Féminisme sixties vs Féminisme Post-Millenial

Dans la récente histoire du mouvement féministe, il est intéressant de comparer le travail de sensibilisation effectué dans les années 60-70 par la grande vidéaste féministe valaisanne Carole Roussopoulos, dont j’ai parlé dans mes deux articles précédents, Valaisanne, de gauche et féministe : Carole Roussopoulos ou la vidéo militante et 1969, année érotique (mais pas pour tout le monde) et les derniers avatars d’un féminisme ambigu apparu ces dix dernières années.

Un exemple : le groupe Tages Anzeiger (24 Heures, Tribune de Genève, etc…), décidément jeune, créatif et dynamique, liquide sans état d’âme son quotidien Le Matin – qui, de toute façon, était devenu un 20 Minutes, produit par le même groupe et avec le même contenu, mais payant – et lance le gratuit Friday, en français dans le texte, un supplément du 20 Minutes, un magazine distribué partout, qui se veut ‘tendance’ et rentable, on l’espère pour eux.

UNE PRESSE INSTAGRAM

Pour user d’un jargon cool, je dirais que ça faisait longtemps que je n’avais pas lu quelque chose d’aussi girly : que des conseils sur les maquillages, les vernis à ongles, les fringues, les accessoires, avec des annonceurs qui doivent payer cher pour être mentionnés et dont le financement publicitaire, une fois soustraits les frais de production, ceux de la très maigre partie rédactionnelle et le salaire des rédactrices, doit rapporter de gros bénéfices.

L’équivalent papier des trendeuses sur Instagram, en somme : les couvertures sont glamour cheap trash et les accroches racoleuses, avec en prime la touche dernier cri du féminisme très sexe qui se pratique aujourd’hui.

À cet égard, l’édition de juillet/août frappait fort avec, en une, la photo du top-modèle du moment, la poitrine dégagée et les lèvres entrouvertes et pulpeuses : « Emily Ratajkowski suscite la controverse : Bimbo ou féministe ? », entourée de deux autres sujets majeurs, un reportage (« La boxe, c’est bon pour le mental ») et un article beauté (« On a testé les coiffures de l’été »).

UN FÉMINISME COSMÉTIQUE ?

Celle de septembre fait encore plus fort, avec la photo de deux nymphettes grunges et le titre Fashion addicts, et deux autres articles mis en avant, un article tourisme : « Voyage : Décollage pour Denver » et un article société « Féminisme de façade ».

On continue dans cette réflexion sur le féminisme hot par un contenu très cohérent :

– « Friday Family : des mecs trop frais »

– « Mode: sandales et vernis assortis »

– « Beauté : nos astuces pour la pédicure »

– « Actu mode : jeux de perles »

-« Moodboard : embarque pour la Grèce ! »

– « Beauté : on a testé des accessoires pour les cheveux »

– « Mode : un automne very trendy »

À TU ET À TOI

Un style et un ton faussement adolescent ou le franglish et le tutoiement sont de rigueur, of course, du genre : « Mamie Chic : quand le service à thé so British rencontre le satin et le tweed, ça donne ça. N’hésite pas à piocher dans la garde-robe de grand-maman pour t’en inspirer. »

Pour ne pas plomber les quarante-deux pages résolument fashion et abondamment illustrées avec les produits à vendre, l’article de fond sur le « Féminisme de façade » ne fait heureusement qu’une page que le chapeau résume amplement (pas besoin de se taper tout l’article) : « Notre journaliste s’étonne que de nombreuses femmes se revendiquent féministes sur les réseaux sociaux mais ne s’offusquent pas des inégalités dans la vie réelle. »

Du lourd, quoi.

LE MESSAGE C’EST LE NON-MEDIUM

Je me pose la question : quel est le public-cible ?

Pas le public masculin, c’est sûr.

Les gamines de 14 ans ? Mais ont-elles le fric pour se payer un sac à main à Frs 120.- minimum?

Les femmes de 20-30 ans ? Mais est-ce qu’elles ont l’âge mental d’une adolescente de 14 ans ?

Vous me direz : si la pub paie la publication, où est le mal ?

Après tout, ce ne sera pas la première fois qu’un magazine n’a pas besoin de lectrices/lecteurs, voire de journalistes, pour être rentable.

Affaire ‘L’Hebdo’ : vous avez dit pluralité ?

En lecteur avide de la presse, locale, nationale et internationale, je suis toujours triste qu’un titre disparaisse. La presse, et les médias en général, en version digitale comme en version papier, font partie de notre vie quotidienne et familière, au même titre que le supermarché du coin : on déjeune et on conduit en écoutant la radio, sur le chemin du travail on lit rapidement les unes affichées au kiosque, on se prend le café de dix heures en feuilletant ‘20 Minutes’, ‘Le Matin’, ‘24 Heures’ ou ‘La Tribune de Genève’ (c’est la même chose), et quand il faut patienter, on savoure quelques magazines en attendant son tour, ‘Voici’, ‘Gala’ ou ‘Paris-Match’, chez le coiffeur, ‘L’Illustré’, ‘L’Hebdo’ ou ‘Geo’ chez le médecin ou chez le dentiste…

Mais le nombre de titres disponibles est-il garant de la pluralité de la presse ? Pardon de m’autociter, mais dans le petit glossaire de mon livre ‘CH La Suisse en kit – Suissidez-vous !’ (Xenia, 2012), j’écrivais ceci :

« Presse suisse : on devrait surtout dire presse suisse allemande, car le marché s’est tellement concentré que la majorité des publications sont éditées par trois grands groupes suisses allemands, Ringier, Tamedia et NZZ-Gruppe. On n’ose pas trop demander quel est l’impact sur la diversité et l’objectivité de la presse. Le plus gros groupe, l’entreprise familiale Ringier, dont le siège social se trouve à Zofingen, canton d’Argovie, possède quotidiens et périodiques en Suisse et à l’étranger ainsi que des participations dans des chaînes de télé et de radio. Ses titres phares sont le ‘Blick’, ‘Betty Bossi’ (le magazine de cuisine) ou le ‘Schweizer Illustrierte’ et, pour la Suisse francophone, ‘L’Illustré’, version française, ‘l’Hebdo’, et le quotidien ‘Le Temps’. Le deuxième groupe, Tamedia SA, dont le siège se trouve à Zurich, s’est développé autour de son quotidien, le ‘Tages Anzeiger’ ou ‘TA’, d’où Tamedia. A part ses multiples publications en Suisse allemande et ses participations dans l’audiovisuel (‘Radio 24’ et ‘TeleZüri’), il publie, entre autres, ‘Schweizer Familie’, ‘Annabelle’ et le gratuit ’20-Minuten’ (’20 Minutes’ en version française). Par le rachat du groupe romand Edipresse, qui possédait déjà quasiment toute la presse suisse francophone, il devient le concurrent direct de Ringier. Le 3e groupe, NZZ Medien Gruppe, né autour de la distinguée ‘Neue Zürcher Zeitung’, dont le siège est à Zurich, publie quotidiens régionaux suisses allemands et magazines très urf genre ‘Smash’ (tennis) et ‘Drive’ (golf), dont les espaces publicitaires extrêmement rentables compensent un lectorat somme toute assez limité. Le groupe possède aussi des participations dans des télévisions et des radios locales ainsi que  dans divers médias online. »

La loi de la jungle médiatique : manger et être mangé

Hier, ‘La Tribune de Genève’ avait été rachetée par le groupe Edipresse, lui-même repris par le groupe Tages Anzeiger (TA). Auparavant, ‘La Gazette de Lausanne’ avait été absorbée par ‘Le Journal de Genève’, lui-même absorbé par ‘Le Nouveau Quotidien’, devenu ‘Le Temps’ (Groupe Ringier). Aujourd’hui, le groupe Ringier a été englobé dans l’énorme groupe allemand Axel Springer (‘Bild’, ‘Die Welt’, ‘Hörzu’, ‘Maxim’…), dans une logique de concentration capitaliste, mais aussi politique, qui a toujours été la règle dans la presse et les médias depuis leur création et leur développement au XIXe siècle : à l’époque de Balzac, on créait des journaux à tour de bras, pour appuyer la candidature d’un politicien d’une couleur politique ou d’une autre, et pour faire de l’argent. Plus que les abonnés et les lecteurs fidèles ou occasionnels, ce sont surtout les entrées publicitaires, et partiellement les financements politiques – qu’on peut aussi appeler subventions à la pluralité de la presse… –, qui financent en grande partie les salaires des journalistes et les coûts de fabrication.

Dans cette logique-là, les actionnaires des grands groupes de presse suisses et étrangers exigent de leur Chief Executive Officer de faire en sorte que leurs actions rapportent toujours plus, et les titres de presse ne sont qu’un produit comme un autre : quand ça ne rapporte plus, on jette, comme c’est le cas pour ‘L’Hebdo’, avec tous les dégâts humains que suppose la fermeture d’une entreprise quelle qu’elle soit.

La publicité, la plus grosse mamelle des médias

À part quelques cas très rares comme l’ancien ‘Nouvel Obs’ (qui disposait de la fortune de son commanditaire) ou comme ‘Vigousse’ ou ‘Le Canard Enchaîné’, qui, parce qu’il ne coûtent pas cher à produire, arrivent à peu près à s’autofinancer par leurs abonnements (et quelques subventions, tout de même), c’est toute l’ambiguïté des médias d’être des organes informatifs, l’expression d’une langue, d’une culture, d’une tendance politique ou sociale, mais aussi, mais surtout, des entreprises et des produits commerciaux : on crée des marques, auxquelles les consommateurs s’attachent, et ces marques ciblent chacune une clientèle particulière (homme, femme, de gauche, de droite, riche, pauvre, universitaire, prolétaire…) qui sont autant de parts d’un marché avant tout publicitaire que chaque titre se dispute.

Or ce marché publicitaire, en particulier pour la presse papier, se raréfie au fur et à mesure des développements technologiques, sans compter la multiplication des supports (papier, digital, smartphone, tablette, internet…) et la segmentation du public-cible, les nouvelles générations ne lisant que très rarement un journal papier, et les autres se partageant de plus en plus entre la version papier et la version digitale, selon le moment de la journée.

‘L’Hebdo’, au départ, était un magazine papier novateur en Suisse francophone, un vrai news, comme le sont ‘L’Express’ et ‘Le Point’ pour la France. Un ton bien à lui, des reportages passionnants, des articles de fond, une vraie critique littéraire, théâtrale, cinématographique, des fortes plumes, qui savaient accrocher le lecteur, et, bien sûr, l’extraordinaire Mix & Remix, qui a connu la carrière internationale que l’on sait. Malheureusement, depuis, une quinzaine d’années, pour des raisons commerciales – et ça a dû être rentable en son temps –, le magazine s’est rapproché du style ‘L’Illustré’, privilégiant les sujets vendeurs et les unes tapageuses et cycliques (en vrac : le sexe chez les Romands, comment payer moins d’impôts, les plus belles terrasses de Romandie, les assurances maladies, l’AVS, etc…) sans pour autant assurer à l’arrière : on était régulièrement frustré à l’arrivée, les articles restant dans une prudente superficialité qui laissait sur sa faim le lecteur avide d’information, d’enquête, d’opinion.

J’ai mon opinion et je la partage

D’opinion, en particulier. Toujours dans mon livre, un de mes personnages, un fonctionnaire fédéral, faisait un tour de la presse suisse francophone : «  Il s’assit, mit les pieds sur le bureau, savoura son café tout en jetant un coup d’œil sur les titres de la presse romande, ‘Le Temps’, dont il aimait la chronique de Joëlle Kuntz, ‘La Tribune de Genève’ où l’analyse de Claude Monnier le faisait toujours réfléchir, ‘Le Courrier’, et sa vision alternative de l’information, ‘24-heures’, dont il lisait la critique littéraire de Jean-Louis Kuffer, goûtait les petites histoires de Gilbert Salem et appréciait sans toujours la comprendre la dissertation du jour de Christophe Gallaz, ‘La Liberté’ de Fribourg, dont il aimait les enquêtes sans concessions de Roger de Diesbach, décédé il y a peu, ‘L’Impartial’ de Neuchâtel et les phrases alambiquées de François Nussbaum, correspondant à Berne, médaille d’argent du Prix Champignac, en 2001 pour sa fameuse phrase :  « La Comco envoie ainsi un coup d’épée dans l’oreille d’un sourd », ‘Le Nouvelliste du Valais’, et son côté catho-réactionnaire, l’hebdomadaire L’Hebdo et ses couvertures racoleuses… »

Pour une réelle pluralité, on rêverait d’avoir un grand hebdomadaire, disponible sous tous les formats, avec un vrai style, des signatures aussi brillantes que celles qu’on trouve encore au quotidien ‘Le Temps’, avec de vrais articles de fond, une vraie critique culturelle (critique télévision et radio compris), de vraies grandes interviews, quelque chose que la presse suisse allemande a su garder à travers ses multiples avatars (les ‘Feuilleton’ du ‘Tages Anzeiger’ ou de la NZZ font le prestige de ces publications, tout comme leurs suppléments dominicaux, et c’était un plaisir d’y retrouver régulièrement des auteurs comme Peter Bichsel ou Hugo Loetscher).

Et pourquoi ne pas créer, avec les énormes compétences disponibles, un tout nouveau ‘Le Temps Dimanche’, avec l’équipe de ‘L’Hebdo’ et de nouvelles plumes, pour donner enfin une concurrence haut de gamme, culturelle, économique et politique de poids au ‘Matin Dimanche’, avec toutes les entrées publicitaires du secteur luxe, qui trouverait là une vitrine à la hauteur de ses ambitions et de ses attentes ?

On exige du people

« Ah, l’été, les grandes chaleurs, les glaces à la pistache, la plage, les lectures de plage » me disais-je en feuilletant avec un rien de honte et beaucoup de plaisir ma moisson de journaux people, entre deux délicieuses lectures italiennes (l’amusant Al Paradiso è meglio credere, de Giacomo Poretti, le fabuleux L’amore molesto d’Elena Ferrante) et quelques mots croisés, histoire de faire un peu de sport.

Le Voici français faisait sa une sur les amours de Sophie Marceau, seins à l’air sous son chapeau de paille, et de son cuisinier, très en formes du côté de Naples : « En six mois, leur histoire d’amour est devenue de plus en plus fusionnelle… », « Sur la côte amalfitaine, ils se sont laissés tenter par une charmante trattoria… », « Ils ont jeté l’ancre au large de Capri où la mer est réputée la plus belle… » (non, Capri ce n’est pas fini). Pour équilibrer, on évoquait aussi le militantisme de Beyoncé et Jay-Z (« En famille sur la French Riviera ») qui ont fait une courageuse virée à Nice par solidarité pour les victimes de la Promenade des Englishs.

Le Chi italien s’étendait longuement sur des animateurs télé et des participants de realities qui s’étendaient eux-mêmes sur d’autres congénères, mais évoquait aussi Al Bano et Romina Power, toujours aussi présents dans le PAI (Paysage Audiovisuel Italien), Al Bano étant régulièrement invité dans les émissions de variétoches nostalgiques et Romina Power se lançant dans une nouvelle carrière de psychanalyste télévisuelle à la Henri Chapier et à la Marc-Olivier Fogiel.

Quant au très glamour ¡ Hola ! espagnol, à part ses pages habituelles sur la famille royale espagnole – les coiffures et les toilettes de doña Letizia, les vacances de la branche aînée à Majorque, les vacances de la branche cadette du côté du pays basque français – , il s’arrêtait longuement sur le séjour indonésien idyllique (dans une île exclusive pour super VIPs mais qui reçoit aussi des photographes) du grand écrivain péruvo-espagnol Mario Vargas Llosa, membre de l’Academia Real Española, anobli par le roi et dernière victime en date d’Isabel Preysler, la serial high society lover, sublime sexagénaire eurasienne (la Catherine Deneuve espagnole pour ce qui est de l’élégance) qui, entre autre, compte dans ses victimes et ex-maris rien moins que Julio Iglesias (le petit Enrique est leur fils) et Miguel Boyer, l’ancien ministre espagnol de l’Économie.

ET NOUS ALORS ?

De fil en aiguille, je me suis dit qu’en Suisse on n’est vraiment pas gâtés question magazine people, entre autre à cause d’un lourd surmoi protestant qui prône la discrétion et la modestie. Pourtant, le secret bancaire est aujourd’hui éventé, et ne parlons pas de la modestie (les pendulaires forcés d’écouter toute l’année les fières annonces plurilingues des Chemins de fer fédéraux et les prouesses intimes des autres pendulaires en savent quelque chose).

Le Blickre ? Trop suisse allemand, côté goût et couleur, un vrai Farbegraben.

L’Illustré ? C’est notre Paris Match à nous, d’accord. Mais les unes moyennement tapageuses, le toc des photos, le mou des mots ? On reste sur sa faim.

Le Matin ? Trop orange. Et en plus on vous fourgue, pour donner le change 1) des grosses photos et de petites infos trash au début pour faire plus reportage choc et 2) une édition dominicale au contenu rédactionnel d’excellent niveau, avec des pages de psychanalyse, c’est dire.

20 Minutes ? Trop gratuit, dans tous les sens du terme. Et personnellement, je l’appellerais 5 minutes, une fois les petits ragots et les mots fléchés terminés, on s’ennuie.

‘GRÜEZI’, LE FUTUR MAGAZINE PEOPLE 100% HELVÈTE

C’est pourquoi, en ces temps de rachats et de restructurations douloureuses des médias suisses, qui peinent à la tâche et ne s’adaptent pas assez vite à la nouvelle donne de l’économie de partage, je propose la création de Grüezi !, un vrai magazine people de proximité, certifié arbalète, 100% suisse, en quatre langues, qui fomenterait de manière plaisante cet esprit national dont on aurait bien besoin en ces temps de méfiance interrégionale et intercantonale.

Ça permettrait aussi, par la même occasion, de renflouer le secteur – pensons, comme pour le football, aux rentrées publicitaires, aux placements de produits et aux fructueux partenariats envisageables avec la Radio Télévision Suisse, les émissions télévisées pouvant répondre aux unes scandaleuses des magazines et le tout être commentés via les différents médiaux sociaux – et de fournir du travail à de nombreuses catégories socioprofessionnelles en plein marasme (pigistes, journalistes, documentalistes, secrétaires de rédaction, animateurs, couturiers, designers, parfumeurs, relookeurs, coiffeurs, maquilleurs, photographes, diététiciens, astrologues, médiums…).

LE PEOPLE SUISSE GAGNE À ÊTRE CONNU

Ce ne sont ni les people ni les sujets qui manquent. On pourrait faire des reportages  photos sur la propriété de Christoph Blocher à Herrliberg (« Silvia Blocher Kaiser, toujours élégante et discrète, nous reçoit dans son vaste salon harmonieusement décoré par les Albert Anker et les Ferdinand Hodler de la collection de son mari. Au fond à droite, en uniformes, la cuisinière et les domestiques attendant les indications de la maîtresse de maison », sur la villa de Roger Federer dans le canton de Schwytz, de l’autre côté du lac de Zurich (« le champion a retrouvé son havre de paix, où il se ressource avec ses jumelles avant de reprendre la balle »), sur le Tessin d’Ornella Muti (« J’ai un faible pour la pancetta, et maintenant je peux me le permettre »).

On pourrait faire connaître d’autres facettes de nos grand-e-s politicien-nes (« Micheline Calmy-Rey et les talons : une grande histoire d’amour », « Ueli Maurer : che suis téchà pilinke hoch Deutsch-Schwitzertütsch, et che fiens de me mettre au vrançais il y a guinze ans», « Fathi Derder : le fringant et très médiatisé politicien nous livre ses trucs pour concilier vie familiale et vie politique», « Oscar Freysinger : ses astuces queue de cheval. » )

Et rien n’empêcherait d’y glisser du contenu à haute teneur intellectuelle (j’ai encore en mémoire les délicieuses chroniques littéraires de Frédéric Beigbeder dans Voici, c’était le bon temps), par exemple un Grüezi titrant en une: « Les auteurs de polars suisses sont-ils tous gays ? », ou alors une enquête sur la Suisse francophone et la littérature française (« Non, Arlette Zola n’a aucun lien de parenté avec l’auteur de L’Assommoir »), ou encore un scoop sur Janine Massard et Jean-Michel Olivier (« La plus suissesse de nos romancières suisses photographiée en compagnie du plus parisien de nos auteurs. Lignes de coeur ? ») ou un spécial « Roland Jaccard et les jeunettes : quel est son secret ? », voire une série sur les écrivains suisses et les bêtes : « Jean-Louis Kuffer évoque son fidèle compagnon Snoopy, dont tous ses écrits portent la patte : ‘Il a le nez pour flairer les bons sujets’ », « Patrick Juvet : Rappelle-toi minette est en partie autobiographique » ou encore : « Jacques Chessex et les chattes : plutôt siamoises ou plutôt angora ? ».

Au travail, les enfants, qu’on ait un peu de lecture l’été prochain.

2016 People