Le budget de la Ville, un acte politique et des choix

Avec sa proposition de budget 2020 pour la Ville de Genève, dans la continuité de l’engagement solidaire et responsable pour lequel il a été élu, le Conseil administratif a tenu à marquer sa volonté de soutenir activement les politiques publiques essentielles à notre Cité, notamment en matière sociale, familiale, culturelle et sportive.

Ainsi, outre des moyens conséquents pour la petite enfance (poursuite de l’effort nécessaire pour augmenter l’offre de places en crèche), pour les sans-abris et autres personnes précarisées, pour les associations qui se battent pour l’égalité entre femmes et hommes, pour le plan de lutte contre le harcèlement de rue, le Conseil administratif a introduit dans ce budget la dernière tranche d’augmentation de la subvention nécessaire au fonctionnement de la nouvelle Comédie qui ouvrira ses portes et ses scènes en 2020 à la Gare des Eaux-Vives.

Un budget pour la nouvelle Comédie

Au budget 2019, le Conseil municipal avait accepté la première tranche d’augmentation, qui se montait à 2.5 millions ; cette fois, il s’agit d’un montant de 4.3 millions, afin d’arriver à un montant global de 12.58 millions de soutien public nécessaire afin que cette institution puisse pleinement concrétiser ses missions en matière de création théâtrale et se mettre au niveau des institutions suisses et européennes de référence. Je précise néanmoins que l’apport public restera plutôt dans le bas de la fourchette en comparaison avec d’autres institutions comparables en Suisse, à Lausanne, Berne, Zurich ou Bâle.

L’éclosion de la nouvelle Comédie représente un engagement très fort de notre Cité pour la culture en général, pour le rayonnement culturel de Genève, et pour la vie d’un nouveau morceau de ville tel qu’il se dessine aux Eaux-Vives. Mais elle doit être aussi le catalyseur de nouveaux liens approfondis entre le riche terreau culturel genevois et un public renouvelé. Enfin, précision d’importance, cette augmentation a pu se faire sans devoir couper ailleurs dans les budgets culturels, ce qui n’est pas la moindre des choses, au vu des craintes légitimes qui avaient été émises.

Il aurait également été légitime que le Canton participe à cette aventure et des signaux positifs ont été émis par le Conseil d’Etat entré en fonction en juin 2018 (Discours de St-Pierre, Programme et de législature, projet de Message culturel), malheureusement pas encore suivis d’effets concrets. Tôt ou tard, le Canton devra enfin assumer ses responsabilités dans ce domaine !

Reste à souhaiter que le Conseil municipal accepte à son tour de voter ces moyens ; je suis confiant dès lors que la majorité des groupes reconnaît l’enjeu. De plus, aussi bien les votations référendaires de 2016 et 2017 contre les coupes dans les budgets culturels, que le vote massif en faveur de l’initiative populaire pour une politique culturelle cohérente et concertée le 19 mai 2019 (83% de oui !), montrent bien l’attachement profond des Genevoises et des Genevois à une politique culturelle ambitieuse, diversifiée et inclusive. Je saisis l’occasion pour rendre hommage à toutes celles et tous ceux qui se sont battus avec beaucoup d’énergie et d’assiduité pendant des décennies pour que ce projet se réalise, notamment au sein de l’Association pour la Nouvelle Comédie (ANC) et de la Fondation d’art dramatique, et aux directions successives de la Comédie, qui ont su faire vivre cette institution à son adresse actuelle au Boulevard des Philosophes malgré ses limites structurelles, tout en s’engageant activement sur le chemin de la nouvelle Comédie. La codirection actuelle, Natacha Koutchoumov et Denis Maillefer, en fonction depuis l’été 2018, ont pris le relais de cet engagement collectif et s’engagent très concrètement avec beaucoup de talent et d’énergie pour réussir cette formidable mue !

Un engagement accru pour la culture

Dans ce projet de budget 2020, le Conseil administratif a aussi intégré d’autres de mes propositions, comme un soutien accru à la belle scène de théâtre pour petits et grands enfants, le Théâtre Am Stram Gram, mais aussi les Cinémas du Grütli qui jouent un rôle essentiel pour faire vivre le patrimoine cinématographique, les deux festivals de cinéma qui contribue activement au rayonnement de Genève comme ville de culture, de cinéma, de droits humains et d’innovation numérique, le FIFDH et le GIFF. Il y aura des moyens accrus pour les ensembles de musique classique, le festival Antigel et le MAMCO, un des piliers de la rénovation prochaine du Bâtiment d’art contemporain (BAC).

Un engagement pour le sport : développement et nouvelles infrastructures

Et le sport n’est pas en reste puisqu’après avoir annoncé deux soirées ouvertes au public à la Piscine des Vernets et au vu de l’ampleur de la demande en natation, le projet de budget prévoit les moyens pour deux soirées ouvertes au public à la Piscine de Varembé, de même que les moyens pour exploiter l’espace rénové où se trouve le Boulodrome, le mur de grimpe et les cabines de squash. Par ailleurs, un fonds spécifique dédié aux mesures du Plan Genre et Sport, prévoyant de renforcer la place légitime des femmes dans le sport, est inscrit dans le projet de budget.

Cela me permet de rappeler que, hors budget de fonctionnement, l’effort en matière de sport s’exerce beaucoup  sur le plan des investissements puisque les crédits pour plusieurs gros projets seront bientôt déposés au Conseil municipal : Centre sportif des Eaux-Vives, Maison du Sport à Vernier, et Halle couverte de tennis à Vernier.

Renforcer le service public, face aux défis d’aujourd’hui et de demain !

Plus largement, j’insiste sur le fait que Genève, ville-centre d’une agglomération transfrontalière de près d’un million d’habitantes et d’habitants, et 2ème ville de Suisse, ville internationale, fait face aujourd’hui et demain à des défis considérables. Comme dans d’autres agglomérations en Suisse ou ailleurs, nous constituons à la fois le moteur d’une région, le centre économique, social et culturel de la vie collective, mais aussi par conséquent le réceptacle principal d’attentes importantes et nombreuses, avec de fortes charges de ville-centre, dans un monde qui change rapidement et se complexifie. Les inégalités sociales se creusent, le changement climatique constitue une urgence avérée qui a des impacts à brève échéance, la transition numérique s’accélère et concerne directement le service public, la diversification du tissu économique et de l’innovation  doit être renforcée afin de préserver une prospérité durable et partagée, et nous devons tenir compte de contraintes budgétaires et de charges difficilement compressibles.

Après deux législatures marquées par une droite dure destructrice et incompétente, il est indispensable de redonner à notre Ville une majorité constructive et progressiste au Conseil municipal, lors des élections municipales en mars et avril 2020.

Sami Kanaan

Sami Kanaan est Maire de Genève 2014-2015, 2018-2019 et 2020-2021, Conseiller administratif en charge du Département de la culture et de la transition numérique, Président de la Commission fédérale pour l'enfance et la jeunesse, Vice-président de l'Union des villes suisses et de l'Union des villes genevoises.

3 réponses à “Le budget de la Ville, un acte politique et des choix

  1. Magnifique tout cela, je suis concerné par les places en crèche vu qu’on a une petite fille de quelques mois, toutefois, on ne lit rien sur les moyens donnés pour régler les problèmes d’aménagement de la circulation. En particulier, les voies de vélo qui sont un désastre et surtout dangereusement mal construites (voies à contresens des véhicules à moteur dans des ruelles étroites, voies qui s’arrêtent sur voies des véhicules à moteur, obstacles en plein milieu qui n’ont pas lieu d’être comme devant la maternité).
    Il faut une réflexion globale qui ne voit toujours pas jour, car non, le CEVA ne va rien régler de tout cela sauf à vouloir interdire les véhicules à moteur en ville (je n’ai rien contre, mais là encore pas certain que cela soit la solution).

    1. Cher Monsieur,
      merci pour votre retour encourageant. Je vous donne raison sur la question de la mobilité: il faut absolument y apporter une réponse globale et coordonnée, et avec des effets à brève échéance, au moins partiellement. Je suis par exemple convaincu que le Léman Express (CEVA) sera une véritable révolution pour Genève. Mais il faut l’accompagner des mesures nécessaires: parking-relais en périphérie (y compris et surtout en France du coup), vélo-stations et liaison de transports publics aux gares, accès facilités, efficacité et tarifs incitatifs sur les abonnements. Et il faut d’ores et déjà avancer sur d’autres projets de développement du réseau ferroviaire régional et de la desserte (fréquence et qualité), avec l’extension programmée de la Gare de Cornavin. Dans certains cas, ce seront des lignes de trams qui feront l’affaire (vers Ferney, St-Julien, etc.).

      Même remarque pour les pistes cyclables: nous devons arrêter de penser qu’on peut éviter de choisir entre les différents types de mobilité. Le centre doit consacrer une priorité claire à la mobilité douce (en site propre et direct) et aux transports publics. Je relève d’ailleurs que c’est quelque chose sur lequel la population a voté positivement (initiative 144 en 2011: https://www.actif-trafic.ch/medias/2018-06-04-7-ans-apres-appliquons-enfin-linitiative-pour-la-mobilite-douce ) mais qui n’est toujours pas mis en oeuvre par les autorités cantonales compétentes (à l’époque M. Barthassat et aujourd’hui M. Dal Busco, qui a néanmoins émis des signaux allant dans ce sens depuis le début de la législature). Il suffit de constater d’ailleurs le succès de la Voie Verte ou du nouveau tracé cyclable su le Quai Gustave-Ador pour se rendre compte que les gens sont prêts à modifier leurs habitudes si on leur en offre réellement la possibilité.

      Avec mes meilleures salutations

  2. Bravo, ami Sami, ce ne doit pas être une synécure de gouverner cette Genève Internationale, entre les Luthers, les Luschers, les Maudets, Sommarugas et autres rois Calmy, pfff, courage 🙂

Les commentaires sont clos.