Sécurité : comment éviter le pire ?

Le dramatique accident de l’A320 de Germanwings soulève bien des questions sur la sécurité en général.

Actuellement, le monde des médias (anciennement presse écrite, radio, …) a pris une place importante dans la société, relayé également depuis 10 ans par des flashs TV en « prime time », par les flashs médias au travers de l’internet et par les médias sociaux : Twitter, Facebook, Youtube, etc. pour des mises lignes en temps réel ou pour mettre en avant son nom personnel. Et ceci devient tellement facile…

Le « burn out » comme on l’appelle aujourd’hui, c’est-à-dire la dépression, le surmenage ou simplement le manque d’assurance face à un problème, face à ce que pense autrui a toujours existé. Cependant, il y a encore 100 ans, le monde « allait moins vite » aussi bien dans la transmission de l’information que dans le nombre de personnes utilisant des services de transport en commun.

Aller à cheval, conduire une voiture, piloter un train ou un avion, l’accessibilité aux moyens de transport de tout un chacun a également changé. Idem pour l’accès aux réseau d’eau ou d’électricité. Nous évoluons aujourd’hui dans un environnement connecté : réseaux de communication, transports, électricité, eau, etc.

Chaque individu en a accès ! Et c’est un avantage pour tous, mais également un risque pour tous. Il y a 100 ans, si un individu était pris d’une crise de folie, il risquait de tuer un ou deux proches et personne ne le savait en dehors de son village.

Sans entrer dans les problèmes du terrorisme qui sont finalement les mêmes en terme d’impact mais qui doivent être abordés d’une manière différente, les problèmes individuels graves sont à prendre en compte pour la protection de la population en général.

En mixant maintenant l’effet des médias et la possibilité d’un acte de folie commis par un individu dépressif à un temps T au travers d’un des réseaux cités plus haut, la dimension de l’acte devient tout autre. Exemple en date, le crash, probablement volontaire de l’A320 de la compagnie Germanwings, commandé par un copilote dépressif. « Acte suicidaire personnel » emmenant à la mort 150 personnes innocentes. Sans compter la tristesse des familles. Acte, contrairement à l’acte terroriste, ne défendant aucune cause si ce n’est peut être celle d’afficher son nom dans le monde entier.

Qui en porte aujourd’hui la responsabilité ? Très certainement la société.

Aujourd’hui, trop de personnes mettent tout sur Facebook : photos, informations diverses ou même pire. Par contre, cette même société s’interdit de mettre sur pied un fichier de personnalités potentiellement dangereuses sous prétexte du secret médical. Mais, en fonction de la profession du patient, le médecin devrait, dans les plus brefs délais, avertir un organe central qui se chargerait de contrôler la suspension de la personne. En fonction de la profession, cette suspension pourrait se prolonger dans le temps, voire devenir définitive.

Quelles sont les professions à risques ? Pilote d’avion, conducteur de locomotive, conducteur de bus, aiguilleurs du ciel, etc. mais également dans des domaines sensibles tels que les milieux médicaux ou dans l’exploitation de centrales nucléaires, réseaux d’eau potable etc. Mais également dans les forces de police ou à l’Armée. Un commandant, de tout grade, qui fait un « burn out » n’a plus sa place en tant que commandant !

Sans vouloir prôner l’Etat sécuritaire (preuve en est : avec la phobie américaine, le pilote de l’A320 n’a pas pu ouvrir la porte du cockpit), nous sommes toutes et tous en droit d’évoluer dans un Etat sûr. Et il en va de la responsabilité de l’Etat de mettre en place les conditions nécessaires pour y parvenir. Créer une liste de personnes potentiellement dangereuses n’est pas « sécuritaire » mais permettra au moins de diminuer les risques dans la société dans laquelle nous vivons.

Il faut adapter les règles à l’évolution de la société. Malheureusement, se faire un nom en se suicidant aujourd’hui c’est possible grâce aux médias et à l‘accès aux composantes du réseau.

Ne voyons pas une telle liste comme un recensement de dangereux individus, mais allons plutôt dans le sens d’une protection de ces personnes afin qu’elles ne puissent, consciemment ou inconsciemment, commettre un acte irréversible.  

 

Sandro Arcioni

Sandro Arcioni, Dr ès sciences, lieutenant-colonel, expert en stratégie et en cyberdéfense, directeur de mupex Sàrl et enseignant-chercheur dans le domaine de la gouvernance.