Cette année sera pire que 2021

Comme cela était prévisible, l’appel du gouvernement fédéral suisse à la responsabilité individuelle n’a pas porté les effets attendus par celui-ci afin d’endiguer la diffusion du Covid-19 au sein de la population. Les fêtes de Noël et de Nouvel An ont sans doute contribué à diffuser davantage ce virus au sein des ménages, même si bien des entreprises et tous les instituts de formation étaient fermés.

Les autorités gouvernementales devraient avoir le courage et la clairvoyance de décréter un nouveau confinement, en imposant la vaccination obligatoire à l’ensemble de la population, afin que la réouverture des activités économiques puisse coïncider avec la vaccination de toute la population, à l’exception des personnes qui ne peuvent pas se faire vacciner pour des raisons de santé.

Le problème réside peut-être aussi dans le nom de cette pandémie. Les opposants à la vaccination pourraient penser qu’après tout il ne s’agit que d’un virus, à savoir d’un micro-organisme très similaire à celui qui propage chaque année la grippe saisonnière. Si le Covid-19 avait été appelé «lèpre», par exemple, peut-être qu’une partie importante des personnes qui ne sont pas encore vaccinées aujourd’hui parce qu’elles sont contre le vaccin auraient eu une attitude différente – puisque le mot «lèpre» fait encore peur dans l’opinion publique.

Or, au-delà du nom, c’est l’attitude des politiciens au gouvernement qui compte. Il s’agit, en fait, d’être rigoureux, clairvoyant et orienté vers le bien commun – trois caractéristiques qui sont de moins en moins perceptibles dans la classe politique et chez de nombreux autres acteurs de l’économie. Cela n’est pas surprenant, si l’on considère que la pensée dominante durant ces 30 dernières années est axée sur l’individualisme, entendez l’égoïsme qui stimulerait l’innovation et la maximisation des avantages individuels et collectifs selon le mantra du néolibéralisme.

Nul n’est prophète, mais on peut imaginer que lorsque la pandémie ne sera plus qu’un très mauvais souvenir, le néolibéralisme ne connaîtra pas le même sort mais continuera à dicter les choix publics, et sur le plan économique il pourrait même aggraver la situation des classes moyennes et inférieures.

En effet, les dépenses publiques vont commencer à être réduites de manière significative – sans aucune intention d’augmenter les barèmes d’impôt – afin d’équilibrer les comptes de l’État indépendamment de la nécessité d’offrir des services publics pour le bien commun. De leur côté, les entreprises vont augmenter la pression à la baisse sur les salaires des travailleurs de la classe moyenne, profitant de l’existence d’un grand nombre de chômeurs prêts à travailler pour des salaires qui ne leur permettent pas de vivre dignement dans leur propre pays.

Rien de nouveau, en somme, si ce n’est un niveau accru de difficultés pour de nombreuses personnes, ce qui n’augure rien de bon pour l’avenir – même si cela n’a pas d’importance pour les politiciens au gouvernement.

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.

29 réponses à “Cette année sera pire que 2021

  1. Matière à penser :

    1) de la CIA => « Alors que le décalage entre les gouvernements et les peuples se creuse de plus en plus, une rupture pourrait amener dans le pire des scénarios possibles à un soulèvement massif et sans précédent. »

    http://www.vice.com/fr/article/dyvvky/on-a-vraiment-lu-le-rapport-de-la-cia-sur-letat-du-monde-en-2040

    http://www.francetvinfo.fr/monde/usa/video-le-monde-en-2040-vu-par-la-cia-un-rapport-de-l-agence-americaine-de-renseignement-detaille-les-defis-a-venir-dans-un-horizon-qui-s-annonce-extremement-complexe_4613053.html

    2) du WEF => “Crise climatique et fracture sociale : voici les plus grandes menaces qui pèsent sur la planète.”

    http://www.novethic.fr/actualite/economie/isr-rse/crise-climatique-et-fracture-sociale-voici-les-plus-grandes-menaces-pour-la-planete-150478.html

    3) Des essais =>

    LE MONOPOLY DES INÉGALITÉS (www.franceinter.fr/societe/discriminations-un-monopoly-des-inegalites-pour-prendre-conscience-des-injustices)
    L’ÈRE DES SOULÈVEMENTS
    FAIRE SÉCESSION: UNE POLITIQUE DE NOUS-MÊMES
    PANDÉMIE: UN FAIT SOCIAL TOTAL
    ÉCONOMIE: ON N’A PAS TOUT ESSAYÉ !
    LE BIEN COMMUN, LE CLIMAT ET LE MARCHÉ
    LE DR MABUSE ET SES DOUBLES. OU L’ART D’ABUSER AUTRUI
    PROPAGANDE. LA MANIPULATION DE MASSE DANS LE MONDE CONTEMPORAIN
    LES MAITRES DE LA MANIPULATION. UN SIÈCLE DE PERSUASION DE MASSE
    REMARQUES SUR LA DÉSORIENTATION DU MONDE
    LA FABRIQUE DE NOS SERVITUDES

    1. Relatif =>

      La plupart des ouvrages que vous mentionnez … sont en vente sur Amazon.

      Comme disait Coluche : La dictature c’est « ferme ta gueule » ; la démocratie c’est « cause toujours »

  2. Réflexif =>

    “C’est un État en déficit chronique, où les plus riches échappent à l’impôt. Un régime à bout de souffle. Un peuple à bout de nerfs, qui réclame justice et ne voit rien venir. Un pays riche mais bloqué, en proie aux caprices d’un climat déréglé́. Telle est la France à l’été 1789. Jusqu’à ce qu’en une nuit, à Versailles, tout bascule. C’est la Nuit du 4 août.”

    http://www.lesavrils.fr/livre/l-abolition-des-privileges/

    Référencé dans LT du jour avec l’article “Affaires Djokovic, BoJo, Horta-Osorio: la fin des privilèges?”
    https://www.letemps.ch/opinions/affaires-djokovic-bojo-hortaosorio-fin-privileges

  3. “Les autorités gouvernementales devraient avoir le courage et la clairvoyance de décréter un nouveau confinement, en imposant la vaccination obligatoire à l’ensemble de la population”

    Alors là, vous nagez complètement à contre-sens… et pas uniquement de l’opinion de la population mais de la communauté scientifique !

    L’Occident, en général, était largement vacciné contre SARS-Cov2. Certains pays ont atteint des taux de vaccination historiques de plus de 95 %. Normalement avec un tel taux, la pandémie doit s’arrêter en quelques mois.

    Mais on savait déjà que le vaccin était peu efficace contre la contagion avec delta (autour de 50 % en moyenne). Ce qui est largement insuffisant pour contrôler la propagation et l’arrivée de nouveaux variants. Les épidémiologues le répètent: une vaccination de masse ne fait aucun sens avec un vaccin passoire qui ne protège pas de la contagion.

    Cette inefficacité a encore été péjorée par la nature hautement instable du virus (il mute plus vite que son ombre) et la très courte durée de l’immunité induite par les vaccins (entre 2 et 6 mois selon les cas).

    C’est d’ailleurs ce qui est arrivé, Omicron a tout balayé: quasiment plus aucune efficacité contre la contagion. Même en multipliant les doses, c’est un échec.

    Le bilan: les pays les plus vaccinés et qui ont pris les mesures les plus contraignantes ne s’en sortent pas mieux que les autres. Je vous propose d’ailleurs de comparer le bilan de la France et des USA pour ces 6 derniers mois: tout est dit !

    Attention, cela ne signifie pas que le vaccin ait été inutile. Bien au contraire: il a sauvé de nombreuses vies durant la vague delta et c’est extraordinaire ! L’erreur a été la vaccination de masse: il fallait cibler son usage sur les populations vulnérables, c’est tout.

    En s’épuisant à vouloir vacciner tout le monde y compris les enfants, certains pays ont, paradoxalement, augmenté la mortalité dans les groupes à risque qui n’étaient pas suffisament protégés. L’argument de les protéger indirectement était ridicule car le vaccin ne protège pas contre la contagion: face à une personne vulnérable, un masque était 15 x plus efficace que le vaccin ! (données scientifiquement vérifiables).

    Donc un tel vaccin, c’est comme une subvention: il faut cibler, pas arroser.

    D’ailleurs l’OMS réclame maintenant la mise au point de vaccins efficace contre la contagion pour mettre fin à la pandémie.

    Mais la nature nous a tendu une perche grâce à la possibilité d’immunité collective avec Omicron. Pour les personnes jeunes, Omicron c’est le vaccin ! De toute façon, impossible d’y échapper !

    La vaccination était obligatoire pour le personnel soignant. Cela n’a pas un empêché un taux d’absentéisme record pour cause d’omicron menaçant ainsi l’accès aux soins. Le même phénomène a été observé partout: classes a moité vides, profs. malades, train et avions annulés pour cause maladie de l’équipage, etc

    Même le ministre de la santé français en a fait les frais: malade après 3 doses en pleine défense du pass vaccinal (c’est un comble) !

    Les chiffres de l’OFSP sont clairs (allez les consulter avant de publier): omicron est bien plus contagieux mais bien moins dangereux surtout pour les moins de 65 ans. Ecoutez les propos d’Alain Berset hier soir. La messe est dite !

    D’ailleurs, quand les jeunes font tout pour s’infecter pour obtenir le fameux pass en évitant la 3ème dose (car certains ont été malades durant une semaine après la 2ème) et sautent de joie quand ils reçoivent un PCR positif, c’est que quelque chose ne colle plus !

    Les pays les plus malins ont compris: les USA, l’Espagne, l’Angleterre, etc. On rouvre tout. Même Israël jette l’éponge.

    Si vous voulez sauvez l’économie: il faut lever ce passport sanitaire au plus tard fin février.

    Vous n’y croyez pas ? Encore un complotiste ? En tant que scientifique, contre le dogme, je ne peux rien faire. Par contre, si vous êtes ouvert à une lecture des faits, je peux vous orienter sur un nombre importants d’études et d’articles qui pourront vous donner un autre éclairage de la situation.

  4. Pourquoi s’acharner encore et encore sur les non vaccinés, alors que nous somme une minorité qui ne pèse pas lourd dans la balance et que vous pouvez continuer à vivre sans même nous apercevoir ou vous allez ? au restos, à la piscine, dans la salle de fitness, au boulot vu que c’est télétravail obligatoire !

  5. “le mot «lèpre» fait encore peur dans l’opinion publique.”
    Dommage de vouloir manipuler avec la peur.
    De fait, cette maladie, ce n’est pas la lèpre.
    Dans quelques mois, la majorité de la population aura vécu une infection au covid.
    Donc gouverner par la peur n’est pas réaliste. Car les gens savent déjà ce que cela signifie le covid.
    Tout le reste du raisonnement s’écroule, car votre diagnostic est mal posé.

    Pour le reste oui, il y a des inégalité devant l’impôt. Mais cela n’a aucun lien avec le covid. C’est un problème de justice sociale et de cohésion.
    Oui, il faudrait repenser bcp de choses, et c’est une nécessité absolue.
    Mais pas avec un pistolet sur la tempe de la population comme manipulation.
    D’ailleurs, le pistolet ne devrait pas être dirigé vers la population, car le simple citoyen n’est pas le principal resposnsable des inégalités actuelles, ni de l’Etat du monde.

  6. Aïe aïe aïe, le sujet est hautement sensible.

    Durant cette dernière décennie, nos économies modernes se conjuguaient déjà au satisfecit de l’innovation incrémentale, tandis que la courroie de transmission monétaire et budgétaire alimentait la pompe à fric des spéculateurs – dans une quasi indifférence – bien loin de l’Intérêt général visé. C’est donc dans ce cloaque technocratique mondialisé que nos grands Timoniers ont évolué, rentes de situation en poche, alors que les chantres du néolibéralisme se devaient de patienter jusqu’au prochain signe de la providence. Cet effet secondaire de la mondialisation qui offrirait un jour ou l’autre le tracé vers une “innovation de rupture”. C’est ainsi qu’à l’aune de ce mois de novembre 2019, l’aléa systémique – Covid-19 – pourra dès lors remplir son rôle de choc exogène (de l’ordre du prévisible dans la théorie des risques et des effets de la mondialisation) en offrant son aubaine à l’ensemble des stratèges (politiques, technocrates, lobbies, cabinets de conseils et d’expertises en “sciences comportementales” baignés aux conflits d’intérêts) qui nous gouvernent. Une destruction qui n’aura rien de créatrice – selon les préceptes de Joseph Schumpeter (1883-1950).

    Après dix années d’austérité budgétaire et de frein à l’endettement qui auront finalement privé le bien commun de plusieurs milliards – à l’instar par exemple de notre voisin partit en “guerre” contre le Covid-19, mais se gardant bien à préciser que ses hôpitaux ont subi près de 12 milliards d’euros de coupes budgétaires sur la même période (combien pour la Suisse?) – croyons bien que l’économie disruptive n’a que faire de la “Lèpre”, au sens de Victor Hugo, car, disait-il, “la misère est une maladie du corps social comme la lèpre était une maladie du corps humain; la misère peut disparaître comme la lèpre a disparu. Détruire la misère! Oui, cela est possible. Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse; car, en pareille matière, tant que le possible n’est pas fait, le devoir n’est pas rempli.” Du point de vue de Victor Hugo, nos gouvernements auraient déjà failli mille fois. Tandis que la maxime d’Émile de Girardin nous rappelle que si “gouverner, c’est prévoir; ne rien prévoir, c’est aussi courir à sa perte” (Politique universelle, 1852). Nous voyons bien, à en croire le dernier rapport de l’ONG Oxfam, que la maladie du corps social n’est pas prête de disparaître quand “la fortune des milliardaires dans le monde a davantage augmenté en 19 mois de pandémie qu’au cours de la dernière décennie”. Et que depuis le début de la crise Covid-19, “un nouveau milliardaire naît toutes les 26 heures, alors que 160 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté.” Toujours dans l’indifférence de nos dirigeants respectifs!!!

    Si “gouverner, c’est prévoir” – selon la théorie des risques – pourquoi nos grands Timoniers ont laissé les sociétés pharmaceutiques à leurs brevets comme autant de monopoles qu’ils confèrent, et les énormes marges bénéficiaires (pour le grand Capital) qu’ils permettent de dégager – selon la théorie dominante – par “les risques” qu’elles prennent lors de la recherche et le développement complexes de nouveaux médicaments? En réalité, le secret de polichinelle nous montre qu’elles déploient plutôt tous les efforts juridiques, politiques et techniques pour minimiser et externaliser systématiquement les risques commerciaux à travers la recherche et le développement financés par des fonds publics! D’ailleurs, le très sérieux rapport “Big Pharma taxes it all” de l’ONG Public Eye, a analysé les stratégies des géants de la pharma pour maximiser leurs bénéfices (ainsi que les dividendes pour l’actionnariat) et la manière dont ils tirent profit de la crise, alors même que leurs produits ont été massivement financés par… des fonds publics. Les pays riches, comme la Suisse, protègent les intérêts de leur industrie pharmaceutique en entravant les efforts déployés à l’international en faveur d’un accès équitable aux vaccins, tests et traitements contre le Covid-19. Ne l’oublions pas. Or la santé est non seulement un bien commun mais surtout un droit humain que les États ont le devoir de protéger. Là aussi, les gouvernements ont faillit au sens de l’Intérêt général. Autant dire que dans ce contexte sanitaire (aux intérêts aussi mercantiles que variés) rendre la vaccination obligatoire pour des thérapies encore au stade expérimental (stade 3) – quelque soit les sensibilités de chacun.es que l’on se devrait de respecter – l’énoncé du gouvernement helvétique en matière de risque/responsabilité est simple et révélateur d’un profond malaise: “Seules les personnes ayant subi un dommage suite à une vaccination recommandée ou ordonnée par les autorités peuvent obtenir une indemnisation de la part de la Confédération”. Et voici le meilleur: “Cependant, l’indemnité ne leur est accordée que si le dommage n’est pas couvert autrement (responsabilité subsidiaire)”. En d’autres termes, le citoyen porte sur ses épaules l’ensemble des risques (sanitaires et financiers) propres aux effets secondaires d’une inoculation (vaccination) expérimentale. Là, les gouvernements l’ont très bien compris tout en assumant la socialisation des pertes économiques (pour l’instant) et la pharma la privatisation des profits. Dans la même veine, c’est-à-dire via le transfert des responsabilités et celui de la prime de risque, notre voisin direct illustre très bien ce phénomène, lui, partit en “guerre” contre la pandémie à coups d’informations, et de de désinformations, en finissant par fracturer le pays sur l’autel de la politique politicienne. Le “pass-vaccinal” n’étant plus qu’un outil au service de la théorie des choix publics et un levier portant la notion de démocratie dans d’autres sphères.

    Cette intervention n’est ni une ode à la non vaccination, ni un encouragement à cette dernière.

  7. Il faut comprendre que les non vaccinés peuvent avoir des raisons légitimes ( historiques, sociales, santé mentale, isolément, non confiance dans un vaccin fabriqué par l’étranger, etc.)pour refuser ou ignorer ces thérapies à arn. Un acte médical repose sur le consentement du patient, il ne faut pas perdre de vue cela. Tout au plus, devient-il important pour chacun, de ne pas stigmatiser et oppresser son prochain. Maintenir un dialogue éclairé et serein demeure primordial . Restons unis, faisons preuve d’humanité. Et au plus vite, entendons nous pour rendre les brevets des pharmaceutiques, du domaine publique.

  8. M. le Pr. va probablement recevoir une invitation pour rejoindre la Taskforce Covid en tant que responsable Marketing. La lèpre, rebaptisant la “gripette” pour lui donner un nom qui fait peur afin de justifier le massacre à l’aiguille dont ils sont victimes les occidentaux par leurs dirigeants, s’auto-infligeant un vaccin à l’essai non concluant, qui sera enfin de compte interdit en 2023, car il faut plus du mal que du bien!

  9. Voilà où les pouvoirs publics peuvent administrer “une cure d’austérité”, c’est-à-dire dans l’attribution des fonds publics à Big Pharma. Puisque les fonds dédiés à la “Recherche et au Développement” furent essentiellement canalisés au profit de l’actionnariat – depuis plusieurs décennies – peut-être est-il venu le temps de regarder d’un peu plus près les coûts imputés à l’ensemble de la société et dont Big Pharma s’est indirectement gavé par le truchement de la financiarisation.

    Une information qui vient de tomber à point nommé!

    https://www.latribune.fr/economie/innovation-comment-la-covid-cash-machine-bouleverse-l-industrie-pharmaceutique-901875.html

  10. Avec le phénomène de la “Grande Démission” qui a maintenant traversé l’Atlantique, nos gouvernements ne vont tout de même pas oser s’en servir pour nous offrir un taux de chômage des plus optimiste?

    http://www.shadowstats.com/alternate_data/unemployment-charts

    Ceci dit, l’Organisation internationale du Travail (OIT) prévoit désormais un déficit global en heures travaillées équivalent à 52 millions d’emplois à temps plein par rapport au quatrième trimestre de 2019. C’est deux fois plus que prévu en mai 2021.

  11. Tout comme en France avec le cabinet McKinsey, la Suisse s’est tirée une balle dans le pied dès l’instant où les dirigeants politiques ont prêté un des leviers de la gouvernance à la “behavioural insights”. Sans compter que les médias – comme “quatrième pouvoir” – ont trop pris à cœur leur rôle dans la “fabrique du consentement*”. Voilà de quoi ébranler la confiance!!!

    Rappelons que l’idée du “nudge” est la suivante : parce que nous sommes sujets à des “biais cognitifs” (rationnels ou irrationnels), nous n’agissons pas toujours comme nous le souhaiterions. Avec le “nudge” – issu des travaux portant sur les sciences comportementales – il s’agit dès lors d’orienter les comportements individuels en modifiant “l’architecture des choix”, c’est-à-dire en agissant sur le contexte dans lequel les gens prennent leurs décisions. L’OFSP avait déjà chargé la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW) d’étudier comment appliquer à la promotion de la santé et à la prévention des maladies non transmissibles les principaux enseignements tirés de l’économie comportementale. En collaboration avec la société FehrAdvice & Partners AG, l’OFSP avait également élaboré les lignes directrices comportementales-économiques pour les projets et mesures, qui pouvaient également servir de base à des ateliers. Aussi appelée “behavioural insights”, celle-ci s’intéresse au comportement humain. Elle peut compléter, voire optimiser des interventions ayant fait leurs preuves dans la promotion de la santé et la prévention (réf. OFSP)

    * Mon intervention du 12 janvier 2018 à 10 h 55 min.

    https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2018/01/08/linitiative-no-billag-fait-table-rase-du-pluralisme/#comments

  12. Le nouveau concept des libertés à la française, est-ce donc l’inspiration virale pour d’autres démocraties? Le “quoi qu’il en coûte”.

    […En validant le passe vaccinal, les “sages” du Conseil constitionnel valident un changement de modèle politique. Et se font les complices d’une déroute démocratique qui n’a aucun équivalent dans notre histoire récente.

    Ce nouveau modèle politique dans lequel nous entrons enterre la société de liberté telle que nous l’héritons de la Révolution française. Une société dans laquelle la liberté est le principe supérieur à tous les autres, une société des droits, une société où la Constitution – et ses gardiens – protège les citoyens de l’arbitraire du pouvoir, une société où la citoyenneté est une et indivisible. Ce que nous abandonnons dans cette crise, c’est l’immense héritage de la République et toute la tradition libérale qui en découle, c’est également cette idée simple, belle, que le pouvoir est au service des citoyens, et non leur souverain.

    Le nouveau régime dans lequel nous entrons est un régime autoritaire, un régime dans lequel les devoirs précèdent les droits (de l’aveu même du chef de l’État!), dans lequel la morale remplace le droit, où l’ordre est la condition de la liberté, où la citoyenneté se mérite. Un régime qui trie les bons des mauvais citoyens, qui institue un ordre moral qui se substitue au cadre légal…]

    Source: Le Figaro ~ 22:00 / 21 janvier 2022 – Mathieu Slama, consultant et analyste politique, collabore à plusieurs médias.

    1. La présidence française est assurée en 2022 par un ancien banquier – Emmanuel Macron – suspendu aux mamelles du néolibéralisme, comme ce fut déjà le cas en 1973 avec l’ancien banquier – le président Georges Pompidou – et son “quoi qu’il en coûte”!

      Extrait de mon intervention du 09 novembre 2021 à 23 h 10 min

      […C’est en France que le néo-libéralisme des années 80 a pris ses sources. La France n’est pas que la patrie des droits de l’Homme. Son rôle fut également crucial dans l’instauration de la pensée néolibérale qui affame aujourd’hui les peuples d’Europe. Sa responsabilité est immense dans la mise en place de cette tyrannie rigoriste et moralisatrice qui stérilise de nos jours toutes les forces vives de notre continent.

      C’est en effet la France qui, faisant une fois de plus office de précurseur, devait franchir en 1973 une étape historique sur le chemin de la libéralisation financière internationale, en s’interdisant de recourir à la planche à billets de sa banque centrale. C’est à cette aune qu’il faut interpréter les nouveaux statuts de la Banque de France, adoptés le 3 janvier 1973 – et particulièrement leur article 25 – indiquant que “le Trésor public ne peut être présentateur de ses propres effets à l’escompte de la Banque de France”.

      Mettant ainsi définitivement les États à la merci du système bancaire, puisque leur Trésorerie n’était de facto plus en droit d’emprunter auprès de sa banque centrale. Tournant crucial dans la gestion des finances publiques des nations occidentales (et même mondiales!) qui emboîtèrent dès lors le pas à la France, ne devant du reste rien au hasard à une époque où elle était présidée par un ancien banquier, Georges Pompidou. Peu importe, après tout, si la dette publique française, de 20% du PIB en 1970, devait dès lors connaître une descente aux enfers ininterrompue.]

      CQFD

  13. Une chose est sûre, comme l’affirme à juste titre le professeur Rossi dans la deuxième partie de son article, le néo-libéralisme aura de beaux jours devant lui, dans le monde d’après-Covid, avec sans doute une modification du partage de la valeur ajoutée en faveur des profits et donc une exacerbation des inégalités de revenus et de patrimoine. La raison en est la dégradation du pouvoir de négociation des salariés, en particulier des insiders dont les emplois vont être menacés par l’automatisation et la robotisation (transition énergétique, relocalisation de certaines activités stratégiques, menace des cols blancs par l’intelligence artificielle).

    Ceci étant dit, je me permets de faire quelques observations d’ordre général en m’excusant de ne pas aborder la situation vaccinale de la Suisse, que je ne maîtrise pas dans les détails. Sans parler de la délicate question: faut-il rendre le vaccin obligatoire au nom de la responsabilité collective et donc du bien commun?

    Il est largement admis que la pandémie ne pourra être éradiquée que si une forte proportion de la population mondiale est vaccinée. Faute de quoi, il existe un risque élevé qu’elle s’éternise en s’auto-entretenant au travers de ses variants dont on ignore la contagiosité et la dangerosité. C’est pourquoi la question de la levée des brevets sur les vaccins contre le Covid-19 est au centre des débats actuels. Le problème crucial que la communauté internationale doit s’atteler à résoudre consiste à trouver un compromis entre l’extension de la couverture vaccinale à la population mondiale et la protection juridique des innovations au moyen des brevets conférant un monopole temporaire aux inventeurs.

    Une levée temporaire des brevets sur les vaccins est sans doute la bonne solution. Mais force est de constater qu’elle ne fait pas l’unanimité au sein de la communauté internationale, principalement en l’absence d’une rémunération adéquate des innovateurs dont la motivation principale n’est pas le sacrifice pour le bien-être du genre humain, mais c’est la quête d’une rente de monopole. Comme on peut le constater, la main invisible de Smith est omniprésente, même dans les domaines comme la recherche scientifique ou la santé. De surcroît une suspension des brevets même limitée dans le temps n’est pas aisée à mettre en place, compte tenu de multiples contraintes juridiques et techniques.

    C’est vraisemblablement pour cette raison qu’une telle mesure, comme le revendiquent d’aucuns à tort ou à raison, demeure un véritable casse-tête juridique. En tout état de cause, il semble difficile d’échapper au dilemme: la santé publique ou le droit de propriété. Et comme toujours le diable est dans les détails, à supposer qu’on trouve une solution globalement satisfaisante pour les parties prenantes à un tel arbitrage.

    A présent il convient de discuter les tenants et les aboutissants de cette proposition de dérogation aux droits de propriété intellectuelle, en remarquant d’entrée de jeu que celle-ci n’est pas une vache sacrée, n’en déplaise à ses ardents avocats; il existe en effet des solutions techniques à la nécessité d’une diffusion de l’innovation dans la société, voire à l’échelle planétaire, sans pour autant porter préjudice aux innovateurs. Il va de soi que je ne vais pas être exhaustif sur un sujet aussi ardu que complexe par ses aspects économiques, technologiques et juridiques.

    D’emblée un constat s’impose: les pouvoirs publics ont contribué au financement des laboratoires pharmaceutiques, lesquels ont développé les vaccins dans des délais étonnamment courts au point de susciter le doute, voire l’hostilité dans le public, à l’encontre de leur efficacité et de leur innocuité. Pour cette raison il est tout à fait légitime de remettre temporairement en question la rente de monopole liée à l’innovation, laquelle est protégée par un brevet pendant une durée de vingt ans avant de tomber dans le domaine public et d’enrichir la société par ses connaissances techniques.

    Cependant, il n’est pas saugrenu d’affirmer que, sans l’argent public, les laboratoires pharmaceutiques n’auraient probablement pas pris le risque de privilégier et de développer des technologies de rupture ou des innovations de rupture comme le vaccin à base de technologie ARN messager. Sachant que les investissements dans les activités de recherche sont lourds et leurs résultats sont souvent aléatoires. En l’absence des subventions publiques, les firmes pharmaceutiques se seraient sans doute contentées de rester cantonnées dans les innovations incrémentales.

    Force est de constater que, sur ce point, il existe en effet un large consensus parmi les économistes de la recherche et de l’innovation: les vaccins développés pour la Covid-19 reposent sur une forte implication de la recherche fondamentale du secteur public de la recherche et des universités, en collaboration avec les sociétés de biotechnologie et des firmes pharmaceutiques. Ainsi le vaccin Moderna a été développé en coopération avec des chercheurs américains du National Institute of Health. Le vaccin d’AstraZeneca est issu d’une technologie développée à l’Université d’Oxford (technologie à vecteur viral non réplicatif).

    Quant au pays de Pasteur, il détient le bonnet d’âne en matière de vaccins contre la Covid-19, sans doute en raison du décrochage du financement public de la recherche en santé. En effet, la France a fait le choix de faire dépendre la santé des stratégies financières de quelques grandes entreprises pharmaceutiques. Ainsi l’entreprise Sanofi, un fleuron de l’industrie pharmaceutique française, illustre parfaitement l’incohérence de la stratégie de l’Hexagone, qui a confié son destin sanitaire à la finance, car l’industrie pharmaceutique est le secteur le plus financiarisé au monde. En outre, les chimistes et les biologistes ont cédé leurs places aux financiers dans les entreprises pharmaceutiques. Pour ces derniers qui ont pris le pouvoir décisionnel, la priorité est de conquérir des parts de marché et de répondre aux demandes des actionnaires en matière de rentabilité financière.

    A cet égard, rappelons que Sanofi n’a pas découvert de vaccin, alors qu’elle a largement bénéficié du crédit-recherche et de subventions publiques; mais paradoxalement ce soutien public a conduit à un désinvestissement en matière de recherche dans la mesure où l’entreprise en question a fait le choix de garantir et de renforcer les dividendes versés aux actionnaires quitte à mettre au chômage les chercheurs.

    Par ailleurs, la vertu des subventions publiques consiste à réduire le montant de l’investissement privé des entreprises engagées dans une activité de recherche aléatoire par essence, en vue d’innover (de nouveaux produits, de nouvelles technologies de production). Logiquement le soutien public implique une réduction substantielle du risque supporté par l’innovateur et par ricochet il remet implicitement en question la durée de la rente de monopole que le brevet confère à la firme innovatrice. En clair, nous devrions réviser à la baisse la durée d’amortissement du capital engagé par l’innovateur, et sans doute introduire des clauses de suspension temporaire du droit de propriété intellectuelle, en particulier dans les situations d’urgence sanitaire comme c’est le cas aujourd’hui avec la pandémie du Covid-19.

    Pour être tout à fait complet sur ce point précis, ajoutons que le droit international n’est pas adapté à un contexte sanitaire exceptionnel dans la mesure où il fait prévaloir les droits privés sur la santé, en entourant la notion du bien commun d’un flou artistique qui apporte de l’eau au moulin des ultra-libéraux. Ces derniers se retranchent en effet derrière le principe sacré de la propriété privée pour mieux torpiller toutes les initiaves généreuses visant à promouvoir le bien commun, alors qu’il est dans l’intérêt des milieux économiques que la population mondiale bénéficie de la vaccination, car la persistance de la pandémie est nuisible à l’activité domestique avec ses “stop-and-go” récurrents, tout comme au commerce international (arrêt ou perturbation de l’économie mondiale), et in fine à leurs profits.

    En tout cas, il existe des arguments économiques qui plaident en faveur de la dérogation temporaire au droit de propriété intellectuelle. De fait, les laboratoires pharmaceutiques sont concentrés dans les pays riches et détiennent un monopole sur les vaccins anti-Covid. Or, le monopole ne pratique pas la tarification au coût marginal et produit donc un nombre de doses de vaccins inférieur à celui qui est socialement optimal, résultant d’un marché concurrentiel. Avec un prix élevé et une offre insuffisante de doses de vaccin, on fait payer plus cher les vaccins aux patients ou plutôt à la collectivité via la sécurité sociale dont le déficit ne cesse de se dilater avec une menace à terme d’une privatisation pour faire le délice et la fortune des compagnies d’assurance privées.

    D’autre part le monopole n’est pas en mesure de répondre à la demande mondiale de vaccins, si tant est que le problème de financement de celle-ci soit résolu, notamment pour les pays les plus pauvres. En vérité, mettre en place une exemption temporaire sur les brevets, cela ne signifierait en aucun cas de priver les innovateurs de quoi que ce soit. En revanche, il est urgentissime de mettre un terme à un scandale insupportable, car les firmes pharmaceutiques veulent le beurre et l’argent du beurre. Comme nous l’avons déjà dit, les vaccins contre le coronavirus sont développés aujourd’hui avec des milliards d’euros et de dollars d’argent public. En effet, Les entreprises pharmaceutiques profitent de la manne financière publique et s’arrogent le droit de décider du prix et de l’offre des vaccins. En plus le prix qu’elles font acquitter aux patients et aux pays, est fondé sur la disposition à payer des consommateurs, ce qui exclut de facto les populations des pays les plus pauvres.

    C’est pourquoi sans solidarité internationale, et celle-ci n’a rien à voir avec la charité chrétienne et elle doit s’entendre au sens rationnel de la théorie des jeux (coopération), il semble difficile de venir à bout de la pandémie actuelle pour que le business des heureux gagnants de la mondialisation et des pollueurs de tout poil reprenne à l’échelle planétaire comme si de rien n’était, car il n’est pas exclu qu’on bascule dans un monde pire que celui d’avant, et de ce point de vue le titre du billet du professeur Rossi nous semble tout à fait approprié au scénario de l’après-pandémie. En outre, celui-ci est d’autant plus probable que la crise financière de 2008 nous a apporté la preuve que le monde des affaires a beaucoup de mal à se défaire de ses chères habitudes. Sans doute le monde bancaire avec sa finance de l’ombre est en train de nous préparer la prochaine crise financière à l’ombre de la crise sanitaire.

    En clair, les gains liés à une vaccination de la population mondiale, grâce à la levée temporaire des brevets pour produire des doses de vaccins en quantités suffisantes et à un prix relativement faible, surtout si on utilise les capacités de production et les compétences scientifiques disponibles à l’échelle planétaire comme le revendiquent à juste titre les pays comme l’Inde ou l’Afrique du Sud, ont de fortes de chances de compenser au-delà les pertes dues aux entorses à la propriété intellectuelle. Sachant qu’il existe des mécanismes pour dédommager les innovateurs, par exemple les Etats devraient acheter les licences d’office aux entreprises pharmaceutiques ou bien verser à ces dernières des royalties.

    Cette méthode semblerait être tout à fait appropriée au respect du contrat implicite entre la société et les innovateurs. Sans doute contribuerait-elle aussi à convaincre les opposants à toute dérogation temporaire aux obligations en matière de brevets au titre de l’accord sur les Aspects des droits de propriétés intellectuelles liées au commerce (ADPIC) devant l’OMC. Elle permettrait de donner des ordres de fabrication de masse de vaccins, en suspendant pour une durée limitée, non pas la propriété intellectuelle mais la production exclusive. Notons que cette possibilité existe dans les accords pourtant si libéraux de Doha.

    1. Comme l’explique très bien la professeure adjointe au Département d’organisation de la Copenhagen Business School – Megan Tobias Neely – la recherche souligne comment, pendant la pandémie, les banques parallèles (shadow banking) ont profité (et profitent) en investissant à la fois dans des secteurs en plein essor (tels que les Technologies de la santé et les services de livraison) et dans ceux qui ont connu des difficultés (notamment les secteurs du transport aérien, de l’énergie et de l’hôtellerie). De nombreuses entreprises de ces derniers secteurs ont vu le cours de leurs actions chuter fortement alors que leurs revenus chutent et que les investisseurs vendent leurs actions. La vente à découvert se produit lorsqu’un investisseur emprunte un titre et le revend ensuite sur le marché libre. Si le prix baisse, ils peuvent alors racheter l’action au prix le plus bas et réaliser un profit sur la différence.

      C’est là qu’interviennent les banques parallèles (shadow banking) pour investir dans le redressement de ces entreprises ou pour vendre à découvert (c’est-à-dire parier contre) l’action. C’est ce que les fonds spéculatifs ont fait qui a déclenché la récente “rébellion GameStop”. Un exemple de vente à découvert pendant la crise est la façon dont un gestionnaire de fonds spéculatifs a réalisé un bénéfice de 1,3 milliard de dollars en vendant à découvert des actions de centres commerciaux, sachant qu’ils seraient durement touchés par les “COVID-arrêts”. Effectivement, cela reste considéré comme un investissement hautement risqué (spéculatif) et l’investisseur (le spéculateur) peut perdre beaucoup d’argent, mais il est moins réglementé que d’autres sociétés d’investissement, car la “Securities and Exchange Commission” (SEC) des États-Unis considère ces “investisseurs fortunés et institutionnels” comme ayant moins besoin de protection. C’est dans ce climat “perpétuel” de laissez-faire que cette croyance fantasmée en des marchés autorégulés (c-à-d qu’ils s’autoréguleront au travers des prix; depuis qu’ils furent officiellement déréglementés par l’abbrogation du Banking Act de 1933) permit aux banques parallèles (shadow banking) de prospérer.

      Autant dire que le juteux business qui gravite autour des brevets et des thérapies anti-Covid fait le beurre des financiers, tout comme les opérations spéculatives (à la baisse) qui parient sur la misère actuelle et en devenir “grâce” au Covid-19 et ses variants.

  14. Ces nouveaux maîtres du monde – “les patrons” – qui ont soutiré un considérable avantage sur le pouvoir de nos démocraties à l’heure du Covid-19 et des confinements!!! Voici l’appréciation d’un ex-conseiller de banques centrales.

    https://michelsanti.fr/wp-content/uploads/2020/08/ARTICLE-LES-NOUVEAUX-MAITRES-DU-MONDE-2.mp4?_=2

    Puis ma réaction lui étant postée en août 2020:

    Qui nommait les GAFAM pour être le patron? L’actionnariat. Et qui se trouve au bout de la chaîne de valeur de cet actionnariat? Le citoyen; même celui qui s’ignore “actionnaire” par un pouvoir délégué implicitement à son fond de pension retraite, par exemple. Dit fond de pension déjà en main d’un fond d’investissement, par exemple. Ou le citoyen prit en otage de sa propre Banque Centrale nationale, à l’instar de la BNS (Banque Nationale Suisse) pour les Suisses, qui, à fin 2018, détenait pour 9.25 milliards de dollars d’actions Google, Amazon, Facebook et Apple. Suffit-il encore à constater l’ampleur du bilan de la BNS dépassant le PIB helvétique. Or, étant aussi entendu que les capitaux neufs ne sont plus une matière première activement recherchée par ces entités de hauts vols (les GAFAM), l’actionnaire s’est ainsi vu relégué progressivement à un rôle de simple subalterne. En ce sens, la notion même de l’actionnariat est attaquée sur ses bases par ces mastodontes.

    La dictature étant à nos portes, il devient donc urgent d’exiger à nos pouvoirs publics (et du législateur) l’organisation d’un démantèlement des GAFAM ou, à tout le moins, la mise en forme (et en place) d’une régulation ambitieuse qui leur est propre.

    OUI, mais!!!???

    La disruption de nos modèles économiques ne fait que révéler ce que les théoriciens de la “Public Choice” ont postulé et théorisé, à savoir que l’”Homo economicus” suit dans la sphère politique la même logique qu’il applique dans la sphère marchande: celle de la poursuite de son propre intérêt. Ce comportement se retrouve ainsi chez l’”Homo politicus” au pouvoir. De par sa fonction, sa priorité devrait être l’intérêt général et on pourrait l’imaginer comme désintéressé et au service du bien commun. En réalité, il cherche avant tout à maximiser son intérêt. Ainsi, il oriente son comportement en fonction de calculs qui lui permettent de se faire réélire: en proposant des mesures qui reflètent l’opinion de ses électeurs (et par électeurs, j’intègre le pouvoirs des lobbys).

    Bien qu’elles demeurent également un secret de polichinelle, les décisions politiques de grand chantier ne naissent pas dans les sphères du pouvoir mais dans les nombreux salons feutrés des cercles d’influences dont les multinationales détiennent les clés.

    Or, le plus inquiétant (et dangereux pour la cohésion sociale) réside au fait que par cette nouvelle concentration des pouvoirs, la ploutocratie s’est démocratisée au même titre que les plus vieilles kleptocraties.

  15. Et si l’on regardait l’économie autrement?
    Si la main invisible du marché disparaissait pour faire place à une liste d’environ 2800 noms représentant le 70% de la fortune mondiale.
    Si ces personnes sont assez puissantes pour qu’aucun gouvernement ne puisse les contrarier.
    Si au lieu de spéculer en rond, ces personnes pouvaient tout simplement mener des campagnes pour imposer leur intérêt, voire produire de nouvelles religions pour les justifier: inflation, campagne vaccinale perpétuelle, interdiction d’utiliser de vieux médicaments, pas de décarbonation de l’économie, privatisation de l’espace, etc…
    Alors, pour sûre l’Occident est mal parti en 2022 et les années suivantes aussi.

    1. Et si l’on poursuivait votre raisonnement en comparant l’économie aux écuries d’Augias, alors que les peuples s’imaginent toujours en Sisyphe heureux?

      Augias, roi d’Élide était le fils de Hélios, le Soleil. Selon la mythologie, son père lui avait donné un troupeau fabuleux, très nombreux car les animaux n’étaient jamais malades. Augias négligeait ainsi de faire nettoyer ses écuries et ses étables depuis une trentaine d’années et une odeur pestilentielle s’en dégageait et attirait des millions de mouches qui obscurcissaient le ciel. Eurysthée chargea donc Héraclès – cherchant par là son déshonneur – de nettoyer les écuries du roi. Pour y parvenir, Héraclès, comme un de ses travaux supplémentaires – ouvrit une brèche dans les murs des écuries, puis détourna le cours des fleuves Alphée et Pénée par le canal qu’il creusa. Il y fit passer les eaux fluviales par cette brèche et elles emportèrent les excréments des animaux vers la mer et les écuries furent ainsi nettoyées.

      Ainsi, GWASKELL, même si votre réaction en clin d’oeil est délicieuse et sa conclusion intimement pertinente, il me plaît à croire à la maxime d’Einstein, à savoir que “le monde ne sera pas détruit par les gens qui font le mal, mais par les personnes qui les regardent sans rien faire”. Même si cela paraît naïf, j’ose espérer que durant le jour d’après, les peuples saisiront l’opportunité à pourfendre les dogmes en s’imaginant heureux, à l’instar du héros de la mythologie grecque, Héraclès, une fois ses douze travaux accomplis.

      Bien à vous GWASKELL

  16. Cher Monsieur Rossi,
    il faut ouvrir les yeux, ouvrir votre esprit, vous renseigner mieux car ce que vous dites n’est pas à contre-courant mais totalement ridicule, à part le titre uniquement, avec lequel je suis d’accord.
    Le Nouvel Ordre a turbocompressé son agenda, il y a urgence, des personnes comme vous doivent se réveiller avant qu’il ne soit trop tard.
    Je suis quelqu’un de tout à fait sain d’esprit, avec un esprit ouvert, un esprit critique, et une liberté de pensée, je gère une entreprise de 25 personnes mais il faut se rendre à l’évidence.
    Regardez cette vidéo, c’est 1 heure, c’est évocatif https://odysee.com/@Isildan:8/MONOPOLY-WHO-OWNS-THE-WORLD-VOSTFR:1

    1. Cher Monsieur PATULACCI,

      Sauf votre respect, il ne me semble pas étonnant qu’un patron et-ou dirigeant (usage générique) – normalement coutumier des préceptes des monétaristes orthodoxes – réagisse avec une telle condescendance. D’autant plus que votre “référence” (une prise de conscience?) semble datée du 01 décembre 2021, alors que les multiples prises de position empiriques des économistes et financiers hétérodoxes – contre la doxa néo-libérale – datent depuis des décennies. Et pourtant leurs prêchent visant l’Intérêt général et le bien commun finissent toujours dans le désert, tandis que les adeptes de la pensée dominante et des sophismes fuient les bras de Morphée à chaque réalisation d’un aléa majeur. Étonnant, n’est-ce pas? Mais les dogmes (ai-je dis les obscurantismes?) restent toujours bien ancrés, suffit-il d’observer le résultat des dernières votations démocratiques en Suisse. Et si gérer une entreprise de 25 personnes c’est très bien et louable, pour autant, ça ne veux rien dire car si la gestion porte sur la valorisation de matières premières, par exemple, moi-même je peux tout aussi bien gérer une société composée de 25 traders qui conduira la vôtre à sa perte. Et pour laquelle je dégagerai des profits. La maxime de la City et de Wall Street n’est-elle toujours pas: “I’ll Be Gone, You’ll Be Gone”, soit en français, “je ne serai plus là, vous ne serez plus là”? Qui signifie clairement que les cataclysmes de demain – inévitables comme conséquence des comportements d’aujourd’hui – ne sont pas le problème des financiers qui ne seront plus ici… et que c’est d’autres qui devront gérer les problèmes. Choquant? Sachant que la pensée dominante suit le précepte de son pape, à savoir que “la responsabilité sociale de l’entreprise est d’accroître ses profits”. Sous-titre de sa tribune publiée dans The New York Times, le 13 septembre 1970:

      https://www.nytimes.com/1970/09/13/archives/a-friedman-doctrine-the-social-responsibility-of-business-is-to.html

      Ou plutôt paradoxal? Alors qu’au sein de nos sociétés modernes, la majorité populaire tend à soutenir inlassablement – directement ou indirectement – une financiarisation débridée.

      Enfin, en l’état des divisions, je ne vois donc pas en quoi une éminente personnalité à la notoriété internationale – dotée d’un esprit ouvert, humaniste et critique – n’a-t-elle le droit de provoquer un débat constructif au sens de la rhétorique, en secouant le cocotier sans ménagement, sans se prendre une volée de bois vert. Prenons comme exemple la philosophie du droit, puisque vous citez la liberté de pensée. La lettre et l’esprit de la loi ne désigne-t-elle pas ce débat toujours houleux sur les deux manières de concevoir le respect dû à la loi?

      https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2020/09/07/la-deuxieme-vague-sera-dordre-economique/#comments

      En conclusion: la fine intelligence de notre hôte – par ses deux chroniques des 09/2020 et 01/2022 – n’est-elle pas d’illustrer (par le débat) l’absurdité politicienne des variables Bénéfice/Risque – dans le temps et au sens des priorités – avec le rapport Coût sanitaire/Croissance économique? Question ouverte et-ou simple évidence.

      Bien à vous

  17. Des millions de masques défectueux ont été vendus ou distribués par les militaires suisses à des institutions, des particuliers et des écoles, à en croire le Tages-Anzeiger. Eh ben ça alors!!!

    “Achetés au prix fort au début de la pandémie, ils ont été bradés par l’armée, malgré les mises en garde des experts”. Pour la spécialiste du contrôle des dispositifs médicaux, Margit Widmann, la mise en circulation de ces masques était “irresponsable”. De là à penser qu’au sein d’un pays aussi riches que la Suisse, les intérêts mercantiles subrogent le bien commun, il n’y a qu’un pas qu’il n’est plus utile de franchir.

    En même temps, qu’espérer de mieux venant d’un pays qui fut déjà l’artisan d’un réservoir d’idées, tenu secret, pour un Libéralisme nouveau – aux intérêts mercantiles – dès 1947? L’Hôtel du Parc au Mont-Pèlerin – sur les hauts de Vevey – sera le “stam” de cette promotion et sera financé au fil des années par des banquiers et patrons d’industrie helvétiques (ce même genre de groupes d’influence qui n’a d’ailleurs jamais cessé sa générosité, notamment auprès des partis politiques suisses). Sans compter les rencontres fructueuses – tenues elles-aussi secrètes – dans les salons feutrés de Rive-Reine Nestlé avec nos élites au pouvoir. – Vous avez dit démocratie?

    Les intérêts mercantiles au détriment de l’Intérêt général et du bien commun ne sont donc pas une nouveauté, seules les formes perceptibles évoluent.

  18. Comme l’envisage très justement le professeur et dr. Sergio Rossi: “En effet, les dépenses publiques vont commencer à être réduites de manière significative – sans aucune intention d’augmenter les barèmes d’impôt – afin d’équilibrer les comptes de l’État indépendamment de la nécessité d’offrir des services publics pour le bien commun. De leur côté, les entreprises vont augmenter la pression à la baisse sur les salaires des travailleurs de la classe moyenne, profitant de l’existence d’un grand nombre de chômeurs prêts à travailler pour des salaires qui ne leur permettent pas de vivre dignement dans leur propre pays”

    SEPT MOIS…SE SONT SEULEMENT ÉCOULÉS.

    https://BLOGS.LETEMPS.CH/SERGIO-ROSSI/2021/06/07/IL-FAUT-REPENSER-LE-SYSTEME-FISCAL-APRES-LA-PANDEMIE/#COMMENTS

    RAYMOND
    8 juin 2021 à 12 h 33 min
    Si j’abonde effectivement dans le sens de la pertinente chronique du professeur Sergio Rossi, et pour autant qu’en théorie l’objectif recherché par nos pouvoirs politiques soit l’intérêt général, la réalité nous amène de plus en plus à voir l’État comme le client essentiel des secteurs “stratégiques” de nos systèmes. Autrefois, les égyptiens pensaient que Pharaon était, de par son pouvoir suprême, à l’origine de la pluie. Aujourd’hui encore, beaucoup pensent que le pouvoir politique peut “faire la pluie et le beau temps”, or, depuis 2008 et les crises successives, nous mesurons mieux la température d’un sentiment omniprésent dans nos sociétés réelles, celui marquant cette incapacité du pouvoir politique à contrôler l’économie et la finance, à influer sur ce qui s’est dématérialisé (l’argent, les flux financiers…), la complexité du monde laissant la financiarisation asseoir sa suprématie en profitant sans vergogne de statuts (et systèmes) fiscaux exeptionnellement extra-ordinaires. Si désuets sur le plan du bien commun, pourtant, mais toujours communément admis par un océan de serfs. D’ailleurs, cet asservissement contre nature fût aussi observé en matière d’inégalités lorsque le professeur et économiste hétérodoxe, Paul Krugman (prix “Nobel” d’économie en 2008), constatait cette même année ô combien les inégalités de revenus aux États-Unis sont redevenues aussi extrêmes qu’en 1920; les électeurs ayant pourtant voté en majorité – jusqu’en 2006 au moins – pour des candidats cultivant cette évolution. Faut-il alors croire que le “quidam” est à ce point tombé amoureux de sa propre servitude ou qu’il n’a simplement rien de rationnel sur le plan de l’homo oeconomicus? Nul doute que l’économiste Richard Thaler (un des pères de la science comportementale et titulaire du prix “Nobel” d’économie en 2017) penchera pour la deuxième option, lui qui a magistralement déboulonné la notion de l’agent économique selon la conception de l’économiste britannique John Stuart Mill (1806-1873). Paul Krugman concluera que “l’évolution des inégalités puise avant tout sa source dans des facteurs politiques”, tout en renchérissant que “la vie politique est bien tenue par les ploutocrates ». L’injustice fiscale n’échappant à cette “règle”.

    Certes, le pouvoir politique n’est qu’un pouvoir parmi d’autres et si l’on y regarde de près, le pouvoir politique a toujours dû composer avec d’autres forces : la religion, les banques, les médias, l’opinion publique…auxquelles s’ajoutent aujourd’hui les grandes multinationales et plus récemment les géants du numérique et des new tech’s (comprenant la robotique et l’intelligence artificielle). James M. Buchanan (prix “Nobel” d’économie en 1986) nous rappelait à cet égard que “si vous voulez améliorer la politique, changez les règles et revoyez la structure. N’attendez pas que les politiciens changent de comportement. Ils agissent en fonction de leurs intérêts”. Pourtant, avec le levier des politiques monétaires non conventionnelles, le pouvoir politique n’a jamais eu autant les moyens d’exercer son pouvoir pour le bien commun en reprenant la main, tout comme celui de saisir l’opportunité à déserrer l’étau de son fâcheux syndrome de Stockholm. Et pourtant! À l’instar des dix plaies d’Égypte selon l’Exode, nous faudra-t-il endosser de tels châtiments pour que “Pharaon” se ravise, ou combien de crises faudra-t-il endurer afin que le pouvoir politique retrouve du courage? “Si le monde ne touche pas à sa fin, il a atteint une étape décisive dans son histoire, semblable en importance au tournant qui a conduit du Moyen-âge à la Renaissance. Cela va requérir de nous un embrasement spirituel. Il nous faudra nous hisser à une nouvelle hauteur de vue, à une nouvelle conception de la vie, où notre nature physique ne sera pas maudite, comme elle a pu l’être au Moyen-âge, mais, ce qui est bien plus important, où notre être spirituel ne sera pas non plus piétiné, comme il le fut à l’ère moderne…”; cet extrait daté d’Alexandre Soljénitsyne – Le Déclin du courage – fait partie de son discours prononcé le 8 juin 1978 à l’Université américaine de Harvard, dont la devise est Veritas, et qui demeure toujours d’actualité.

  19. “Stratégie du choc” et “Paradoxe de la tranquillité”, antinomique dîtes-vous?

    Des travaux pourtant riches en enseignement ont été laissé dans la poussière et découvert par les économistes mainstream avec la crise de 2006, à l’instar du “Paradoxe de la tranquilité” d’Hyman Minsky. Fils de deux militants socialistes, l’hétérodoxe Hyman Minsky a rédigé sa thèse sous la direction de Joseph Schumpeter et de Wassily Leontief, dont les visions globales du capitalisme eurent une grande influence. L’objet fondamental de ses recherches – à savoir les racines profondes des crises – était hautement impopulaire à une époque où l’idéologie dominante du XXème siècle imposait une pensée économique. L’influence de la théorie des anticipations rationnelles et de l’hypothèse d’efficience des marchés financiers est alors devenue considérable dans le monde académique. Plus grave pour le devenir du monde, les décideurs politiques et les hautes administrations s’en accaparèrent et les transformèrent en véritables dogmes. N’oublions pas qu’une hypothétique stabilité économique porte en elle les germes de l’instabilité, car les périodes de grande fragilité ne font que faire écho aux périodes de prospérité relative.

    SEIZE MOIS…SE SONT SEULEMENT ÉCOULÉS

    https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2020/09/21/pouvoir-de-marche-inegalites-et-instabilite-financiere/#comments

  20. À l’époque, le professeur et dr. Sergio Rossi nous invitait à la réflexion en deux actes – et non des moindres – à savoir: (…) 1. “Ce changement majeur à la tête de la plus importante banque centrale au monde doit faire réfléchir toutes les personnes qui sont lésées par les choix de politique monétaire (…) D’une part, en nommant Powell à la présidence de la Fed, Trump a indiqué qu’il est possible de donner le levier monétaire à quelqu’un qui n’a jamais fait d’études en sciences économiques. Powell, en effet, a une formation de juriste, qui lui a permis de travailler dans le secteur financier pour une trentaine d’années au niveau managérial. Ce n’est donc pas l’expérience dans le secteur financier qui lui manque, mais plutôt la connaissance approfondie de l’analyse et de l’histoire de la pensée économique” (…) 2. “D’autre part, la nomination de Powell montre (une fois de plus) l’ampleur du pouvoir politique des institutions financières” (…)

    Quatre ans…s’écouleront bientôt!

    https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2018/02/19/la-fed-soudoyee-par-la-finance-de-marche/#comments

    RAYMOND
    1 juin 2018 à 12 h 16 min
    “Un futur Oscar risque bien d’être décerné à Jérôme Powell pour son rôle de « spin-doctor » dans « bullshit artist » (…) la Fed (Réserve fédérale) a proposé, mercredi 30 mai 2018 d’assouplir l’une des principales règles qui avaient été adoptées pour empêcher les banques de prendre des risques boursiers trop importants. La Banque centrale américaine veut s’attaquer à la règle Volcker, qui interdit aux banques de détails de faire des paris boursiers pour leur compte avec l’argent des déposants. La nouvelle mouture du texte viendrait « simplifier » la mesure pour la rendre « plus efficace », d’après Jérôme Powell, le nouveau président de la Fed, nommé à ce poste le 5 février 2018 (…) La règle Volcker partait d’un bon sentiment : éviter que les contribuables ne paient pour les risques inconsidérés des banquiers” (…)

  21. Dans un brûlot publié en juillet 2020 (que nous pouvons également le transposer en Suisse) C.Thiébaut, Chercheuse associée au CEVIPOF, Sciences Po – USPC et Ch. Destri, Chercheuse Postdoctorale, CEVIPOF, Sciences Po, en appellent aux responsabilités “des décideurs”:

    (…) Les élections en démocratie ont plusieurs fonctions. La première, évidente, est la sélection des gouvernants (…) Toutefois, les élections ne se limitent pas à cette fonction sélective. Cette dernière s’accompagne d’une évaluation rétrospective des performances des gouvernants. Ainsi, les élections répondent également à un impératif d’accountability. Le terme vient de la pratique financière de comptabilité, de tenue des livres dans lesquels étaient enregistrés le montant et l’historique des avoirs, dettes et accords. Au-delà de cette pratique dite de « bookkeeping », la notion d’accountability renvoie également à une pratique de « story-telling », c’est-à-dire à l’histoire qui accompagne et justifie ces comptes, sur la base d’obligations à honorer et de potentielles conséquences à assumer.

    Traduite dans la sphère politique, la notion d’accountability signifie que les gouvernants sont tenus de rendre compte de leurs actions et décisions auprès des citoyens”.

    Et comme je le recommandais humblement en septembre 2020, à l’heure où notre siècle apparaît rebasculer dans une version moderne des obscurantismes, il me semble à propos de citer cette expression latine issue des Epîtres d’Horace: “Sapere aude!” Qui signifiait: “Ose savoir!”

    Kant va redéfinir cette injonction comme étant la devise du siècle des Lumières en la traduisant par : “Aie le courage de te servir de ta propre intelligence!”. En ce sens, chacun d’entre-nous est en mesure à chasser les dogmes véhiculés par cette pensée dominante qui, aujourd’hui et plus que jamais, assombrit notre avenir.

  22. Le progrès… ah que de progrès!

    Il a conduit la société et les entreprises à créer et à produire encore et toujours plus avec toujours moins de capitaux et toujours moins de salariés – sachant qu’un travailleur produit plus de 350 tonnes d’acier en une heure aujourd’hui, alors qu’il n’en produisait qu’une seule tonne par année dans les années 1920 – pour autant, et contrairement à ce que l’on serait en droit d’attendre de la part d’une société qui produit plus avec moins, l’abondance ne bénéficie qu’à une infime minorité. En effet, qu’on le veuille ou non, le facteur Travail n’est plus une valeur (si ce n’est morale) car il disparaît et nous l’avons pourtant voulu (Jean de Sismondi). Rappelons-nous, “sous sa forme actuelle”, le travail est un concept récent dans l’histoire humaine. Jusqu’à la fin de la Renaissance ayant vu en 1602 l’avènement de la société par action, l’homme travaillait en effet pour lui-même. Artisans, agriculteurs et éleveurs, les hommes échangeaient leurs marchandises contre des biens et des services. C’est à l’avènement de l’ère industrielle que l’on doit l’apparition du travailleur peu qualifié, et donc facilement remplaçable. Les percées techniques fulgurantes inaugurèrent ainsi un monde nouveau dominé par une production plus rapide, et surtout peu onéreuse. Aujourd’hui, à l’ère digitale, l’histoire se répète mais avec une vélocité fulgurante car les objectifs poursuivis sont toujours identiques: tirer parti des dernières technologies pour augmenter l’efficience et la productivité, avec toujours moins de capital humain. Que de progrès? D’ailleurs, si la pandémie a mis en évidence un phénomène sans précédent, à en croire le ministère du travail des États-Unis qui a constaté une érosion de 4,5 millions de jobs – du jamais vu en vingt ans – certains y verront sans doute (avec la “Great Resignation”) les signes d’un rejet des “bullshit jobs”, pour reprendre l’expression de feu David Graeber (1961-2020). Ce docteur en anthropologie, économiste et professeur à la London School of Economics, ne postulait-il pas, bien avant la pandémie mondiale, qu’avec le prochain changement de paradigme, il nous faudra compter sur une révolte du salarié moderne ainsi qu’à une vaste réorganisation des valeurs qui placerait le travail créatif et aidant au coeur de notre culture et ferait de la technologie un outil de libération plutôt que d’asservissement; assouvissant enfin notre soif de sens et d’épanouissement?

    Une étude publiée récemment par la “MIT Sloan Management Review” (*) a analysé les facteurs dans 500 grandes entreprises pour y voir plus clair. Sa conclusion? Ce sont les “cultures toxiques” qui favorisent la grande démission. Sauf qu’à y regarder de plus près, les cultures “toxiques” ne sont pas là où on les imagine. Ce sont celles des entreprises… les plus innovantes et les plus performantes! Exemples: il y aurait 2 à 3 fois plus de départs chez SpaceX que chez Boeing, chez Netflix que chez Warner, et chez Goldman Sachs que chez HSBC. Est-ce à dire que les salarié·es de Netflix ou de SpaceX sont incapables de comprendre le sens de leur travail? Sans doute pas! On imagine bien, en revanche, qu’un turnover très élevé puisse faire partie du modèle de ces entreprises extraordinairement ambitieuses, et extraordinairement exigeantes. Jim Collins parlait déjà, dans “Built to Last”, de “cult-like culture” (culture de secte): les entreprises qui réussissent le mieux ont souvent une culture très forte. Cette culture en décourage beaucoup (d’où le turnover), mais ceux qui y restent adhèrent passionnément (d’où le succès). Rien à voir, donc, avec le “sens”, et tout à voir avec la culture d’entreprise et le style de management, pour les avis divergent.

    De mon point vue, ces deux visages de la “grande démission” sont comme les deux faces d’une même pièce, d’autant que le modèle de conduite des ayatollahs du néo-libéralisme s’inscrit dans la logique du “marche ou crève”.

    https://sloanreview.mit.edu/article/toxic-culture-is-driving-the-great-resignation/

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