La culture, créatrice de valeurs à Genève

Economie culturelle et créative : j’ai ouvert ce chapitre au cours de ma première législature, en 2014, alors que l’approche n’existait pas à Genève et était largement taboue. Je voulais d’une part démontrer – si besoin était – le rôle essentiel de la culture dans l’économie de la Cité, d’autre part identifier de nouveaux outils pour stimuler l’ancrage et le développement culturel à Genève sous de nouvelles formes.

Lorsque l’on se lance dans un débat sur l’économie culturelle et créative, que ce soit sur les plans académique ou politique, on découvre avant tout la polysémie du terme. Il s’agit donc dans un premier temps de le  clarifier, et je soutiens, pour ma part, une vision politique large qui s’intéresse à la diffusion et aux effets de la créativité et de l’innovation dans l’économie, mais aussi dans la société. Une vision dans laquelle la mesure de l’impact économique de la culture ne repose pas uniquement sur la mesure de son importance économique directe, mais aussi sur son impact économique indirect ; sur la créativité, la qualité de vie, le lien social, la santé, l’innovation, la  citoyenneté… La culture est créatrice de valeurs – au pluriel.

Du chemin a été fait et aujourd’hui pour une majorité, le lien fructueux entre l’un et l’autre domaine est aujourd’hui communément admis, tout en respectant pleinement l’autonomie et l’identité respectives des deux domaines que sont la culture et l’économie.

 

Une prospérité culturelle

Certes, la culture a un poids économique direct, comme l’a démontré l’étude menée en 2017 par la Haute Ecole de Gestion de Genève à la demande conjointe de la Ville et du Canton de Genève. Mais culture et créativité ont un impact tout aussi important en tant que facteurs de croissance et générateurs d’emplois, moteurs de l’innovation sociale et contributeurs à la qualité de vie. Des valeurs que l’on pourrait rassembler, dans une perspective consensuelle, sous le terme de « prospérité », qui fait sens dès lors qu’elle est durablement partagée, de manière équitable.

« Créer de la prospérité à partir de l’effervescence culturelle », c’est sous ce titre que la Chambre de Commerce de Montréal Métropolitain (CCMM) a édité, au printemps 2017, une série de recommandations dans le cadre des consultations pour une nouvelle politique culturelle, menées par le Gouvernement du Québec. Dans ce document, la Chambre de Commerce de Montréal émet dix recommandations dont elle souligne, « qu’elles ne s’orientent pas nécessairement dans une optique de rentabilité commerciale ».

Ces recommandations, qui se fondent sur trois axes – agir sur la demande, renforcer le développement de l’offre culturelle et enrichir le soutien à la culture – sont édifiantes. Elles expriment un véritable souci du bien commun de la part d’une institution dont la finalité semble a priori assez éloignée de celle des pouvoirs publics en charge des politiques culturelles ou de celles des artistes et acteur-trice-s culturel-le-s.

 

10 recommandations de la Chambre de commerce de Montréal pour la culture

Je relève notamment l’intérêt affiché par la Chambre de Commerce pour la « citoyenneté culturelle », renforcée par la numérisation des contenus et la multiplication des canaux de distribution. Ce n’est là qu’une des dix recommandations émises mais l’ensemble de la démarche est remarquable et c’est pourquoi j’ai souhaité les inviter à exposer à Genève les raisons et la manière dont elle s’implique dans la promotion et le soutien à la culture au Québec.

Un forum pour le développement de la région

Ce sera donc ce jeudi 15 novembre, au cours d’une journée de réflexion et d’un débat que mon Département organise conjointement avec la Chambre de commerce et d’industrie de Genève et la Banque cantonale de Genève.

Je me réjouis donc qu’à Genève aussi, des acteurs et actrices économiques locaux et internationaux expriment un intérêt à réfléchir de manière constructive aux politiques culturelles, ensemble avec des acteurs et actrices culturelles, des artistes et des représentant-e-s des collectivités publiques, dans l’optique d’un souci commun pour le développement de la ville et de la région.

Sami Kanaan

Sami Kanaan est Maire de Genève 2014-2015, 2018-2019 et 2020-2021, Conseiller administratif en charge du Département de la culture et de la transition numérique, Président de la Commission fédérale pour l'enfance et la jeunesse, Vice-président de l'Union des villes suisses et de l'Union des villes genevoises.