Aujourd’hui, 8 mars, c’était la Journée internationale des femmes. Ou des droits des femmes. Parce que cela donne lieu à des querelles sémantiques. Pourtant, pas besoin de se crêper le chignon pour une simple appellation. Mais, je dis ça, je dis rien (me voilà déjà mal partie). Une brève recherche règle rapidement la question : la page des Nations Unies parle simplement de la Journée internationale des femmes. Mais quelle importance?
Je ne peux pas m’empêcher de noter en passant que le 19 novembre, Journée internationale des hommes, est également la Journée mondiale des toilettes. Allez, Messieurs, hurlez à l’ignoble injustice ! Mais ni tout de suite, ni trop fort, parce que la Journée internationale des hommes n’est en réalité pas officielle selon le calendrier des Nations Unies. En fait, c’est le souvenir des victimes de la circulation routière que l’on commémore en même temps que les latrines. Je ne dis pas que l’hygiène et le traitement des eaux usées n’est pas une question d’importance, seulement qu’il aurait peut-être été judicieux d’y consacrer un jour, exclusivement.
Mais revenons à Notre journée. Le premier National Woman’s Day (Journée nationale de la femme) a eu lieu aux États-Unis le 28 février 1909. S’il avait été reporté d’un jour, on aurait pu le célébrer tous les quatre ans seulement, et peut-être que cette périodicité nous permettrait de constater quelques avancées, pour l’heure imperceptibles à un rythme annuel. Deux ans plus tard, ce jour devient le International Woman’s Day (Journée internationale de la femme) célébré alors le 19 mars 1911 aux États-Unis, en Autriche, au Danemark, en Allemagne et… en Suisse ! On ne peut pas dire que cette précocité ait véritablement aidé les femmes à obtenir plus rapidement le droit de vote dans notre pays, puisqu’elles ont tout de même dû attendre 1971 pour qu’il soit entériné au niveau fédéral. Pour celles et ceux qui ne l’auraient pas encore vu, le film suisse Die göttliche Ordnung / L’ordre divin est un petit bijou qui retrace de manière originale l’histoire de ce scrutin essentiel dont les principales intéressées étaient forcément exclues et qui ne faisait pas l’unanimité dans le clan des femmes. En 1972, l’émission Temps présent dressait un portrait de la femme suisse, dont on peut consulter plusieurs dossiers grâce aux Archives de la RTS: Être femme en Suisse. Après la Seconde Guerre mondiale et jusque dans les années 70, c’est plus largement dans les pays communistes que le International Women’s Day (Journée internationale des femmes) est adopté. C’est en 1975 – année internationale des femmes – que l’ONU a instauré la Journée internationale des femmes le 8 mars. Aujourd’hui, c’est plus d’une centaine de nations qui marquent cette journée, laquelle constitue même un jour férié dans près de trente pays.
Pour quel bilan? Au moins une femme sur trois est victime de violences et, comme le souligne le rapport de l’ONU, la liste des exactions qu’elles subissent est tellement longue qu’on n’a pas encore fini de la dresser. Le viol des femmes demeure une arme de guerre, l’excision un fléau. Les mariages forcés sont monnaie courante. Des femmes sont vendues comme des marchandises. Trop de fillettes ne fréquentent pas l’école. Et là où on se targue de plus d’égalité, on ne cesse de vouloir revenir sur le droit des femmes à disposer de leur corps, le plafond de verre n’a pas cédé et les femmes devraient partir en vacances avant la Journée internationale des hommes pour obtenir un salaire comparable au leur. L’année écoulée a vu un déballage outrancier déboucher sur une certaine prise de conscience collective en ce qui concerne les violences faites aux femmes. Il devrait s’assortir de mesures, en France par exemple. Malheureusement, j’entends encore trop souvent autour de moi des hommes – et des femmes aussi – répéter qu’être féministe est démodé, voire déplacé.
Heureusement, il y a encore 364 autres jours dans l’année pour agir.