Mais saura-t-il, le Président Erdogan, apprendre et mettre cette leçon à bon profit dans les mois à venir ? Rien n’est moins sûr…
Le voilà, après une nuit de fortes turbulences provoquées par une partie de l’armée qui a tenté de renverser son règne, sauvé encore une fois par des principes et libertés démocratiques (le droit de s’assembler librement dans la rue, les moyens de communications libres – qu’il aime si souvent museler -, le soutien d’autres pays démocratiques, le triomphe d’un esprit civil plutôt que militaire dans la république) qu’il s’empressera de piétiner le matin venu avec encore plus d’ardeur qu’il ne le fait déjà.
Cette tentative de coup d’état fut une erreur technique et stratégique gravissime de la part de ses organisateurs, qui ont pensé – à tort – que les masses turques verront au-delà une tragique histoire d’abus de pouvoir militaire, la lutte pour une démocratie moderne et laïque. Ils ne font qu’apporter de l’eau au moulin autocratique de celui qui se veut sultan au pouvoir absolu, en montrant, encore une fois, que la démocratie ne peut être instaurée de force et contre la volonté des citoyens. D’une certaine façon c’est l’affrontement de deux autoritarismes, l’un défini comme obscur, avec ses racines dans la religion, et l’autre, éclairé, car ancré dans la laïcité et une certaine aspiration démocratique.
C’est pour cela que la clef d’une véritable démocratie réside plutôt dans l’éducation et l’information, que ceux qui sont au pouvoir savent très bien comment instrumentaliser pour arriver à leurs fins.
Pour ceux tentés de dresser des comparaisons hâtives entre la Turquie et l’Egypte, un conseil : l’armée turque n’est pas l’armée égyptienne. Pour toutes ses défaillances, l’armée turque ne détient pas le type de pouvoir économique et politique de ses collègues égyptiens. Le fait de faire partie de l’OTAN a beaucoup influencé ses rangs, son organisation, et ses aspirations, au moins au niveau déclaratif, sont démocratiques. Cela, comme on le voit, ne l’empêche pas de céder à la tentation de produire du changement par la force.
Les acteurs de cette lutte pour le pouvoir turque feraient bien de relire leur histoire et d’y apprendre quelques leçons : les sultans ne sont jamais à l’abri d’une défaite cuisante malgré la magnificence de leur pouvoir, et leurs armées, toujours vulnérables face à la volonté populaire.