Les communes genevoises, de la naphtaline ?

Il y a un peu plus de 200 ans, Genève faisait le choix d’adhérer à la Confédération helvétique sur la base de frontières restreintes volontairement, nous coupant du bassin naturel qui a toujours été celui de Genève, pour des raisons liées aux identités religieuses, politiques et sociales de l’époque. Un mariage de raison bien plus que d’amour car la Suisse offrait l’avantage de laisser beaucoup d’autonomie à ses « membres », les cantons. Cette construction mal fichue a laissé des traces durables dans la vie politique, économique et sociale de cet espace genevois trop contraint et institutionnellement encombré.

 

Canton jacobin, frileux et incapable de se réinventer

Deux siècles plus tard, Genève n’a pas encore trouvé la bonne formule institutionnelle pour gérer son territoire. Genève est le canton de Suisse qui accorde notoirement le moins d’autonomie à ses communes, petites ou grandes. Dans la part des dépenses publiques qu’elles gèrent, le rapport est de 18 francs gérés par l’ensemble des communes genevoises et de 82 francs gérés par le canton – alors qu’en comparaison à Zurich, le rapport est de 50/50, et sur Vaud, de 40/60!

En fait, rien n’empêche le Conseil d’Etat de proposer la diminution du nombre de communes, voire leur suppression, plutôt que de chercher en permanence à leur transmettre des charges sans compétences. Et ainsi le débat aurait eu lieu, de manière démocratique. Le Canton trouve de fait des alliés parmi les petites communes, qu’un très hypothétique transfert de compétences angoisse, au vu de leurs ressources limitées et leur manque de moyens opérationnels. Dès lors, force est constater le manque de courage et de créativité politique à Genève, et donc l’incapacité de proposer une vision cohérente et équilibrée pour l’organisation institutionnelle genevoise.

Le 23 septembre 2016, le Grand Conseil adoptait la Loi sur les fusions de communes (LFusC), mais dans l’indifférence la plus générale. En effet, les mesures « incitatives » sont ridicules : elles prévoient la gratuité de la procédure, un soutien juridique et administratif du Département cantonal de tutelle, une subvention unique du Canton à la commune fusionnée d’un maximum de 2 millions de francs et à certaines conditions, notamment que la nouvelle commune ne dépasse pas 15’000 habitant.e.s, ainsi que la possibilité d’une participation du Fonds intercommunal au financement des investissements de la nouvelle commune pendant 5 ans. Qu’aucun projet de fusion n’ait été présenté depuis l’entrée en vigueur de cette loi semble donc évident… Et la clause limitative à 15’000 habitant.e.s incarne de manière risible la peur panique du Canton face à la création d’entités ayant une masse critique. C’est pourtant bien à partir de 15’000 personnes qu’une collectivité commence à pouvoir assumer de manière intéressante de nouvelles tâches publiques.

Oser redonner du pouvoir démocratique et des ressources décentralisées
La deuxième remarque, c’est que, oui, les 45 communes genevoises risquent de se muer lentement mais sûrement en coquilles vides, d’un point de vue de leurs compétences décisionnelles, respectivement en simples agents d’exécution des tâches décidées par le Canton ou la Confédération. En gros, on a de plus en plus de boulot, de charges, de responsabilités mais un cadre de plus en plus contraignant pour exécuter le travail, son prend l’addition de normes qui nous enferment dans un carcan.

Doit-on considérer cet état de fait comme normal, au vu de la petitesse du territoire et donc de la nécessité d’assurer des politiques publiques cohérentes et homogènes pour tous et toutes ? Mais bénéficions-nous réellement de cette cohérence et de cette homogénéité?

Dans la pratique, si la plupart des grands domaines de l’action publique sont pilotés par le canton, les ressources, elles, sont particulièrement mal réparties. Certaines communes sont très riches, avec un impôt communal particulièrement bas, alors que d’autres communes, petites ou grandes d’ailleurs, certaines urbaines, d’autres rurales, sont nettement moins favorisées et n’arrivent pas toujours à assumer pleinement leurs obligations, parfois tout en palliant aux manquements du Canton dans certains domaines. De plus, les communes riches ne sont de loin pas celles qui contribuent le plus à l’effort collectif sous forme d’équipements publics, de prestations proposées à toute la population, aux projets communs (crèches, équipement sportifs, culture de proximité, etc.). Le Canton lui-même voit s’échapper l’accès à des ressources importantes. De plus, de nombreux contribuables souvent aisés habitent sur le Canton de Vaud tout en travaillant sur Genève, et ne contribuent en rien aux charges des prestations (transports, voirie, sécurité, espaces publics, etc.), dont ils et elles bénéficient. L’actuel système de péréquation, s’il a le mérite d’exister, avec une amélioration récente et bienvenue, ne compense que très partiellement ces déséquilibres, qui ont des effets pervers. De même, les nombreux Fonds intercommunaux (FI, FIA, FIE, FIDU, etc.) représentent des outils partiels bienvenus de rééquilibrage mais remettent en question la légitimité démocratique et la lisibilité de l’action publique, notamment vis-à-vis des Conseils municipaux.

 

Disparités et déficit démocratique

Et s’il fallait encore une incohérence, probablement la plus grande : Comment prendre en compte les enjeux spécifiques des villes? 80% de la population genevoise se concentre dans les 11 villes reconnues du Canton, soit ¼ des 45 communes genevoises. Or il va sans dire qu’elles font face à des enjeux sociaux, économiques, liés à la mobilité, à la sécurité ou même à la vie culturelle et sportive bien différents des communes de villas ou rurales! D’où la création de l’Union des Villes genevoises en 2015, tout de suite honnie par le PLR et le PDC cantonaux, ce qui montre leur déni du phénomène urbain. On constate aujourd’hui un déséquilibre criant en matière de fiscalité, de structure de la population, de répartition de logements et d’emplois, de réalisation de prestations et de responsabilités. A titre d’exemple, selon l’Union des villes suisses (UVS – organisation officielle en la matière et pas franchement de gauche), les communes urbaines dépensent 57% de plus en matière de sécurité sociale, ou encore 2.65 fois plus par habitant.e pour la sécurité publique. Or, la politique cantonale genevoise reste lourdement dominée par des alliances d’intérêts particuliers, contraires aux intérêts de la majorité de la population vivant en milieu urbain. On peut sérieusement se poser la question de la pertinence démocratique d’avoir 45 communes sur un territoire de 282 km² ; entités qui ont toutes le même poids décisionnel au sein de l’Association des communes genevoises (ACG), alors que 17 de ces communes ont moins de 2000 habitant-e-s, soit moins d’1% de la population résidante en Ville de Genève.

En clair, sur ce petit territoire, il existe de trop fortes disparités qui génèrent une forte inégalité face à l’action publique, et prétéritent la capacité de Genève à construire un avenir équilibré, durable et harmonieux, en tenant compte aussi des enjeux de notre région plus large. Il en va de la cohésion et de l’avenir de notre région, afin de proposer à nos habitantes et habitants une capacité d’assurer leur bien-être et leur qualité de vie de manière équitable et durable, dans un système lisible et compréhensible. Ces défis n’ont pris que plus d’importance avec la crise du Covid qui, au-delà de sa composante sanitaire, va nous placer devant des conséquences lourdes à plus long terme, qui s’ajoutent aux enjeux climatiques et sociaux.

 

Dès lors, quelles réponses possibles?

La première, radicale, serait de supprimer toutes les communes et d’arrêter de faire vivoter ces coquilles vides dépourvues de réelle autonomie, puisque Genève semble tellement attachée à cette tradition « jacobine » très centralisatrice! Mais bon gré mal gré la commune constitue l’élément de base de la construction helvétique et son échelon le plus légitime. La deuxième serait de créer deux demi-cantons, comme l’ont fait les deux Bâle en 1833. Mais notre canton est trop petit pour pouvoir créer deux demi-cantons et trop grand pour ne devenir qu’un canton-ville, comme l’est Bâle-Ville avec ses 3 communes. Fusionner les communes de manière responsable et organiser la fiscalité de manière équitable!

Dès lors, pourquoi ne pas imaginer sérieusement un processus ambitieux et offensif de fusions pour parvenir à des communes ayant une masse critique et une représentativité suffisante pour agir ? Le Canton de Glaris a fusionné ses 25 communes en 3 grandes communes, réforme entrée en vigueur le 1er janvier 2011, dont le caractère radical est d’autant plus marquant qu’elle a été adoptée en Landsgemeinde. Nous pourrions aussi avoir un nombre réduit de communes, dès lors nettement plus grandes, dont un centre urbain élargi, poursuivant ainsi la logique de fusion effectuée dans les années 30. On pourrait imaginer viser des communes d’au moins 15 à 20’000 habitant.e.s, sans diminuer la taille des villes existantes (Vernier compte par exemple plus de 35’000 habitant.e.s, Lancy près de 34’000) ce qui nous amène à environ 10 à 15 communes en tout.

Aujourd’hui, le réel enjeu auquel doit faire face Genève sur le plan territorial et qui est de la responsabilité du Canton, avec ses partenaires, est celui d’un développement plus harmonieux de l’espace régional (projet d’agglomération transfrontalier du Grand Genève). Il s’agit de parvenir à maintenir un lien fort existant au niveau communal et une qualité de vie attendue par les habitant.e.s tout en organisant le nécessaire développement à l’échelle d’un territoire bien plus vaste. Ce territoire nécessite des efforts massifs et urgents pour résoudre les nombreux déséquilibres qui le caractérisent. Un enjeu tout aussi vital réside au niveau de l’espace lémanique, qui est de plus en plus en connecté sur les plans économiques, urbanistique, culturel, scientifique, etc., ce qui rend aussi indispensable une négociation entre Genève et Vaud sur la question des ressources fiscales et le co-financement des infrastructures.

 

Soyons donc responsables et innovants, et relançons le débat!

Ce débat est nécessairement corrélé à celui de la fiscalité communale et de la péréquation, aujourd’hui insuffisante, ainsi qu’à celui de la prise en compte adéquate des charges de villes-centre, bénéficiant à un bassin de population plus large que le leur. Mais aussi à la capacité à répondre aux besoins de proximité par les communes, plus flexibles et agiles que le Canto, à condition d’alléger un cadre légal et réglementaire sclérosant.

Au final, l’objectif global doit être de réconcilier les échelles à la fois socioéconomiques et territoriales des réformes au-delà des réformettes tentées ci et là qui ne représentent qu’un emplâtre sur une jambe de bois, ou servent de prétexte à des règlements de comptes idéologiques contre le monde urbain en général et la Ville de Genève en particulier, cachant une impuissance à aborder réellement les défis d’aujourd’hui. Ces propositions de réformes pourraient très bien provenir des villes genevoises qui devront s’unir pour sortir de cette logique inégalitaire et pour développer leurs propres mécanismes de coopération avec d’autres communes urbaines dans les territoires qui entourent Genève en faisant converger leurs positions et leurs stratégies au bénéfice de la plus grande partie de la population résidente de cette région.

e-ID : ne bradons pas nos données

Ce second billet de blog (après celui-ci), aborde la question de la protection des données, mais aussi l’utilisation de celles-ci et la question du modèle d’affaire d’un passeport numérique qui serait privatisé.

Sur la question de la protection des données personnelles, il faut tout d’abord se rendre compte qu’en réalité, une e-ID n’est absolument pas nécessaire par exemple pour du commerce en ligne. Dans ces cas, aucune pièce de légitimation n’est requise. Notre passeport numérique devra aussi être utilisable en ligne sur des sites privés (de la même manière qu’on montre actuellement notre passeport physique pour certains services), mais ce n’est pas vraiment le sujet. Nous votons sur une loi qui tente de créer un login universel qui pourrait être utilisé sur le plus de sites web possible. Alléchant. Et là encore on retrouve l’identification par Facebook ou Google sur des sites tiers de e-commerce par exemple. Mais complètement irréaliste.

Et puis si on compare aux GAFAM susmentionnés, on se retrouve à interroger le modèle d’affaire des futurs fournisseurs. Bien sûr, nos données privées seront en principe non transmises (en principe…). Mais dès lors, comment vont se financer les prestataires d’identité ? Ce ne sont pas des mécènes ; ils veulent gagner de l’argent s’ils assurent une prestation. On peut imaginer que ce soit les citoyen.ne.s qui paient directement. Ça pose évidemment la question d’une identité qui serait à deux vitesses, voire trois, puisque 3 niveaux de sécurité sont prévus par la future loi (avec des tarifs en conséquence). Vous avez les moyens de vous payer le passeport le plus moderne et efficace, doté d’un niveau maximal de sécurité ? Bien. Sinon rabattez-vous sur celui qui est doté d’une sécurité au rabais. Imaginerait-on avoir des passeports papiers « premium » vendus plus chers par des entreprises, et qui vous ouvriraient les portes de prestations supplémentaires ? Inadmissible.

Sinon, le financement peut provenir de la Confédération. Mais on serait dans ce cas dans le même système qu’un appel d’offre standard. Pourquoi dès lors se délester de la capacité à gérer directement, avec l’entreprise mandatée ? Nous le faisons actuellement avec les entreprises qui produisent le plastique de nos cartes d’identité (non, ce n’est pas la Confédération) ou celles qui fournissent les serveurs hébergeant nos données (en mains des autorités publiques). Et puis, ne figure aucun élément d’appréciation : combien cela coûtera-t-il ?

Parce que le modèle d’affaire n’est peut-être pas celui-là. « C’est gratuit ? C’est vous le produit ». Eh oui. Si les futurs fournisseurs d’identité ne sauront pas grand-chose sur vos données intimes, elles pourront néanmoins bénéficier d’un contact, d’une traçabilité de vos transactions, etc… Des données qui ne pourront pas être gardées très longtemps, mais qui seront néanmoins dûment monétisées. Souhaitons-nous vraiment que des entreprises (assurances par exemple, déjà nombreuses à soutenir la loi sur l’e-ID), fassent du « data broking » avec nos demandes de prestations sociales ou nos offres d’emploi? Sans parler qu’à terme, ce passeport électronique pourrait nous permettre de voter et qu’une de ces entreprises peut tout aussi bien être une filiale d’une multinationale sise dans une dictature. Selon la loi toutefois, les fournisseurs ne sont pas autorisés à exploiter commercialement «les données générées par une application de l’e-ID ni les profils d’utilisation basés sur celle-ci». Pourtant, les données sont conservées pendant six mois. Le principe de l’économie des données voudrait pourtant qu’elles soient supprimées immédiatement. Mais surtout, une solution vraiment intelligente s’inscrirait dans le principe du «Privacy by Design», soit choisir une architecture de système dans laquelle ces données n’accèdent pas à un endroit central. Car une personne qui s’enregistre sur une plate-forme est ensuite traçable en continu, sans difficulté. On peut aisément constituer sur cette base le profil de votre personnalité (technique du « profilage »), de manière à vous proposer des services « adaptés » ou vendre ces informations à d’autres. On dit souvent que les données c’est l’or du 21ème siècle ! La majorité des personnes ne se rendent pas compte qu’à chaque click sur le net on laisse une trace, qui peut être stockée, regroupée avec les autres traces laissées précédemment, analysée, revendue … à votre insu ! Qui lit réellement les « Conditions générales » d’un site avant de cliquer sur « accepter » ? Par exemple à chaque mise à jour du logiciel de votre smartphone ? Ou de chaque application fort utile ou sympathique que vous téléchargez ? Ou de chaque site de e-commerce fort bien construit ? Ce ne sont donc pas forcément vos données personnelles qui sont monnayées, mais bien vos affinités, vos comportements sur le net, vos habitudes, vos relations et donc… votre identité !

 

e-ID : quels enjeux ?

Nous voterons le 7 mars sur le projet de loi fédérale sur l’identité numérique. Une loi pour laquelle le Conseil fédéral a opéré un choix radical en donnant la possibilité à des entreprises privées de délivrer des passeports suisses numériques (e-ID). En 2020, formellement, j’ai repris la responsabilité des services informatiques de la Ville de Genève et fait figurer la transition numérique dans le nom du département. Par ceci, j’ai surtout voulu signifier l’importance du portage politique d’une démarche que j’avais déjà entreprises depuis plusieurs années, à savoir la volonté d’une transition numérique responsable, audacieuse et créative pour le secteur public. C’est dans l’esprit de cette transition que j’aimerais développer quelques courts billets de blog autour des enjeux de cette identité numérique.

1er constat, partagé d’ailleurs par un journaliste du Temps du 1er février : parmi les enjeux des votations du 7 mars, celui de ce futur passeport numérique manque singulièrement de débat politique. Pourtant, les enjeux nous concernent toutes et tous. Ils déploieront aussi des conséquences sur un temps très long.

Pourquoi cette absence (relative) de débat ? C’est le chapitre que je souhaite aborder avec ce texte. Les autres suivront successivement jusqu’au 7 mars.

En échangeant autour de moi et avec les services municipaux de la Ville de Genève, je constate qu’il y a certainement une mécompréhension. Nous avons en effet déjà plusieurs solutions d’identification (plus ou moins performantes, d’ailleurs) qui permettent par exemple d’accéder à des services publics (inscrire son enfant au parascolaire, réserver un terrain de sport ou un livre dans une bibliothèque) ou privés (on pense bien sûr à tout le domaine du e-commerce, mais aussi aux identifications bancaires plus sécurisées par exemple). Ces identifications gagneraient assurément – pour les collectivités publiques genevoises – à pouvoir être harmonisées. Qu’on puisse accéder avec un même identifiant aux différents services de l’Etat par exemple.

A contrario, pour le secteur privé, nous avons déjà des « providers d’identité ». Vous pouvez utiliser votre compte Google ou Facebook, pour accéder à d’autres services, des achats en magasin par exemple, sans avoir à s’inscrire avec un identifiant spécifique. C’est ce modèle qu’a choisi le Conseil fédéral en déléguant cette tâche à des entreprises privées. On y voit naturellement un gage de flexibilité et une économie de moyens. On peut considérer que c’est un choix naturel et pratique, puisque nous utilisons déjà au quotidien de multiples identifiants.

En réalité, cela procède d’une très mauvaise compréhension de ce qu’on entend par « passeport numérique ». Celui-ci n’est pas simplement un identifiant nous permettant de réserver un court de badminton (pour cela un login avec un courriel et un code suffisent), ni même ce qui nous permet de nous connecter pour des transactions de e-banking. Il s’agit véritablement de ce qui constituera notre identité officielle numérique. Un équivalent de notre passeport ou notre carte d’identité.

Dans le futur, nous pourrons signer des initiatives, voter et nous porter candidat.e.s à une élection via ce sésame numérique. Elle nous servira à nous identifier comme légitime bénéficiaire de prestations sociales par exemple. Nous devrons peut-être l’employer pour passer une frontière (geste dont on prend conscience depuis quelques mois qu’il n’est pas forcément anodin). On ne peut donc pas la comparer à un simple login, mais devons la mettre en regard de notre actuel passeport. Un document délivré de manière exclusive par l’Etat, en lien avec les cantons et les communes.

Je reviendrai ultérieurement sur les questions de protection des données et de business-model, mais souhaitais commencer cette série de blogs par ce rappel du sujet même de la votation du 7 mars. En tout état de cause, ceci montre en tout cas qu’un débat élargi et approfondi est nécessaire sur la meilleure manière d’appréhender notre avenir numérique, individuel et collectif.

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commentaire supplémentaire ajouté le 4.2.21:
Je me réjouis de constater les nombreux commentaires suscités par ce billet de blog, qui prouvent qu’un réel débat sur ce projet de loi et plus globalement sur ces enjeux numériques est nécessaires. Quelques précisions: je suis personnellement opposé à ce projet de loi et ma volonté avec ce billet était justement de mettre en évidence la différence fondamentale qui existe entre ce qui constituera notre identité citoyenne officielle, et de simples login d’accès à des services privés.
Je poursuivrai avec d’autres dimensions problématiques de cette loi, dont les aspects relatifs aux données, au modèle d’affaire ou aux tâches qui devraient rester propres aux collectivités publiques.

(source: https://www.eid-referendum.ch)

Discours du 1er août 2020

Discours du Maire, prononcé à l’occasion de la fête nationale organisée par la Ville de Genève – seul le prononcé fait foi

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Madame la présidente du Conseil municipal (Albane Schlechten)

Monsieur le Conseiller administratif , cher collègue, cher Alfonso,

Madame la vice-présidente de la section genevoise de l’Association suisse des infirmières et infirmiers (Patricia Borrero)

Mesdames et Messieurs les élu-e-s et représentant-e-s des autorités fédérales, cantonales et municipales vivant en Ville de Genève

Chères habitantes et chers habitants de notre belle villede Genève

Bienvenue à toutes et tous !

[En dialecte alémanique]: à tous nos amis originaires de Suisse alémanique, j’adresse mes chaleureuses salutations et vous remercie de votre présence. Comme vous l’entendez, j’ai quelques origines alémaniques et c’est d’autant plus un plaisir de célébrer notre fête nationale avec vous. Mes origines multiples – alémaniques, extra-européennes et surtout romandes ! – sont un bon exemple de la belle diversité qui caractérise notre pays et notre ville.

Cari amici ticinesi, siamo molto lieti di celebrare con voila nostra festa nazionale. Condividiamo elementi relativialla nostra cultura latina, che si esprime co bene neimomenti conviviali.

Ladies and gentleman, I would like also to express my warmest welcome wishes to our international guests, reminding that Geneva is proud of being a very diverse and international city, and also aware of the responsibilities it gives to us. I wish you to spend a nice Swiss National Day!

 

Je suis particulièrement heureux que nous puissions être réunis aujourd’hui pour commémorer ensemble la Fête nationale suisse, ici au cœur du Jardin botanique dont je salue le directeur Pierre-André Loizeau et ses équipes. Une Fête nationale dont on se souviendra à coup sûr comme celle de la lutte contre le coronavirus.

Je tenais à ce que nous puissions malgré tout honorernotre tradition et rappeler ce qui nous unit, habitantes et habitants de toute la Suisse.

Le 1er Août est un moment hautement symbolique. Une occasion de nous rappeler ce qui nous unit, la solidarité qui nous anime, l’entraide qui nous cimente. Ces valeurs qui sont cardinales dans notre société et que nous devons, plus que jamais, mettre en exergue dans la situation présente et, surtout, concrétiser sur le terrain, pour toutes et tous.

C’est pour cette raison que j’ai proposé, cette année, à l’Association suisse des infirmières et infirmiers d’intervenir comme invitée d’honneur de la Ville de Genève, et je remercie sa section genevoise, représentée par Mme Patricia Borrero, d’avoir donné suite à cette invitation. Je tenais à rendre hommage à une des professions dont les compétences ont été et sont toujours vitales pour lutter contre la pandémie qui nous est tombée dessus. Ce n’est pas la seule, bien sûr, mais le fait qu’elle soit principalement féminine et basée sur le soin et l’attention aux autres en font un symbole, un emblème. Je pense aussi aux vendeuses des magasins de première nécessité, aux aides à domicile, au personnel de nettoyage, et à de nombreuses autres.Mais les infirmières et les infirmiers ont été en première ligne pour soulager, soigner, apporter confort et réconfort. Je veux ici les en remercier très sincèrement, en mon nom et au nom des autorités de la Ville de Genève, et insister sur la nécessité de valoriser enfin cette profession.

Cette Fête nationale ne ressemble à aucune autre, parce que nous avons dû intégrer strictement les consignes sanitaires afin de nous protéger toutes et tous. C’est donc une fête épivardée que nous allons vivre, au cœur des quartiers de la ville. Une fête pour prouver que l’espace public, quand nous nous l’approprions pour en faire un lieu convivial, est un espace où l’on peut se sentir bien les uns avec les autres, en sécurité. Un lieu où l’échange et le dialogue s’épanouissent.

Les arts de la rue que nous avons conviés pour vous émerveiller, vous faire rire, réfléchir ou même peut-être pleurer d’émotion, incarnent cet esprit festif et rassembleur que nous espérons voir se répandre dans les parcs et sur les places aujourd’hui.

Dans les années 80, nous avons subitement dû nous plier à l’impératif de l’amour safe, quand le sida s’est répandu et a frappé si injustement, si brutalement. Aujourd’hui, nous allons devoir inventer la fête safe.Toutes les questions qui se sont posées à l’époque, les angoisses et les discriminations contre lesquelles la société a dû mobiliser ses forces et ses ressources, sont de retour.

Nous traversons une période instable, inconfortable, dangereuse même sous certains aspects. Les conséquences de cette pandémie ne sont pas seulement sanitaires, elles sont économiques, sociales, politiques, humaines, et elles vont durer. Aujourd’hui, c’est en veillant à rester solidaires les uns des autresque nous pourrons continuer notre route, construire notre avenir. C’est en appliquant ce qui fait la force de notre pays, notre capacité à travailler ensemble, notre recherche du compromis, notre ouverture et notre tradition d’accueil et d’attention aux plus faibles, quenous pourrons nous réinventer et faire face aux défis d’aujourd’hui et demain, la pandémie bien sûr, mais aussi l’urgence climatique ou la montée des inégalités.

Je tiens à remercier les artistes qui jouent aujourd’hui, pour vous. Celles et ceux qui font vivre les arts et la culture ont été extrêmement fragilisés avec cette crise, étant le premier domaine qui a subi de fortes restrictions, et qui sera probablement le dernier à en sortir complètement. Ils ont clairement besoin d’un soutien fort et affirmé des collectivités publiques, afin de préserver ce savoir-faire. Je salue la force et la créativité qui leur permettent d’inventer des univers nouveaux, de nous montrer que le monde auquel nous aspirons est possible. Que ce quotidien qui change sans cesse peut être apprivoisé. Comme le disait Samuel Beckett, « il n’y a que l’éphémérité qui dure ».

Je remercie également Stéphanie Gautier et Antoine Frammery qui ont relevé le défi de vous proposer, en un temps record, une programmation COVID compatible bien sûr, adaptée à tous les âges. Une programmation qui n’a rien de lisse ou de consensuelle, vous l’avez peut-être déjà expérimentée cet après-midi.

Un grand merci encore à toutes celles et tous ceux qui ont pris part à l’organisation et enfin, bien sûr, à vous toutes et tous qui êtes là aujourd’hui.

Je vous souhaite un très bon 1er Août !

Vive Genève, vive la Suisse !

(re)tisser les fils de notre vivre-ensemble

Le printemps aura été marqué par le confinement dû à la crise sanitaire. Avec l’été, les activités redémarrent progressivement, mais le domaine culturel reste durement touché. De nombreux festivals ont été annulés, de même que bien d’autres événements. Pour les artistes, mais aussi le personnel actif dans la technique ou toutes celles et tous ceux qui rendent possible la magie de la culture, l’avenir est pour le moins incertain et le présent toujours difficile.

Divers soutiens exceptionnels ont été débloqués par les collectivités publiques, ainsi que la garantie de toutes les subventions publiques au domaine. Mais ça ne suffira pas. J’ai donc souhaité réaffecter une partie des budgets non-utilisés pour lancer un appel à projet, d’une part, et mandater l’équipe de la Fête de la musique, d’autre part, pour programmer 50 concerts qui ponctueront les soirées estivales du lundi au vendredi, dans différents lieux de la Ville. Des propositions que vous trouverez réunies dès le 1er juillet sur l’app et le site www.geneveenete.ch .

Car au-delà des aides, les artistes ont besoin d’exercer leur profession. Et le public de se retrouver face à un concert, un spectacle ou une exposition. Pas via un écran, mais pour de vrai.

Nous devons retisser les fils de notre vive-ensemble et cette offre estivale devrait y participer. Elle n’a pas la prétention de résoudre tous les problèmes. L’effort doit être collectif et se poursuivre, en témoigne l’action « Alerte rouge pour la culture » d’hier soir. Ces moyens mis pour la culture ne sont pas de la charité, mais un investissement pour le domaine culturel. Un investissement qui servira à préserver les compétences extraordinaires dont recèle notre région en la matière. Un investissement social, solidaire et responsable, pour notre qualité de vie et pour notre vivre-ensemble.

Alerte Rouge - Grand théâtre de Genève

Texte de positionnement des magistrat.e.s PS des communes genevoises

Soutien à l’économie locale, à la transition écologique et aux populations les plus précaires

Alors que Genève fait probablement face à la pire récession connue depuis les années 1930, les autorités cantonales annoncent un plan d’austérité d’une ampleur sans précédent. Cette politique profondément anachronique renforce le risque d’une crise économique et sociale durable qui détruira les emplois, anéantira nos PME et aggravera la situation des plus fragiles.

Pourtant, l’Etat n’a pas hésité à s’endetter de près de 3 milliards pour sauver la banque cantonale genevoise alors que les taux d’intérêts avoisinaient les 4% dans les années 2000. Alors que le PIB genevois a quasiment doublé en 20 ans pour dépasser désormais les 100’000 francs/habitant.e.s et que les taux d’intérêts sont devenus nuls ou négatifs, la droite cherche à réduire la dette par tous les moyens en pleine urgence écologique et sociale.

A l’ère des taux négatifs, le débat classique qui oppose hausse d’impôts et baisse des dépenses publiques n’est pas d’actualité. Dans ce contexte, tout en maintenant une gestion prudente et raisonnable, les pouvoirs publics devraient stimuler l’activité avec la dette qui, exprimée en pourcentage du PIB, sera mécaniquement réduite une fois la croissance retrouvée. C’est la manière la plus pragmatique de fonctionner aujourd’hui : le secteur public a un rôle anticyclique naturel à jouer en soutenant l’investissement dans la transition écologique, en favorisant la consommation dans l’économique locale et en protégeant les populations plus précaires.

A l’aube d’une crise économique et sociale sans précédent (l’économie genevoise devrait se contracter de plus de 6% en 2020), le plan d’austérité annoncé par la conseillère d’Etat en charge des finances va aggraver la crise économique, accroître le taux chômage et couper dans les prestations publiques. C’est à la fois irresponsable et contraire aux chemins suivis par nos voisins. Par exemple, l’Allemagne pourtant connue pour sa rigueur budgétaire, et pays autrement plus endetté que la Confédération et le canton de Genève, a présenté début juin un plan de relance qui engage, en tout, jusqu’à 1230 milliards d’euros, soit plus de 15’000 € par habitant.e.s.

Le canton ne peut pas faire comme si la crise sanitaire de ce printemps et ses conséquences n’existent pas. Les seuils de déficits et les mécanismes de gestion financière conjoncturelle inscrits dans la loi sur la gestion administrative et financière ne sont plus adaptés à l’ère post-COVID-19.

Il est urgent que le gouvernement cantonal se montre à la hauteur de la situation afin d’éviter une catastrophe économique et sociale qu’annonce cette politique d’austérité, et de renoncer à un report massif des charges cantonales sur les communes, sans quoi ces dernières se retrouvent seules à devoir porter le soutien à l’économie locale, à la transition écologique et aux plus précaires. (le plan financier quadriennal du Conseil d’Etat prévoit un report de 90 millions dont 20 millions en 2021).

Nous, Magistrat.e.s socialistes communaux, nous nous engageons à défendre des budgets responsables, solidaires et à la hauteur de l’effort public nécessaire à enrayer la crise.

Nous appelons les député-e-s de tout bord à suspendre le frein à l’endettement et au déficit cantonal afin de sortir de cette impasse et donner à notre canton la possibilité de développer des prestations de qualité pour répondre aux besoins de la population, et de ne pas annuler les efforts budgétaires communaux.

 

Guylaine Antille, Conseillère administrative PS

Jean-Luc Boesiger, Conseiller administratif PS

Skander Chahlaoui, Adjoint au Maire PS

Ornella Enhas, Conseillère administrative PS

Elisabeth Gabus-Thorens, Conseillère administrative PS

Sami Kanaan, Conseiller administratif PS

Carole-Anne Kast, Conseillère administrative PS

Christina Kitsos, Conseillère administrative PS

Stéphanie Lammar, Conseillère administrative PS

Nathalie Leuenberger, Conseillère administrative PS

Salima Moyard, Conseillère administrative PS

Michel Pomatto, Conseiller administratif PS

Martin Staub, Conseiller administratif PS

 

 

Un engagement solidaire et responsable, aujourd’hui et demain

Par Sami Kanaan, Frédérique Perler, Christina Kitsos et Alfonso Gomez, candidat·e·s Socialistes et Vert·e·s au Conseil administratif

La période de crise extraordinaire que nous vivons actuellement sur les plans sanitaire, humain, social et économique marquera inévitablement un changement historique. La facture sociale et économique est d’ores et déjà colossale. Nous devons, dès aujourd’hui, tout faire pour l’alléger et des premières mesures ont été prises rapidement par les collectivités publiques aux niveaux fédéral, cantonal et municipal. Cet effort collectif devra aussi être l’occasion d’effectuer un bilan lucide de cette crise et de repenser nos priorités.

Notre capacité de résilience ne dépendra pas seulement de la force de notre solidarité et de notre discipline collective, mais de celles et ceux qui sont au front. Elles et ils se donnent sans relâche pour prendre soin de nous toutes et tous, et pour permettre à la collectivité de continuer à répondre aux besoins vitaux.

Nous pouvons, et devons, applaudir haut et fort leur engagement. En tant qu’élu·e·s, notre devoir de reconnaissance doit aller bien au-delà. Nous savons à quel point le service public, tout le réseau associatif et les professions féminines sous-payées sont aux premières loges pour faire face à une crise exceptionnelle dans toutes ses dimensions, et pour tenter d’en atténuer ses effets sur toute la population. Après la crise, il sera crucial de relancer de manière équitable, solidaire et durable notre vie collective, en mettant en place des solidarités qui préservent à la fois les êtres humains et notre environnement. En effet, nous vivons déjà depuis de longues années des éléments d’une crise majeure et permanente, due aux excès de l’ultralibéralisme, d’une globalisation effrénée et incontrôlée : urgence climatique, crises économiques, inégalités croissantes, conflits larvés ou déclarés, etc.

Ce virus accentue les différences sociales et les inégalités. Les ressources pour y faire face ne sont clairement pas réparties de manière équitable. Par exemple, les personnes ayants des lieux d’habitations peu adaptés, partageant peu de pièces à plusieurs, vivent dans des conditions plus difficiles. Comment feront les enfants des familles n’ayant pas les moyens matériels et pédagogiques pour aider leurs enfants pour le suivi scolaire en période de confinement ? Comment feront les personnes isolées ? Comment feront les familles monoparentales pour assurer le télétravail, les courses et les devoirs ? Comment éviter une croissance de la violence domestique et la maltraitance juvénile ? Comment éviter une stigmatisation des jeunes et des aîné·e·s ?

Et, paradoxalement, certains gouvernements « profitent » de cette période d’état d’urgence pour instaurer des lois d’exceptions, des outils de surveillance généralisée, des restrictions des libertés individuelles, justifiables peut-être, en partie, à court terme mais certainement pas au-delà.

C’est pourquoi nous tenons à réaffirmer nos valeurs qui fondent le Parti socialiste et les Vert e·s., valeurs plus que jamais d’actualité en ces temps de crise :

  • la promotion d’un service public fort et efficace, doté de moyens en adéquation avec les tâches qu’il doit assumer avec un personnel suffisant ;
  • le soutien au tissu associatif, qui joue un rôle essentiel, complémentaire au service public en matière de solidarité et d’inclusion ;
  • une réelle amélioration des bas revenus et des conditions de travail des branches précarisées, notamment à travers l’instauration d’un salaire minimum ;
  • la collectivisation, en tout temps, aussi bien des pertes que des bénéfices des grandes entreprises ;
  • le soutien à l’économie locale (par exemple à l’agriculture contractuelle de proximité, et la mise en place de circuits de production plus courts, constatant qu’ils sont aujourd’hui trop globalisés) ;
  • une société durable et solidaire.

A ce jour, nous nous engageons résolument sur les axes suivants :

A court terme :

  • Pour les travailleuses et travailleurs des secteurs public et privé qui doivent rester au front, en très grande majorité des femmes, souvent à bas revenus, dont nous dépendons fortement en cette période de crise ; elles et ils doivent voir leurs conditions de travail et leur protection améliorées substantiellement, et de manière durable ;
  • Pour les familles et les ménages en général, incluant les seniors, les jeunes en difficulté, les migrant·e·s récemment arrivé·e·s, les personnes en situation de handicap, les personnes vulnérables, etc., afin qu’elles et ils bénéficient de mesures de soutien effectif, en appui ou en complément aux solidarités naturelles, afin que personne ne reste au bord du chemin (un domaine où l’échelon municipal est en première ligne !) ;
  • Pour les victimes de violences domestiques et de maltraitances, dont l’exigence de confinement exacerbe les risques, par un renforcement des outils de détection et d’intervention ;
  • Pour le maintien du dispositif dédié aux sans-abri ;
  • Pour un rétablissement rapide, dès que possible, du plein exercice des droits démocratiques et du fonctionnement des instances parlementaires.

A plus long terme :

  • Pour la mise en œuvre aussi large que possible de mesures de relance et d’appui des entreprises de proximité, des entreprises sociales et solidaires, des entreprises non polluantes et responsables socialement et cela sur la base des décisions déjà annoncées par les autorités fédérales, cantonales et municipales ;
  • A revoir, à la lumière du bilan de cette crise, notre préparation effective et notre anticipation des potentielles crises à venir, en termes de santé publique, d’équipements, de dépendance aux chaînes d’approvisionnement à l’étranger, de formation de personnels locaux en suffisance, etc. ;
  • Pour une révision, sur la base de ce bilan, de la manière dont les richesses sont générées, captées et redistribuées, afin que le travail ne doive pas encore et toujours porter seul la charge de l’effort collectif face au capital, aussi en tenant compte de la numérisation accrue des flux de production et de prestations que cette crise va générer, et son impact sur l’emploi ;
  • Pour une réforme durable du système de santé, vers une caisse maladie publique unique ;
  • Pour une accélération rapide du développement des outils numériques au service de l’intérêt général, sur une base transparente, éthique, sécurisée, équitable et démocratique ;
  • Pour la mise en place sans délais d’un plan climat en Ville de Genève qui permettra de faire face aux futurs défis que ne manqueront pas de provoquer les changements climatiques.

D’une manière générale, nous nous engageons, au-delà de cette crise sanitaire et de ses conséquences, à rappeler que l’urgence climatique et les inégalités sociales restent au cœur de nos préoccupations, en vue d’un monde plus juste, solidaire et durable, auquel les collectivités locales peuvent très activement contribuer.

Prenez soin de vous et de vos proches, et respectez les consignes : sortez le moins possible ! Et gardons pleinement notre soutien et nos pensées pour celles et ceux qui doivent travailler : personnel soignant et médical, pharmacies, alimentation, logistique, sécurité, nettoyage, poste, conciergeries, etc.

Ensemble nous sommes plus fort.e.s !

La grave crise sanitaire qui nous met toutes et tous à rude épreuve transforme radicalement notre quotidien, nos fonctionnements ainsi que ce que l’on croyait être des acquis individuels et collectifs, aussi bien dans notre vie privée que dans nos engagements professionnel ou politique. Cette crise exige de chacune et de chacun de s’engager pour la collectivité selon ses compétences et ses ressources ; d’autant plus quand on est élu municipal.

Évidemment, il faut d’abord et toujours honorer le travail de toutes celles et tous ceux qui sont au front ; le personnel soignant et sanitaire au sens large, y compris dans les pharmacies, mais aussi le personnel dans les magasins alimentaires et les autres secteurs nécessaires, ceux dans la logistique, la sécurité publique et privée, les transports, la poste, la voirie et le nettoyage, etc. Ces personnes n’ont d’ailleurs pas toujours des conditions adéquates de protection face à ce virus. Les employeurs privés doivent absolument prendre leurs responsabilités et renforcer leurs efforts en la matière ! Enfin, je pense qu’il faut prêter une attention particulière à celles et ceux – y compris les indépendant.e.s ou les employé.e.s précaires – dont le revenu chute brutalement en cette période.

Une crise qui exacerbe les inégalités

Comme toujours, les villes sont aux premières loges du quotidien de la population. Les règles générales ne se décident pas au niveau des communes, même pour les grandes villes; elles relèvent de la responsabilité de la Confédération, en cette période d’état d’urgence, et subsidiairement des cantons. Mais nous, à Genève comme dans les autres villes suisses, devons autant que possible adapter vite et bien notre fonctionnement pour répondre aux besoins vitaux de la population en milieu urbain.

Face à cette crise, encore plus qu’en période « normale », les conditions de travail et de confinement ne sont pas les mêmes pour tous et toutes. Lorsque l’on demande à la population de rester chez soi, une partie d’entre nous peut le faire mais pas tou.te.s ; une partie a plus d’espace ou de ressources que d’autres. Ces situations renforcent les inégalités déjà existantes ; je pense ici aux parents qui doivent faire du télétravail tout en s’occupant de leurs enfants, ou aux personnes vulnérables ou en situation précaire, que ce soit celles à faible revenu, les familles monoparentales, les sans-abri, les migrant.e.s récemment arrivé.e.s, les travailleuses et travailleurs sans engagement fixe ou sur appel, les personnes âgées seules, les personnes en situation de handicap, les personnes qui ont déjà des problèmes de santé… bref, toutes celles et tous ceux qui ont besoin de soutien. Et certaines statistiques montrent que le télétravail est accessible pour 60% des personnes à haut revenu contre seulement 9% des personnes à bas revenu, dont le métier impose une présence physique sur le lieu de travail.

Solidarité et responsabilité des collectivités publiques

Heureusement, de nombreuses solidarités naturelles se sont mises en place, dans les immeubles, dans les quartiers, via les ascenseurs ou les réseaux sociaux, etc. Le rôle d’une ville comme la nôtre doit être de soutenir et compléter ces actions autant que possible, et de veiller à ce que personne ne reste au bord du chemin. En ma qualité de membre de l’exécutif de la Ville, avec mes quatre collègues, nous sommes évidemment « sur le pont » depuis fin février, avec les collaboratrices et collaborateurs de la municipalité, pour répondre à ces besoins prioritaires.

Sur mandat du Conseil administratif, tous les services de l’administration ont établi des « plans de continuité d’activité » afin de se concentrer sur les missions vitales, en tenant compte des priorités actuelles et des absences dues aux maladies ou au soutien de proches de personnes malades ou vulnérables.

Du côté de la culture et du sport, tous les événements ont dû être annulés pour des raisons légales afin d’éviter les rassemblements. Mais cet arrêt brutal d’activités a un important coût humain et financier. Dans le département que je préside, mes équipes et moi avons agi rapidement pour accompagner cette suspension d’activités aussi bien dans les théâtres, les salles de sports et les musées, et autres festivals et évènements. Cela a impliqué des arbitrages politiques, notamment sur le maintien des subventions et des commandes, afin de préserver l’existence même du tissu culturel et sportif qui se montre encore plus créatif que jamais. Les questions sont nombreuses, car nous ne savons pas combien de temps cela va durer. Il faudra ensuite être capable de redémarrer vite et bien : l’action culturelle et sportive sera d’autant plus essentielle à ce moment, même si, aujourd’hui, cela paraît abstrait. J’ai souhaité entamer aussi sans attendre une réflexion sur les actions possibles dans ce contexte, comme renforcer l’offre des bibliothèques en ligne ou via livraison, développer l’offre culturelle en ligne comme évoqué au 19h30 de la RTS ce lundi soir, en fédérant de nombreux musées, festivals, scènes culturelles, autour du hashtag #CultureChezVous.

Un grand merci à la fonction publique municipale

Sur le plan municipal, l’enjeu est surtout de donner aux missions essentielles de la municipalité toutes les ressources dont elles ont besoin, notamment dans le domaine de l’action sociale au sens large : service minimal de garde dans la petite enfance et le parascolaire, accueil d’urgence (sans-abri et autres), plan communal de solidarité (par exemple pour les personnes seules et vulnérables, etc.). Ceci peut signifier des réaffectations temporaires de personnel municipal à des tâches indispensables, mais autres que celles exercées en temps normal, tout en préservant bien sûr leur santé et en limitant les risques au maximum. Ce dispositif se met en place ces jours, de même que l’alignement de toutes les ressources de communication au service de ces missions essentielles, des éléments de la chaîne logistique, ou des ressources informatiques (notamment pour le télétravail). Je rends hommage au personnel municipal qui est à pied d’œuvre dans cette période !

Depuis le déclenchement du dispositif municipal de gestion de crise, le Conseil administratif s’est d’ailleurs réuni fréquemment et demeure en contact permanent pour transposer les instructions fédérales et cantonales au fur et à mesure, mais aussi pour agir en tant que collectivité publique (protection du personnel et des usager.e.s, mesures de soutien à l’économie, mesures sociales auprès des plus précarisé.e.s, mais aussi découlant du confinement, mesures de soutien aux entités subventionnées, mesures de soutien aux parents pour les crèches, informations sur l’adaptation des prestations municipales, etc.). Ce travail doit se faire avec les associations et autres institutions auxquelles je rends aussi hommage.

Ensemble pour un engagement créatif et pragmatique

Cette période demande un engagement particulier, à la fois intensif, créatif, humble et pragmatique ! Et il faudra rapidement anticiper l’après-crise, car la facture humaine, sociale et économique sera colossale. Par ailleurs, il faudra en tirer aussi les conséquences sur le plan politique, concernant l’importance du service public et du tissu associatif, les revers de la globalisation, la répartition des ressources et la gestion des inégalités, la nécessité d’utiliser les technologies numériques à bon escient, ainsi que de la capacité à mieux anticiper les crises, qu’elles soient sociales, économiques, climatiques ou sanitaires.

En attendant, comme le martelait le Conseiller fédéral Alain Berset sur Instagram, Facebook et Twitter : restez chez vous le plus possible ! Ensemble nous devons tout entreprendre pour vaincre cette pandémie ! Ensemble nous sommes plus fort.e.s !

60 ans seulement! exposition d'affiches de la Ville de Genève sur l'histoire du suffrage féminin

Égalité de genre : retour aux sources

La vague de réactions qu’a suscité la féminisation des panneaux de signalisations et des noms de rues m’incite à affirmer que beaucoup disent vouloir défendre le concept d’égalité de genre aujourd’hui, mais parfois de manière assez incohérente, voire peu sincère. Parfois c’est simplement une incompréhension de ce concept ! Cet engagement doit pourtant absolument se poursuivre, de manière décidée, car le combat n’est de loin pas encore gagné.

Tant des hommes que des femmes, souvent de droite, mais parfois aussi de gauche, se sont par exemple inquiété.e.x.s de la place qui restera aux hommes suite à l’amélioration de la visibilité des femmes dans l’espace public en Ville de Genève. On peut lire, en autre : « oui…mais, gare aux excès » et « oui…mais, la manière me choque » ou encore on qualifie les projets « d’inutile et dispendieux ».

Une personnalité politique qui se reconnaîtra peut-être va jusqu’à affirmer que la visibilité donnée aux femmes ne doit pas se faire « au détriment des hommes ».

Ces réactions, révélatrices d’un état de panique irrationnel, et surtout d’une vraie peur de perdre de la visibilité et de l’espace, donc du pouvoir, me laissent tant perplexe que choqué. Elles constituent paradoxalement la preuve incontestable que ces mesures sont adéquates, utiles et nécessaires. Non suffisantes bien sûr, mais Sandrine Salerno n’a jamais affirmé autre chose que le fait qu’il s’agit d’une action symbolique dans le cadre d’une politique bien plus large de l’engagement municipal pour l’égalité et la diversité, menée depuis des années par le Conseil administratif de la Ville de Genève.

Historiquement les politiques réformistes soutenant l’existence des femmes dans l’espace public sont attaquées. Elles dérangent car elles remettent en cause la socialisation genrée de nos sociétés, tellement intégrée dans les mentalités que trop de gens ne s’étonnent pas du tout de la place substantielle accordée aux hommes dans plein de domaines et de l’invisibilisation des femmes qui en résulte.

Il y a à peine plus de 60 ans le vote des femmes semblait inconcevable en Suisse. Il y a encore un peu moins de 20 ans, un exécutif sans membres féminins n’aurait choqué personne. De même, au début dans années 2000, le pourcentage de femmes cadres restait négligeable.

C’est grâce à des politiques volontairement genrées et des réponses systémiques – changements législatifs, quotas sur les listes, suivi des carrières féminines, encouragements à s’investir, valorisation des temps partiels, solutions de garde pour les enfants, etc. – que la situation commence à s’améliorer.

Pour chaque poste à responsabilité à repourvoir, chaque rue à nommer et chaque personne à élire, il existe une femme qui est aussi engagée, capable et expérimentée qu’un homme. Antonio Hodgers, en tant que responsable du Département en charge de la nomenclature des rues, rappelait lors de la conférence de presse que l’argument disant « Oui mais il n’y a pas assez de femmes connues pour nommer des rues à leur nom » tombait très vite si on menait une recherche adéquate. C’est de notre responsabilité collective de créer des structures d’opportunités non biaisées pour permettre ce changement.

En ce 8 mars 2020, il faut rappeler que l’égalité de genre est une revendication réparatrice essentielle qui nécessite une redistribution du pouvoir entre les femmes et les hommes. Ce changement de paradigme peut faire peur à certains mais je suis confiant que, malgré les réticences, c’est la voie à suivre et c’est la voie qui sera suivie. Les femmes comme les hommes ont en réalité tout à y gagner, à ouvrir leur champ des possibles.

On doit concevoir le renforcement de la position des femmes dans notre société et la réalisation de l’égalité de genre comme un rééquilibrage nécessaire et salutaire pour notre Ville et c’est dans cet esprit que ma collègue Sandrine Salerno et moi avons travaillé ensemble durant les deux dernières législatures. C’est dans ce cadre que sont nés la Semaine de l’Egalité (actuellement en cours, 10ème édition !), le plan d’action Genre & sport, les différentes campagnes de lutte contre le sexisme, le plan de lutte contre le harcèlement de rue, mais aussi que des soutiens ont pu se développer, comme celui au Festival Les Créatives, tellement important sur la scène culturelle. Citons également les actions spécifiques menées par Sandrine Salerno en tant que Maire, comme cette collaboration avec le collectif l’Escouade autour des noms de rue. Tout ceci et nombre d’autres actions, s’inscrivent dans une politique municipale de promotion de l’égalité et de la diversité qui a été exemplaire et novatrice en tant que collectivité publique et qui l’est toujours.

En cette journée internationale des femmes, je m’engage à continuer de mener ce combat pour l’égalité entre femmes et hommes en Ville de Genève lors de la législature 2020-25, avec un esprit ouvert et plein d’espoir.

Je souhaite un magnifique et combatif 8 Mars à vous tout.e.x.s

 

Nous avons la responsabilité d’offrir la possibilité d’un avenir à chaque enfant

Le lundi 13 janvier, un groupe de militant.e.s et des jeunes mineurs non-accompagnés sans domicile fixe, ont investi la Maison des arts du Grütli. Un geste destiné à attirer l’attention sur une problématique trop longtemps ignorée, ou tout cas largement sous-estimée. Un geste un peu désespéré face à une situation inacceptable, voyant des adolescents mineurs dormir dans la rue ou dans des conditions qui ne pouvaient plus durer.

Une occupation qui a réussi. Elles et ils ont réussi à attirer l’attention sur la situation de ces jeunes, dont le statut est clairement protégé par la Convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant, dont nous venons de marquer les 30 ans en novembre 2019. Vendredi, grâce à l’engagement exceptionnel des équipes de la Ville de Genève (mon département et celui de ma collègue Esther Alder, en charge de l’action sociale), avec l’appui précieux d’Olivier Baud, ancien secrétaire général de la FOJ comme expert et médiateur, nous avons pu trouver un lieu temporaire sûr où dormir pour ces jeunes gens, et leur éviter de dormir à la rue. Ils ont pu être officiellement enfin enregistrés au SPMI. Une rencontre a pu être agendée avec la Délégation compétente du Conseil d’Etat.

Mais ce n’est aucunement une solution. Si l’occupation a pris fin, ce qui est en soi positif car le Grütli n’était certainement pas un lieu adéquat pour héberger des mineurs dans la durée, nous restons mobilisés pour qu’il leur soit proposé un encadrement pédagogique et des lieux d’hébergement adaptés et durables. Comme cela a toujours été précisé, et alors que la Ville fournit déjà un effort de plus 12 millions de francs par année pour l’accueil d’urgence des sans-abris, l’enjeu des MNA est clairement du ressort des autorités cantonales. Le Collectif a démontré sa détermination à faire avancer cette cause et sa volonté à travailler de concert pour trouver des solutions. J’espère vivement que le Conseil d’Etat saura la saisir au bond, prendre ses responsabilités et mettre les moyens nécessaires pour que plus aucun jeune mineur ne se retrouve laissé à lui-même.

Une position qui est d’ailleurs valable aussi bien pour les migrant.e.s que pour toutes et tous les jeunes qui habitent à Genève. L’enjeu n’est pas seulement un logement décent, besoin existentiel pour tout être humain, mineur ou pas. La formation est une étape qui détermine souvent toute notre vie. Il est de notre responsabilité de contribuer à leur donner la possibilité de se construire un avenir.

(photo Jasmine Caye)