies déconnectés du politique, la démocratie est ainsi devenue virtuelle, la redistribution s’épuise mécaniquement (et naturellement par les effets dénoncés depuis des décennies par les hétérodoxes) et “la classe moyenne est aujourd’hui en voie d’euthanasie”.

      Afin d’éviter d’offrir du grain à moudre à la caste des économistes “mainstream” (orthodoxes), comprenons bien que lorsque John Maynard Keynes aborde la notion “d’euthanasie du rentier” dans un des passages de sa “Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936), il s’agit en fait d’un authentique manifeste politique où il n’est pas question de l’inflation. L’”euthanasie du rentier” se réalise en faisant disparaître la rareté du capital par une nouvelle forme de partage de la richesse créée qui élimine “une répartition de la fortune et du revenu [qui] est arbitraire et manque d’équité”. “Le taux d’intérêt se réduira”, dit Keynes, “à la somme du coût de dépréciation et de la prime de risque”. C’est “l’euthanasie du pouvoir oppressif cumulatif du capitaliste d’exploiter la valeur-rareté du capital”, autrement dit, “l’euthanasie” pourrait s’apparenter à une “machine à concentrer les richesses”.

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