Effectuer ses achats en ligne dès 7 ans avec Revolut Junior

Obtenir une tirelire numérique dans laquelle vos proches peuvent vous verser de l’argent de poche ou vous rémunérer pour des services rendus, c’est maintenant possible dès l’âge de 7 ans avec l’offre Revolut Junior.

Avec l’ouverture du compte, votre enfant reçoit également une carte de crédit de sa couleur préférée. Celle-ci lui permet de dépenser son argent en toute simplicité, à la fois chez son marchand de bonbons préféré, mais aussi pour effectuer des achats en ligne. En cette période où le commerce en ligne explose à cause de la pandémie, la néo-banque propose ainsi aux enfants de pouvoir faire comme leurs parents, du shopping en ligne avec leur propre carte.

Les parents conservent évidemment un certain contrôle. Ils reçoivent des notifications à chaque transaction (eh oui, encore des notifications) et ils peuvent bloquer à tout moment la carte, voir interdire certains commerçants. Vous pouvez également fixer des objectifs d’épargne à votre enfant, par exemple d’économiser 20 CHF par mois en coupant régulièrement le gazon du jardin du voisin.

Capter votre attention et maximiser le nombre de transactions

La facilité d’utilisation est déconcertante. On en oublierait presque qu’on dépense son argent :  en 3 clicks, il est possible de transférer de l’argent à un ami à l’autre bout de la planète, acheter des bitcoins (cela aurait pu être une bonne idée il y a 8 mois, avant que sa valeur s’envole) ou connecter son compte à Apple Pay pour régler ses courses avec son smartphone.

L’application reprend aussi les codes utilisés par les réseaux sociaux pour capter votre attention : elle vous propose d’inviter vos amis sur Revolut, elle affiche automatiquement les personnes qui utilisent Revolut dans vos contacts pour vous permettre de leur transférer de l’argent et elle vous envoie régulièrement des notifications pour vous donner un résumé de vos dépenses ou encore pour vous proposer d’investir en crypto-monnaie.

Apprendre à gérer son argent, mais surtout apprendre à gérer ces données numériques

« Apprenez aux enfants à bien gérer leur argent pour toute la vie » est le slogan marketing sur le site de Revolut. On pourrait débattre de ce point car je ne suis pas convaincu que ce service et les fonctionnalités développées soient complètement alignés avec cet objectif. Mais il me semble qu’une réflexion plus vaste doit être entreprise : celle d’identifier les compétences nouvelles que nous devons apprendre à nos enfants dans cette transition numérique qui s’opère.

En effet, ces nouveaux outils numériques permettent une fois de plus d’augmenter la masse de données collectées. Avec cette carte, Revolut peut effectuer un profilage de votre enfant : ils sauront notamment ce qu’il aime, où il va et quel est son pouvoir d’achat.

Apprendre à nos enfants à utiliser ces nouvelles applications est probablement utile, mais il est important de leur apprendre à gérer avec confiance et responsabilité leurs données et celles des autres. C’est ce qu’on appelle la « littératie des données » ou « data literacy » en anglais.

Une des étapes de cet apprentissage est par exemple de pouvoir répondre à ces questions :

  • Que peut-on faire avec mes données ?
  • Qu’est-ce que je veux qu’on fasse avec mes données ?
  • Qu’est-ce qui est autorisé de faire avec mes données ?

Finalement, en apprenant à gérer ces données, on apprend également à gérer son argent. Nous payons en effet de plus en plus avec nos données : lorsqu’on utilise des services gratuits tels que Google Map ou Gmail, on les rémunère en leur permettant d’utiliser nos données…ce qu’ils font avec succès. Le chiffre d’affaires de Google (qui propose essentiellement des services gratuits) était de $181 milliards en 2020. Et quand on regarde la profitabilité de ces entreprises, il semble évident qu’on sous-estime fortement la valeur de nos données et qu’on pourrait les vendre bien plus cher.

Amazon et son intelligence artificielle très indiscrète

Faire voler un drone d’intérieur pour protéger votre maison, payer vos courses avec la paume de votre main et écouter avec un bracelet vos conversations pour vous aider à gérer vos émotions sont les trois nouveaux produits annoncés ces dernières semaines par Amazon. Leur point commun : ils collectent tous vos données très personnelles pour « nourrir » les algorithmes d’intelligence artificielle développés par le géant du e-commerce.

Un drone filme l’intérieur de notre maison

Probablement le produit le plus surprenant des trois. Amazon propose un drone équipé d’une caméra qui vole à l’intérieur de votre habitat lorsque vous êtes absent. Il vous permet d’aller observer tous les recoins de votre maison lorsque vous êtes en déplacement. En vous connectant avec votre téléphone, vous pouvez ainsi vérifier que vous n’avez pas laissé une fenêtre ouverte ou encore oublié de rentrer votre store.

La vidéo de promotion présente un cambrioleur qui entre dans votre maison et qui décide de repartir après s’être retrouvé en face de votre drone (pourtant il n’a pas l’air bien méchant, en tout cas il me fait beaucoup moins peur qu’un doberman). La proposition de valeur mise en avant : pour $249, plus besoin d’équiper toutes les pièces de votre maison d’une caméra.

Est-ce qu’on veut vraiment qu’Amazon scanne en permanence notre intérieur ? Que va-t-il se passer ensuite ? En même temps que notre drone surveille notre intérieur, il pourra par exemple aussi identifier que notre canapé est usé et Amazon nous proposera d’acheter un nouveau modèle en cuir rouge, sur la base de nos préférences (fournis par le profilage provenant de l’historique de nos commandes sur sa plateforme d’achat en ligne).

La paume de notre main comme moyen d’identification pour payer nos courses

Prochainement, les consommateurs qui rentreront dans un magasin Amazon Go pourront payer les courses en scannant la paume de leur main. Ce système analyse votre paume (la forme, les lignes et la configuration de vos veines) pour vous identifier. C’est une technique analogue à la technologie de reconnaissance faciale, basée sur l’utilisation de nos informations biométriques. L’ambition d’Amazon va au-delà du paiement. Cette solution pourrait également remplacer les tickets de concerts ou encore permettre de faire le check-in à l’aéroport.

Est-ce qu’on veut vraiment que la paume de notre main soit enregistrée dans le cloud/nuage d’Amazon ? Si Amazon est victime d’une cyberattaque et que nos données biométriques sont volées, cela devient très critique. On ne peut pas modifier la paume de la main comme on change un mot de passe ! Pour que ce service fonctionne, les données doivent être centralisées, ce qui est différent des solutions biométriques actuelles comme la reconnaissance faciale sur un iPhone. Apple n’enregistre (pour le moment) pas ces données, elles sont uniquement conservées localement sur le téléphone.

Un bracelet pour analyser notre voix et notre corps

Halo, c’est le petit nom donné à ce nouveau bracelet connecté (encore un !). Parmi les nombreuses fonctions, il est équipé de micros pour enregistrer vos conversations. Il vous informe ainsi sur le ton de votre voix lorsque vous communiquez avec d’autres personnes. Les algorithmes d’intelligence artificielle vous indiquent ensuite si vous êtes joyeux ou bouleversés…la petite voix qu’on a normalement dans notre tête provient maintenant de notre poignet. Le bracelet est également fourni avec une application qui scanne votre corps en 3D pour calculer votre masse graisseuse et ensuite vous aider à réduire votre surpoids. Pour vous motiver, l’application montre à quoi votre corps pourrait ressembler après quelques séances d’entrainements physiques.

Est-ce qu’on veut vraiment qu’Amazon mesure notre état physique et émotionnel ? Même si Amazon indique que tous les enregistrements et les photos sont effacés, il va quand même en connaître encore plus sur nous, notre personnalité et notre condition physique. Et si Amazon lance ensuite un produit d’assurance ou effectue un partenariat avec des assurances maladie, que va-t-il se passer ?

 Amazon nous connaîtra mieux que nous-même

Ces trois produits amènent une nouvelle dimension à la transition numérique : ils combinent les données de notre monde physique (dans ce cas notre habitat), nos informations biométriques et nos actions dans le monde digital. Avec ces nouveaux « Big data » combinés, les géants de la Tech vont nous connaîtrons mieux que nous. L’historien Yuval Harari avait déjà, il y a quelque temps, mis en garde contre cette évolution, avec un exemple très parlant : une entreprise comme Amazon pourra identifier qu’une personne est homosexuelle avant qu’elle le réalise elle-même…avec le risque que cette information tombe entre les mains de gouvernements totalitaires où cette orientation sexuelle est condamnée.

En attendant une éventuelle réaction plus globale du politique, il va falloir que chacun de nous, comme consommateur, analyse ces nouveaux produits de manière critique. Si l’on reprend l’exemple du paiement avec la paume de sa main : est-ce qu’il est souhaitable de créer un mot de passe qui fait partie de notre corps ? Les avantages sont-ils suffisamment grands par rapport au risque ? De nombreuses alternatives existent et fonctionnent très bien, comme le paiement sans contact par RFID proposé par les émetteurs de carte de crédit. Il est donc préférable de ne pas utiliser un tel système biométrique.

La crise sanitaire a rendu ces entreprises technologiques encore plus puissantes (Amazon annonçait fin juillet un bénéfice net de $5.2 milliards sur 3 mois, le double du profit sur la même période l’année dernière). Elles vont donc pouvoir nous « inonder » d’innovation, en se concentrant probablement sur nos données de santé, le nouvel eldorado pour accroître leur pouvoir. Il va donc falloir être prudent, ces nouveaux produits deviennent très intrusifs pour notre sphère privée.

Amazon Ring Always Home Cam :

Amazon One

Amazon Halo