Quels sont les impacts écologiques des moyens de production de l’électricité ?

Le photovoltaïque pollue-t-il plus que l’hydraulique ? Avec la technologie, pourra-t-on avoir des centrales à charbon « vertes » ? Et le nucléaire dans tout cela ? Tour d’horizon de l’impact environnemental des moyens de production de l’électricité.

 

 

Mesurer l’impact environnemental de la production d’électricité n’est pas une mince affaire. Il existe plus d’une vingtaine de techniques de production à l’heure actuelle et d’innombrables innovations plus ou moins sérieuses, réalistes et implémentables à court et moyen terme. Par ailleurs, chaque moyen de production fait partie d’une « chaîne » environnementale : de l’extraction de la source d’énergie, à la construction et au maintien des infrastructures, sans oublier le réseau de distribution. Pour y voir clair, il faut donc une clé de lecture et d’analyse infaillible et applicable à tous les moyens de production : l’écobilan. Il prend en compte la chaîne énergétique complète avec comme indicateur primaire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et la production de CO2/kWh.

 

L’hydraulique et le charbon, aux deux extrémités du spectre

En un mot comme en cent, le moyen de production de l’électricité le plus neutre pour l’environnement est l’hydraulique ! Les centrales au fil de l’eau, les barrages de montagne et la petite hydraulique produisent entre 5 et 15 g eq.CO2/kWh, chiffre le plus bas de l’ensemble des technologies étudiées par l’OFEN en 2017. L’éolien et le nucléaire figurent également parmi les moyens de production les moins polluants (8 à 27 g eq.CO2/kWh), devant le photovoltaïque et la combustion/gazéification du bois, très dépendants de leurs technologies respectives (10 à 120 g eq.CO2/kWh).

 

À l’autre bout du spectre, parmi les sources d’électricité les plus impactantes pour l’environnement, on retrouve les centrales à biogaz agricole qui souffrent de la production combinée de méthane (150 à 450 g eq.CO2/kWh), les centrales à gaz (387 à 633 g eq.CO2/kWh) et les piles à combustible (370 à 780 g eq.CO2/kWh). La palme revient toutefois aux centrales à charbon situées à l’étranger, avec un impact estimé entre 823 et 1022 g eq.CO2/kWh.

 

 

Considérer uniquement les gaz à effet de serre, un biais dans le choix de son électricité

L’écobilan est un outil d’analyse incomplet lorsque l’on cherche à savoir quelle est l’électricité la moins polluante pour son entreprise ou sa commune. En effet, le premier des critères reste la disponibilité locale. En Suisse, nous avons fort heureusement beaucoup de centrales hydrauliques, mais ne cherchez pas d’éolien offshore puisque nous sommes un territoire enclavé ! Pour obtenir de l’électricité issue de cette technologie il faut donc l’importer, ce qui rajoute un coût financier et environnemental.

 

Par ailleurs, il convient de prendre en compte les risques techniques, sécuritaires et politiques pour mesurer correctement l’impact environnemental d’un moyen de production. Le nucléaire est un bon exemple, face à l’opposition qu’il génère chez une partie de la population. L’éolien également, dès lors que les projets d’implantations d’infrastructures font presque systématiquement l’objet d’oppositions locales en raison de risques – avérés ou non – pour la flore, la faune, le paysage et la tranquillité du voisinage.

 

Enfin, les technologies évoluent et la « photo » de 2019 ne sera sans doute pas celle de 2050 !

 

À l’avenir, tous les moyens de production pollueront moins

Tous, à l’exception du nucléaire et des centrales nécessitent l’extraction de ressources. La raréfaction des terres disponibles devrait effectivement entraîner une hausse des coûts et de l’impact écologique.

 

L’hydraulique restera également stable, ayant déjà atteint sa « maturité » environnementale.

 

C’est du côté du photovoltaïque et de la géothermie profonde que la technologie future devrait permettre les plus belles économies de CO2/kWh.

 

Concernant les centrales à charbon, à biogaz et à gaz naturel, la capture de CO2 viendra compenser en partie les effets négatifs de la raréfaction des ressources, mais ces centrales resteront, en 2050 comme en 2019, les moyens de production de l’électricité les plus polluants.

 

Martin Reid-Jamond.

Romande Energie

Energéticien de référence et premier fournisseur d'électricité en Suisse romande, Romande Energie propose de nombreuses solutions durables dans des domaines aussi variés que la distribution d’électricité, la production d’énergies renouvelables, les services énergétiques, l’efficience énergétique, ainsi que la mobilité électrique.

5 réponses à “Quels sont les impacts écologiques des moyens de production de l’électricité ?

  1. Bonjour,

    les oppositions aux aérogénérateurs vont bien au delà de la rupture de, je vous cite, “tranquilité pour le voisinage”.

    Il s’agit non moins d’un véritable problème de santé publique, amenant sous peu à un scandale sanitaire dont la ZDF s’est fait l’écho dans un documentaire édifiant l’an dernier. ( Infraschall – Unerhörter Lärm. zdf.de – reportage de novembre 2018).

    De plus le voisinage des turbines à vent a un impact physiologique délétère sur les animaux tels que démontrés dans plusieurs publications scientifiques et sur plusieurs espèces d’animaux différents.
    Ceci étant, l’effet nocébo, cher aux promoteurs, relève du déni ou de l’incompétence, voir des deux.

    Entre la tranquilité troublée et l’impact sanitaire, il y a un fossé. Il est ahurissant que vous osiez abordé cette problémaique avec autant de légéreté.

    Cordialement

    1. Bonjour Madame,

      Merci pour votre commentaire.

      Nous tenons à vous rassurer : tout projet éolien ne peut émerger que s’il respecte l’ensemble des réglementations en vigueur, notamment les normes relatives aux émissions sonores qui protègent la majorité de la population.

      Précisons également qu’à ce jour, aucune étude scientifique ne démontre la nocivité des éoliennes récentes sur la santé.

      Bien évidemment, la sensibilité de chacun diffère et il n’est pas possible d’exclure que certaines personnes plus sensibles que d’autres se sentent affectées par l’implantation d’éoliennes dans leur environnement proche.

      En conclusion, nous retiendrons que l’énergie éolienne présente un excellent bilan environnemental et que son rôle dans la transition énergétique est indispensable, principalement en hiver.

      En vous souhaitant une excellente journée,

      Romande Energie.

  2. Tout au contraire! les normes sont respectées parce qu’elles n’ont pas été adaptées à la réalité actuelle des nouvelles turbines . Et que bien sur, elles ne tiennent pas compte de la nature du spectre sonore émises par les aérogénérateurs qui sont des infrasons émis en dessous de 10Hz et qui sont mesurables à l’identique jusqu’à 10 km au moins.
    Votre réponse tient de la propagande: le bilan environnemental est mauvais et il est proche de la destruction environnmentale. Mas je vais m’attarder ici dans ma réponse aux questions de santé publique. Rapport aux études, vous ne devez pas être au courant des dernières publications des études cohortes danoises. Si certaines tendances n’émergent pas, c’est parce que ces travaux prennent en compte toutes les machines depuis environ 20-25 ans parmi lesquelles figuraient de petits modèles (80m) qui passeraient pour des hochets si on les comparaient aux machines actuelles(>200m). Malgré cet échantillonnage dilué, ces études montre certaines tendances inquiétantes: consommation de somnifères et d’antidépresseurs accrus aux voisinage des machines et induction de fibrillation auriculaire. le plan éolien prévu pour le canton de Vaud va exposer un maximum de personnes, dont un hôpital à 600 de la première de vos turbines…les médecins veilleront au grain et la vérité que vos voulez escamoter, votre réponse en est la preuve, finira par émerger.

    1. Madame,
      Votre problème c’est que vous ne connaissez rien à vous lire !
      Je suis contre l’éolien pour des motifs eux scientifiquement prouvés.

  3. Êtes-vous bien sûrs de cette limite inférieure de 10 g éq CO2/kWh pour le photovoltaïque ?

    Selon le rapport de l’OFEN, on a entre 10 et 120 précisément pour la combustion et la gazéification du bois et entre 25 et 109 pour le photovoltaïque ; selon les technologies : 62 à 109 pour le Si-mono-cristallin, 39 à 69 pour le Si-multi-cristallin et 25 à 43 pour les couches minces (Si-amorphe, etc.).
    À ces chiffres, et pour être complet, on devrait encore ajouter le CO2 du transport des importations de modules PV venus de Chine et sans doute fabriqués avec de l’électricité issue majoritairement de centrales à charbon, sachant que le marché européen du PV est, hélas, actuellement principalement d’origine chinoise… Peut-être que les valeurs supérieures de ces fourchettes en tiennent-elles compte.

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