La prochaine crise financière est proche

Les signaux de la prochaine crise financière sont toujours plus clairs et évidents aux États-Unis (déjà au centre de la crise globale éclatée en 2008). Si à cette époque là les hypothèques « subprime » devenues inexigibles ont été l’élément déclencheur du tsunami financier dans le monde entier, maintenant cela pourrait être les prêts aux entreprises insolvables à déclencher la prochaine crise.

Les acteurs sur les marchés financiers, à commencer par les banques « trop grandes pour faire faillite » – suivies par les investisseurs institutionnels à l’instar des caisses de pension – continuent en effet à prêter de l’argent aux entreprises américaines déjà surendettées, leur octroyant des crédits à taux d’intérêt variable, à l’image des prêts hypothécaires « subprime ». En l’état, il y a environ 1500 milliards de dollars américains de crédits de ce type, dont la plupart a été donnée à des conditions qui imposent moins de contraintes aux débiteurs, donc aussi avec moins de garanties pour les bailleurs de fonds. Cela signifie que si le débiteur n’est pas en mesure de repayer sa dette, ses créanciers perdent toute leur mise.

Les problèmes pour la finance globalisée ne terminent pas là, vu que, de plus en plus, ces prêts à des entreprises déjà surendettées sont « titrisés », à savoir, insérés dans des boîtes noires où autrefois on insérait les hypothèques « subprime », pour ensuite vendre des tranches de ces boîtes aux épargnants dans le monde entier, ignorant ce qu’ils achètent et les risques qu’ils assument de cette manière.

Aux États-Unis, selon une enquête récente, 80 pour cent de ces titres se trouvent dans le portefeuille de trois gros acteurs de la finance américaine (Wells Fargo, JPMorgan et Citibank). Le reste se trouve, pour deux tiers, dans le portefeuille des institutions financières non-bancaires, pour lesquelles il existe encore moins d’exigences de liquidité et de fonds propres que pour les banques.

Les autorités de réglementation des marchés financiers ne vont sans doute pas imposer davantage de rigueur sur ces marchés, au vu de leur bienveillance, qui a augmenté visiblement suite à l’élection de Donald Trump à la présidence américaine.

Les États-Unis, toutefois, pourraient être à nouveau au centre de la prochaine crise systémique, lorsque l’économie américaine entrera en récession, comme le laisse entrevoir déjà l’inversion de la courbe des taux d’intérêt américains.

Evidemment, aucune partie prenante ne bougera pour éviter l’éclatement de la prochaine crise financière : les principaux acteurs sur les marchés financiers s’estiment rusés et capables de faire reposer sur le dos de quelqu’un d’autre les risques et les coûts d’une telle crise, tandis que les autorités de surveillance et de réglementation des marchés financiers dorment sur leurs deux oreilles. La crise, toutefois, sera un cauchemar pour tout le monde et le réveil sera dramatique.

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.

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