Qui paie les amendes des banques?

Huit années après l’éclatement de la crise financière globale, qui a suivi la mise en faillite de la banque d’affaires Lehman Brothers aux États-Unis, les principales banques actives au plan mondial restent dans le viseur des autorités américaines censées leur faire payer la facture (très salée) de cette crise, selon les responsabilités avérées dans des procédures d’enquête dont le coût sera vraisemblablement bien plus élevé au final que les bénéfices retirés par la collectivité.

Le bruit soulevé suite à l’amende de 14 milliards de dollars que les autorités américaines demandent à Deutsche Bank de payer, pour avoir vendu des titres toxiques reposant sur des prêts «subprime», n’excite qu’en apparence la direction générale de cette banque et celle des autres banques «too big to fail» dans le monde. En fait, comme par le passé récent, y compris en Suisse, les «managers» savent qu’ils vont pouvoir s’acquitter de toute charge financière (et d’autre nature) en en transférant le poids, d’une manière ou d’une autre, sur le dos de leurs collaborateurs et des actionnaires de la banque.

Si vraiment l’on croit de manière aveugle aux incitations du «marché», qui poussent les agents économiques à agir de manière responsable, il faudrait faire passer à la caisse (voire par la case «prison ferme» après un procès pénal qui confirme leurs responsabilités) les hauts dirigeants des instituts bancaires qui ont contribué sciemment à la première crise globale du système économique financiarisé. Comme il n’en sera rien, il est clair que ce système continuera à fonctionner de manière à la fois désordonnée et asymétrique en ce qui concerne la distribution de ses coûts et bénéfices dans l’ensemble de la société. Il ne faudra alors pas s’étonner si la fréquence et l’ampleur des prochaines crises sont telles que celle éclatée en 2008 ressemblera à une tempête dans un verre d’eau.

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.