L’affaire FIFA vue sous un autre angle

La démission de Sepp Blatter, un réel bien pour le football mondial ?

Personnellement, je ne suis pas persuadé que Sepp Blatter aurait dû démissionner. De plus, cette démission n’est pas la vraie solution pour le monde du football et du sport en général.

Première réflexion : A chaque fois que, dans ce monde, on élimine un dictateur, c’est un grand chaos qui fait suite à sa chute. Les Etats-Unis en sont souvent les principaux instigateurs (Irak avec Sadam Hussein, Egypte avec Husni Mubarak). Ils n’ont jamais réellement gagné une guerre, mais à chaque fois ils auront mis le chaos à leur retrait. Les français également avec Nicolas Sarkosy en Lybie : une vengeance sur Muammar Gaddafi, mais aujourd’hui le chaos.

Pour l’heure, je ne donne pas cher pour l’avenir du football mondial, plus précisément de la FIFA. Un grand nombre de « vautours » sont déjà dans les « starting blocks », prêts à bondir sur la manne laissée par Blatter à la FIFA. L’exemple de la FIVB (Fédération Internationale de Volleyball) le démontre aujourd’hui avec son nouveau président Ary S. Graça, suite au chaos qui a suivi les « années Ruben Acosta ».

Le 8 novembre 2010 déjà, je me suis permis d’envoyer une lettre à Sepp Blatter (avec toutes les clés d'amélioration) pour l’inciter à adhérer à un projet de contrôle de la gouvernance du sport mondial et d’en augmenter la transparence.

Seconde réflexion : Si des malversations devaient être trouvées au sein même de la FIFA, je me pose sérieusement la question de la valeur des contrôles effectués par l’organe de révision : KPMG pour ne pas le citer ! (Rapport de gestion : exemple). Dès lors, une question devrait être posée : « L’organe de révision est-il complice ou incompétent ? ». Tout ceci rappellerait tristement la faillite d’Enron et le bouleversement des milieux boursiers en décembre 2001. Quels en ont été les enseignements ? Mis à part la création de la Sarbanes Oxley Act, s’est-on penché sur la capacité de contrôles des organes de révision ?

La meilleure solution pour la FIFA est que Sepp Blatter reste encore durant 6 à 12 mois au moins et qu’il entame les changements suivants au plus vite :

  • la séparation des pouvoirs : le rôle du président (stratégique) et celui du directeur général (opérationnel) : disparition du titre de « Président exécutif » ;
  • la durée de mandant du président (par exemple : 8 + 4 ans : idem CIO) ;
  • la transformation des « coutumes » en règles avec un cadre mesurable et contrôlable ;
  • la gouvernance globale de la FIFA, c’est-à-dire la maîtrise et le contrôle de bout en bout de tous les projets FIFA sur le plan de la gestion comme sur le plan financier (c’est-à-dire jusqu’au payement de la dernière pierre de l’édifice) ;
  • Participation à la mise en place d’une « agence de contrôle de la gouvernance du sport mondial » (WSGA).

Sepp Blatter est le seul à pouvoir le faire, avec ses connaissances approfondies du football mondial. C’est la dernière mission qu’on lui demande et c’est le service qu’il doit encore rendre au football mondial et au sport en général.

Sandro Arcioni

Sandro Arcioni, Dr ès sciences, lieutenant-colonel, expert en stratégie et en cyberdéfense, directeur de mupex Sàrl et enseignant-chercheur dans le domaine de la gouvernance.