La faute à la secrétaire de Draghi?

Lors de la séance du Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne de jeudi passé à Francfort, prenant acte de l’insuccès du premier programme d’«assouplissement monétaire», une rumeur circulait afin d’attribuer la faute de cet insuccès à la secrétaire de Mario Draghi qui aurait mal traduit l’une des circulaires à usage interne: au lieu d’écrire le texte original, selon lequel ledit programme devait servir à «simuler une relance économique» dans la zone euro, la secrétaire aurait écrit que ce programme allait «stimuler une relance économique» dans cet espace monétaire. N’en déplaise à celles et ceux qui font confiance au correcteur automatique disponible dans les logiciels pour le traitement des textes par les ordinateurs modernes, il faut toujours faire appel au «capital humain» dont on dispose normalement pour éviter d’être pris au piège.

Le temps est révolu pour Mario Draghi et ses confrères, qui doivent se rendre à l’évidence et revoir de fond en comble leur propre stratégie de politique monétaire, plutôt que d’en attribuer l’insuccès à une «faute de frappe» d’une secrétaire quelconque tapant à la va-vite sur son clavier.

Sergio Rossi

Sergio Rossi est professeur ordinaire à l’Université de Fribourg, où il dirige la Chaire de macroéconomie et d’économie monétaire, et Senior Research Associate à l’International Economic Policy Institute de la Laurentian University au Canada.