La pédagogie des catastrophes est-elle la seule efficace ?

Ce 13 novembre 2017, plus de 15’000 scientifiques ont rappelé face au monde la gravité de la situation environnementale. La plupart des paramètres de ce qui nous permet de vivre sur cette Terre continuent à afficher des tendances négatives. Depuis les premiers cris d’alarme d’il y a plus de 50 ans, par exemple de la biologiste américaine Rachel Carson (voir le premier livre-culte de l’économie responsable : «Le Printemps silencieux», 1962), les informations sérieuses et consolidées n’ont pas cessé.

Les bonnes réponses sont connues, et présentées depuis plus de 30 ans sous l’égide du développement durable, soit un développement qui se réfère à une claire hiérarchie des besoins et qui est proportionné aux capacités de la nature à nous fournir en ressources et à gérer nos déchets. D’innombrables textes et appels internationaux ont été signés dans l’intervalle, appelant par exemple à un «changement radical de nos façons de produire et de consommer» (Sommet du développement durable à Johannesburg, 2002).

L’offre est là …
Force est de constater que le trend mortifère n’a pas pu être inversé, que les perspectives déterminant les comportements n’ont guère changé. Ce n’est pourtant pas une question d’offre. Dans toutes les branches, il existe maintenant, et c’est la bonne nouvelle, des offres de bonne qualité écologique et sociale, permettant d’atteindre des objectifs tels que la décarbonisation, économie sociale et solidaire, et un commerce équitable.

A travers un système de management environnemental cohérent, les entreprises savent minimiser les pertes de ressources et d’énergie, aller vers le zéro déchets, trouver repreneurs à leurs déchets, pratiquer l’écologie industrielle. La voiture électrique à alimentation photovoltaïque existe, le bois géré selon les standards de la forêt durable de même, tout comme les techniques d’économie d’énergie et les énergies renouvelables.

Il existe une agriculture écologiquement et socialement responsable, un tourisme «doux» et équitable, des peintures et des produits de nettoyage non toxiques, des modèles d’affaires consistant à gagner sa plus-value à travers l’entretien des objets et leur réparation et non avec l’obsolescence organisée.

…mais la demande n’est pas à la hauteur
Face à cette offre de plus en plus présente, la demande n’est pas à la hauteur, et c’est la mauvaise nouvelle. Biens et services durables (finance durable, commerce équitable, alimentation bio, etc.) semblent incapables de percer le plafond de verre d’au maximum un consommateur sur 5, et plutôt un sur dix. C’est une affaire de prix, voilà l’excuse la plus fréquemment entendue. Mais la plupart de ceux qui parlent ainsi n’ont pas réellement creusé la question, et la prétendue impossibilité n’est que rarement prouvée. Pour la finance durable, c’est même franchement faux : risques et rendement sont similaires à la finance non durable ! Si bien que la mentalité prédatrice, court-termiste, insouciante des enjeux réels, continue d’intoxiquer les relations économiques.

Promettre un avenir radieux car durable, ou décrire concrètement la catastrophe ?
Jusqu’à présent, la promotion de la durabilité s’est faite en mettant en avant les bienfaits d’un changement de cap : donner du sens aux choses, promouvoir la santé, placer les liens avant les biens, appliquer le principe de précaution sont quelques-unes des lignes argumentaires déployées. Mais cela n’a pas suffi pour créer des engouements et changer les réflexes d’un nombre vraiment significatif de personnes.

Il est temps, il me semble, de changer de discours, et de décrire comment évolueront les choses si les tendances mortifères ne sont pas modifiées. A ce jour, elles ne le sont pas – et un même fatalisme nous fait regarder sans réagir les images des destructions en Syrie, se sentir impuissants face au drame des migrations dans le monde, envisager sans broncher une réduction radicale de la biodiversité et une modification brutale des équilibres climatiques.

La catastrophe c’est du feu, du sang, des larmes
Disons-le donc clairement. Le monde que nous nous préparons là, par omission ou par commission, sera un monde de grande barbarie, d’inégalités dramatiques dans l’accès aux besoins vitaux, d’implosion de la gouvernance, donc de l’aptitude des sociétés humaines à agir sur les causes des phénomènes. Son chaos ressemblera fort à une situation de guerre rampante, sournoise, omniprésente, signera une relativisation radicale des droits humains, sacrifiés sur l’autel de notre incapacité à contrôler ce que nous avons mis en marche. D’ores et déjà, le retour du repli nationaliste, la mobilisation par les mouvements populistes (tous absolument indifférents aux causes globales en général, et environnementales en particulier) des réflexes de haine et de peur, l’addiction aux “hommes forts” et aux mentalités de soumission/domination, le foisonnement des fake news, de la méfiance généralisée et des théories du complot, tout cela signale le début de la décadence de la gouvernance et donc de l’incapacité d’organiser, voire de penser, autre chose que la lutte de tous contre tous.

Invivable c’est: invivable
Ce sera un monde où la violence faite à la nature se traduira en manques rapides de biens de première nécessité, sur fond de croissance démographique continue : eau, air pur, forêts, sols fertiles, et où le changement climatique rendra invivables de larges espaces. On annonce plus de 60 millions de réfugiés climatiques pour 2050, et nul ne sait comment nos sociétés, déjà durablement secouées par l’arrivée d’un demi-million de réfugiés en 2015 (1 pour mille de la population européenne), réagiront face à une migration aussi massive.

Ce sera un monde qui ressemblera à ce qu’est aujourd’hui la Somalie, l’Afghanistan, le Soudan du Sud ou, au mieux, Haïti. Un monde devenu un “failed state” global. Un monde dont tout espoir de progrès aura disparu. Où le plus fort décidera s’il tue le plus faible – ou s’il se contente de le soumettre.

Incapables d’actionner le frein à main
Le développement durable et le vivre ensemble sont complètement liés. Ces prochaines décennies vont voir monter en puissance les facteurs de déstabilisation, se créer de nombreux cercles vicieux. Notre capacité à redresser la barre ne s’est nullement révélée à la hauteur alors que les eaux étaient encore relativement calmes ; par contre, notre schizophrénie est,elle, phénoménale. Jacques Chirac disait en 2002 à Johannesburg: la maison brûle et nous regardons ailleurs. Et il a été le premier à pratiquer ce qu’il dénonçait.

Notre dépendance fondamentale de la nature, et la grande fragilisation que nous lui infligeons, ne sont toujours pas entrées dans les références d’une grande majorité de nos dirigeants économiques et politiques, empêtrés dans le court-termisme et dès lors indifférents au sort d’autrui. A juste titre, les générations à venir les accuseront de crime contre l’humanité. Mais il n’y aura plus de tribunal pour les juger, ni d’yeux pour pleurer. Comme envoûtés par la vitesse de notre course dans le mur, nous nous révélons incapables d’actionner le frein à main.

René Longet

Licencié en lettres à l’Université de Genève, René Longet a mené en parallèle d’importants engagements, dans le domaine des ONG et du monde institutionnel, pour le vivre-ensemble ainsi qu'un développement durable. Passionné d’histoire et de géographie, il s’interroge sur l’étrange trajectoire de cette Humanité qui, capable du meilleur comme du pire, n’arrive pas encore bien à imaginer son destin commun.

17 réponses à “La pédagogie des catastrophes est-elle la seule efficace ?

  1. tout cela est très bien dit;
    j’avoue une formulation qui a ma préférence: nos élus sont si préoccupés de leur image qu’ils en oublient leur élémentaire responsabilité, à savoir décider de tout arrêter et d’organiser la réflexion indispensable à l’émergence des solutions à venir;
    leur cynisme, leur orgueil, le fait qu’ils soient “hors sol” nuisent à leur intelligence; pourtant ils sont parait-ils si “brillants ” !
    De Gaulle disait: après moi, le déluge ; soit, mais lui a fait quelque chose entre 1939 & 1945;
    alors que Emmanuel Macron se fait traiter de “petit marquis” par Laurent Fabius !

    1. Cher Monsieur Serot
      Un point complémentaire: si l’écologie était une préoccupation populaire forte, les élu-e-s s’en empareraient bien davantage, mais comme ce n’est pas vraiment le cas, une bonne partie d’entre eux attendent de voir comment évolue l’opinion publique, au lieu de plaider pour les priorités qui s’imposent objectivement. Là est leur principal biais, c’est une forme aggravée de manque de courage.
      Cordialement
      René Longet

  2. Bonjour,
    merci pour cette réflexion qui interroge la question fondamentale du “comment réveiller les consciences” face à nos modes de vie actuels – je n’ai toujours pas la réponse à cette question
    mais sans doute êtes-vous au courant des travaux de Pablo Servigne sur la question de l’effondrement…
    voici qu’il sera justement à Lausanne le 28 novembre prochain, pour nourrir ces réflexions 😉
    http://www.theofil.ch/events/comment-traverser-leffondrement/

  3. Si vraiment ces 15’000 scientifiques ont raison alors c’est préoccupant. Et pourtant il y a un doute. Beaucoup de gens ont un doute et je vais vous dire pourquoi.

    Ces gens qui doutent appartiennent à une école de pensée conservatrice, qui par esprit conservateur, était déjà “écologiste” quand le mot n’avait pas encore été inventé. C’est à dire que par esprit conservateur on a toujours été réfractaires aux illusions du Progrès, scientistes, qui sont à l’origine du modèle productiviste à outrance, du gaspillage des ressources et de la dégradation de l’environnement. On a toujours combattu celà comme on a été opposé au communisme, sous ses différentes variantes.

    Seulement maintenant on constate qu’une bande de gauchistes, qui sont les héritiers de l’idéologie révolutionnaire du Progrès scientiste, ainsi que du marxisme, ont adopté un concept d'”écologie politique” de tendance marxiste à la base, dont on sait très bien, car nous avons quand même des sources d’information dans les milieux de droite réactionnaire, qu’il a été élaboré après l’échec des tentatives révolutionnaires comme notamment celle de mai 1968, de manière à contraindre l’humanité à tourner le dos à un modèle conservateur d’économie de marché libérale ou disons de libre entreprise à laquelle on est très attaché, pour imposer par la contrainte, et sous la menace de la fin du monde, le passage à une forme de socialisme mondial ou de gouvernance mondiale.

    Votre article est un bon exemple de ce chantage : “puisque le marché ne permet pas de résoudre le problème, le temps est venu de menacer le monde d’apocalypse”, c’est ce que vous dites en gros. Et la conséquence logique c’est qu’il faudra passer ensuite à une économie planifiée.

    Et là on doit vous répondre : pas d’accord!

    On ne peut en aucun cas faire confiance à ces gens de gauche qui se disent écologistes, – vous en êtes un exemple assez typique -, car on sait à quoi ils travaillent et ce que sont, et n’ont jamais cessé d’être, leurs objectifs. Toujours les mêmes: l’instauration d’un ordre mondial communiste dont nous ne voulons pas.

    Bien sur ils ne sont pas tous communistes, par exemple vous même vous n’êtes peut-être pas, ou plus, vraiment communiste, quoiqu’ancien gauchiste, vous avez peut-être évolué. Et c’est vrai que dans cette mouvance il y a aussi des gens qui ne sont même pas de gauche mais sont tout simplement mondialistes et veulent un gouvernement mondial. Mais ca non plus on n’en veut pas.

    Il s’agit, dans le projet d’écologie politique crypto marxiste et porté également par les forces élitistes mondialistes qui veulent un gouvernement mondial – d’imposer aux économies de libre marché des contraintes telles, que le passage à une forme d’économie planifiée (en évitant certes les erreurs du socialisme réel tel que connu en URSS à l’époque) devienne nécessaire, sous prétexte de sauver la planète d’un péril imminent.

    Je ne vous cite pas ici les références des travaux documentant ce projet bien connu. Ce n’est pas le lieu et comme de toute façon vous faites partie vous-même de ce projet, c’est peine perdue. Mais il y a beaucoup de preuves de tout celà.

    Donc pour toutes ces raisons il est absolument impossible de faire la moindre confiance aux tenants de l’écologie politique. Leur mouvement n’est qu’une ruse et un camouflage pour poursuivre de tout autres objectifs. On doit suspecter fondamentalement leur sincérité, et les considérer comme des imposteurs absolus et on ne peut en aucun cas les aider ni collaborer avec eux.

    C’est en grande partie pour celà que tant de gens doutent des théories pseudo scientifiques que ces gauchistes et socialistes peints en vert ou alors ces partisans du gouvernement mondial nous présentent en s’appuyant sur toute une série de scientifiques subornés dont l’intégrité est sujette à caution. Par exemple le GIEC doit être considéré comme une organisation politique déshonnête et complètement manipulée.

    Si l’écologie politique moderne avait été porté par des gens honnêtes et préoccupés vraiment de la nature, comme l’était par exemple un Herbert Guhl en Allemagne, alors on pourrait avoir confiance.

    Or c’est impossible. Les écologistes honnêtes – comme Herbert Guhl – ont été éliminés du mouvement vert à ses débuts par une bande de crypto communistes qui l’ont noyauté et les Verts ont été repris en main par des voyous d’extrême gauche à la Joshka Fischer. Même en Suisse l’ex Ligue Marxiste Révolutionnaire et les POCH se sont dissoutes à l’époque pour rejoindre le parti Vert naissant. Vous devez vous en souvenir et connaître tout cela mieux que personne.

    Comment voulez-vous qu’on puisse croire un seul mot de ce qui provient de ces gens là?

    1. Cher Monsieur Martin
      Votre posture politique vous appartient.
      Mais à ce que je sais, les vrais réactionnaires mettaient précisément en doute la notion de progrès et la domination des lois du marché, puisqu’ils défendaient l’ancien régime face au libéralisme. On ne peut pas leur donner entièrement tort.
      Quant à ma position politique je n’ai nullement eu besoin de me “guérir” du maoïsme, du léninisme ou du stalinisme, n’y ayant jamais adhéré ni eu le moindre besoin de me situer dans un extrême politique. Ma position est depuis toujours un humanisme – réaliste sur ce dont est capable l’être humain, et une critique durable des dérives du matérialisme.
      Pratiquement tous les scientifiques que je connais notamment dans les enjeux climatiques ou de la biodiversité ne sont aucunement intéressés par des idéologies, mais se passionnent pour l’observation des faits, selon la méthode propre à leur domaine.
      J’adopte la même attitude, car pour moi si on veut agir dans le monde, il faut commencer par établir les faits tels qu’ils sont et non tels qu’on voudrait qu’ils soient. Toute société humaine a besoin d’une base d’existence qui est fournie par la nature, ses capacités à produire des ressources comme l’eau, le sol, l’air, le climat, les espèces animales et végétales, etc., ses capacités à digérer nos rejets et déchets.
      Quel que soit votre, notre projet de société, votre image de la société humaine désirable, la réalité vous rattrapera, nous rattrapera. Trouver la juste hiérarchie entre le fonctionnement de la nature et la manière dont les humains s’organisent est notre tâche commune. Alors pourquoi donnez-vous un tel pouvoir sur votre capacité d’analyser les faits à vos adversaires politiques, au point de réfuter ces faits pour la seule raison qu’ils les instrumentaliseraient pour des fins que vous ne partagez pas?

  4. A vrai dire je ne réfute pas vraiment les faits. J’ai juste un doute parce qu’ils sont instrumentalisés par des manipulateurs et des menteurs patentés. Donc effectivement c’est louche. Je voulais vous expliquer que si vous peinez à convaincre, malgré votre sincérité et des travaux scientifiques peut-être sérieux auxquels vous accordez foi, c’est en grande partie à cause de çela. C’est un peu l’histoire de la chèvre de monsieur Séguin. Vous comprenez?

    Je pense qu’il serait nécessaire de développer une action politique soucieuse de l’environnement. Mais çela n’est concevable, à mon avis personnel, que dans un mouvement à créer (il n’existe pas à ce jour) qui rejette radicalement la manipulation gauchiste dont j’ai parlé, ainsi que le mondialisme. Il n’est pas supportable qu’on abuse d’un problème réel: çelui du besoin de se mettre enfin à respecter la nature, pour embringuer les peuples de cette terre dans un projet inhumain et révoltant de super état mondial. Donc les mesures à prendre doivent l’être par les gouvernements nationaux légitimes, ayant entre eux des coopérations non-contraignantes – et de çe fait plus efficaçes. Ces mesures pourraient même aller plus loin que celles préconisées par l’inepte COP 21 ou 22 ou 23, on ne sait plus le numéro, qui n’est qu’une mascarade une imposture et un enfumage.

    Pour mener cette action écologique là, une collaboration, un bout de chemin avec des gens sincères comme vous, mais abimés par un trop long compagnonnage avec les écolo-gauchistes mondialistes, est-il envisageable? Je ne sais pas. Peut-être, mais avec une grande prudence et même méfiance.

    J’ajoute que pour ma part, la réaction que constitue le mouvement des “Verts libéraux” ne représente en aucune manière une alternative valable. Il me semble que c’est juste un enfumage qui a été imaginé par des francs maçons de droite (j’indique cet aspect un peu par provocation, pour rigoler, mais il y a de ça) pour apporter un contrefeu au parti des Verts, parçe qu’on était inquiets que ce parti était trop contrôlé par l’extrême gauche. Mais les Verts lib ont le même credo européiste et onusien que les autres. Il n’y a rien de bon à en tirer. Ils font partie du problème et non de la solution. C’est une perte de temps.

  5. les élus n’ont pas à aller renifler les pensées de leur électeurs puisqu’ils ont été élus pour les défendre, donc il sont sensés les connaitre à fond;
    par contre vous parlez vrai quant à l’absence de pugnacité des populations; j’accuse les médias aux ordres; dans cet ordre d’idées je fais un lien entre la disparition de votre hebdomadaire romand, ” l’hebdo” et un article concernant le grand brigand financier Patrick Drahi; je n’ai pas su m’informer sur ce sujet ; cet organe de presse étant “dérangeant” il a suffi de trouver de quoi le faire taire, n’est-ce pas ?
    les élus sont devenus des fonctionnaires soucieux de leur rente, au lieu d’être les combattants de première ligne au profit de leurs électeurs !
    bon courage à vous, votre journal n’étant pas vraiment révolutionnaire !
    ah, ah !
    à l’été prochain sur le stand anti gaz de schiste, anti CETA, etc…, au marché des Vans pour un petit rosé bien frais, tout en bas de l’Ardèche sud , près de la grande fontaine;
    chiche !

  6. Cher Monsieur,
    Ce qui me frappe, c’est que les réponses à votre article pédagogique sont toujours les mêmes: un Monsieur Sérot qui rejette la faute sur les politiques et les médias, un Monsieur Martin qui rejette la faute sur des écolos-gauchistes (on se demande bien alors pourquoi l’UDC et le MCG ne prennent pas la mesure de l’urgence), mais ce n’est jamais de sa propre faute. Pourtant 99,5% des scientifiques qui travaillent sur le sujet sont formels, la catastrophe est à venir. Le taux de CO2 atmosphérique est de 400 parties par million alors qu’il n’a jamais dépassé 250 ppm au cours des derniers millions d’années selon ce que révèle les glaces de l’Antarctique. Que ferons nos (petits-)enfants lorsqu’il fera 50° en été en région méditerranéenne?
    Oui, Monsieur Martin a un doute. Bravo. Doute-t-il aussi que la Terre tourne autour du Soleil parce que certains pensent que la Terre est plate? Soit Copernic, Galilée et leurs confrères n’ont pas été crus plus rapidement que nos scientifiques contemporains le sont par notre population…
    Merci tout de même de garder votre patience et de rester si bon pédagogue.

  7. Cher Monsieur Charles Zaninetti, c’est me faire beaucoup d’honneur que de m’évoquer dans votre commentaire; l’important est que je souhaite que vous preniez conscience de l’absence de maturité de beaucoup de gens face aux problèmes contemporains; ainsi en Ardèche le CETA, ce traité que Macron nous impose de façon scélérate va ruiner beaucoup de choses, et tout le monde s’en fout grâce aux médias ” aux ordres” qui gavent les braves gens avec des idées fausses;
    je suis convaincu que mes voisins les helvètes sont soumis aux mêmes combines des responsables politiques et je j’en suis consterné, sachez le bien ! donc expliquez moi en quoi j’ai tout faux selon vous;
    reste que l’invitation au petit rosé, l’été prochain, au marché des Vans, en basse Ardèche, est tout a fait valable pour vous; pointez vous au stand anti gaz de schiste, anti CETA, etc…;
    mon petit doigt me dit que vous croyez encore au Petit Jésus, au Père Noêl, etc… dont vous affublez les élus de quelques compétences !
    Visitez l’abbaye de Romainmotier, elle vous éclairera assurément sur la criminalité de nos élus ” responsables” mais pas “coupables” tout comme le président du Conseil Constitutionnel, Laurent Fabius, qui a laissé faire, qui a permis que des patients soient soignés (!!!) avec des lots de sang contaminé par le sida !
    j’observe la lente et semblet-il inéluctable contamination de votre beau pays par le libéralisme; ouvrez les yeux, observez la corruption, la trahison des élus;
    voici mon e-mail si désir de correspondance de votre part: [email protected]

  8. Monsieur,

    Je partage votre point de vue sur l’état de nos sociétés et les voies pour aller vers un monde plus durable, plus respectueux de l’ensemble du vivant et des générations futures.

    Contrairement à vous, j’estime que notre société est en train de changer et de manière importante. Mais vous laissez entendre que le rythme est trop lent face aux menaces identifiées.

    Beaucoup d’exemples que vous donnez dans votre prévision catastrophique sont basés sur les pires scénarios du GIEC et pour certains mêmes par des ONG qui vont largement au-delà des conséquences néfastes présentées par le GIEC des émissions de gaz à effets de serre.

    Depuis plusieurs années, des climatologues reconnus nous préviennent que les modèles établis à la fin des années 1990 début des années 2000 ont surestimé la sensibilité du climat aux gaz à effet de serre (GES).

    Encore tout récemment, en septembre, un article paru dans Nature Geoscience (www.nature.com/articles/ngeo3031) l’a redit explicitement. Un de ses auteurs, a été interviewé par le Times (titre de l’article : “We were wrong — worst effects of climate change can be avoided, say experts”). Il s’agit de Michael Grubb, “professor of international energy and climate change at University College London”. La lecture en entier de l’article du Times vaut la peine. Morceau choisi :

    “The world has warmed more slowly than had been forecast by computer models, which were “on the hot side” and overstated the impact of emissions, a new study has found. Its projections suggest that the world has a better chance than previously claimed of meeting the goal set by the Paris agreement on climate change to limit warming to 1.5C above pre-industrial levels.”

    Il nous reste très probablement bien plus de temps que prévu pour inverser la tendance.

    L’approche adoptée par Cyril Dion dans le documentaire “Demain”, qui se focalise sur les solutions, leurs mise-en-oeuvres et leurs bénéfices, a un meilleure impact auprès de la population que celle que vous choisissez ici.

    Meilleures salutations

    1. Cher Monsieur Golay
      Je préfère mille fois les actions qui positivent et vous en donnez un excellent exemple, en citant le film Demain. Mais en effet les changements ne me semblent pas aller assez rapidement et je crois qu’il faut aussi être capable de visualiser ce qui nous paraît le scénario socio-économico-politique le plus vraisemblable si nous n’arrivons pas à réussir la transition. Les uns sont plutôt sensibles à ce qu’ils ont à gagner, les autres à ce qu’ils ont à perdre…
      Cordialement
      René Longet

  9. Un élément manque dans cette discussion : ils s’agit de l’espèce la plus invasive sur Terre et qui dévaste tout et en particulier les biotopes vitaux pour les autres espèces naturelles qu’on qualifie de sauvages. Je veux parler évidemment de l’homme qui par son expansion et ses modes de vie rendent les conditions insupportables pour elle-même et le reste du monde vivant.
    Ce sujet est tabou parce qu’il remet en question l’ordre établi issu des textes bibliques considérés à tort comme une Vérité.
    J’y vois une sorte de péché originel par lequel l’homme a fait le mauvais choix .
    Les questions actuelles tournent autour du thème du mode de développement.
    Le capitalisme essaie de donner des leçons , mais oublie ses propres règles et en particulier celle qui consiste à ne pas gaspiller le capital dont dépend les intérêts qui nous font vivre.
    A l’échelle de la planète, on peut dire que l’homme a largement entamé le capital naturel pour un usage à court terme sans se rendre compte qu’il met en péril ce capital vital pour les générations futures.
    Une espèce humaine moins nombreuse suffirait-elle à réduire les risques de sa propre disparition? Une population de quelques millions suffirait à garantir le futur , puisque des civilisations telles que la Grèce antique ont pu le faire.
    C’est un débat qui n’a pas lieu, mais qui mérite d’être posé.

  10. Bonjour René !
    Petit message depuis le Canada.
    J’espère que tu vas bien. Comme je l’ai déjà expliqué à nos rencontres Stratégie énergétique, biosphère et sociétés (SEBES) à Genève, on ne va pas résoudre la crise climatique simplement en réduisant les sources d’émissions, simplement en passant aux énergies renouvelables, à l’électrification des transports et à l’écologie industrielle. Arrêter les émissions est indispensable mais ne suffira pas. La re-descente serait trop lente pour éviter le pire, + 3-6 C, ce qui correspond à des montées des eaux de 6 à 20 mètres. Une montée qui a déjà commencée.
    Il nous va falloir des puits de carbone. Les sols, sont le seul candidat sérieux. Il nous faut prendre le contrôle du cycle du carbone. Pour cela il nous faut remettre du carbone dans les sols, 400 GtC. Ça tombe bien, le carbone rend les sols fertiles. Et des sols fertiles permettent de nourrir l’humanité, d’éviter de nouvelles déforestation, d’augmenter la biodiversité. On parle aujourd’hui d’agriculture régénérative, de solutions naturelles à la crise climatique, carbon farming. Le bio ne suffit plus, l’Institut Rodale vient de créer un nouveau label, production régénératrice.
    Les carburants fossiles sont la première cause du réchauffement aujourd’hui. Mais pas depuis si longtemps. En Chine, c’est depuis l’année 2000. C’est le labour qui fut la première cause du réchauffement. Certains disent qu’il demeure la première cause historique, sur 10’000 ans. Quoi qu’il en soit, Prof. Rattan Lal, du Centre pour la séquestration du carbone (Ohio State University) souligne que nous avons perdu 50-70% du carbone des sols cultivables. Il faut donc remettre ce carbone dans les sols par diverses méthodes: agriculture sans labours & plantes de couverture, passage aux plantes vivaces et abandon des annuelles (pour éviter de perturber les sols, et, pour la profondeur des racines qui exudatent du carbone), biochar, gestion holistique des pâturages, compost, paillis, etc. Voir la proposition 4 pour 1000 du gouvernement français à la Conférence de Paris en 2015. Des dizaine de pays ont signé. C’est la moitié de la réponse, et, la seule permettant de prendre le contrôle de l’anthropocène. Pour plus d’information voir Sols vivants Québec, soil4climate, Regeneration International. Amitiés depuis Montréal. Benoit

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