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Le bois dans la construction: avantages, défis, implications et ouvrages exemplaires

Le bois est un matériau de construction traditionnel utilisé depuis des siècles qui est aujourd’hui réévalué en tant qu’option viable pour les bâtiments modernes. Il s’agit d’une ressource renouvelable dont l’empreinte carbone est plus faible que celle d’autres matériaux de construction. Le bois est également un matériau polyvalent qui peut être utilisé pour la structure, l’isolation et les éléments de finition d’un bâtiment. Cependant, il est essentiel de comprendre les avantages et les défis liés à l’utilisation du bois dans la construction pour prendre des décisions éclairées. Sébastien Droz, responsable du service communication chez Lignum donne quelques éclairages.

Avantages et défis de l’utilisation du bois comme matériau de construction

Le premier avantage notable de l’utilisation du bois dans la construction réside dans sa capacité à stocker le carbone biogénique (carbone fixé par la plante suite à la photosynthèse à partir du CO2 présent dans l’air) que le bois absorbe pendant sa croissance ainsi que tout au long de sa durée de vie. Véritable puits de carbone, un mètre cube de bois permet de fixer une tonne de CO2. « Le bois capte non seulement mieux le CO2 que d’autres matériaux de construction et en plus en émet moins. », ajoute Sébastien Droz.

Aussi, plus la durée de vie du bâtiment est longue, plus l’avantage de l’utilisation du bois est important. Un bâtiment en bois vieux de soixante ans possède une empreinte carbone inférieure de 80 % à celle d’un bâtiment conventionnel, compte tenu des capacités de stockage du bois.

« On parle souvent des trois S lorsque l’on aborde la question du traitement du CO2 par le bois. Il s’agit de la séquestration, du stockage et de la substitution. », précise Sébastien Droz. Tout d’abord, le bois capte le CO2 avec la photosynthèse (séquestration), avant de le stocker. Puis, vient le troisième S – la substitution, ce qui signifie qu’en utilisant le bois, on substitue d’autres matériaux qui sont de forts émetteurs de CO2. « On permet ainsi d’économiser des émissions qui auraient eu lieu avec d’autres matériaux. » Le graphique ci-dessous permet de visualiser clairement les différences d’émission entre les matériaux de construction conventionnels et le bois.

Comparaison des émissions de CO2 par m3, selon les matériaux

comparaison-co2-materiauxSource

 

Construire en bois permet également d’accélérer d’un tiers le temps de construction, ce qui en fait une option compétitive. « Par exemple, une maison individuelle pour une famille peut être hors d’eau en trois ou quatre jours. », détaille Sébastien Droz. « On peut planifier très précisément les différentes étapes du chantier, grâce notamment aux éléments préfabriqués. » Bien que ce système puisse encore aujourd’hui souffrir d’une connotation quelque peu négative, cela permet de mieux anticiper les besoins. Les mentalités évoluent à ce sujet.

Le coût d’un ouvrage construit majoritairement en bois peut être plus élevé qu’un bâtiment en béton. Cependant, cet état de fait ne prend pas tous les paramètres nécessaires en compte. « Non, il n’est pas plus cher de construire en bois, contrairement aux idées reçues », affirme Sébastien Droz. Bien que la facture lors de la construction puisse parfois être plus élevée, le choix de ce matériau permet comme vu précédemment de gagner non seulement en temps de réalisation, mais également en efficacité énergétique, « ce qui rend finalement le choix du bois bien plus avantageux et qualitatif que d’autres matériaux ».

Enfin, un bâtiment en bois est tout autant résistant au feu qu’une tour en acier. La vitesse de combustion du bois étant en effet prévisible, alors que l’acier se déforme à 400 degrés Celsius et s’effondre. « Nous avons des données empiriques éprouvées à ce sujet. », confirme Sébastien Droz, qui ne font pas du bois une matière plus dangereuse que d’autres lorsqu’il est question de risques d’incendies.

Implications de l’utilisation du bois comme matériau de construction

Le bois comme matériau de construction comporte donc à la fois des avantages et quelques défis. Des paramètres tels que la provenance de celui-ci, la gestion des forêts dont il est issu ainsi que les éventuels soutiens et encouragements financiers sont des éléments à prendre en compte.

La provenance et le transport du bois sont des paramètres essentiels. Un bois produit localement aura toujours moins d’impact qu’un bois étranger. Cependant, si le bois provient de pays voisins et qu’il est transporté par les moyens les plus durables possibles, son impact peut être considéré comme moindre. Le bois est une ressource renouvelable, à condition que la forêt dont il est issu soit gérée de façon durable. « Est-ce que l’on ne va pas piller nos forêts, si l’on en augmente l’usage ? C’est une question qui revient souvent », explique Sébastien Droz. Il est important de rappeler que la situation de la Suisse n’est pas la même qu’ailleurs dans le monde. En Suisse, il pousse plus de bois que ce qui est utilisé. « Nous pourrions utiliser bien plus de bois local sans entamer les fonctions de la forêt. » – pour rappel, les fonctions de la forêt sont notamment le maintien de la biodiversité, la production d’eau potable, la protection contre les dangers naturels (notamment en zone montagneuse), et enfin, la fonction sociale et de détente aussi). Ceci s’explique par le fait que la forêt suisse est gérée de façon exemplaire. « Dans le jargon, on appelle la méthode de gestion des forêts appliquée en Suisse la forêt de jardinage. Il n’y a pas de surexploitation, on n’a pas le droit de couper plus que ce qui pousse. », précise Sébastien Droz.

Ceci permet au bois de pouvoir se régénérer à un rythme tout à fait soutenable, comme le montre le graphique ci-dessous.

Taux de régénération et utilisation du bois en Suisse

 

bois-suisseSource

 

Au vu de son utilisation, la Suisse sera cependant toujours importatrice de bois. « Bien que cette question revienne souvent, il n’existe pas de chiffres détaillant la part de bois local utilisé en Suisse qui s’élève à environ 60% », informe Sébastien Droz. Cependant, cela n’empêche pas les politiques publiques d’encourager de plus en plus l’utilisation du bois local. Le Canton de Vaud a notamment lancé au début du mois de mars 2023 un programme de subventionnement de l’utilisation du bois vaudois. « Une enveloppe de 1,5 million de francs a été débloquée sur trois ans pour soutenir les maîtres d’ouvrage qui utilisent du bois vaudois dans leur réalisation », détaille Sébastien Droz. Ainsi, un minimum de 20 mètres cubes de bois dans un projet permet d’obtenir une subvention de 10 % de la valeur du bois.

En conclusion, le bois comme matériau de construction comporte de nombreux avantages, tant environnementaux qu’opérationnels et même financiers. Il est à espérer que les programmes d’encouragement de son utilisation vont continuer à se multiplier afin de venir à bout des dernières idées reçues qui ralentissent encore l’essor de son utilisation.

Quelques exemples d’ouvrages en bois

 

La Tour de Malley, Prilly



 

Cité des Sciences, Yverdon-les-Bains


 

Raffeisen Arena, Porrentruy


 

Maison de l’environnement, Lausanne


 

 

Manon Mariller

Géographe

 

Liste des sources consultées et pistes pour aller plus loin

Romande Energie

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