Le vieillissement démographique n’est pas inéluctable

Le refus populaire de la réforme «Prévoyance vieillesse 2020» en Suisse lors du vote du 24 septembre dernier ne doit pas être sous-estimé, comme les partis bourgeois sont en train de le faire par leurs tentatives d’en imposer de toute manière (même si par étapes) l’idéologie sous-jacente. Il faut repenser le système de la prévoyance vieillesse dans son ensemble, considérant aussi que le vieillissement démographique n’est pas inéluctable. La solution de ce problème, néanmoins, ne doit pas être cherchée du côté des personnes qui arrivent à l’âge de la retraite en prolongeant celui-ci, mais du côté des personnes qui souhaitent entrer pour la première fois sur le marché du travail. Il faut dès lors mieux et davantage intégrer les jeunes sur ce marché, induisant ceux-ci à avoir une descendance plus nombreuse de ce qui est le cas à présent, en agissant sur les conditions de travail et le niveau des rémunérations des jeunes – les seuls vraiment en mesure de faire en sorte que le financement de la prévoyance vieillesse soit soutenable à long terme.

En clair, les politiques publiques doivent viser le plein-emploi des jeunes qui veulent et peuvent travailler, leur assurant un avenir professionnel à la hauteur de leurs efforts et de leur engagement pour le bien commun. En attendant de remplacer la TVA (qui est un frein aux dépenses de consommation) par un impôt décourageant l’épargne au-delà d’un seuil raisonnable, il faut commencer par utiliser les recettes de la TVA pour promouvoir l’emploi des jeunes au lieu d’utiliser ces recettes pour renflouer les caisses de l’AVS.

Comme souvent, la solution d’un problème ne se trouve pas là où le problème apparaît à première vue. Il faut une vision d’ensemble et un regard systémique pour comprendre et par conséquent résoudre ce problème.

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.

6 réponses à “Le vieillissement démographique n’est pas inéluctable

  1. Bonjour, la recette du plein emploi et de la natalité ne semble pas être une recette très à la mode.

    – Commençons par une mise en perspective: quel est le taux de chômage en Suisse ? Car si on propose de mettre les jeunes au boulot, c’est que l’on part du principe que nombre de jeunes sont au chômage. Or les statistiques n’indiquent pas une grande amélioration possible de ce point de vue: durant les 25 dernières années, le chômage des jeunes a varié de 3 à 7%. Un retour à 3% serait envisageable, mais est-ce vraiment possible ? Il faut plutôt chercher du côté des jeunes sans formation (taux NEET) où la Suisse présente une valeur plus élevée que plusieurs pays européens. Cela revient à dire la Suisse doit encourager la formation, ce qui ne rapporte rien en terme de rentrée pour l’AVS. (voir https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/themes-transversaux/monitoring-programme-legislature/indicateurs/taux-chomage-jeunes.html)

    – Encourager les naissances n’est qu’une solution à court terme, même en terme de générations: la Suisse n’est pas extensible, et envisager de recourir à la hausse de la population pour soutenir le régime de l’AVS est plutôt égoïste, car cette mesure ne concernera que les 2 voire 3 prochaines générations. Dans un monde fini, il est impossible de construire sur une solution qui suppose une croissance infinie. Combien la Suisse peut-elle supporter en population du point de vue des infrastructures, des ressources ? Cette question doit-être résolue avant de pouvoir se lancer dans une politique nataliste.

    La seule manière de résoudre le problème de financement de l’AVS est que chacun cotise durant toute sa vie la somme qu’il touchera à sa retraite, l’AVS n’étant qu’un moyen de différer dans le temps les flux financiers. Ce n’est pas à la génération suivante de payer notre AVS, continuer à prêcher l’inverse, c’est jouer à Madoff et continuer à promouvoir un système de Ponzi qui va tout ou tard finir avec une génération sans AVS.

  2. Bien d’accord avec Mr Rossi sur la nécessité de favoriser l’emploi des jeunes pour que le poids des retraites ne devienne pas insupportable. Pas d’accord avec lui sur la TVA frein à la consommation.
    Avec une redistribution partielle et forfaitaire elle favorise la compétitivité à l’export et rend les importations moins compétitives. Et l’État voit ses recettes augmenter et sa dette diminuer ! De nature injuste la TVA devient progressive, donc juste. On produit pour les autres, la compétitivité l’ignore et se retourne contre nous. L’ avenir nous oblige à mettre fin au libre-échange mondialisé comme bien prévu par Maurice Allais : cela n’est pas possible sans mettre fin à l’exploitation de la misère mondiale et sans donner la priorité absolue à l’emploi ! Une indexation de la masse salariale sur la valeur ajoutée à hauteur de 50 % est obligatoire – avec une retenue maximum limitée – pour que le Progrès se traduise par une diminution du temps de travail. Il faut aider les pauvres à produire pour eux et chez eux : on ne peut exporter sans importer d’où le développement de la dette, une impasse totale !

    1. Le même raisonnement – le partage partiel et forfaitaire de la taxe – peut s’appliquer à la taxe sur les carburants. Mais là, ausssi, on s’attaque aux privilèges de ceux qui nous gouvernent qui ne sont pas près de l’instaurer. La TIPP ne peut être augmentée qu’à cette condition, condition nécessaire pour lutter contre le réchauffement climatique qui va précipiter l’exode vers le pays riches.
      Avec ce type de raisonnement pour toute taxe appliquée à n’importe quel produit on aboutit à un prix variable avec la hauteur de ses revenus : Tout ne doit-il pas être relatif ?
      Tout, le problème des retraites, celui de la dette, celui du réchauffement climatique, nous oblige à bousculer le règne des possédants. L’accepteront-ils ? C’est cela le sursaut spirituel prophétisé par Malraux, ou la fin de la civilisation. La terre est ronde et la pollution comme le réchauffement climatique ignorent les frontières, nous sommes contraints de jouer collectif ! Le problème de la démocratie est celui de l’ignorance des “non-dits de l’ Économie” comme le titre de votre forum, Mr Rossi, Professeur “ordinaire” d’ économie. L’ humilité n’empêche nullement la pertinence, au contraire !

  3. par Doha Khan
    L’humilité caractérise celui qui est dépourvu d’orgueil et qui est conscient de ses limites. Elle est une vertu qui nous donne le sentiment de notre faiblesse et de notre insuffisance. Mais l’humilité est aussi l’intelligence de celui qui ose. La modestie, quand à elle, est l’orgueil de celui qui n’ose pas. » (Tariq Demens, Diaphorismes, p. 76)
    Être humble, c’est donc d’abord comprendre les limites inhérentes à sa propre condition. En cela l’humilité est, déjà, une intelligence. Mais cela ne suffit pas. Comprendre ses propres limites, c’est aussi le risque de s’y laisser enfermer.
    Dans les tragédies grecques, l’arrogance de celui qui prétendait dépasser sa condition – le péché d’ubris – était sévèrement puni par les dieux. Entre la modestie de celui qui ne s’aventure pas au-delà de ses propres limites et le délire de toute-puissance de celui qui refuse de les reconnaître, il y a une autre voie, celle de l’humilité.
    L’arrogance nous fait perdre de vue que nous avons à nous incliner face à la mort, à la maladie, à la crise, à la perte de repères. Cette porte nous donne l’occasion d’un nouveau regard et d’arrêter d’être aveuglé par l’illusion !
    Le véritable acteur a conscience, au moment d’entrer sur scène, que tout ce qu’il sait, tout ce qu’il sait faire, tout ce qu’il maîtrise, tout cela est cruellement insuffisant. Pour que la magie ait lieu, il faut plus. Cela ne peut lui être donné que s’il se dispose à le recevoir et cela appartient au mystère. Il s’agit de la présence, de la justesse qui révèle la grâce.
    Pour compléter, « vous devez vous souvenir que cela n’arrive pas seulement à cause de votre travail, c’est une Grâce ! Le travail crée une situation propice. Pour atteindre la Grâce, un dur labeur est nécessaire, mais ce qui est réel arrive par la Grâce. C’est un paradoxe difficile à comprendre ! » Osho

  4. Bien d’accord avec vous Pr Rossi comme le prouve mon mail à Macron :
    exte mis sur Linkedin au sujet d’un article sur l’inflation des diplômes et expédié au Président:

    « Ancien gérant de TPE

    Cirer longtemps les bancs de l’école c’est retarder d’autant le contact avec les réalités. C’est comme apprendre à conduire, on conduit mieux d’autant plus qu’on a commencé jeune. J’ai eu la chance de « rater » mes études, ce qui m’a amené à prendre en défaut, sur la mondialisation et en accord avec Maurice Allais, un Professeur d’ économie d’Université et Président de Paris I Sorbonne.

    On peut résumer les problèmes par la statistique ci-jointe , mise ce jour sur le site de
    la faculté de Nantes « Les Éveillés », un nom bien choisi ! :

    Détail du poids relatif des cotisations salariales et patronales en 2015 d’après Le Figaro et l’institut molinari. Pas étonnant que La France, au 28 ème rang sur 28, pays dans lequel l’impôt ne participe que de 7 % dans le financement des charges sociales soit isolée , en ce moment à Bruxelles, par rapport aux pays nordiques beaucoup plus à l’aise, car beaucoup plus compétitifs par rapport au libre-échange, d’autant plus que la TVA s’ajoute aux cotisations mais pas à l’impôt ! Dire que nous avons été gouvernés longtemps par la Gauche, la + bête du Monde alors ?
    http://www.lefigaro.fr/assets/infographie/print/2anime/web_2015_salaire_pouvoir_achat3/achat.html
    Tout est là ! »

  5. L’idée originelle d’une taxe à partager date de 1971 et a pour origine la concurrence des grandes surfaces et pour application le secteur de la revente des produits pétroliers . Pour lutter contre la démagogie des grandes surfaces, j’ ai d’abord imaginé que le prix de revient d’une livraison ne variait pas brusquement- comme le barème officiel par tranches et comme l’impôt sur le revenu, ou les minimas sociaux – mais continuellement.
    D’où l’idée de l’incidence de frais fixes à amortir, indépendants de la quantité, comme la prise de commande, le stationnement, l’encaissement et tous les traitements de la livraison.
    Ayant fait des statistiques de vente sur le mois de Décembre et noté la coïncidence des variations avec la température la veille de la livraison notée dans le journal local la veille à 16 H, j’ai imaginé une remise du forfait de 30 Fr de 2 Fr par degré appliquée à la température du journal.
    Résultat des opérations le prix du litre variait constamment avec la quantité et avec la température
    par incidence des frais fixes variant de 10 Fr à 30 Fr, selon que la température était de 10 ou 0 °.
    Le forfait était donc fixe toute la journée pour toutes les livraisons quelle que soit la quantité et s’ajoutait au résultat du calcul du prix- unique du litre – et de la quantité. Cette remise préalable avait l’avantage de mettre en exergue un prix plus bas ! Et le forfait paraissait faible dans le total !
    Quand la demande était forte et que les clients avaient peur d’être en panne nous étions plus chers, mais surtout plus rapides, quand la demande globale était faible et que les clients ne craignaient pas la panne, nous étions moins chers .
    La sécurité d’approvisionnement a un prix ! La compétitivité aussi ! Il faut les distinguer.
    C’est comme l’emploi qu’il faut marier avec la compétitivité à tout prix !
    Encore faut-il ne pas mélanger torchons et serviettes !

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