Des crypto-monnaies privées ou des monnaies numériques de banque centrale?

La guerre entre la Russie et l’Ukraine a probablement accéléré la transition vers l’utilisation de monnaies numériques, entendez des monnaies scripturales basées sur l’utilisation de la cryptographie, afin de préserver sa vie privée et son patrimoine de toute attaque éventuelle des autorités publiques ou d’extorqueurs de toutes sortes.

Il existe deux types de monnaies numériques qui sont en train d’être développées pour différentes raisons dans différents pays. D’une part, il y a ce qu’on appelle les crypto-monnaies, nées en dehors du système bancaire pour éviter les risques inflationnistes causés par l’émission excessive de monnaie par ce système. En effet, depuis l’éclatement de la crise financière globale en 2008, de nombreuses banques centrales ont considérablement augmenté la masse monétaire en raison de leurs «assouplissements monétaires», gonflant ainsi les prix des titres financiers. En outre, même avant cette crise, les banques commerciales et d’investissement en général ont accordé des lignes de crédit pour des montants bien supérieurs aux revenus générés par la production de biens et de services, provoquant ainsi des pressions inflationnistes sur les marchés financiers, qui ont alimenté la bulle de la dette privée éclatée en 2008.

D’autre part, en raison de cette crise financière globale et maintenant aussi des tensions géopolitiques accrues, un nombre croissant de banques centrales s’interrogent sur l’utilité d’émettre des monnaies numériques, grâce auxquelles elles peuvent atteindre divers objectifs de politique économique qui pourraient autrement rester des vœux pieux. Parmi ces objectifs, deux se distinguent: l’efficacité de la politique monétaire et le respect de la transparence fiscale. Dans les pays (comme la Suisse) où la banque centrale impose des taux d’intérêt négatifs, on pense qu’une monnaie numérique émise par la banque centrale peut augmenter considérablement l’efficacité de cette politique monétaire, car les personnes qui ont un compte à la banque centrale seront touchées par cette taxe sur les dépôts et pourront donc décider de dépenser un pourcentage plus élevé de leurs revenus sur le marché des produits, ce qui stimulera l’activité économique grâce à leur consommation accrue sur ce marché. Sur le plan fiscal, une monnaie numérique de banque centrale permettrait à l’autorité fiscale d’éviter la soustraction d’impôts de ceux qui, actuellement, n’indiquent pas tous leurs avoirs bancaires dans la déclaration fiscale qu’ils doivent soumettre à cette autorité.

Il s’agit donc d’une confrontation entre ceux qui veulent plus de liberté devant l’État (et qui soutiennent donc les crypto-monnaies) et ceux qui considèrent que l’État est un acteur important (et qui soutiennent donc l’émission de monnaies numériques de banque centrale). La question cruciale n’est pas nouvelle: faut-il plus d’État ou moins d’État?

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.

16 réponses à “Des crypto-monnaies privées ou des monnaies numériques de banque centrale?

  1. Comme je l’ai souligné dans le fil du précédent billet de notre hôte – l’éminent professeur Sergio Rossi – pour Emmanuel Kant, “l’espace et le temps sont le cadre dans lequel l’esprit est contraint de construire son expérience de la réalité”; me voilà ainsi transposé dans la Suisse des années 1850 après avoir emprunté les configurations de l’espace-temps à Kurt Gödel. Dans ce voyage initiatique, je rencontre John qui passe son adolescence dans un institut privé de notre beau pays helvétique, avant que celui-ci rejoigne l’université de Göttingen – en Allemagne – où il achèvera ses études à l’âge de 20 ans. Pour finir par entrer dans le monde de la finance quelques années plus tard à une époque où les Etats-Unis n’ont ni banque centrale, ni législation bancaire pointue. À 15 ans, John aura déjà visité les principales villes du monde et, lui qui vouait une véritable admiration pour Napoléon, on le retrouvera régulièrement visiter la France, notamment Aix-les-Bains. Pour ce féru d’histoire, l’empereur français s’est “forgé” grâce à une “volonté de fer qu’aucun obstacle ne pouvait abattre, même lors de ses défaites”.

    C’est d’ailleurs en suivant ce leitmotiv que John Pierpont Morgan (J.P.M.) gagnera son surnom de “Napoléon de Wall Street”. D’ailleurs, la banque J.P. Morgan (du nom de son fondateur) ne viendra-t-elle pas au secours du système financier et économique en jouant à elle seule le rôle de “prêteur en dernier ressort”, après la panique bancaire américaine de 1907? Comme le feront du reste nos banques centrales lors de la débacle mondiale un siècle plus tard. Mais si “le pompier des affaires” – John Pierpont Morgan – aura joué un rôle fondamental à une époque où les États-Unis ne disposaient pas encore de la Réserve Fédérale – à contrario des États européens qui étaient en mesure de suppléer aux déficits financiers pendant les périodes de crise avec leur banque centrale respective – l’action disproportionnée du seul grand manitou du secteur bancaire fut tout autant décriée que source d’inquiétudes après les nombreuses crises financières ayant succédé à la guerre de Sécession. Des inquiétudes justifiées qui donnèrent finalement un nouvel élan aux débats sur la réforme monétaire (loi Aldrich–Vreeland) et à la création d’une banque centrale nationale aux États-Unis (Fed) via le prisme de la loi du 22 décembre 1913 (Federal Reserve Act). Puis, 20 ans plus tard, au “Banking Act de 1933” (Glass-Steagall Act).

    Pour ce “banquier des affaires” – John Pierpont Morgan – la base fondamentale de l’entreprise se résumait à cette maxime: “un homme en qui je n’ai pas confiance ne pourrait me procurer de l’argent pour tous les liens de la chrétienté”. Autant dire que ce grand chef d’entreprise ne prêtait pas de l’argent sans un minimum de “capital confiance” envers son débiteur, tout comme il ne pouvait dissocier la monnaie (au titre d’un médium d’échange) du “capital confiance” qui lui est légalement conféré. Suivant cette logique appliquée à un crypto-actif (ou crypto-monnaie par abus de langage) dissocié d’un “tiers de confiance” (banque centrale), sa valeur ne sera pas décrètée à un “cours légal” à l’instar d’une monnaie communément acceptée (c’est-à-dire que personne ne peut sur un territoire donné refuser de la recevoir en règlement d’une transaction libellée dans la même monnaie) mais sera déterminée uniquement en fonction de l’offre et de la demande (c’est-à-dire selon une authentique sélection darwinienne). Prenons l’exemple du cours du crypto-actif (respectivement crypto-monnaie) bitcoin qui, par le passé, s’est envolé de 900 dollars à plus de 19’000 dollars en l’espace d’une année seulement. Si à ce moment là on avait transposé cette logique au marché des devises (comme médium d’échange) à l’instar du dollar, ceci aurait eu pour conséquence de paralyser littéralement l’économie car nul n’aurait dépensé son argent en attendant de devenir riche, suivant la “version 2.0” de la loi de Gresham qui porte le nom de ce commerçant et financier anglais, Thomas Gresham (1519-1579), considéré comme l’un des fondateurs de la bourse de Londres. En effet, “lorsque dans un pays circulent deux monnaies dont l’une est considérée par le public comme bonne et l’autre comme mauvaise, la mauvaise monnaie chasse la bonne”. Les agents économiques préfèrent thésauriser la “bonne” monnaie et utiliser la “mauvaise” pour payer leurs échanges dans le but de s’en défaire au plus vite. Un risque spéculatif qui ne peut être raisonnablement supporté par le plus grand nombre au sens de l’Intérêt général et du bien commun. Quant à l’hyperinflation de son prix – comme crypto-actif – de 0,000764 dollar en octobre 2009, il fut multiplié par plus de 54 millions de fois en 2021, ça en dit long sur l’aspect de cette “crypto-monnaie”. Ou “e-monnaie”, pour reprendre l’expression du monétariste Milton Friedman (père de l’École de Chicago et du courant monétariste) qui pronostiquait en 1999, dans une tribune, “qu’internet sera l’un des vecteurs principaux dans la réduction du rôle de l’État. La seule chose qui manque, mais sera bientôt développée, c’est une e-monnaie fiable”.

    À présent, sous nos latitudes – notamment post 1970 – nous voyons bien que l’emprise des monétaristes sur les “sciences économiques” (à matrice néo-libérale) s’est également attachée au monde politique comme une excroissance de la finance. Un rapprochement entre deux univers qui depuis joue un rôle essentiel dans le déclenchement de nouveaux excès, et donc des crises à l’impact mondial. Officiellement atteinte du syndrome de Stockholm, la politique s’est malheureusement éprise de la finance qui l’a petit à petit privée de l’essentiel de ses pouvoirs. Mais, dans ce contexte nauséabond où le diktat des marchés a pris le pouvoir en érodant sérieusement les notions d’éthique et de capital-confiance, il me plaît toujours à croire que l’État (comme représentant du peuple) reste le dernier rempart avant la dernière curée. D’où mon intérêt pour l’émission de monnaies numériques de banque centrale!

    1. @ Raymond

      Puisque vous aimez les citations bibliques:

      “Et si ta main droite est pour toi une occasion de chute, coupe-la et jette-la loin de toi; car il est avantageux pour toi qu’un seul de tes membres périsse, et que ton corps entier n’aille pas dans la géhenne”.

      Voilà pourquoi je doute grandement que ce soient les cryptos des banques centrales qui nous sauveront.

      Au contraire, c’est un piège pour financiariser/esclavagiser encore plus, sous couvert de l’Etat social.

      De même, croyez-vous que la création de Google ou Facebook nationaux (ou européens) nous sauverait des excès de la technologie intrusive?

      Nous devons avoir le courage de repartir sur une autre philosophie – une philosophie qui mette la relation humaine au coeur – pas la technologie.

      1. Vous dites que “nous devons avoir le courage de repartir sur une autre philosophie – une philosophie qui mette la relation humaine au coeur – pas la technologie”.

        Indéniablement Samy, non seulement je souscris à la sagesse de votre conseil, mais en dehors de la théologie, j’attends aussi de votre part des propositions réalistes pour réenchanter notre monde.

        1. Justement, Raymond, sans changement de paradigme philosophique, aucune proposition réaliste n’émergera.

          Or le changement est inévitable, avec le choc pétrolier en cours.

          Et je me repose volontiers sur votre expertise technique au besoin.

          Mais si nous poussons vers des solutions techniques, de court terme, très rassurantes – nous aurons un changement exécrable, avec toujours les mêmes institutions aux commandes, dans un nouveau costume très pieux, taillé sur mesure, et un asservissement général des populations.

          Nous ne pouvons pas attendre un changement positif en travaillant avec de vieux gangsters déguisés en médecins, ni avec de jeunes gangsters tout frais émoulus.

          Il faut d’abord démonter le logiciel philosophique qui les a fabriqués. Et accepter que nous traverserons une forme d’inconnu.

          Fin de l’URSS ou perestroïka? Les acteurs clé voudraient la perestroïka, mais cela aboutira à la fin du système.

  2. Pour les fanatiques des “crypto-monnaies privées”, qu’importe de savoir si ces “crypto-actifs” sont à ce point dangereux pour la survie de notre espèce (car si le Bitcoin était un pays, ne serait-il pas le 41ème le plus énergivore de la planète?), alors même qu’en terme de crédit planétaire (“Earth Overshoot Day”), nous voyons bien que l’ensemble de nos comportements de consommation/production accélère un phénomène pourtant dénoncé depuis 1972 par le rapport Meadows. À la demande du Club de Rome, de jeunes chercheurs américains rédigaient un rapport, “The Limits to Growth”, qui créa le scandale: nous étions alors à la veille du premier choc pétrolier et pour beaucoup le crédo de la croissance économique ne pouvait être remis en question. Toutefois, sortit de sa léthargie d’un demi-siècle, l’homo-politicus continue néanmoins de blanchir le “greenwashing” par l’intermédiaire de son armée de “spin-doctors” rompue au “storytelling”! Et ce n’est pas la Suisse qui va échapper à cette règle puisqu’après la nouvelle donne européenne en matière de régulation des “crypto-monnaies privées”, l’helvétie affiche déjà fièrement ses débouchés dans le titre de sa promotion économique dont le rassemblement des officionados se tiendra bientôt en marge du Blockchain Week Summit: “La Suisse, lieu idéal pour développer vos projets blockchain et crypto”.

    Nous voilà donc avertis!

    Il est tout aussi regrettable (mais logique) que les fanatiques des “crypto-monnaies privées” n’aient jugé utile d’informer correctement le quidam sur la relation des “crypto-monnaies” sous l’angle de l’inflation (même rampante) et de la vente à découvert! Car, si peu nombreux sont les personnes qui comprennent vraiment le concept de ventes à découvert, pourtant, sans le savoir, nous vendons tous à découvert! Nos dépenses par carte de crédit, nos prêts hypothécaires, nos lignes de crédit sont en effet autant de ventes à découvert dans le sens où nous empruntons de l’argent (donc nous sommes à découvert) jusqu’à ce que ce prêt soit remboursé en faisant l’acquisition de francs suisses, d’euros ou de dollars. Comme le fruit de notre travail est quasiment toujours rémunéré en argent (et non en “crypto-monnaies privées”) nous savons toujours quelle somme devra être remboursée si nous sommes à découvert en argent, tandis que nous ne saurons jamais quelle somme devra être restituée si nous empruntons en “crypto-monnaies privées” du fait de la volatilité et de l’incertitude liées à l’évolution (spéculative) des cours. En effet, comme nous ne sommes pas payés par ces instruments, nous ne saurons jamais quelle quantité de travail fournir – réglée en argent – afin de couvrir notre position à découvert en “crypto-monnaies privées”. A l’extrême, la valeur de ces “crypto-actifs” (respectivement créances libellées en crypto-monnaies) serait susceptible de monter à l’infini (un prochain “Triomphe de la cupidité”? Réf: Jo Stiglitz) nous contraignant en théorie à travailler à l’infini (de quoi ravir les actuaires des fonds de retraites et l’homo-politicus dispensé des fâcheuses réformes impopulaires) pour rembourser une dette non libellée en argent… alors que le remboursement d’un emprunt en argent est un geste relativement banal à planifier car nous sommes rémunérés à l’aide du même moyen de paiement, c’est-à-dire en francs suisses (dollars ou euros). Ceci étant dit, le principe des ventes à découvert est absolument crucial au sein de nos sociétés car il autorise d’établir une passerelle entre nos prévisions de consommation et nos revenus. Comme nos appétits de dépense ou nos plans d’investissement ne coïncident pas systématiquement avec nos rentrées d’argent, “la vente à découvert” réalise ainsi une jonction vitale entre le présent et le futur, et c’est précisément la raison pour laquelle le médium utilisé dans un tel cadre se doit d’être stable et résilient. Donc, non spéculatif à l’instar des “crypto-actifs privés” (respectivement, “les crypto-monnaies privées”).

    Étant précisé que dans une société dématérialisée de la monnaie fiduciaire au bénéfice d’une “monnaie numérique de banque centrale” (Central Bank Digital Currency), l’argent profiterait à l’économie réelle dopée par une consommation rendue nécessaire pour éviter les pénalités bancaires, par exemple. Bien entendu, cela supposerait un encadrement strict des taux de transaction bancaire par l’État afin d’éviter la dérive des tarifs pratiqués actuellement par certaines banques et organismes de cartes de crédit. Certes, “l’État aurait un contrôle absolu sur l’argent de ses citoyens et des investisseurs”, mais les citoyens pourraient en tirer profit car cela permettrait de réduire les coûts pour le consommateur (et par analogie l’État bénéficierait d’une taxation fiscale plus optimale), ce qui est non négligeable dans une période où le frein à l’endettement (et l’inflation rampante) pénalise non seulement les moins bien lotis mais sanctionne aussi les classes moyennes inférieures et supérieures.

  3. Socrate et Platon considéraient les sophistes comme leurs ennemis, leur reprochant de ne pas chercher la vérité, le bien ou la justice, mais seulement leur propre gloire en défendant avec des arguments fallacieux n’importe quelle opinion. Ainsi, de là à prétendre que les détracteurs compulsifs de l’État font partie de cette doxa, il y a un pas qu’il n’est plus nécessaire de franchir et, pourtant, nous observons tous les jours à quel point les intérêts de ceux-ci ne peuvent prospérer que grâce aux leviers de l’État. Quel paradoxe, n’est-ce pas? Savons-nous au moins qu’avec l’énergie mobilisée pour miner une seule “crypto-monnaie privée”, c’est-à-dire un seul bitcoin par exemple, une voiture électrique de taille moyenne pourrait faire 44 fois le tour du monde? Voilà de quoi s’interroger à l’heure même où, d’un côté, des scientifiques d’une vingtaine de pays (à l’instar du groupe “Scientist Rebellion” créé en 2020 par deux doctorants en physique du St Andrews College en Écosse) prévoient des actions non violentes de désobéissance civile pour montrer l’urgence d’agir pour le climat, et d’un autre côté des investisseurs fortunés ont obtenu le droit de mener leurs petites affaires sur un îlot paradisiaque appartenant à la République du Vuanuatu. En effet, l’année prochaine, des fanatiques des “crypto-monnaies privées” devraient s’installer sur une petite île du Pacifique dont la particularité réside au fait que ce territoire du bout du monde “ne connaît pas d’impôt sur les profits, les dividendes ou les revenus pour les entreprises, comme pour les individus”, pas plus que l’île de Lataro “ne taxe les gains sur le capital ou sur l’héritage”.

    Mais derrière cet écran de fumée se cachent aussi les insulaires du Vanuatu qui connaîtront sur les prochaines décennies un exode sans précédent – à en croire les études sérieuses présentées le 25 septembre 2019 devant l’ONU à New York – avec une note financière qui accompagnera les prochains réfugiés climatiques n’étant au bénéfice d’infrastructures privilégiées. Autant dire que le projet “Satoshi Island”, en hommage à Satoshi Nakamoto, pseudonyme du créateur présumé en 2008 du tout premier bitcoin, se moque éperdument des considérations sociales de la République du Vanuatu (avec la bénédiction des autorités en place). Qu’importe également à cet “État-voyou” d’anticiper le transfert de la coûteuse “prime de risque climatique” sur des États tiers qui joueront – le moment venu – les sauveteurs. Selon le rapport de l’ONU, dans le Pacifique, l’Atlantique et l’océan Indien, la plupart des milliers d’îlots tropicaux seront inhabitables d’ici à 2050, non pas forcément par submersion totale et définitive due à la montée des eaux, mais surtout à cause de la fréquence des inondations marines qui salinisent les nappes phréatiques et les sources (inutile de préciser qu’avec la notion d'”or bleu”, les enjeux sont déjà parfaitement maîtrisés par la sphère financière). Une préoccupation qui, bien évidemment, ne sensibilise nos opportunistes et grands amateurs de “crypto-monnaies privées”, puisque sur cette bande de terre de 300 hectares, localisée au nord de la Nouvelle-Calédonie, les premiers travaux ont déjà commencé afin d’offrir à ces résidents d’un nouveau genre tout le confort moderne ainsi que des infrastructures leur assurant l’accès pérenne à l’eau potable.

    L’horreur deviendra-t-elle aussi une allégorie romantique à l’instar d’une version 2.0 du “Radeau de la Méduse”?

  4. Que le prix de la Banque de Suède en mémoire à Alfred Nobel – venant récompenser des recherches en économie – fut en réalité une machine de guerre visant à légitimer le tournant néo-libéral des années 1970 et 80 (“The Nobel Factor”; Princeton University press), comme hétérodoxe, je n’en ai jamais douté une seule seconde! Cette machine à broyer les peuples a sournoisement facilité le remplacement du vieux modèle “social-démocrate” par celui de “l’économie de marché” débridée, où ses fers de lance néo-libéraux étaient convaincus que dans l’économie “l’Etat était le problème, jamais la solution”. Il fallait donc privatiser tout ce qu’on pouvait, retirer des pattes des gouvernements le “pouvoir régalien de battre monnaie”, réduire les dépenses publiques et par analogie annihiler la politique de relance budgétaire contracyclique, puis laisser les marchés financiers s’autoréguler par les prix. Les gouvernements, eux, n’étant plus qu’une excroissance de ces doctrines inébranlables et les peuples de malheureux rats de laboratoire. Dingue… n’est-ce pas? Rétrospectivement parlant, pour ceux n’ayant aperçu l’éléphant rose dans le salon de porcelaine, en effet!

    L’influence du controversé professeur d’économie suédois Assar Linbeck (1930-2020) sur “le Nobel d’économie” aura duré 25 ans. Il a présidé lui-même le comité du Prix pendant 14 ans (1980-1994). Pendant ce quart de siècle, le jury a clairement favorisé les économistes néo-libéraux. Les idées qu’il défendait ont donc coïncidé avec l’idéologie qui gagnait alors le FMI, la Banque mondiale, le Département du Trésor américain: ce qu’on a appelé le “consensus de Washington” et qui reposait sur cinq piliers: privatisations, austérité budgétaire, libération des mouvements de capitaux, libre-échange, indépendance des banques centrales (à noter que la Banque de Suède a fini par être indépendante en 1999). Dès lors, tout ce cirque nous a permis d’assister à l’accouchement de crises financières et économiques à répétition, de côtoyer l’insécurité économique et sociale comme un être cher, de banaliser la corruption et les inégalités au point d’assimiler l’État à l’Antéchrist. Même la monnaie (moyen de paiement) fut attaquée sur sa base avec la politique des taux d’intérêt négatifs. Entendez que dans un temps qui nous n’appartient plus, les taux d’intérêt ne pouvaient être négatifs, car les épargnants et les investisseurs auraient opté pour des billets de banque en lieu et place de conserver leur argent dans une banque qui leur prélèverait un taux d’intérêt négatif. C’est la monnaie fiduciaire – c’est-à-dire le cash – qui empêchait alors une banque centrale de réduire son taux d’intérêt en-dessous du zéro, à moins que cette liberté de retrait soit progressivement entachée par diverses contraintes sur les espèces. Ce qui est chose faite aujourd’hui, d’où une certaine illusion de liberté procurée par le phénomène des “crypto-monnaies” privées.

    Enfin, si toutes les transactions deviennent obligatoirement électroniques – ce vers quoi nous tendons à l’avenir – les épargnants et les investisseurs seront ainsi contraint de dépenser si leur souci est d’éviter de payer un taux d’intérêt négatif à leur banque. Une version 2.0 du Bail-in pour conjurer le risque de récession en contraignant à la dépense. D’ailleurs, l’économiste à Berkley, James Bradford DeLong, n’a-t-il jamais suggéré de combiner un taux d’intérêt négatif à une loterie qui invaliderait à intervalles réguliers des numéros de série de billets de banque? Dans un tel cas de figure, toute récession serait très rapidement jugulée par une relance de la consommation et de l’investissement de la part de citoyens qui seraient dès lors confrontés à deux choix: payer une taxe sur leur compte bancaire ou dépenser leurs espèces menacées d’être disqualifiées!

    Nous voyons bien que nous nous dirigeons progressivement vers une société sans cash et nous l’avons voulu, que ce soit contraint et forcé ou par ignorance des effets du syndrome de Stokholm. Ceci étant dit, la dernière lettre de BlackRock aux actionnaires, via Larry Fink, parle d’elle-même, plus particulièrement au sujet des “monnaies numériques de banques centrales” (et “la guerre économique” qui sévit actuellement): “Un aspect moins discuté de la guerre est son impact potentiel sur l’accélération des monnaies numériques. La guerre incitera les pays à réévaluer leur dépendance vis-à-vis de la monnaie (…). La banque centrale américaine, par exemple, a récemment lancé une étude pour examiner les implications potentielles d’un dollar numérique américain. Un système mondial de paiement numérique, conçu avec soin, peut améliorer le règlement des transactions internationales tout en réduisant le risque de blanchiment d’argent et de corruption.” CQFD

    https://www.blackrock.com/corporate/investor-relations/larry-fink-chairmans-letter

    1. Vos constats sont là.
      La protection résiduelle, les dernières résistances, ce sont les relations sociales entre les gens, qui sont en train d’être privatisées aussi.
      Le monde politique actuel n’est pas en mesure de nous protéger, étant donné qu’il a participé très activement à installer l’esclavage actuel. Il est complice.
      Il est impossible de redresser une telle déformation – qui est professionnelle et structurelle, systémique.
      Il est temps de passer à autre chose, tout simplement.
      Nous allons donc au-devant d’un crash du logiciel – peu importe la forme qu’il prendra. Et la confiance dans la monnaie va finir par disparaître aussi – l’artifice des crypto-monnaies n’y changera rien. Cela prolongera juste l’illusion durant quelques temps.
      Je donne maximum 3-5 ans à ce “système” pour être complètement par terre.
      Aucune réforme ni “solution” ne pourra le redresser.
      Pour le reste, la seule anticipation est de développer les relations humaines désintéressées et sincères sur un plan local, en sensibilisant les gens à leurs besoins vitaux.

      1. Bonjour Samy,

        Merci pour votre réaction. En occident, comment voulez-vous “développer des relations humaines désintéressées et sincères en sensibilisant les gens à leurs besoins vitaux”, si de l’autre côté de l’échiquier vous opposez un patrimoine qui permettrait à un seul seigneur d’acheter tous les logements des villes de Lyon ou Marseille (référence au patrimoine professionnel de Bernard Arnault – LVMH)? La société de consommation – au prisme de l’économie de marché – fut pourtant embrassée avec force par une large majorité privilégiant l’individualisme à l’humanisme, sauf qu’après plus de quarante ans d’injustice économique, la diabolisation outrancière de l’État au sacre de l’économie de marché a justement contribué au diktat actuel. Nous avons oublié la philosophie de Montesquieu (1689-1755) qui nous enjoignait à penser l’État comme toutes les choses du monde, à savoir que pour le conserver, il faut l’aimer. Toutefois, “le La” sera donné par l’ancien président des États-Unis, Ronald Reagan, qui affirmait déjà dans son discours d’investiture, le 20 janvier 1981: “L’Etat n’est pas la solution à notre problème, l’Etat est notre problème”! Dès lors s’ensuivit cette propension des otages de la société marchande à adopter les points de vue de leur geôlier (Stockholm syndrome effect). Cette pathologie des peuples (électeurs) fut également soulignée par le professeur et économiste hétérodoxe, Paul Krugman, lorsqu’en terme des inégalités de revenu aux États-Unis – qui sont redevenues aussi extrêmes qu’en 1920 – faisait savoir aux électeurs américains qu’ils avaient pourtant voté en majorité jusqu’en 2006, au moins, pour des candidats cultivant cette évolution. Encore un paradoxe! Aujourd’hui, il convient donc de repenser l’État et de réfléchir à l’accentuation de son rôle dans la vie économique, en ayant constamment à l’esprit le sens du devoir de ce même État vis-à-vis de ses citoyens ainsi que ses propres limites. S’il est désormais exclu de destituer une oligarchie financière pour la remplacer par une autocratie politique, néanmoins nous devons forcer à une refondation ou à un re-calibrage du rôle éminemment protecteur et régulateur de l’État. John Maynard Keynes nous répèterait que, loin d’accomplir ce que les “individus font déjà”, l’État devrait se mettre à faire “des choses qu’il ne fait pas du tout actuellement”. Quoi qu’il en soit, l’État devra “faire partie de la solution”. Quant à James M. Buchanan (Public Choice theory), il nous rappelait à cet égard que “si vous voulez améliorer la politique, changez les règles et revoyez la structure. N’attendez pas que les politiciens changent de comportement. Ils agissent en fonction de leur intérêt.”

        https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2016/11/13/les-fausses-promesses-du-neoliberalisme/#comments

        Oui, Samy, il nous faut retrouver des principes moraux pour réenchanter nos démocraties.

        1. Comment retrouver des relations humaines désintéressées et sincères?
          En les vivant, chacun à son échelle.
          Quand la valeur de l’argent-roi s’écroulera (et je crois que cela va se produire très rapidement), s’écrouleront aussi les liens de loyautés pervers qu’il a tissé. Et il y aura un grand vide de pouvoir (très dangereux en un certain sens, mais aussi libérateur).
          Je ne crois pas que le problème central soit l’opposition entre économie privée et publique.
          Mais entre économie qui créée une relation humaine positive et économie qui détruit une relation pour la remplacer par une forme d’esclavage.
          Ce type de perversion de la relation de la relation existe au niveau étatique autant qu’au niveau privée.
          Pour éprouver la différence entre un niveau étatique dans un village (où la relation humaine est primordiale, peut importe les fonctions) et dans une ville (où la relation humaine est souvent abstraite et soumise à une forme de loyauté de type hiérarchique qui empêche une relation sincère), je peux vous dire que nous devrions aussi repenser l’Etat et le redimensionner aussi – pour qu’il ne soit pas un moteur à privilèges, mais vraiment un service à la population.
          Pour cela, il faudrait casser la mythologie divino-monarchique de l’Etat, qui est loin d’avoir disparu.
          C’est en cela que je conteste votre idée que l’Etat est la solution à nos problèmes. L’Etat comporte aussi des dimensions problématiques.
          La solution à nos problème, c’est de concevoir autrement la relation (et donc l’économie).
          Si l’expérience étatique soviétique avait réussi économiquement et avait gagné la guerre froide, nous serions dans un système d’économie étatique.
          Pourtant, nous serions sans aucun doute arrivé à d’autres problèmes très graves d’abus de pouvoir.
          Sans prise de conscience de ces abus, nous les reproduirons encore et encore, peut importe que l’économie soit plus ou moins étatique.

          1. Pouvez-vous, s’il vous plaît, me traduire avec vos mots ce que j’ai déjà écrit, Samy?

            [Il convient donc de repenser l’État et de réfléchir à l’accentuation de son rôle dans la vie économique, en ayant constamment à l’esprit le sens du devoir de ce même État vis-à-vis de ses citoyens ainsi que ses propres limites. S’il est désormais exclu de destituer une oligarchie financière pour la remplacer par une autocratie politique, néanmoins nous devons forcer à une refondation ou à un re-calibrage du rôle éminemment protecteur et régulateur de l’État. John Maynard Keynes nous répèterait que, loin d’accomplir ce que les “individus font déjà”, l’État devrait se mettre à faire “des choses qu’il ne fait pas du tout actuellement”]

            Enfin, j’ai beau rechercher dans mes écrits, je ne vois pas quel parallèle vous incite à une référence à l’ancien régime soviétique, c’est-à-dire une économie planifiée.

          2. Cher Raymond,
            Je faisais référence à l’expérience soviétique non pour l’économie planifiée, mais pour le rôle central de l’Etat dans la vie politique.
            En situation de crise, ce rôle aboutit souvent à des abus de pouvoir très graves.
            Pour le reste, je n’ai pas affirmé que vous souhaitiez une nouvelle économie planifiée ou un parti unique. Je relève simplement que vous mettez votre espérance de guérison dans un renforcement du rôle de l’Etat.
            Les relations entre les personnes et l’Etat sont déjà très dégradées (confiance très basse de la population et niveau de contrainte qui augmente) .
            Un renforcement de l’Etat ACTUEL porterait les germes de nouvelles dégradations du respect de la personne humaine. C’est tout ce que je dis. Mais vous avez le droit de ne pas être d’accord avec mon approche.
            Pour le reste, je partage votre diagnostic sur la situation économique. Cette situation reflète la situation très dégradée des relations humaines actuelles.
            Comment changer de dynamique? Selon moi, en recréant de la relation et de l’autonomie au niveau très local (interpersonnel, communal, commerce de proximité) et en boycottant les structures toxiques, quelles qu’elles soient. Certaines structures de l’Etat sont très toxiques.
            D’autre part, cette autonomie et solidarité de relations au niveau local assurera une forme de protection humaine minimale dans le crash des grandes structures qui me parait difficilement évitable.

  5. Spéciale et respectueuse dédicace pour Samy.

    RAYMOND
    30 septembre 2021 à 20 h 43 min

    Aujourd’hui, lorsqu’une majorité populaire vote à partir de conceptions sociétales d’hier, la vision copernicienne du futur devient effrayante.

    Pourquoi?

    Lors du capitalisme industriel, le capital financier était essentiellement alloué à des investissements productifs, c’est-à-dire qui permettaient d’augmenter la capacité de production via l’achat de machines plus performantes, la construction de nouvelles usines, la formation du personnel et la bienveillance à son égard (réduction des coûts liés à l’absentéisme).

    Or, le but du capitalisme actionnarial (à vocation néolibérale) – à partir des années 1970/80 – fut d’accroître la profitabilité des entreprises pour augmenter la rentabilité du Capital financier pour les actionnaires. Pour réaliser cet objectif, le capitalisme actionnarial a utilisé un certain nombre de moyens, notamment la déréglementation des marchés du travail et a ainsi obtenu une forte déformation du partage des revenus au détriment des salariés. De fait, il est toujours intéressant de constater cette répartition de plus en plus inégale entre les revenus du travail par rapport à la croissance de la productivité…

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    …alors que la croissance de la productivité décline depuis les années 60!

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    Parallèlement, de plus en plus d’emplois dans le secteur de la production ont déjà cédé la place à des emplois souvent mal payés dans le secteur des services. Les clés du progrès diront les uns, dans un esprit Schumpetérien (par analogie à la destruction créatrice), tandis que d’autres diront qu’il est abusif d’assimiler progrès technique et progrès social, puisque la concurrence conduit toujours à une économie de main-d’œuvre et une baisse des salaires: les manifestations concrètes en sont l’esclavage et le machinisme, cette nouvelle forme de servitude.

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    Friedrich Hayek aurait pu, lui, ajouter que “le progrès technique, imprévisible, n’a pas à être encadré par l’État, au contraire, c’est la libre concurrence qui empêche un pouvoir totalitaire de s’en emparer”. Sauf qu’Hayek ne vivait pas au 21ème siècle, ni dans un monde globalisé où, comme aux USA, un dixième de l’économie se caractérise par des industries dans lesquelles 4 entreprises contrôlent plus des deux tiers du marché. Une tendance similaire également observée en Europe, quoique moins extrême. Ainsi, avec des positions cartellaires, et une telle disruption de l’économie, il devient de plus en plus difficile de détrôner les leaders de quelques marchés – propres à l’économie 2.0 – aux États-Unis, en Europe, mais aussi en Asie.

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  6. Spéciale et respectueuse dédicace pour Samy.

    Le p’tit jeu de “l’économies planifiée” versus 2.0 (par abus de langage volontaire):

    “Connaissez-vous votre véritable pouvoir d’achat ? Non, car l’indice d’inflation sous-estime certains coûts comme le logement et ne reflète pas le coût de la vie.

    Qu’en est-il de la statistique du chômage ? Elle exclut les chômeurs découragés, les inactifs, et n’informe pas sur le mal-emploi et le sous-emploi.

    Et les PIB des grands pays ? Ils sont souvent surestimés.

    La dette financière ? Sous-estimée.

    Les taux d’intérêt ? Ils ne reflètent plus le marché.

    Les principales monnaies ? Leur dévaluation passe inaperçue, sauf face à l’or… dont les cours sont manipulés.

    Et les rapports annuels des entreprises ? S’ils peuvent faire 500 pages, le marketing y dépasse parfois le reporting, et l’essentiel n’y figure pas toujours.

    On l’imagine réservée aux régimes autoritaires, mais la désinformation économique existe aussi dans les pays développés. Les statistiques officielles ne reflètent pas toujours l’expérience du plus grand nombre. La politisation des chiffres et l’embellissement des statistiques sont une réalité, souvent masquée par l’extrême mathématisation des calculs. On croirait presque qu’il s’agit de sciences dures, qui seraient apolitiques ; rien n’est plus faux. Derrière chaque chiffre, il y a des hypothèses et des choix de société. Outre la barrière technique, l’indépendance de l’information est menacée par l’essor fulgurant de la communication, du marketing et de la propagande idéologique et militaire du XXIe siècle. Mieux s’informer sur l’état réel de nos sociétés, recouper les informations n’a jamais été aussi primordial.

    Désinformation économique – Repérer les stratégies marketing qui enjolivent les chiffres officiels (livre de Myret Zaki)

    …se veut un guide, qui vous sera utile pour ne pas vous laisser berner et vous permettra de mieux analyser, mieux anticiper, mieux investir, mieux vous protéger. Après l’avoir lu, vous ne prendrez plus les statistiques officielles ou les concepts à la mode pour acquis. Cet examen s’impose d’autant plus si l’on veut mieux comprendre le phénomène de perte de confiance dans les institutions et dans la parole officielle qui se manifeste dans les pays développés”.

  7. La banque centrale de Suède a récemment annoncé (avril 2022) la fin de la deuxième phase de test de l’e-couronne (monnaie numérique de banque centrale).

    Cette monnaie numérique serait techniquement prête à être intégrée dans les systèmes des banques et des “prestataires de services de paiement”. Les clients des banques devraient ainsi pouvoir échanger leur argent physique enregistré dans leurs comptes bancaires, contre la monnaie numérique de banque centrale.

    La deuxième phase du projet pilote de la MNBC (monnaie numérique de banque centrale) a également permis de tester les possibilités d’utilisation hors ligne de l’e-couronne. Cette phase de test visait en outre à apporter des réponses concernant certaines questions juridiques liées à l’e-couronne. La conclusion des études est que la monnaie numérique pourrait “être considérée comme une forme électronique d’argent liquide”.

    Le projet entre donc actuellement dans sa phase 3. La Banque de Suède n’a toutefois toujours pas confirmé officiellement son intention d’émettre effectivement (mais elle le fera sans doutes) une e-couronne au grand public. Et malgré les études réalisées lors de la phase 2, l’institution n’a également pas encore révélé le cadre juridique de cette MNBC. La Banque de Suède continue donc ses tests sur l’e-couronne et elle n’est d’ailleurs pas la seule à adopter cette position. La banque centrale du Japon continue également de s’intéresser à un yen numérique. Toutefois, elle n’est pas pour autant pressée de suivre les pas de la Banque populaire de Chine et son yuan numérique.

    Si certains pensent encore que le nouvel ordre monétaire mondial reste du domaine de l’utopie, ils peuvent déjà s’enlever l’idée de la tête!

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