La roue de la chance

Ça manque de pustules

Ce n’est pas un des moindres signes d’une démocratie que de permettre à ses citoyens de n’être pas d’accord avec les décisions gouvernementales, et d’autant plus dans une minuscule démocratie disciplinée comme la nôtre où les décisions gouvernementales se subdivisent en sous-groupes fédéraux, cantonaux et communaux qui ne sont pas nécessairement d’accord entre eux, un système avantageux pour les citoyens qui ont tout loisir de zapper les mesures et la fiscalité d’une ville ou d’un canton en allant chercher à côté ce qui manque sur place, et réciproquement.

Pendant la période difficile du covid, dès mars 2020, c’était avec un plaisir d’écolier-ère qui fait l’école buissonnière qu’on se rendait de Genève – où la plupart des magasins étaient fermés – à Nyon ou à Lausanne, dans un canton moins dictatorial, où ils restaient ouverts pour le plus grand plaisir des acheteurs-teuses compulsi-fs-ves. Jamais l’expression shop till you drop n’avait été aussi adéquate, compte tenu du degré de contagion du virus.

Pour les amateurs de restos, de cafés et de musées, et malgré le coût prohibitif d’un quelconque voyage en train sur notre territoire lilliputien, demi-tarif ou pas, on frôlait allègrement la rébellion et on narguait ouvertement les flicailles cantonales et communales romandes avec un mais si, on peut sardonique qui avait tout d’un je vous emmerde.

¡ NO PASARÁN !

Ah, cette affirmation de soi et de sa propre liberté, ce grand frisson de plaisir, cet orgasme même, quand on allait crânement siroter un Spritz du côté de Zurich ou, rebelle, visiter le Kunst Museum de Bâle pour, via Instagram, faire la nique aux copains-ines romands réduit-e-s à aller promener le chien pour prendre l’air, et tant pis si, en passant, on confortait les royaumes suisses allemands, majoritaires, dans leur conviction profonde que les malades, les décès et les confinements subséquents dans leurs colonies francophones et italophones étaient à mettre sur le compte d’une incorrigible et proverbiale incurie latine.

Que de bons moments, sur les réseaux sociaux et ailleurs, à injurier les pauvres imbéciles qui, après une longue pénurie de masques, décidaient, serviles, de suivre les nouvelles consignes sanitaires et, dans les transports publics, de porter sagement le masque, ce masque que les autorités fédérales, faute d’avoir prévu les stocks nécessaires, leur avait juré précédemment être complètement inutile, témoignages d’expert-e-s à l’appui.

D’insignes représentant-e-s de notre élite intellectuelle et artistique, sur les réseaux sociaux, s’en donnaient à cœur joie dans le geste libertaire avec leurs selfies aux visages dénudés, ou avec le masque sous le menton, ou encore avec d’autres masques plus caricaturaux voire même leur simple bobine grimaçante, le tout accompagné d’un doigt d’honneur qui avait tout d’une déclaration de guerre virtuelle et d’un cocktail Molotov qu’on lançait au cyberspace en sirotant fièrement son gin tonic : Ça ira, ça ira, ça ira ! ¡ El pueblo unido jamás será vencido !  ¡ No pasarán !

ROUSSEAU, VOLTAIRE, CHE GUEVARA, MÊME COMBAT

Comme les réactions ne se faisaient pas attendre, et qu’on avait plus de temps libre que d’habitude vu la situation, on disposait de journées et de nuits entières pour  conspuer les moutons, pour exhiber son intelligence, pour laisser libre cours à sa liberté de pensée qu’aucune censure ne parviendrait jamais à museler, pour expliquer crânement sa position in-dé-bou-lon-nable, pour se réclamer du bon sens par définition peu répandu en particulier parmi la masse de crétins qui suivaient les consignes.

On faisait circuler des vidéos qui prouvaient par X + Z que tout ça était une grosse farce que la dictature utilisait pour mettre le peuple en esclavage et donner du fric aux entreprises pharmaceutiques et à Bill Gates (ce n’est pas pour rien qu’il s’était offert l’OMS). On ressortait son tee-shirt du Che. Les plus cultivés faisaient appel à Rousseau et à Voltaire et soulignaient que ni l’un ni l’autre n’étaient fautifs. On citait la Déclaration des Droits de l’Homme et la Défense des Peuples Autochtones.

Toujours en recherche de cause électorale pour se faire élire et conforter la bien-pensance de ses membres et de son élite milliardaire, les membres du parti de droite majoritaire en Suisse réclamaient qu’on refasse du fric comme avant, qu’on rouvre tout et que ça saute, que les gens n’avaient qu’à aller travailler, que l’individu n’est rien, que de toutes façons on meurt et que c’est la collectivité – économique surtout – qui compte.

Plus tard, toujours en recherche de cause électorale pour se faire élire et conforter la bien-pensance de ses membres et de son élite milliardaire, ces mêmes membres du parti de droite majoritaire en Suisse utiliseraient le mouvement anti-vaccin avec une souplesse de pensée digne d’un Machiavel ou d’un Talleyrand. Qu’importe que le but du vaccin était de viser une immunité collective pour revenir à la normale et relancer enfin l’économie du pays, une des revendications précédentes de ce parti, car l’important c’était surtout de se faire élire, pas de se perdre dans des nuances peu porteuses.

PENDANT CE TEMPS-LÀ, AILLEURS

Alors bien sûr, ailleurs, dans des pays moins intelligents que le nôtre, c’est à dire le monde entier, ça saturait dans les hôpitaux, ça mourait par millions, ça bouchonnait dans les entreprises funéraires et les cimetières, et ça se confinait en veux tu en voilà, mais bon, ils ne savaient pas se gérer, c’était bien connu.

Il n’y avait qu’à voir toutes ces personnes qui, en vain, faisaient la queue pour se faire vacciner alors que certaines compagnies pharmaceutiques comme AstraZeneca, malgré les contrats juteux signés à l’avance, respectaient d’autres contrats aussi signés à l’avance mais plus juteux et donc plus prioritaires et n’arrivaient pas à satisfaire à la demande. En désespoir de cause, certains pays, en Amérique latine et en Afrique en particulier, s’étaient rués sur d’autres vaccins pour ainsi dire communistes, Sputnik ou sa version chinoises.

Rien de tout ça chez nous : on avait assez de fric pour se payer le nec plus ultra comme les Américains, des vaccins à ARN messager flambant neufs. À d’autres la camelote, à nous le hich-tech. On avait aimé les meubles Pfister, on allait adorer les vaccins Pfizer, et la modernité de Moderna avait tout pour nous plaire.

HAPPY DAYS

Mais bon, une fois le gros de la vague passée, on s’emmerdait quand même un peu, il faut bien le dire. Pour faire du bruit, le masque ça avait été, mais c’était plus, et on ne pouvait même pas compter sur un nouveau confinement obligatoire pour créer des restaurants éphémères où se retrouver en cachette et en groupe, ou pour organiser une méga-teuf sauvage, voire une partouze, histoire de décharger un peu la tension et le reste tout en faisant acte révolutionnaire.

C’est que ça nous avait rajeuni, tout ça. On était revenu avec délice à notre énergie d’ados gâté-e-s de classes moyennes aisées de pays richissime qui faisaient tout le contraire de ce que papa et maman disaient de faire. On retrouvait avec joie le plaisir de tirer la langue à la maîtresse d’école ou au prof de collège, à la Commune, au Canton, à Mamie Confédération.

Il y avait bien les combats écolos pour se défouler la moindre – on veut une circulation respectueuse de l’environnement, donnez-nous des trottinettes –, mais on  tombait vite dans des machins politiques ennuyeux où en plus il aurait fallu se documenter, alors on restait sur sa faim.

Heureusement, on avait un pays avec une longue tradition ésotérique, voire mystique que le catholicisme et le protestantisme dominants avaient exacerbée: les Anabaptistes, Johann Kaspar Lavater et sa Physiognomonie, Rudolf Steiner et les anthroposophes, les détenteurs du Secret, le Monte Verità, le Réamerment Moral, les fleurs de Bach à soixante balles la petite fiole, le Reiki, la médecine tibétaine et ayurvédique, les chakras qui faisaient continuellement des nœuds, les orties d’Yves Rocher, tout ça.

Alors quoi de mieux que de refuser de se faire vacciner pour repartir comme en 14 avec manifs, discours sur les droits de l’homme, diatribes sur les réseaux sociaux, appels à la rébellion, et tout le tintouin ? Après tout, on est en démocratie et on a le droit de faire ce qu’on veut si on a bien compris ? On va pas rentrer chez nous pour retrouver une série Netflix, alors qu’on a des tas de possibilités de faire du bruit et de se faire filmer, photographier, interviewer et analyser dans les médias qui n’ont plus les statistiques du covid pour remplir les trous ?

Et puis franchement, ce covid, vous y croyez vous ? Si ça avait VRAIMENT existé ça se saurait, non ?

Et faut pas croire, si les symptômes du covid ça avait été des pustules sur le visage, on serait tout de suite allé manifester pour qu’on ait des masques et que ce soit obligatoire pour tout le monde et partout dans le pays, et il aurait fait beau voir qu’on ne nous donne pas le vaccin auquel on a droit en tant que citoyen.

Faut être cohérent, quand même.

La roue de la chance

Partis et élections au Conseil national : Crise du logement ? Connaissent pas !

La Constitution suisse, dans son Chapitre III (Buts sociaux) article 41 est pourtant claire là-dessus : La Confédération et les cantons s’engagent, en complément de la responsabilité individuelle et de l’initiative privée, à ce que toute personne en quête d’un logement puisse trouver, pour elle-même et sa famille, un logement approprié à des conditions supportables (voir aussi Pauvreté en Suisse, aide sociale, crise du logement: et la Constitution, bordel?)

On sait pourtant que depuis plus de 20 ans le manque d’appartements à loyer accessible et la hausse continuelle des primes d’assurance-maladie obligatoire sont les deux plus grands facteurs d’appauvrissement pour la majorité des habitants de notre pays.

Et bien pour les partis qui se présentent et représentent aux élections du Conseil national, il n’y a pas de crise du logement en Suisse.

Que pouic. Nada. Nitchevo.

LA NOTICE EXPLICATIVE ? UNE PAGE DE PUB ÉLECTORALE

Vous aurez beau éplucher frénétiquement la brochure intitulée Notice explicative que chaque citoyen a reçue pour s’y retrouver (ou pas) au moment de voter aux élections du Conseil national du 20 octobre 2019, la crise du logement ne figure dans aucun programme électoral de parti, à part dans celui des Verts et ses 7,1% de suffrages obtenus aux élections de 2015, qui proposent, sans trop détailler, « une meilleure redistribution des richesses, des loyers et des primes maladie abordables ».

On ne sait pas si, dans la phrase, l’adjectif « abordables » au pluriel vaut aussi pour les loyers qui précèdent les primes maladies, mais c’est déjà quelque chose.

Pour le reste, comme d’habitude, les partis et leurs experts en communication axent leur propagande sur ce qui flatte ceux qu’ils estiment être la base de leur électorat tout en cherchant à chiper des voix ailleurs en se profilant sur les nouvelles tendances – l’effet Greta Thunberg et son impact sur les jeunes est passé par là, tout comme l’effet #metoo et la Grève des femmes – dans un mélange de volontarisme et de dynamisme pour ainsi dire martiaux, car c’est la guerre : on « s’engage », on « défend », on « se bat », on « revendique » et on laisse entrevoir des lendemains sinon rieurs, du moins énergiques.

ET LE LOGEMENT DANS TOUT ÇA ? L’UDC

Pour en revenir au logement, il est évident que l’UDC, le plus grand parti au Conseil national (29,4% des suffrages en 2015), même s’il s’ouvre à une « solidarité entre femmes et hommes » – attention, il ne dit pas égalité, les actuels 51 hommes élus contre 13 femmes ne vont pas me contredire – et même s’il prône le « dialogue intergénérationnel » (pour, entre autre, faire la causette sur des sujets qui fâchent comme les rentes AVS) n’a évidemment pas le temps de s’occuper, en plus, de l’habitat du Suisse pauvre.

C’est que se battre tel Guillaume Tell, avec ou sans pomme véreuse, pour défendre une « Suisse neutre et indépendante » prise d’assaut par des meutes d’immigrants délinquants et profiteurs des assurances sociales qui empêchent le vrai suisse de « s’autodéterminer » ( ?) et de « profiter de son salaire » – la chômeuse ou le chômeur, ce/cette flemmard(e), est bien évidemment exclu(e) sans pitié du programme – c’est un plein temps.

Point positif sur le chômage: ce programme fournit beaucoup de travail aux dessinateurs d’agences de pub, notamment dans la caricature ethnique.

LE PS N’A PAS DE PROBLÈME DE LOGEMENT (ET TANT PIS POUR L’ASLOCA)

De son côté, le Parti Socialiste, deuxième plus grand parti au Conseil national (18,8% de part des suffrages en 2015) – en principe très proche de l’Association suisse des locataires (ASLOCA), dirigée par le socialiste Carlo Sommaruga, Conseiller national depuis 2003 – axe sa communication sur « le bien-être du plus grand nombre » et accomplit la prouesse d’omettre complètement le problème du manque d’appartements à loyer abordable dans ce qui grève les budgets des ménages, tout en citant « le chômage, la pression sur les salaires et les primes trop élevées d’assurance-maladie », précisant encore plus loin, sur ce dernier point, qu’ « aucun ménage ne devrait débourser plus de 10% de son revenu en primes d’assurance-maladie ».

Le pourcentage du revenu des ménages qui passe dans les loyers exorbitants – 30% ? 40% ? 50% ? – est apparemment moins porteur d’un point de vue électoral, ou alors c’est encore le puissant lobby immobilier qui fait encore des siennes (combien de propriétaires chez les élus socialiste ?).

Point positif : le PS, avec ses 42 sièges actuels dont 23 femmes et 19 hommes, ratisse large dans sa lutte pour le bien-être pour tous, s’engageant « à garantir le droit à la formation et à l’emploi pour toutes les personnes vivant en Suisse » (oui, y compris les secondos, les résidents étrangers, réfugiés ou migrants), tout en défendant « l’égalité entre femmes et hommes » – dans cet ordre très courtois, même si certaines féministes sont contre – et en luttant, bien évidemment, contre « le réchauffement climatique ».

Merci Greta.

POUR LES LIBÉRAUX-RADICAUX, CE QUI COMPTE C’EST D’ÊTRE LIBRE (MÊME SANS LOGEMENT)

Le PLR, 16.4% des suffrages en 2015 (33 sièges, 26 hommes et 7 femmes), s’adresse directement à ses concitoyens en un respectueux « Chères Suissesses, Chers Suisses » qui sent à la fois sa vieille rhétorique – « Françaises, Français, je vous ai compris » aurait pu dire le Général de Gaulle – et une politesse encore une fois sexiste, selon les points de vue.

Et s’il ne parle pas de logement abordable, de climat, ou d’égalité homme-femme, le PLR positive, puisque non seulement il croit en nous, et dans les décisions que nous prenons « librement, sans contrainte » de façon globale, en n’opposant pas « les villes aux campagnes », mais en plus il se bat pour notre liberté (en gras dans le texte original) pour nous permettre « d’agir de façon responsable », un discours très rajeunissant, qui m’a rappelé mon adolescence et ses sermons familiaux ponctuels.

Point positif : un humour à la Maire de Champignac et à la Pierre Dac puisque le regard du parti, forcément « tourné vers l’avenir », est capable d’ « assurer la sécurité de l’emploi, mais aussi la prospérité pour tous – y compris pour les générations futures. »

Quel œil !

POUR LE PARTI DÉMOCRATE-CHRÉTIEN (PDC), C’EST « TANT QU’ON A LA SANTÉ ET DES RENTES » (LOGEMENT OU PAS)

Le PDC, très centré selon ses dires, est aussi un danseur hors normes, d’abord parce que ses actuels 26 élu(e)s sont à majorité mâles (19 hommes pour 7 femmes), mais aussi parce qu’’il est capable d’un ballet politique où le grand écart est digne d’un danseur étoile et où les extrêmes se rejoignent en pointes.

Côté gauche, il met un pied ferme et déterminé dans la politique de santé – « pour une médecine de qualité dans toute la Suisse à un prix abordable » – et celle des rentes vieillesses – « garantir aussi aux générations futures des rentes convenables ».

Côté droite, son pied défend « la souveraineté de la Suisse et l’accès aux marchés étrangers » ainsi que « des conditions-cadres favorables pour nos entreprises » tout en défendant une politique migratoire qui « promeut et exige l’intégration ».

Point positif : au centre, le PDC fait des pointes très tendance sur les entreprises « responsables du point de vue social et environnemental » et sur le climat et les énergies renouvelables.

LES VERTS VOTENT POUR LE CLIMAT (LOGEMENT INCLUS)

Merci au parti Les Verts (7,1% des suffrages en 2015, 11 sièges, 7 femmes, 4 hommes) qui, seul entre tous, a quand même réussi à caser, au niveau social, une mention au problème du logement, l’égalité salariale, le congé parental, de bonnes formations, une protection des salaires, des rentes dignes, mariage et adoption pour tous, droits humains garantis.

Pour le reste et fidèle à son programme, le parti vise le vert en tout : climat, biodiversité, paysages, « agriculture proche de la nature », énergies renouvelables.

Point positif : avec eux, si on habite en ville, on est sûr(e) d’avoir des  voies piétonnes pour aller faire son marché bio, et des pistes cyclables pour se rendre à l’aéroport.

LES PETITS PARTIS N’ONT PAS DE TEMPS POUR LE LOGEMENT

De toute façon, ces histoires de logement, ça va pour les grands partis, quand on est petit (moins de 5% de suffrages), il vaut mieux coller à son étiquette et à sa raison sociale pour ne pas perdre de sièges, comme un bon produit de niche.

Avec leurs 4,6% de suffrages actuels, les vert’Libéraux (avec la minuscule au début et la majuscule au milieu) ne s’occupent pas de logement, font se rejoindre économie et écologie – « La relation entre l’économie et l’environnement est au cœur de notre politique » – et on y est pour l’Union européenne et contre l’isolationnisme (« le développement des accords bilatéraux représente une immense chance pour notre pays »), ratissant à gauche sur l’égalité homme-femme et le mariage civil pour tous.

Au Parti Bourgeois-Démocratique Suisse (PBD, 4,1% des suffrages actuels), pas de problème de logement évoqué. On précise qu’il n’y a « pas de stars de la politique au PBD » et qu’on pactise à droite à gauche pour « trouver des solutions consensuelles ». Le programme, assez éclectique, propose de retarder l’âge de la retraite sans se demander qui engagerait ces nouveaux travailleurs, et parle d’un « système de prévoyance-temps » pour les proches aidants méritants, de « tournant énergétique », de voie bilatérale et de non-exportation d’armes.

Le Parti évangélique suisse (PEV, 1,9% des suffrages en 2015) met forcément en avant ses valeurs chrétiennes qui « fondent notre politique pragmatique en faveur des familles, des personnes défavorisées ou des personnes avec handicap », mais ne prête aucune attention aux besoins de logements abordables de son électorat. En revanche, il pense à ses souffrances physiques et métaphysiques : ici, pas question d’EXIT, le parti s’engage pour « l’accès pour tous aux soins palliatifs comme alternative à l’assistance au suicide »

Pas non plus d’évocation du problème du logement pour La Lega dei Ticinesi (1% des suffrages) dont le programme est fastoche à résumer : c’est la même chose que l’UDC, à part une exigence de baisse de l’aide suisse à la Coopération pour payer l’AVS, un refus du démantèlement de l’armée, et une condamnation des « naturalisations faciles » (pas celles des riches, on vous rassure).

Le Parti suisse du Travail – Parti ouvrier et populaire (PST-POP, 0.4% des suffrages en 2015) reste dans une rhétorique très communiste années 60 avec ses « travailleuses et travailleurs », mais son programme, où le social se mêle d’anticapitalisme, ne mentionne nulle part un quelconque problème de logement.

Quant au petit dernier, le Mouvement Citoyens Genevois (MCG, 0.3% de suffrages en 2015), il s’intéresse surtout aux problèmes spécifiques à Genève, sans toutefois mentionner ses problèmes de manque de logement chronique. Pour le MCG, ce qui compte c’est l’économie liée à l’emploi « d’euro-frontaliers » selon ses termes. Tout comme l’UDC et La Lega, le MCG prône une préférence pour les travailleurs résidents sans se demander si l’économie genevoise peut se passer de personnel frontalier, dont beaucoup de Suisses qui résident en France voisine.

EN SUISSE, ON N’A PAS DE LOGEMENT ABORDABLE, MAIS ON A DES  SLOGANS (ET DES AGENCES DE PUBLICITÉ)

En résumé, si, pour ces élections du 20 octobre 2019, les partis politiques omettent complètement le problème du logement abordable dans leur programme électoral, ils investissent de très grosses sommes dans leur plans com, au style travaillé et à la rhétorique ciblée qui vend tout un programme – toute une posture ? – que chaque slogan sait résumer en s’adaptant au public-cible, comme par exemple

– le très « on-est-bien-chez-nous-entre-riches-c’est-mieux-qu’ailleurs-où-c’est-mal-habité-et-toc » du Pour une Suisse libre et sûre (UDC)

– le très « je-m’occupe-des-pauvres-même-si-mon-électorat-fait-partie-de-la-classe-moyenne-éduquée-et-friquée » du Pour toutes et tous, sans privilèges (PS)

– le très fédérateur « on-est-tous-ensemble-sur-le-même-bateau-ce-qui-compte-c’est-d’être-libre-même-si-c’est-moins-chouette-d’être-pauvre » du Avancer ensemble des Libéraux-Radiaux (PLR)

– le très typographique « on-est-au-centre-et-on-picore-de-droite-à-gauche-bien-au-contraire » du Liberté et solidarité. Nous sommes le trait d’union (Parti démocrate-chrétien, PDC)

– le très « on-se-met-au-vert-et-plus-vite-que-ça » du Ici et maintenant : votons pour le climat ! (Les Verts)

– le très « on-est-jeunes-battants-entrepreneurs-bobos-geeks-écolos » du Créateurs d’avenir (Parti vert’Libéral Suisse, PVL)

– le très « on-est-bourgeois-mais-on-a-aussi-nos-pauvres » du PBD. Le juste milieu (Parti Bourgeois-Démocratique de Suisse, PBD)

– le très « on-est-chrétien-évangélique-et-on-ne-veut-pas-que-les-gens-se-suicident » du Par passion pour l’humain et pour l’environnement. Pour la justice, la durabilité et la dignité humaine (Parti évangélique suisse, PEV)

– le très « y-en-a-marre-de-ces-étrangers-vive-l’armée-Patron-tu-m’en-reverses-un-pour-la-route » du Un mouvement pour le peuple (Lega dei Ticinesi, LdT)

– le très « à-mort-le-grand-capital-no-pasarán-vive-le-Che » du Nos vies valent mieux que leurs profits ! Nous défendons les grandes causes, surtout celles des petits ! du Parti suisse du Travail – Parti ouvrier et populaire,PST-POP)

– le très « Genève-über-alles » du Ni gauche ni droite, Genève d’abord ! (Mouvement Citoyens Genevois, MCG).

Bon, maintenant vous avez tous les éléments pour voter, alors un conseil :

COUP DE SAC ! FAITES PENCHER LA BALANCE !