Cher Guillaume Néry,

Vous êtes la fascinante légèreté de l’être, sous l’eau. Apnéiste, évidemment, mais surtout funambule. Vous ne nagez pas, vous volez. Sous pression sous-marine, vous volez. Sans ailes et sans machines, vous volez. Comme en apesanteur.
Dans cet ouvrage, les photos de Franck Seguin magnifient votre performance (voir ci-dessous), car s’en est une. Le Monde de Poséidon est sublimé, il doit en être heureux, il saura vous remercier.
“À plein souffle” est une invitation à vous rejoindre, alors allons-y :
Nous sommes à la dernière respiration avant la plongée, l’instant de concentration. Allongé sur le dos, à la frontière du ciel et de la mer. Remplir ses poumons jusqu’à en faire déborder l’air. Puis nous vous suivons, poisson pilote, à l’ile Maurice pour des arabesques et pas chassé dans un ballet improvisé avec des cachalots. Dans les limbes des cénotes au Mexique, dans un décor d’Enfer. Nous sentons le regard et le soufre d’Hadès. Époustouflant et terrifiant à la fois.
Comme les marins ont une fille dans chaque port, vous, vous avez vos amis, vos guides, dans chaque beauté du monde. Tous ou presque apnéiste. On choisit bien sa famille. Comme aux Philippines, à la rencontre du peuple Bajau ou “nomades des mers”. Vous, vous plongez par passion, pour découvrir, par plaisir. Ce “peuple de la mer” plonge pour se nourrir. Des amis sous-marins en quelque sorte.
Direction la cité engloutie au Japon, “le monument”, dont on ne sait pas s’il s’agit de l’œuvre humaine ou d’une inspiration marine. Poséidon sait se faire malicieux. Architecture monumentale à rendre jaloux les nababs de Riyad.
Puis la Finlande pour une descente en eaux froides. Des photographies sur papier glacé évidemment. Le froid qui vient lacérer le corps, le sang, mais vous plongez et tout ça sans branchie.
Et la Polynésie, les requins…et la première respiration qui suit la remontée. Comme la première inspiration d’un nouveau-né.
Nous voici donc ébahis et fascinés de ce que nous venons de voir, de vivre. Nous avons voyagé par procuration. La sensation est douce, calme et paisible. Euphorisante et apaisante. L’on se sent bien. Thérapie littéraire.
Heureux ceux qui nous émerveillent, qui nous réenchantent, je veux dire en cela, heureux qui nous ouvrent les portes de cités oniriques à 20 mille lieux de nos imaginations d’Homo Sapiens.
Mais brève de faconde, il est temps, désormais, d’y retourner, que les images deviennent animées, cette fois-ci, sous la caméra de votre épouse, Julie Gautier : “One breath around the world”
Plus rien ne sera comme avant, n’ayons crainte, nous y reviendrons…vivant.

“À plein souffle”
Guillaume Néry/Franck Seguin
Glénat

Sebastien Beaujault

Rédacteur web freelance, ici je vous parle de littérature sportive. Et plus généralement de la culture et du sport. Du livre de sport, de la bande dessinée de sport et même, parfois, de documentaire sportif. Malheureux à plus de 3 mètres d'un livre.