Que va-t-il rester de cette décennie?

La seconde décennie du vingt-et-unième siècle est en train de terminer et il serait utile que l’ensemble des parties prenantes en tire des leçons afin d’en faire bon usage pour le bien commun dans les années à venir.

La pandémie éclatée au début de cette année sur le plan global est seulement le dernier événement en date d’une série d’événements dramatiques pour une partie importante de la population, qui a souffert et continue de souffrir à cause de choix (privés et publics) orientés à satisfaire l’intérêt d’une petite minorité de personnes – très influentes au niveau économique ainsi que sur le plan politique.

Le premier événement ayant marqué le début de ce siècle est la crise financière globale – éclatée au début de l’automne 2008 suite à la mise en faillite aux États-Unis de Lehman Brothers, une banque d’investissement dont le modèle d’affaires était basé sur la privatisation des profits et la socialisation des pertes. Étant donné que cette banque était exposée aussi vers les institutions financières en Europe, sa mise en faillite a touché le Vieux continent, en particulier la zone euro – où les banques en France et Allemagne ont montré toute leur fragilité sur le plan financier. De là a éclaté la crise de l’Euroland, qui a révélé de nombreuses faiblesses structurelles de l’Union monétaire européenne et que les partisans du néo-libéralisme ont erronément défini comme étant une crise de la « dette souveraine », attribuant ainsi la faute à l’État pour chercher à ne pas focaliser l’attention sur les aspects problématiques du libre marché.

La globalisation et la financiarisation des activités économiques (deux phénomènes qui ont pris de plus en plus d’ampleur dès les années 1980) ont poussé vers l’abîme le système économique actuel, qui était déjà très affaibli sur le plan structurel avant l’apparition du nouveau coronavirus (Covid-19) au début de cette année. Ces deux stratégies de management (à savoir, la minimisation des coûts au-delà de toute limite raisonnable et la maximisation de la valeur actionnariale de l’entreprise, au détriment de l’investissement dans la production) ont permis la diffusion du Covid-19 à l’échelle mondiale – tuant les personnes les plus faibles (ce qui a rendu service au sommet de la pyramide sociale).

Le dernier épisode dramatique de ces vingt premières années du siècle courant concerne les choix publics pour faire face à la crise économique suite à la pandémie.

Au lieu de prendre en main la situation de manière compétente et déterminée, afin de préserver la santé publique et contribuer de cette manière au fonctionnement ordonné du système économique, les autorités politiques, en Suisse davantage qu’ailleurs, ont une fois de plus donné la priorité aux intérêts d’une petite minorité de personnes. Les gouvernements nationaux ont ainsi aggravé la situation, tant sur le plan sanitaire que sur celui économique.

Si la politique et l’économie ne changent pas de route, la prochaine décennie sera pire que celle qui est en train de se terminer.

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.

17 réponses à “Que va-t-il rester de cette décennie?

  1. Comme vous, j’appartiens au commun des mortels, et comme eux, je suis conscient des problèmes que vous relatez. Ma seule possibilité d’influencer les décideurs, et très modestement, ne peut se faire que par mes droits d’électeur et par ma « politique » d’achat en tant que consommateur. Les politiques et financiers ont complètement sons-évaluer le risque sanitaire et on a vu le chaos sur l’ensemble de la planète. Le prochain risque annoncé est celui du climat, et la je constate aussi une nette tendance à la sous-estimation, ce qui peut laisser augurer un nouveau chaos mondial. Restons optimistes.

  2. Bonjour
    Ceci est plutôt le modèle d’affaires des banques centrales !

    “…. une banque d’investissement dont le modèle d’affaires était basé sur la privatisation des profits et la socialisation des pertes.”

  3. Alors même que nos économies modernes furent profondément meurtries lors de la conflagration de 2008, que les réponses monétaires de nos Banques Centrales (comme prêteur en dernier ressort) ne furent accompagnées des leviers budgétaires de gouvernements plus autistes les uns que les autres, faut-il être surpris de constater que les sociétés cotées les plus importantes au monde – anté pandémie – ont réussi à s’endetter durant la dernière décennie, à hauteur de 13.5 trillions de dollars (13’500 milliards de milliards) pour racheter leurs propres actions (manipulant de fait et légalement le cours de leurs titres par effet mécanique) jouant ainsi au casino Royal. Sans pour autant un réel ruissellement dans l’économie réelle. Et ceci dans une ère où les destinée de nombre d’entreprises sont déjà en mains de mégalomanes ayant largement privilégié l’ingénierie financière à la création de richesses au lieu d’investir intrinsèquement dans leur entité. Toute cette mécanique infernale, ou devrais-je dire ce “vampirisme”, a eu des effets désastreux sur nos économies réelles avant le choc exogène Covid-19.

    En 2014, Larry Summers, n’insistait-il pas – lui aussi – sur la probabilité du phénomène de  stagnation séculaire? Il y décrivait un retour à la stagnation séculaire qui avait nourri tant de débats après la crise de 1929: “Il s’agit d’un équilibre de sous-emploi dont les économies n’arrivent pas à sortir à cause d’un taux d’intérêt faible associé à une inflation quasi inexistante sur les marchés de biens et services quand le prix des actifs financiers est au contraire en hausse sensible. Le progrès technique dégage peu de nouveaux produits, les innovations entraînent surtout des économies de capital, l’investissement fléchit et il est impossible de le relancer parce que les taux d’intérêt sont déjà à zéro. L’épargne est alors surabondante. Elle ralentit la croissance économique faute d’un investissement public significatif limité par un endettement jugé déjà excessif au regard de ratios dette/PIB considérés comme insoutenables”. Au cours des dernières décennies, toujours pilotées par les dogmes orthodoxes, l’ingénierie financière a ainsi soldé l’équation tout en provoquant des crises financières récurrentes qui masquent la réalité de l’économie réelle. Ceci sans compter sur les politiques restés emmurés dans leur syndrome de Stokholm laissant aussi – et parallèlement – le champ libre aux entreprises zombies de pousser comme des champignons.

    Or, face au fléau que représente maintenant la pandémie mondiale qui se conjugue avec la quatrième révolution industrielle (numérisation, digitalisation, intelligence artificielle, robotique) et un prochain Bretton Woods monétaire avec les cryptomonnaies, les fruits du seul facteur Travail ne pourra assurer une vie décente à la plus large majorité des peuples, dès lors qu’il est désormais communément admis que la seule circulation du Capital, avec sa vélocité et les artifices qui lui sont associés grâce à la financiarisation, suffit à générer du Capital neuf, à contrario du facteur Travail déjà placé sur l’oblique d’une pyramide de Ponzi étayée et confortée par la schizophrénie de nos gouvernements. David Graeber, docteur en anthropologie, économiste et professeur à la London School of Economics ne postulait-il pas, bien avant la pandémie mondiale, qu’avec ce changement de paradigme (ai-je dit Grande Réinitialisation?) il nous faudra compter sur une révolte du salarié moderne ainsi qu’à une vaste réorganisation des valeurs qui placerait le travail créatif et aidant au coeur de notre culture et ferait de la technologie un outil de libération plutôt que d’asservissement, assouvissant enfin notre soif de sens et d’épanouissement? 

    Enfin, si le progrès est source de changement et d’adaptation pour réanchanter notre monde, souhaitons au moins que nos gouvernements le comprennent et qu’ils fassent honneur à leurs rentes de situation indécentes – pour de si piètres résultats – sans cela, ils nous ouvriront un autre chapitre sur les diktats modernes.

  4. Même si le pire n’est jamais certain, il existe une forte probabilité que les prédictions du professeur Rossi se vérifient dans la prochaine décennie dans laquelle nous allons basculer sous peu, tant que nous continuons avec le même modèle économique basé sur la rationalité myope, cupide et se souciant comme d’une guigne des inégalités de revenus et de patrimoine, de la financiarisation à outrance de nos économies et de la croissance démographique. En tout cas un monde clos ne semble pas compatible avec des besoins en expansion infinie à l’image de l’univers et cela malgré les moyens que nous offrent les innovations technologiques pour desserrer les freins à la croissance quantitative et à dominante brune en raison de l’énergie fossile.

    Sans vouloir jouer à l’oiseau de mauvais augure, nous devrions nous attendre à de multiples crises :le réchauffement climatique avec des flux migratoires de grande ampleur, une crise du système bancaire à cause de l’endettement du secteur privé. Sans oublier le fait que la révolution numérique pourrait évincer un grand nombre de personnes du monde du travail et de manière durable en l’absence des politiques publiques d’emploi et de formation adaptées et donc ciblées sur les personnes comme le revenu minimum conditionné à un emploi ou une formation notamment pour un public de jeunes. S’agissant d’un vaste sujet, Je vais limiter mon commentaire à deux types de crise : les conséquences de la révolution numérique sur l’emploi et le défi climatique.
    Avec la fin du soutien public à l’économie de nombreuses entreprises vont vraisemblablement faire faillite, ce qui pourrait provoquer l’explosion du chômage. La robotisation et l’intelligence artificielle vont sans doute aggraver le phénomène. Bien évidemment personne ne conteste l’idée que le progrès technique crée plus d’emplois qu’il n’en détruit à long terme, du moins c’est ce que nous apprend l’histoire industrielle en Europe. Mais la révolution numérique ne semble pas avoir les mêmes effets d’entrainement que la machine à vapeur, l’électricité, l’automobile ou l’invention des chemins de fer. En outre dans de nombreux pays de l’OCDE en dehors de la France et de l’Italie on observe une stagnation des salaires. C ‘est dire que les effets de la révolution numérique ne sont pas observables sur les statistiques de la productivité et donc celles des salaires .Par ailleurs, dans le monde de l’après-covid, nous devrions nous attendre à ce que de nombreuses activités jugées stratégiques soient relocalisées en Europe. Afin de compenser les coûts salariaux relativement élevés en comparaison de ceux des pays émergents, sans doute les entreprises vont recourir à la robotisation et l’automatisation . Or, les robots ne sont pas la panacée, car ils présentent des avantages et des inconvénients : ils ne craignent pas le virus en cas d’épidémie ( pas de normes sanitaires), ils ne font pas grève et travaillent pour leurs actionnaires, mais le revers de la médaille c’est qu’ ils ne cotisent pas au financement des organismes de protection sociale ( assurance-chômage, retraites, assurance-maladie…) sauf à introduire une taxe sur le capital ou sur les dividendes. En plus ils accélèrent la tertiarisation de l’économie avec des emplois peu ou prou qualifiés et mal payés. C’est pourquoi il n’est pas impossible qu’ils contribuent à accroître l’armée de réserve des outsiders. Cela pourrait aussi pousser les ménages à s’endetter pour compenser la faiblesse de leurs rémunérations et sans doute à déformer le partage de la valeur ajoutée en faveur des profits. Dans ces conditions il faudrait une politique budgétaire expansionniste financée par la création monétaire dans la mesure où l’inflation est une menace fantôme un peu partout. En revanche ce qui menace l’économie dans l’après-covid c’est la déflation avec les vagues de faillites des entreprises et de licenciements, sans parler du désendettement du secteur privé et de la fragilité du système bancaire qui doit désormais faire face à l’accroissement du poids des créances douteuses. C’est pourquoi ’il n’est pas exclu que la prochaine crise vienne des banques commerciales dont la plupart sont mal en point tout particulièrement en Europe.
    Cependant la taxation des robots ne fait pas l’unanimité parmi les économistes. Ainsi certains économistes comme Philippe Aghion estiment que la taxation est une mauvaise bonne idée, car les entreprises qui automatisent accroissent leur compétitivité et donc la taille de leur marché intérieur et à l’étranger et qu’elles créent plus d’ emplois. L’effet de substitution des hommes par les machines est donc plus que compensé par l’effet de part de marché. La solution selon les tenants de la pensée dominante dans l’après-covid c’est donc inciter les entreprises à innover tout en protégeant les personnes qui sont susceptibles de perdre leur emploi selon le modèle de flexisécurité à la danoise.
    Par ailleurs , notons que la crise sanitaire que nous continuons à traverser a fait passer le réchauffement au second plan. Alors que de l’avis des experts du climat le temps nous est compté pour agir vite et de manière coordonnée à l’échelle planétaire afin d’éviter que les changements deviennent irréversibles avec des dommages humains et naturels plus graves que ceux du covid-19. Il semblerait qu’il existe des vaccins contre le mal du climat : ce sont les politiques publiques et l’investissement dans la recherche et l’innovation.
    Notons que le rapport d’évaluation du Giec publié en 2014 estime que la température moyenne augmentera de 2,5°C à 7,8°C avant la fin du vingt- et- unième siècle. Or limiter l’augmentation à 1,5°C ou 2,5°C représente un défi énorme, surtout dans un contexte mondial de croissance démographique forte en Asie et en Afrique et un désir légitime d’un nombre important de pays d’accéder à un niveau de vie occidental, si tant est que celui-ci soit le bon modèle à reproduire un peu partout, ce dont on peut douter dans la mesure où il ignore la sobriété heureuse et la croissance qualitative.
    Pour rompre avec le statut quo qui nous mènera inéluctablement à la catastrophe, nous devrions transformer radicalement notre mode de consommation d’énergie, la façon de nous chauffer, de concevoir et d’implanter nos logements, de transporter les personnes et de produire des biens et services, de gérer notre agriculture et nos forêts. Selon les économistes les solutions techniques existent pour lutter contre le réchauffement climatique , par exemple ils recommandent l’instauration d’une taxe carbone au niveau mondial, droits d’émission négociables et la responsabilisation des acteurs économiques via des incitations. Mais force est de constater que ces mesures ne sont pas la panacée dans la mesure où leur mise en œuvre est problématique en raison de leur acceptabilité sociale. Ainsi certains pays peuvent adopter un comportement de passager clandestin pour laisser le coût de financement de la lutte contre le réchauffement aux autres et la fiscalité verte n’a pas bonne presse auprès des citoyens dont les revenus sont modestes ; en la matière il suffit de penser au mouvement des gilets jaunes en France qui a été déclenché par l’augmentation des taxes sur le carburant à des fins climatiques.
    En tout cas l’approche de la taxe carbone pose de nombreux problèmes relatifs à la vérification du respect de l’accord international et certains pays n’ont pas intérêt à jouer le jeu et donc à coopérer. Pourquoi ? Parce que les retombées positives de la taxation du carbone bénéficient aux pays tiers et rien n’incite les pays « free riders » ou passagers clandestins à facturer les coûts des émissions à leurs citoyens, leurs entreprises et leurs administrations ,même si une telle taxation bénéficierait aux finances publiques. Notons également que les autorités pourraient fermer les yeux sur certains pollueurs ou sous-estimeraient leur pollution et économisant ainsi le coût économique et social de leurs actions vertes. Enfin il serait hautement souhaitable de verdir la politique monétaire en contraignant la banque centrale à ne pas acheter les obligations et les actions des entreprises et des banques polluantes, cette idée est prise en compte par la BCE au même titre que la lutte contre les inégalités sociales, mais on ne peut pas dire la même chose à propos de la BNS qui continue à acheter à tour de bras les actions et les obligations des entreprises polluantes et non-éthiques dans le cadre de la stratégie de diversification de son portefeuille.

    1. Merci pour cet intéressant point de vue.

      Toutefois il est illusoire de penser que nous allons régler le réchauffement climatique avec nos gesticulations de multitudes fausses bonnes idées de production “écologique” (pareil pour CO2). L’inertie du climat se compte en siècles, pas en années ! Alors promettre que changer notre consommation pour 2030 va avoir un quelconque effet sur le climat est un mensonge effronté.

      Pour ce qui est de l’endettement du privé en Suisse et l’exposition des banques, je vous laisse juge avec ce rapport de AVENIR SUISSE, mais si notre économie n’est pas soutenue par MILLIARDS par le CF pour éviter les faillites personnelles et d’entreprises, on va droit dans le mur:
      https://www.avenir-suisse.ch/fr/lendettement-prive-suisse-est-il-trop-eleve/

      Belles Fêtes de fin d’année et espérons que COVID-19 soit vite un mauvais souvenir pour que l’économie reprenne comme avant.

      1. Merci pour votre commentaire et le partage. Je vous souhaite également de bonnes fêtes de fin d’années et espérons que les vaccins nous libéreront de ce maudit virus qui est en train de tuer la vie économique et sociale à petit feu.

  5. Bonjour NOEL,

    Sous l’angle du capital naturel, pour le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat sous l’égide de l’ONU), le lien entre le dérèglement climatique et l’exploitation des énergies fossiles est extrêmement probable, c’est-à-dire avéré à 95%. Et comme une évidence, il est tout naturel de poser le constat suivant : « le capital naturel a déjà été détruit ou endommagé de manière irréparable par le système économique ». Ceci me renvoi à mon intervention du 28 mai 2019 – à 21:26 – et dont le professeur S. Rossi a titré sa chronique : « Les limites de la croissance économique sont désormais évidentes ».

    Nos outils de mesure et notre grille de lecture sont devenus des reliques.

    Non seulement la croissance économique, mesurée par rapport à l’évolution du Produit intérieur brut (PIB), est devenue une obsession pour la plupart des économistes, des institutions financières et des politiciens, mais la nature même du « PIB est désormais obsolète » pour paraphraser l’économiste hétérodoxe, Joseph Stiglitz, car ce thermomètre reste imparfait eu égard aux nombreux agrégats déjà pervertis par l’idéologie dominante. Durant le WEF de Davos, en janvier 2016, la fronde de Joseph Stiglitz résonnera encore en prônant que les instruments de mesure de l’activité économique doivent urgemment évoluer. Pour ce qui a trait à l’économiste hétérodoxe Paul Krugman, lui aussi titulaire du Prix de la Banque de Suède en sciences économiques (Nobel), il publiera une critique éloquente du PIB dans une tribune: « Le Viagra et la richesse nationale symbolise la problématique ambiguë d’un produit, le Viagra, qui donne du bonheur aux utilisateurs/consommateurs alors que sa présence dans les statistiques de production est quasiment absente ».

    Quant à la notion du PNB (Produit national brut), nos sociétés modernes et développées feraient bien de s’inspirer du Bouthan, avec son BNB (Bonheur national brut), cet indice qui sert à mesurer le bonheur et le bien-être de la population du pays et qui demeure inscrit dans la constitution promulguée le 18 juillet 2008 ; il se veut une définition du niveau de vie en des termes plus globaux que le PNB. D’ailleurs, dans un excellent papier de la chroniqueuse économique Myret Zaki, n’a-t-elle pas aussi lancé un pavé dans la mare en arguant que « la croissance agrégée ne dit plus rien, en réalité, des améliorations du bien-être économique d’une population dans son ensemble », pour enchérir « qu’entre 1980 et 2016, les 1% les plus riches ont accumulé 28% de la croissance agrégée des revenus réels aux Etats-Unis, en Europe occidentale et au Canada, tandis que les 50% les moins riches en ont eu seulement 9% ». Comment s’étonner encore de son constat, parmi ceux de tant d’observateurs économiques, pour qui « les rapports annuels des entreprises se sont eux aussi mués, au fil des années en vecteurs de marketing autant que de reporting. Les illustrations prennent toujours plus de place, le texte fait la part belle aux réussites et les tableaux de chiffres viennent ensuite. Les exigences de divulgation financière se sont certes accrues, mais au même moment, leur poids dans les rapports est devenu très relatif ». Comment, dans ce contexte généralisé de tricherie économique, nier les limites de la croissance? S’il est devenu évident que notre planète vit à crédit, il en va de même pour la majorité de ses locateurs.

    En 2004, après trois décennies de croissance économique et démographique exponentielle, les auteurs d’une nouvelle édition du rapport Meadows (en 1972, à la demande du Club de Rome, de jeunes chercheurs américains rédigent un rapport, « The Limits to Growth », qui crée le scandale : nous sommes à la veille du premier choc pétrolier et pour beaucoup le credo de la croissance économique ne saurait être remis en question) confirment leur premier diagnostic et alertent les acteurs politiques et économiques en proposant différents scénarios de transition vers un développement « soutenable ». Désormais le concept même de « développement durable » paraît complètement obsolète pour Dennis Meadows : « C’est trop tard » répétera-t-il à Paris en 2012, avec un grand sourire un peu désabusé, « nous avons dépassé les limites depuis déjà longtemps ».

    Alors, la croissance économique ne fut-elle pas déjà bornée à l’aune des années 1970, à l’heure où l’École des monétaristes prenait le pouvoir sur le monde économique ? L’émergence de la financiarisation de nos économies, dites modernes, ne fut-elle pas les prémisses d’un détournement planifié des richesses (et le pillage des ressources naturelles) avec la bénédiction successive des détenteurs de rentes de situation à l’instar des pouvoirs politiques, comme déjà décrit dans la théorie des choix publics, ceci au détriment de l’Intérêt général ?

    https://i0.wp.com/michelsanti.fr/wp-content/uploads/2018/10/%C3%A9cart-productivit%C3%A9-salaires.png?resize=538%2C305&ssl=1

    Après 50 ans d’injustices économiques établis sur des leurres et la croissance exponentielle de la financiarisation, combien d’années faudra-t-il encore pour nier les évidences et changer de paradigme ? Les aficionados de l’ultra-capitalisme d’hier sont-ils devenus à ce point une nouvelle frange du marxisme-léninisme des temps modernes ?

    http://iris-recherche.s3.amazonaws.com/uploads/attachment/file/Untitled12.png

    Bien à vous

    1. Bonjour Raymond,
      Un grand merci pour cet éclairage. Je partage entièrement votre analyse . En effet nous avons besoin de revisiter les indicateurs économiques qui sont censés mesurer notre bonheur brut, non seulement ils sont devenus obsolètes comme vous le mentionnez à juste raison dans votre commentaire, mais aussi ils peuvent inspirer de mauvaises décisions aux responsables politiques. Ainsi un taux de croissance du PIB de 5% par exemple, dont rêvent la plupart des gouvernements des pays de l’0CDE, tout particulièrement par les temps qui courent, reste muet sur les inégalités de revenus, sur les dommages infligés à l’environnement et au climat, les activités socialement utiles mais non prises en compte par la comptabilité nationale, en rappelant en passant que cette idée est souvent illustrée par la boutade de Cecil Arthur Pigou : un économiste célibataire qui épouse sa servante réduit le bonheur national brut. Si l’on voit les choses sous le seul angle de l’efficacité telle qu’elle est définie dans les manuels de la science économique, il est clair que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles comme aurait dit le docteur Pangloss. Seulement voilà, l’efficacité n’est pas l’alpha et l’oméga de l’activité économique, car il n’est pas impossible qu’elle implique la concentration de la richesse entre une poignée de mains, si bien qu’il n’est pas déraisonnable d’affirmer qu’on peut mourir de faim dans une économie efficace selon le critère parétien. C’est pourquoi l’efficacité si chère aux économistes adeptes de l’hypothèse de l’efficience des marchés n’est pas tout, et de ce fait elle mérite d’être tempérée dans ses excès par des considérations d’équité, lesquelles peuvent revêtir diverses formes : une fiscalité adéquate et progressive, l’intervention de la puissance publique pour corriger les défauts des marchés : externalités, pouvoir de marché, risque systémique inhérent au monde de la finance, risque pandémique, inégalités de revenus, de patrimoine et de chances. A ce propos notons que dernièrement Joseph Stiglitz qui s’est penché sur l’élaboration d’indicateurs de bien-être social et de développement durable avec d’autres économistes de renom, a attiré l’attention sur le fait que la mondialisation conduit à la concentration des entreprises et à l’accroissement des inégalités, en rappelant la célèbre phrase de Smith : quand les capitalistes ou les maîtres se réunissent c’est toujours pour s’entendre sur le dos des consommateurs et des salariés : hausse des prix et baisse des salaires.
      Par ailleurs ce qui est frappant c’est que les tenants de la pensée dominante considèrent comme acquis le fait que le niveau du PIB par tête plus élevé entraine plus de bonheur. Les données disponibles mesurant le bonheur montrent cependant que la réalité est plus complexe, voir par exemple les travaux cités par Blanchard et Cohen dans leur ouvrage de macroéconomie. La conclusion qui en émerge est qu’un niveau plus élevé du PIB n’est pas associé à plus de bonheur, si tant est qu’il existe un consensus sur ce qu’on entend par bonheur. En effet, la notion de bonheur peut différer d’une culture à l’autre et même au sein d’un même pays le niveau de bonheur peut évoluer au cours du temps. A cet égard les études empiriques relatives à la société américaine ne confortent pas l’idée que la hausse du niveau de vie mesurée par le revenu s’accompagne d’une augmentation du pourcentage de personnes se déclarant heureuses. En tout état de cause, on est enclin à penser que le bonheur semble dépendre davantage du revenu relatif des individus. Mais, au-delà de leur caractère contestable, vu que le bonheur est une attitude face à la vie, et donc il est variable selon les sensibilités , le niveau d’éducation et d’autres paramètres psychologiques des individus, ces études empiriques regardant le bonheur par le petit bout de la lorgnette, à savoir le critère monétaire, peuvent avoir d’importantes conséquences pour la politique économique, du moins dans les pays de l’OCDE : il se pourrait que la croissance économique ne soit pas la clé du bonheur, ce qui pourrait constituer un argument en faveur de la sobriété heureuse et donc compatible avec une vision d’une croissance durable et respectueuse des normes sociales, sanitaires et environnementales et ce d’autant plus que nous vivons dans un monde fini et clos forcément incompatible avec des besoins illimités et une croissance démographique hors de tout contrôle et celui-ci n’a pas besoin d’être autoritaire comme ce fut le cas en Chine avec la politique de l’enfant unique. Enfin une dernière remarque : il est vrai que le modèle de la croissance de type schumpétérien véhicule une vision optimiste en faisant la part belle aux innovations technologiques, car celles-ci nous promettent une croissance sans limite grâce à la destruction créatrice qui est au fond une guerre entre les rentes anciennes et les nouvelles rentes. Autrement dit on continue à raisonner dans le même modèle économique de croissance quantitative avec de nouvelles parts de marché à conquérir tant à l’intérieur qu’ à l’étranger. En France le chantre de cette vision est Philippe Aghion qui affiche un optimisme de combat inoxydable , selon lui l’innovation technologique est vraiment la bonne à tout faire, car elle est susceptible de réduire les inégalités et de nous sortir du pétrin dans lequel nous a mis le coronavirus :”Le Covid amplifie la destruction créatrice, mais cette dernière, en ces circonstances, peut aussi sauver l’économie», estime l’économiste. Il serait hautement souhaitable que monsieur Aghion apporte son expertise technique pour nous aider à changer de paradigme plutôt que de nous répéter ad nauseam que c’est dans les vieilles marmites que nous réussissons les bonnes soupes!

    2. A propos du bonheur national brut du Bhoutan. Il est exact que le roi de ce petit pays pauvre niché entre l’Inde et la Chine, a déclaré en 1998 que l’objectif du royaume serait d’atteindre le niveau le plus élevé du bonheur national brut. Seulement voilà, le bon roi a commis une erreur fatale en levant l’interdiction de posséder une télévision, car au même moment le magnat de la presse Rupert Murdoch a fourni quarante-six chaînes, à travers son réseau Star TV. A l’instar des habitants des pays riches, les habitants du Bhoutan ont vu le lot habituel de violence, de sexe, de publicités pavloviennes, des romances… Comme on peut l’imaginer le résultat ne se fit pas attendre : les divorces, la criminalité, la consommation d’alcool et de drogues ont immédiatement augmenté. Mais il est vrai que l’enfer est pavé de bonnes intentions.
      Or, selon le sociologue américain Robert Putnam, la télévision contribue notablement au déclin de l’esprit civique, car trop de temps passé devant le petit écran se fait au détriment du capital social. La télévision absorbe donc le temps qui aurait dû être consacré aux amis, à la famille, à la vie associative … En outre la télévision offre une gratification immédiate au téléspectateur qui se fait au détriment d’un apprentissage exigeant comme pratiquer un sport de haut niveau ou apprendre à jouer d’un instrument de musique. Autrement dit la télévision offre un plaisir qu’on regrette.: les humains s’adonnent à des activités qu’ils regrettent ensuite d’avoir pratiquées. Ce problème d’incohérence des préférences nous dit qu’en chaque être il existe deux personnalités en conflit permanent, de véritables Dr Jekyll et Mr Hyde, jumeaux inséparables qui se détestent cordialement. Jon Elster propose une solution à ce problème d’incohérence en s’appuyant sur l’exemple d’Ulysse et les sirènes dans l’Odyssée d’Homère: Ulysse est sommé de gérer rationnellement son irrationalité. Il connait ses tentations , céder au chant des sirènes, il les gère par anticipation en liant au mât du vaisseau celui qu’il ne veut pas devenir. Par exemple un individu qui veut épargner pour préparer ses vieux jours , a intérêt à souscrire à un placement illiquide pour éviter de dépenser tout son revenu dans le présent et donc sacrifier sa consommation future.
      En général le bonheur s’évanouit dès lors que les individus commencent à se comparer les uns aux autres et malheureusement ils ne peuvent échapper à cette comparaison imposée par le le jeu social. A ce propos l’économiste suisse Bruno Frey a proposé une classification très utile lorsque les gens se comparent aux autres. Il nous invite à distinguer les biens extrinsèques et les biens intrinsèques. Les premiers portent sur le statut , la richesse : ce sont les signes extérieurs de réussite sociale, les patrimoines sociaux qu’on accumule au cours du temps. Les biens intrinsèques sont liés à l’affection des autres, l’amour, le sentiment d’avoir un but dans la vie. Les biens extrinsèques aiguisent la compétition et la rivalité sociale, alors que les biens intrinsèques augmentent le bien-être et favorisent la coopération et des attitudes altruistes.

    3. Bonjour NOEL, merci pour vos compléments stimulants.

      La perversité du consumérisme débridé n’est pas un fruit du hasard mais elle s’est nourrie de l’exploitation de nos réflexes pavloviens au travers de nos biais cognitifs. D’une part – Gabriel Tarde n’a-t-il pas rendu les médias responsables de la manipulation que Le Bon attribua au meneur en affirmant que l’«âge des foules» sera remplacé par l’«âge des publics» ? « Public Opinion », l’ouvrage de Walter Lippmann, n’étudie-t-il pas la manipulation par les médias en définissant le concept de «fabrique du consentement» ? Et Harold Lasswell, n’a-t-il jamais défendu que la propagande est utile aux démocraties car elle permet aux citoyens d’adhérer à ce que les «spécialistes jugent bon pour eux » (les spécialistes de la pensée dominante?) – et d’autre part, cette exubérante consommation irrationnelle joua avec nos « Esprits animaux » pour reprendre le titre de l’ouvrage de George Akerlof et Robert Shiller : « Animal Spirits – Comment nos comportements irrationnels gouvernent l’économie ». Quant à Richard Thaler (un des pères fondateurs de l’économie comportementale), dans son ouvrage Misbehaving, ne constate-t-il pas que désormais « ce sont les fous qui sont désormais à la tête de l’asile» ? Pour l’anecdote, on se rappellera aussi que l’application de la psychologie (comportementale) ne s’est pas uniquement cantonnée à l’économie (EC) mais aussi à la sphère financière (FC) et politique (Public Choice theory).

      Et comme nous le dénonça en son temps Noam Chomsky du Massachusetts Institute of Technology (MIT) : « nous pouvons être désolé des conditions dans lesquelles les questions surviennent, mais la chose à faire est d’essayer de les (les peuples) faire sortir de leur prison intellectuelle qui n’est pas simplement accidentelle », pour renchérir en reprenant l’expression figurant dans l’oeuvre clé d’Adam Smith (La Richesse des nations) que de gros efforts sont nécessaires pour arriver à rendre les gens « aussi stupide et ignorant qu’il est possible de l’être pour un humain ». Le consumérisme débridé s’inscrit donc dans la suite paradoxale des ouvrages prémonitoires de science fiction (Le Meilleur des monde & Retour au meilleur des mondes) de l’écrivain Aldous Huxley (1891-1963) pour qui « la dictature parfaite serait une dictature qui aurait les apparences de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader, un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude. »

      Ceci étant dit, Bernard Stiegler, philosophe et essayiste nous le faisait aussi très bien remarquer – dans une tribune datée de 2009 – que notre modèle a détourné tous les désirs du consommateur vers les objets de consommation en se développant tout d’abord de manière heureuse (modèle fordien et keynésien) mais il s’est transformé par la suite en machine à détruire la libido. Alors règne la consommation addictive fondée sur la satisfaction immédiate des pulsions. Le résultat est que la société de consommation ne devient plus productrice de désirs mais de dépendances. C’est un modèle dangereux: le consommateur y devient malheureux comme peut l’être le toxicomane qui dépend de ce qu’il consomme mais déteste ce dont il dépend. D’où une frustration grandissante et des comportements qui inquiètent comme la destruction de la structure familiale, la peur des adultes à l’égard de leurs propres enfants ou une déprime généralisée…

      Héraclès reste bien loin de nettoyer les écuries d’Augias tandis que chaque année le Mythe de Sisyphe (Camus) reprend vie.

      Cordialement

  6. Bonjour PICSOU,

    Merci pour votre intervention que vais toutefois nuancer. Lorsque vous nous dites : « si notre économie n’est pas soutenue par MILLIARDS par le CF pour éviter les faillites personnelles et d’entreprises, on va droit dans le mur », certes, (bien que nous n’échapperons pas à ce dernier) mais nous devons garder d’une part à l’esprit que les plans de sauvetage, en ce sens, sont des aides d’État, car ils impliquent une injection de fonds publics dans des entreprises privées ou des garanties pour celles-ci. Et comme le soulignait déjà très bien Nelly Kroes (Commissaire européen à la Concurrence) en octobre 2008, « les actionnaires ne doivent pas non plus bénéficier du soutien public au détriment des contribuables et recevoir des profits excessifs. Il faut aussi des garde-fous pour éviter que les comportements du passé, trop risqués, ne puissent continuer grâce à la garantie de l’État ». Pourtant, en analysant la situation de 2008 à fin 2019, on peut prendre toute la mesure des nouveaux errements qui se sont affichés comme autant de « profits sans prospérité », pour paraphraser l’étude de Harvard datant de septembre 2014 et dirigée par William Lazonick (une étude que l’on pourrait qualifier de profits artificiels pour une infime minorité, et de stagnation séculaire pour le troupeau).

    https://hbr.org/2014/09/profits-without-prosperity

    D’autre part, pour ce qui a trait aux entités défaillantes, nous devons garder en mémoire que les « sociétés zombies » consomment de précieuses ressources tout en prévenant l’apparition d’entreprises réellement productives. L’accumulation de ces entreprises pourries – sauvées avec de l’argent public (et-ou par les mesures non conventionnelles des banques centrales) et qui auraient certainement disparu sans la pandémie – empêchent donc l’allocation efficiente du capital qui ne profite ainsi que fort peu aux sociétés dynamiques. Et ce fléau de « sociétés zombies » s’exacerbe avec l’environnement des taux négatifs. Deux experts de la Banque des Règlements internationaux, Ryan Banerjee et Boris Hofmann, n’ont-ils pas étudié le phénomène en analysant les entreprises zombies dans 14 pays avancés ? Ayant examiné les performances des entreprises cotées dont les profits ne suffisent pas à couvrir les intérêts dus sur leur dette, et peu valorisées en Bourse par rapport à la valeur de leurs actifs, leur constat fut sans appel : « elles sont moins productives, moins profitables, embauchent et investissent moins ».

    Enfin, s’il va sans dire que le déficit budgétaire (sous l’angle keynésien) demeure vital comme mesure de sauvetage à l’économie réelle, il ne doit pour autant, cette fois encore, servir de tremplin aux excédents d’une minorité sans véritable contrepartie

    Bien à vous

    1. Votre retour est intéressant, mais laissez moi vous poser une question.
      La Suisse est composée de plus de 98% d’indépendants et de petites PME, qui sont le moteur de notre pays. Que se passera-t-il lorsque la moitié seront sans emplois et en faillite personnelle ?
      Quel en sera le coût pour les assurances sociales et l’effondrement de l’immobilier, comme ça a été le cas aux USA ?
      Ne vaut-il pas mieux mettre 100 milliards de suite (sur 700 milliards de PIB), avec un suivi organisé pour limiter les abus ou pensez-vous que l’effondrement de notre pays ne coûtera pas 1000 fois plus cher et nous perdons à jamais notre image de pays riche, avec perte de notation et à la botte de l’Europe car ruinés ? Avec la chute de l’immobilier, des grandes banques sur-exposées sur les prêts immobiliers et consommation seront en grandes difficultés (vous les connaissez).
      Lorsque vos enfants vous poseront la question :
      – tu as fait quoi de mon pays et mon avenir, avec ton compte en banque bien garni ?
      Je vous laisse répondre en vôtre âme et conscience…

      Walk in peace….
      Merry Christmas and Happy New Year

      https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/industrie-services/entreprises-emplois/structure-economie-entreprises/pme.html

      https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/economie-nationale/comptes-nationaux/produit-interieur-brut.html

      1. Bonjour PICSOU,
        Vous devriez peut-être relire ma conclusion et bien que les émotions semblent vous emporter, rappelons-nous tout de même que la notion du risque est indissociable au concept de l’entrepreneuriat. Tout comme chacun devrait se rappeler que la Suisse a tout d’une oligarchie qui se révèle plus que jamais en ces moments douloureux (Pandémie et Grande Réinitialisation, respectivement changement de paradigme). Lisez déjà la chronique ci-après de même que mes interventions et liens. Ainsi que mon intervention faisant suite à la nouvelle réforme de la fiscalité des entreprises (consultez les dates). Méditez là-dessus, déjà.

        https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2019/01/21/la-suisse-a-dix-annees-de-retard/

        https://blogs.letemps.ch/sergio-rossi/2020/05/25/un-micro-impot-pour-sortir-de-la-crise-du-covid-19/

        Presque dix ans que je poste des analyses/réactions sur ce blog, vous comprendrez dès lors que je ne vais pas vous faire toute la chronologie de ces dernières.

        Bien à vous

        1. J’apprécie vos explications et m’intéresse à lire vos liens.
          Il n’a y aucune émotion dans mon propos, mais tellement de suisses vivent dans le déni car “rien ne peut nous arriver”.
          Délire entretenu par des organismes comme IMD qui fait fi de la réalité des statistiques objectives sur notre beau pays.
          Cela a pour effet que nous vivons dans un cocon complètement irréel et le réveil sera brutal!
          Bien amicalement,

  7. En complément à mon commentaire :
    “La pandémie de Covid-19 laissera l’économie américaine avec un marché du travail profondément abîmé. Plus de 20 millions d’emplois ont été perdus pendant la crise et la moitié seulement ont été récupérés. Sans surprise, les pertes d’emplois ont frappé particulièrement durement les travailleurs les moins qualifiés et les classes défavorisées.
    Cela aggrave une tendance préexistante. Bien avant la pandémie, le marché du travail américain se caractérisait déjà par une polarisation croissante. Cela fait des décennies que les bons emplois de la classe moyenne disparaissent, en raison de l’automatisation, de la désindustrialisation, de la concurrence mondiale et de l’avènement « des petits boulots ».

    Les dernières décennies ont donné la preuve que les marchés à eux seuls ne peuvent pas résoudre le problème. Tous les niveaux de gouvernement doivent être activement impliqués. La bonne nouvelle, c’est que nous avons accumulé des preuves empiriques considérables sur le type de programmes qui fonctionnent réellement;”
    Dani Rodrik, professeur d’économie internationale à l’université d’Harvard;

  8. J’ai de plus en plus de mal de lire des documents économiques :
    => Qui parle d’économie réelle alors que je ne connais pas d’économie irréelle
    => Qui se base sur des preuves empiriques
    => Qui oublie ce que nous disait Karl marx ”la monnaie masque la réalité : la production et sa vitesse” pour, par des preuves empiriques, mettre en cause la finance qui n’y est pour rien

    Pourtant si nous observions la réalité, nous verrions que notre Économie est bicéphale
    => D’un côté une ÉCONOMIE ACTIVE, où les actifs s’activent à produire les besoins des autres, pour devenir des consommations des actifs et des inactifs, directement ou indirectement par mutualisation ou collectivisation et accessoirement des investissements qui deviennent un patrimoine de l’un ou de l’autre individuellement, en part pour quelques-uns, ou collectivement. Et cette production est notre richesse faite de choses agréables et utiles à la vie, nous disait Adam SMITH, pour qui : toutes nos consommations nationales sont le fruit direct de notre travail national ou indirect parce que acquises à l’étranger (importation) avec ce fruit (exportation). Il ajoutait aussi : « de l’ensemble des actions individuelles et désordonnées, guidées uniquement par l’intérêt personnel ; débouche l’ordre social où chacun contribue à la richesse et au bien commun. » Vous voyez bien que la monnaie n’est pas l’origine de la richesse.
    => De l’autre une ÉCONOMIE PASSIVE, où aucun actif ne s’active.Cette économie est celle du patrimoine, naturel ou élaborer par le passé récent ou plus ancien, se composant de biens meubles ou immeubles en part ou en entier, y compris dette et créances.

    Ces deux économies n’ont rien en commun. Si ce n’est que qu’un patrimoine est issu de l’Economie active, lors d’un investissement et que le patrimoine peut être utile à l’économie active ? Auquel cas ce service offert est du domaine de l’économie active, puisqu’il y a action en faveur du bien commun, la production, d’un biens ou d’un service, des uns qui deviennent consommations des autres.

    Toutefois il y a une chose qui est commune à ces deux Économies, c’est la monnaie. Laquelle ne fait partie ni de l’une ni de l’autre de ces deux économies mais, d’une entité à part : l’EPARGNE : une interface entre ces deux économies qui se compose de tous les porte-monnaie des personnes physiques ou des personnes morales privés ou publiques. Et cette monnaie a :
    => Un usage unique : passer d’un porte-monnaie à un autre sans que la masse ne change.
    => Une fonction unique être la matérialisation d’un droit de consommer.

    Si vous ne vous êtes pas encore rendu compte que la monnaie n’a que cet usage -passer d’un porte-monnaie à l’autre- et n’a que cette fonction d’être -un droit de consommer-, c’est que vous n’avez fait aucun effort pour sortir de vos préjugés qui datent encore de la vision de la monnaie sous Aristote, avec ces trois fonctions, alors qu’au vingtième siècle nous avons décidé de changer notre organisation sociétale en incluant trois solidarités :

    => La solidarité qui existait entre les actifs et les inactifs d’une famille qui est devenue celle de notre organisation de vie dans la société nationale. Ce qui se traduit, pour une famille, d’avoir non seulement des rétributions pour les actifs, mais aussi, des attributions pour les inactifs pour permettre à la famille de consommer.
    => La mise en commun de plus en plus de consommation mutualisée ou collectivisée. Une autre forme de solidarité pour que certaines consommations familiales soient mutualisées et d’autres collectivisés. Ce qui reste toujours une consommation des ménages composés d’actifs et inactifs. La famille délègue la gestions de ces consommation mutuelles ou collectives.
    => le remplacement de la générosité individuelle par une solidarité organisée par la société nationale où les ménages les plus aisés apportent une solidarité aux ménages en difficultés. C’est-à-dire que les ménages aisés transfèrent une partie des consommations qu’ils auraient pu faire, aux ménages en difficultés pour faire davantage de consommations grâce à ce transfert de solidarité.

    Du fait de notre évolution qui institue ces trois solidarités qui toutes ont pour finalité d’organiser le partage de notre consommation nationale :  nous avons alors affaire à deux partages distincts de nos consommations nationales, à la fois :
    => Entre actifs et inactifs, lesquels actifs et inactifs, les partagent
    => En trois usages : Familial, Mutuel, Collectif.

    Actuellement : personne ne peut nier que ces partages existent et que pour les faire nous avons recours à un ustensile bien utile : la monnaie, papier ou scripturale

    Dans ce contexte personne ne peut faire un déni sur la finalité de l’emploi de la monnaie :
    => Une fonction unique : la matérialisation d’un droit de consommer pour partager nos consommations nationales.
    => Un usage unique : le passage d’un porte-monnaie à l’autre.
    Puisque l’usage de la monnaie est de passer d’un porte-monnaie à l’autre : la monnaie ne se crée pas et ne disparaît pas.
    Ce sont les droits de consommer qui se créent et disparaissent avec la consommation. Se pose alors les questions qui suivent :
    => Comment se créent les droits de consommer
    => Comment se transmettent les droits de consommer,
    => Comment disparaissent les droits de consommer,
    => Comment les droits de consommer vont-ils migrer dans les porte-monnaie des consommateurs actifs ou inactifs ou, vers les organismes qui gèrent nos dépenses mutualisées ou collectives. Pour que l’ensemble de la population se partage la consommation nationale ?

    Si, jusqu’à présent, aucun consensus économique n’existe : c’est qu’il nous manque ce socle commun que Confucius déclare comme indispensable au préalable de tout débat. Et ce socle commun ne peut être que ce que chacun observe dans notre vie sociétale.

    Sauf de me démontrer que ce qui précède n’est pas observable, nous avons là un socle commun pour avancer et trouver des solutions à nos problèmes et par exemple : reconnaître
    => Que la valeur des choses est la somme de valeurs ajoutées de production (rétributions des actifs) -plus- des valeurs ajoutées sociétales (solidarité des actifs envers inactifs) (attributions aux inactifs)
    => Les rétributions des actifs sont avancées par les établissements de productions et les attributions aux inactifs sont avancées par les organismes sociétaux. Puis les rétributions comme les attributions deviennent des droits de consommer.
    => Avec ces droits de consommer actifs et inactifs consomment directement et indirectement mutuellement ou collectivement
    => Que lors de la consommation les droits de consommer neutralisent les valeurs ajoutées de production et sociétales, tandis que la monnaie passe d’un porte-monnaie à l’autre pour rembourser les avances, faites par les établissements de productions, qui ont fait des avances aux actifs ou : les organismes sociétaux qui ont fait les avances aux inactifs ainsi : établissement de productions et organismes sociétaux peuvent à nouveau faire des avances aux actifs et aux inactifs.

    Nous avons fini d’annoncer (environ en 1000 mots) le nécessaire et suffisant pour régler tous nos problèmes. Sauf à ne pas le vouloir et rester avec les vérités de vos vingt ans, pour ne pas faire d’effort pour chercher la vérité vraie, celle que nous observons quotidiennement, et faute de faire cet effort vous rester avec vos préjugés idéologiques qui vous obligent, par cohérence, de croire en des boucs émissaires.

    Notre société nationale n’est que la somme des comportements des chacuns qui la compose. Si chacun ne fait pas l’effort de changer ses préjugés pour des réalités, nous resterons cette société idéologique qui comme le disait Ludwig von Misses va suivre l’Économie que certains veulent nous imposer, alors que l’Économie doit être celle que notre vie en société à besoin, celle qui reflète notre organisation en société nationale.

    Ange LERUAS, 17 12 2020

Les commentaires sont clos.