Swisscom et la modernité

Je ne sais pas quel écrivain du début du XXe siècle (Proust ? Morand ? Cocteau ?) citait volontiers cette phrase d’un aristocrate de l’époque au sujet de la nouvelle invention du téléphone : « Alors on vous sonne et vous répondez, comme un laquais ? »

Aujourd’hui, on répond comme des laquais au téléphone, à whatsapp, à Messenger, aux SMS, et impossible de se déplacer sans son cellulaire, dont le nom exprime bien la contrainte…

Et ne parlons pas de tous ceux qui travaillent en flux continu et se stressent avec le sentiment de faire partie d’une élite parce qu’ils ont un matériel électronique d’avant-garde qui les maintient dans un esclavage relooké façon série américaine branchée.

Technologie sans fil, qu’ils disaient

On capte le wifi, le “sans-fil”, partout, mais on reste bloqué avec d’autres fils, ces nouveaux cordons ombilicaux que sont les oreillettes-micros et l’indispensable chargeur, vu la qualité déplorable des batteries : combien de recharges quotidiennes d’appareils perpétuellement déchargés et censés nous servir et même nous sauver en toutes circonstances…

On ne dira jamais assez combien la technologie d’aujourd’hui, loin de nous libérer et de nous faciliter la vie, nous oblige à transporter tout un encombrant matériel qui enrichit les multinationales électroniques et les opérateurs milliardaires.

Rappelons, par exemple, que Swisscom ne s’intéresse absolument pas à l’abandon de la très rentable surtaxe sur les appels et échanges de données en itinérance alors qu’au sein de l’Union européenne les frais de roaming sont abandonnés dès le 15 juin 2017.

Swisscom et le ticket virtuel

Des bénéfices pharamineux que Swisscom met à profit pour soigner sa vitrine technologique, toujours dernier cri: quand on arrive dans une des boutiques de l’opérateur pour un quelconque problème, on vous demande votre nom, qui est entré sur une tablette hightech et mis sur une sorte de liste d’attente virtuelle – c’est la liste qui est virtuelle, précisons-le –, une liste que chaque employé consulte ensuite sur sa propre tablette une fois libéré de son client en cours (tant les performances de l’employé que les demandes de l’abonné sont évidemment enregistrées dans les multiples bases de données de l’entreprise).

On avance peu à peu dans la liste jusqu’à être servi, en se demandant, tout de même, si toute cette ingénierie était si indispensable, et si un simple distributeur à numéros, comme à la poste ou au rayon fromage, n’aurait pas pu tout aussi bien faire l’affaire, tout en économisant de l’électricité et des procédures.

La modernité, il faut que ça se voie et que ça se paie.