Les boulets de l’UDC

Le résultat du 28 février 2016 est certes une grande victoire pour la Suisse et l’état de droit. Cela nous donne aussi de l’espoir pour les défis à venir pour notre pays. Après l’acceptation de tant d’initiative populistes et agressives, comment se fait-il que le peuple donne un non si massif ? Comment le peuple qui accepte une initiative contre les travailleurs étrangers peut refuser ainsi un texte qui s’attaque pourtant aux criminels étrangers ?

Le problème de l’UDC, c’est qu’à chaque fois qu’elle gagne une initiative, elle la traine comme un boulet.

Chaque initiative de l’UDC acceptée nous amène chaque jour des embuches, des problèmes, des ennuis et des difficultés. Est-ce que les problèmes dénoncés ont été résolus ? Par contre, nous restons la risée pour avoir interdit les minarets, et il n’existe pas un jour sans que les conséquences économiques de l’initiative de l’UDC du 9 février se fassent sentir.

L’épreuve de la réalité

Alors peut-être que les gens se disent qu’avant d’accepter des textes de plus en plus extrêmes, il est temps que les formules à l’emporte-pièce de l’UDC fassent leurs preuves. Et c’est ça le problème quand vous gagnez les votations : on doit vraiment appliquer ce qui a été voté, et on peut observer les conséquences directes.

Réparer les dégâts

Nous voyons tous aujourd’hui à quel point nous devrons dépenser une énergie considérable pour mettre en œuvre l’initiative du 9 février, et que nous ne pourrons que limiter les dégâts qu’elle causera, notamment dans nos plus grandes forces comme la recherche et la formation de haut niveau. Le dumping salariale et fiscal, pourtant, vont toujours rester. C’est à l’épreuve de la réalité que le populisme s’écrase.

L’apogée annonce…

L’UDC est aujourd’hui à son apogée. Les personnes déçues et énervées par le système font encore confiance à ce parti. Toutefois, son incapacité à réellement améliorer la vie des gens se paiera cher ces prochaines années, et nous pourrons alors aller vers une ère nouvelle. Certes, les autres partis devront changer certaines choses et mieux se positionner sur certains domaines. L’UDC par contre convaincra de moins en moins avec le discours de haine qui ne débouche que sur plus de mal, et sera probablement forcée à évoluer à nouveau. La tâche deviendra plus difficile encore lorsque les grands financeurs du parti auront disparu, annihilant par là le pilier principal du succès du parti.

… le déclin

L’apogée de l’UDC appelle donc à un prochain déclin, mais celui-ci prendra du temps, et les autres acteurs de la scène politique ont un travail de conviction à faire pour que les personnes qu’ils ont déçu par le passé se remettent à faire confiance à ce qui fait la force de notre pays, et la vraie fierté de sa population : notre ouverture, la qualité suisse, l’humanisme et notre amour de faire des choses qui sont bien, autant que celui de bien faire les choses. 

La victoire d'aujourd'hui pour le peuple suisse n'est qu'un petit pas, qui prouve qu'on peut faire quelque chose contre le discours diabolique de haine aveugle. Toutefois, il reste encore un grand travail à faire pour expliquer, convaincre et proposer des choses concrètes qui redonnent à plus de monde fierté, confiance et espoir autour d'un vrai projet pour notre pays. 

Samuel Bendahan

Conseiller national socialiste vaudois et Docteur en sciences économiques, Samuel Bendahan enseigne à HEC Lausanne (UNIL) et à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), au Collège des humanités et y fait de la recherche. Il est également président de BSC Association, une entreprise organisée sous forme d'association à but non lucratif.