Les investissements “verts” font du bien à la finance de marché

Les acteurs sur les marchés financiers considèrent en général que les investissements dans les activités favorables à l’environnement sont moins rentables que ceux dans les énergies polluantes – produites en utilisant du charbon ou du pétrole. Cela explique en grande partie le retard accumulé pour effectuer le virage énergétique nécessaire afin d’éviter une catastrophe environnementale sur le plan mondial dans les prochaines décennies.

En réalité, comme plusieurs études scientifiques l’ont montré récemment, les investissements dans les activités économiques favorables à l’environnement ont des rendements qui dépassent les rendements moyens des entreprises liées aux énergies non-renouvelables (comme le charbon et le pétrole). Les sociétés financières visant la maximisation du rendement de leurs investissements devraient dès lors investir leurs avoirs dans des activités économiques qui se caractérisent par leur impact positif sur l’environnement, associant ainsi la rentabilité financière à la soutenabilité environnementale à long terme.

Cela réduirait également l’instabilité financière de l’ensemble du système économique, parce que le secteur financier serait moins exposé à une crise engendrée par la chute du prix des actions des entreprises liées aux énergies non-renouvelables, lorsque les pays signataires de l’Accord de Paris mettront en œuvre les mesures nécessaires pour éviter des changements climatiques dangereux pour la population mondiale.

D’ailleurs, un nombre croissant de banques centrales – parmi lesquelles n’apparaît pas (encore) la Banque nationale suisse – sont en train d’adopter des mesures contribuant à la stabilité financière de l’économie nationale par des investissements favorables à l’environnement. Dans le cas de la Banque centrale européenne (BCE), par exemple, on étudie comment intégrer dans ses interventions les critères de soutenabilité environnementale des investissements, pour faire en sorte que le système financier soit capable de faire face à une crise majeure sur le plan économique. La BCE cherche aussi à intégrer les risques climatiques dans ses propres choix de politique monétaire, utilisant pour ce faire les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance qui définissent les investissements soutenables aussi bien dans le temps que dans l’espace.

Les institutions financières de toute sorte, à commencer par les banques, devraient évaluer les risques climatiques et réorienter par conséquent leurs propres choix d’investissement, vu que les changements climatiques induisent des effets sur la rentabilité des entreprises ainsi que sur les prix de leurs titres en bourse. Les banques centrales, pour leur part, devront mener des analyses évaluant différents scénarios climatiques et effectuer des tests de résistance climatique pour les banques au sein de leur propre pays.

Sans cette contribution du secteur financier dans son ensemble, les changements climatiques auront des effets néfastes pour la santé de la population et de notre planète, qui est la seule dont nous disposons et que nous ne pouvons pas nous permettre de détruire.

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.

2 réponses à “Les investissements “verts” font du bien à la finance de marché

  1. Lors de mon commentaire du 07 mars 2019, l’occasion m’a été donnée de pointer du doigt le « phénomène atypique » Banque Centrale Suisse (BNS) ; ce hedge fund spéculateur devant l’éternel. Alors, grâce à cette énième chronique pertinente du professeur Rossi, je ne vais pas bouder mon plaisir pour épingler une nouvelle fois le « phénomène atypique » Banque Centrale Suisse. À la seule lecture du point « gestion de l’environnement », figurant sur sa plateforme en ligne, on peut y lire ceci : « Depuis 1996, la Banque nationale suisse dispose d’un système de gestion de l’environnement. Elle s’est fixé pour objectif de réduire systématiquement sa consommation de ressources ainsi que les émissions de CO2 ».

    Beh voyons ! Est-ce que la Banque Nationale Suisse est en passe de réussir un « stress test climatique » en 2018/2019? Manifestement non à la lecture du rapport d’Alliance Climatique Suisse & les Artisans de la transition : « Les investissements en actions de la BNS produisent des émissions annuelles de CO2 aussi élevées que celles de l’ensemble de la Suisse, favorisant une augmentation de la température de 4 à 6 degrés. Les émissions de gaz à effet de serre sont imputables principalement aux entreprises de charbon, de pétrole et de gaz naturel. La BNS utilise son argent pour financer l’exploration, le développement et la production de nouveaux gisements de combustibles fossiles. Ceci est également confirmé par une nouvelle étude réalisée par les Artisans de la Transition en collaboration avec Fossil-Free. La BNS évite toujours la question des risques climatiques, même si la Suisse a ratifié l’année dernière (2017) l’Accord de Paris sur le climat. Outre la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le renforcement de l’adaptation au changement climatique, l’Accord établit la réorientation des flux financiers comme troisième pilier équivalent, de sorte que l’objectif d’un réchauffement bien inférieur à 2 degrés puisse être atteint »

    http://www.alliance-climatique.ch/blog/stress-test-climatique

    https://www.artisansdelatransition.org/rapports.html

    En même temps, comme mentionné dans mon commentaire du 07 mars 2019, on peut toujours lire sur la plateforme en ligne de cette Banque Centrale (BNS) : « En tant que banque centrale indépendante, la Banque nationale suisse (…) conformément à la Constitution et à la loi, doit se laisser guider par l’intérêt général du pays ». Vous avez dit Vaudevillesque ?

  2. ouf, je lis sur ce même support que le milliard de cohésion devient double vert.
    Bon, peut-être faut-il y consacrer le budget des avions de chasse bio-carburés EU compatibles?
    Ce pays devient un tellpantin désarticulé…!

    Ne manquez pas d’acheter les billets soldés de la “Fête des Vignerons”
    A bon Lioba a tutti

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