A vos marques… pages

Cher Eric Naulleau,

Que je sois écartelé par des chevaux de traie en place de Grève ! Que les restes de mon corps, ainsi démembrés, soient jetés aux vautours charognards et ensuite que l’on brûle ces volatiles sur le bûcher de l’ignorance. Comment ai-je pu douter, ne serait-ce qu’un instant, de votre crédibilité ? A ma décharge, je ne suis pas le seul de mes contemporains (à commencer par ma grand-mère, qui, soit-dit en passant, vous trouve très beau) qui se soit interrogé en découvrant le livre sur mon bureau : “Il s’y connaît en foot Naulleau ?”, “Il écrit des livres Naulleau ?”, “C’est qui Naulleau ?”, “Il joue dans quelle équipe Naulleau ?”…

Alors, Assis sur mon sac de sport, adossé contre les grilles du stade je lis “Quand la coupe déborde”.
Les doutes sont vite levés, car non seulement vous vous passionnez pour la chose, mais en plus vous en jouez ! A Vaucresson s’il vous plaît ! Je conçois qu’à l’évocation de ce nom de commune, les foules n’entament pas “You’ll never walk alone” derrière la main courante. Mais jouer, c’est déjà s’identifier. C’est surtout connaître les règles du jeu. Même si la perspective de vous voir en short me tire un léger sourire aux commissures. C’est que je vous ai érigé, comme érudit, comme lettré, comme savant…et donc, dans ma conscience très relative, hors des espaces sportifs !

Évidemment ne pas se fier au titre. Pas de vision cataclysmique sur le monde du football et ses robinets à fric, ouverts à tous vents. Pas de nostalgie d’un passé héroïque où les meilleurs internationaux, sans le sou, sortaient de la mine pour défendre les couleurs de la nation. Rien de tout cela. Bien au contraire.
C’est au cœur, devrais-je dire, aux tripes de la Coupe du Monde que vous nous entrainez cher Eric Naulleau. Parce que, cette compétition, est à bien des égards, à part. Elle se veut historique le 19 juillet 1966 entre la Corée du Nord et l’Italie. Elle est à vomir le 25 juin 1982 entre l’Autriche et la RFA. Elle se scandalise le 8 juillet 1982 entre la France et la RFA. elle se fourvoie le 19 novembre 2009 entre la France et l’Irlande. Elle se triche et se sublime, en un seul match, le 22 juin 1986 entre l’Argentine et l’Angleterre. C’est fou ce qui se passe dans ce quadrilatère où les quatre côtés sont corners ! A chaque chapitre, sa dramaturgie.

Simple visiteur du soir de match, j’y ai appris mille choses. J’y ai retrouvé, aussi, car il est bon de rire parfois, votre drôlerie, et ce trait d’humour quelque peu grinçant. Je garde en mémoire celui sur le patronyme “Hidalgo” 😉

Comme vous écrivez dans ce livre : “il existe 4 grands plaisirs liés au football : Y jouer, le regarder, en parler et écrire à son sujet”. Merci de nous avoir offert ce dernier.
Assis sur mon sac de sport, adossé contre les grilles du stade j’ai lu “Quand la coupe déborde”… jusqu’à la lie !

“Quand la coupe déborde”
Eric Naulleau
Édition Stock

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