I love you Charles Poncet!

@CharlesPoncet

Il est minuit quarante-sept, ce jeudi matin. Je ne parviens pas à dormir.

Morphée me boude, à l'instar de ceux qui m'ont éclipsé d'un poste que j'ai eu la naïveté de croire pouvoir conquérir, incarner. 

Jugé par apagogie. Par les néocores des données personnelles d'un Canton… dont certains ont un compte chez Google (sic!).

Que penser, notamment, d'un juriste qui utilise, dans un cadre politique, une telle adresse de courriel ?

Une incurie, qui en dit long sur la vacuité des démarches qui seront accomplies pour protéger le citoyen ! 

Une pure folie même, lorsque l'on analyse avec un tant soit peu de sérieux les enseignements qui peuvent être tirés des métadonnées transmises par Google à la NSAainsi qu'aux autres services de renseignement.

Il suffit pour s'en convaincre d'utiliser l'outil Immersion développé au Massachusetts Institute of Technology (MIT), par le Professeur César Hidalgo et ses étudiants.

Cet outil démontre, au moyen d'un graphique dynamique de bulles évolutives, tout ce qu'il est possible de savoir au moyen des seules métadonnées: un instantané des relations sociales d'une personne au moyen de sa seule messagerie.

Orwellien.

Luciférien même, si l'on imagine le résultat du croisement de milliers de comptes Gmail et de toutes les autres données que nous disséminons quotidiennement spontanément ou à notre insu ! 

"Je n'utiliserai jamais Gmail ou un autre fournisseur de service américain". Cette affirmation de principe n'émane pas d'un Joe Blow. Elle est le fait du Préposé fédéral à la protection des données et à la transparence, Hanspeter Thür. 

Et je m'interroge. 

Suis-je devenu vindicatif, atrabilaire ? Serais-je es producteur intellectuel engagé dans un processus de reconnaissance ? Est-il possible de susciter un jugement objectif, un prisme de compétences en lieu et place d'un diktat ?

Je songe alors à Charles Poncet, dont c'est bientôt l'anniversaire. Lui qui a obtenu son brevet d'avocat l'année de ma naissance. Lui qui s'est, également, vu administrer, à quatre reprises, une potion de jouvence. 

Un gladiateur en costard dont les textes ont nourri mes pérégrinations intellectuelles et suscité une admiration sans limites. Son humour corrodant et la sublimité de sa parole ne doivent pas occulter les luttes qui furent (et demeurent) les siennes. Il est notamment l'auteur de plusieurs projets de loi dans le domaine de l'information (protection des sources, liberté d'information, etc.).

Ce qui m'a interpellé, en ces temps d'introspection et de questionnement, c'est la ténacité dont il a fait preuve, avec constance et élégance. Ni complaisance ni apitoiement. Une rigueur magistrale, dont il est le premier esclave. Chaque écriture, chaque argument, chaque grief sont ciselés comme un bijou, quelle que soit la cause à défendre. 

C'est donc que j'erre littéralement en m'émouvant, un tant soit peu, d'avoir été déprisé. Il appartient à celui qui se prétend au bénéfice d'un savoir de le démontrer, nonobstant les obstacles et d'opérer avec une invincible persistance. La leçon est hyaline : le poncif veut qu'en droit se bonifier rime avec indéfectibilité et acceptation de la mise en doute de ses capacités.  

Tenter de suivre un tel exemple est une gageure. Ne pas le tenter est un renoncement indigne du parangon. 

J'ai choisi mon camp, merci. Quels qu'en soient les sacrifices inhérents. Et j'en remercie le Gladiateur. 

Qu'il me pardonne d'ores et déjà la liberté que je prends ici, en lui disant en toute impudeur: I love you Charles Poncet!