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Trains de nuit : un moyen de transport écologique

Le Transsibérien, l’Orient-Express, le Royal Scotsman. Tous ces noms de trains mythiques nous sont familiers, sans forcément les avoir déjà empruntés. Ils alimentent la plume d’icônes de la littérature depuis des décennies et font partie de l’imaginaire collectif. Ils couvrent des itinéraires vastes, permettant pour certains de relier l’Europe et l’Asie par le rail. Aussi et surtout, le train représente l’un des moyens de transport en commun les plus respectueux de l’environnement.

Pour les personnes les plus patientes, un trajet en train au départ de Lagos (Portugal) permet de se rendre jusqu’à Singapour. L’itinéraire compte au total 19’000 km et représente vraisemblablement le plus long parcours par le rail possible au monde. Moyennant 13 changements et environ 20 jours de voyage, il s’agit d’une véritable aventure en soi ! Il n’est cependant pas nécessaire de parcourir de telles distances pour profiter pleinement de toute la magie qu’un voyage en train peut offrir. De nombreux départs de la Suisse vers tout le continent européen permettent d’ajouter de la saveur, du confort et de la sérénité en voyageant par le rail. Il est possible par exemple de fermer les yeux à Zürich et les rouvrir après une longue nuit dans pas moins de quatre capitales : Budapest (11h39), Prague (13h17), Ljubljana (11h30) et Zagreb (14h09).

Dans le respect de l’environnement

À l’heure de la crise climatique et énergétique que nous traversons, nos choix en matière de transports sont toujours plus décisifs. En effet, en 2018, 25% des émissions de gaz à effet de serre en Europe provenaient des déplacements. Il s’avère donc crucial de prendre de nouvelles habitudes lors de nos déplacements en général et spécialement lorsque nous partons en voyage.

Respectivement, les déplacements en avion représentent 13% des émissions, alors que ceux effectués en train sont responsables d’une part moindre, qui se monte 0.4%. Si cette différence ne paraît pas assez nette, on peut ajouter que, par trajet, l’avion émet en moyenne 1’500 fois plus de dioxyde de carbone qu’un train. En plus du CO2, l’avion répand également de l’ozone (O3), un autre gaz à effet de serre, qui contribue notamment à l’acidification de l’environnement qui perturbe la composition de l’air, des eaux de surface et du sol.

Comment faire le bon choix de moyen de transport pour nos voyages ?

La question du choix qui repose sur les épaules des consommatrices et des consommateurs peut parfois paraître anecdotique mais a toutefois un impact. Aussi, plusieurs outils en ligne permettent de comparer les effets de nos déplacements sur l’environnement en fonction du moyen de transport choisi. La plateforme EcoPassenger (disponible en plusieurs langues) permet notamment de calculer pour un voyage donné les émissions de CO2 des avions, des automobiles et des trains, pour les transports de voyageuses et de voyageurs.

Par exemple, pour un voyage permettant d’aller de Fribourg à Berlin, voici les informations que l’on peut obtenir :

Les différences entre voyage par le rail exclusivement et voyage en avion (incluant les transferts en train et en voiture) sautent littéralement aux yeux. En effet, pour ce trajet précis, les émissions de CO2 passent de 29,1 pour le train à 126,1 pour le voyage en avion.

Le site Carbonfootprint Calculator va un peu plus loin et permet aussi de calculer et de comparer les émissions de trajets en bus et en moto, entre autres.

De nombreux articles traitant de la comparaison entre modes de transport fleurissent depuis quelques années sur le web. L’excellent article du Monde Flexitaérien, mode d’emploi: mérites comparés de l’avion et du train met notamment en lumière un néologisme (flexitaérien) décrivant une personne particulièrement attentive aux émissions liées à ses déplacements et prête à faire en ce sens des compromis en faveur de l’environnement. Ce qui ressort notamment de l’article est que certes, les voyages en avion sont plus rapides que ceux en train, mais les avantages de ces derniers demeurent bien plus nombreux. Et surtout, l’aspect de préservation de l’environnement et des ressources énergétiques penche toujours en faveur du train. Un des éléments qui continue de faire débat dans la lutte opposant les airs aux rails demeure le prix. En effet, voyager en train demeure encore trop coûteux en comparaison de l’avion et peut donc dissuader beaucoup de gens. Concernant cette question, un réel effort doit être désormais fait du côté des politiques ainsi que des prestataires de services. Malheureusement, la période complexe et incertaine que nous vivons concernant l’approvisionnement en énergie ne semble pas encore tendre dans cette direction.

L’ère des compromis et du changement de comportement

Les voyages en train représentent donc un mode de transport pratique, confortable, poétique et respectueux de l’environnement. En cette période où les crises se succèdent, ces caractéristiques permettent une évasion bienvenue. Le compromis ainsi qu’un changement de comportement concernant notre rapport au temps et aux coûts (financiers et environnementaux) sont désormais de mise et nous enjoignent à voyager moins loin, plus lentement, pour finalement voyager mieux.

 

Manon Mariller

Géographe

 

Sources utilisées pour rédiger cet article et autres liens utiles

Carbonfootprint Calculator
CFF – Découvrir l’Europe en train de nuit
EcoPassenger
Flexitaérien mode d’emploi : mérites comparés de l’avion et du train
Géo – Un trajet en avion est 45 fois plus polluant qu’un voyage équivalent en TGV
Interrail – Eurail : 33 pays à portée de train
L’Europe en train – les meilleurs itinéraires depuis la Suisse
EEA Motorised transport: train, plane, road or boat – which is greenest?
Railtour – Train de nuit OEBB NightJet
reddit – The new longest possible train journey in the world
Routard.com – Les trains mythiques en Europe
tcs – Avantages d’un voyage en train de nuit
tcsvoyages.ch – 15 trains mythiques à travers 6 continents
The Guardian – Trains far greener but much more costly than planes, analysis finds

Romande Energie

Energéticien de référence et premier fournisseur d'électricité en Suisse romande, Romande Energie propose de nombreuses solutions durables dans des domaines aussi variés que la distribution d’électricité, la production d’énergies renouvelables, les services énergétiques, l’efficience énergétique, ainsi que la mobilité électrique.

7 réponses à “Trains de nuit : un moyen de transport écologique

  1. « Le compromis ainsi qu’un changement de comportement concernant notre rapport au temps et aux coûts »

    Pas plus tard qu’aujourd’hui on m’a parlé d’une jeune couple de la classe moyenne qui a organisé son mariage sur une île des Baléares avec 120 invités, depuis la Suisse, en commandant les billets d’avion suffisamment à l’avance pour profiter de prix cassés.

    Le mariage de milliardaire à la portée de tout le monde en quelque sorte.

    Il y a encore loin de la coupe aux lèvres …

    1. Justement, on ne peut aller aux îles qu’en avion ou alors il faut avoir la patience de l’extrême lenteur des bateaux. Il semble pourtant que cela changera bientôt grâce au retour d’une machine oubliée depuis longtemps : le ballon. Modernisé, rempli d’hélium et mû par des hélices à moteurs électriques, le projet devrait démarrer en 2026.
      https://www.ladn.eu/actualite/compagnie-aerienne-air-nostrum-command-flotte-dirigeable-hybride/

      1. « on ne peut aller aux îles qu’en avion »

        On peut aussi organiser son mariage près de chez-soi.

        Plus besoin d’avion, ni de bateau ou de ballon (électrique ou pas).

        1. En effet, on peut organiser son mariage près de chez soi. N’empêche qu’il y a des gens qui ont besoin d’aller et venir dans les îles : les autochtones. Dont je fais partie.

  2. “Pour les personnes les plus patientes, un trajet en train au départ de Lagos (Portugal) permet de se rendre jusqu’à Singapour. L’itinéraire compte au total 19’000 km et représente vraisemblablement le plus long parcours par le rail possible au monde. Moyennant 13 changements et environ 20 heures de voyage, il s’agit d’une véritable aventure en soi !”

    Il s’agit là plutôt d’un voyage qui durerait 20 jours 🙂

  3. La méthode la plus simple pour épargner l’environnement reste de NE PAS VOYAGER. Mais comme tout le monde a la bougeotte évidemment pour de bonnes raisons on peut oublier cette option.

  4. Les hommes ont la bougeotte depuis plus de 100’000 ans et ils se déplaçaient à pied , ensuite ils ont domestiqué le cheval voilà environ 10’000 ans qui a raccourci leur déplacements et enfin les moyens modernes du chemin de fer des voitures et des avions …
    Il ne faut pas compter sur une envie d’immobilité de si tôt , mais peut-être remplacée par des voyages virtuels pour se plonger dans des aventures que les humains ne pourraient pas entreprendre dans la réalité de toute manière …
    Aujourd’hui, j’ai démarré la route du rhum vers la Guadeloupe avec 41000 autres participants … virtuellement depuis mon salon … une autre manière de vivre une aventure …
    Ce serait aussi bénéfique pour la biodiversité qui serait bien moins confrontée au tourisme de masse …

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