A force de jouer avec le feu, on finit par se brûler. Il en va de même pour le temps: à force de tergiverser, on finit par en manquer. La Suisse en fait l’expérience ces jours, dans le cadre du dossier européen.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Vendredi dernier, après une phase de consultation initiée en janvier et alors que l’accord institutionnel avait été négocié durant cinq années déjà, le Conseil fédéral se prononce enfin en faveur du texte sur la table, sous réserve de clarifications en matière de mesures d’accompagnement, d’aides d’Etat et de citoyenneté européenne. Tout ça pour ça? Cette phase de consultation 2.0 aura eu un (seul) mérite: permettre au gouvernement, dans sa nouvelle composition, de se réapproprier le dossier des relations Suisse-Union européenne et gagner en assurance. Ce n’est pas rien.
Tic. Tac. Tic. Tac.
Le calendrier du partenaire européen est bien connu et n’a quant à lui pas changé. L’Union européenne avait depuis plusieurs mois fait savoir qu’une renégociation était exclue mais que des précisions pouvaient être rapidement fournies, si la Suisse devait en souhaiter. Par ailleurs, Juncker et la Commission européenne dans sa composition actuelle n’ont jamais caché leur volonté de finir leur mandat sur un succès avec la Suisse. Ainsi, sans surprise, la réaction de Bruxelles à la communication du gouvernement suisse du 7 juin dernier a été rapide et limpide: les clarifications au texte négocié doivent être apportées d’ici au 18 juin et l’accord institutionnel signé avant le départ de Juncker, c’est-à-dire jusqu’au 31 octobre. La Suisse n’aime pas être mise sous pression. Mais à force de jouer avec le feu…
Tic. Tac. Tic. Tac.
La Suisse a tout intérêt à saisir la balle au bond et conclure cet accord institutionnel tant que Juncker est encore là. En effet, les candidat∙es à la présidence de la Commission européenne semblent ne pas vouloir faire plus de concessions. Aux actrices et acteurs suisses impliqué∙e∙s de prendre leurs responsabilités, laisser leurs calculs électoraux de côté pour un bref moment et écouter le bruit des aiguilles de la montre. Il leur reste encore un peu plus de quatre mois. Au pays de l’horlogerie, nous devrions le savoir: le temps ne s’arrête pas.
Mais si (aucun doute) vous avez vu l’excellent thriller américain avec de Niro, le bon gagne toujours et même à + 0.1 ?
Merci pour votre commentaire. Oui, “le bon gagne toujours” – il faut en tous les cas y croire et ne pas baisser les bras! 🙂
En admettant que le Conseil Fédéral signe demain l’accord, étant donné qu’il sera soumis au referendum obligatoire en Suisse et que ce texte (en l’état) n’a aucune chance devant le peuple, je ne vois pas bien ce que la Suisse ou l’Europe auront gagné a s’imposer des délais dans cette histoire.
Je crois que le parlement suisse a raison de vouloir mettre toutes les chances de son côtés pour gagner une future votation populaire. Se précipiter et perdre cette votation n’est pas dans l’intérêt de l’UE non plus.
Merci pour votre commentaire. Je ne jetterais pas le bébé avec l’eau du bain: il n’y a pas encore eu à proprement parlé de campagne pour/contre l’accord institutionnel. Le Conseil fédéral n’est abstenu de prendre position durant la phase de consultation. Si d’avance des solutions nationales devaient être trouvées durant l’été, permettant de contenter les partenaires sociaux, l’économie et le majorité des partis politiques, je n’exclurais pas un soutien populaire en faveur du texte négocié. La Suisse a intérêt à signer l’accord avant le départ de Juncker: il sera difficile pour elle d’obtenir plus de la part de la nouvelle Commission qui prendra ses fonctions le 1er novembre prochain, et encore moins si de nouvelles négociations devaient être lancées.
Entièrement d’accord avec votre analyse. Mme May aussi a voulu “jouer la montre”, et elle s’est complètement “plantée”, a conduit son pays dans une impasse dont il aura bien de la peine à sortir quel que soit le successeur de l’actuel Premier Ministre au 10 Downing Street, et laisse une nation (en fait, quatre en l’occurrence!) profondément divisée et à l’avenir incertain. La Suisse devrait en tirer les enseignements et se décider une fois pour toute, et rapidement maintenant, soit de garder une totale indépendance vis-à-vis de l’UE et d’accepte dans ce cas de redevenir un simple pays tiers, soit de continuer à bénéficier des avantages que lui ont procurés les bilatérales et alors d’accepter également les contraintes et obligations qui vont avec. La politique du “un pied dedans, un pied dehors” a aujourd’hui atteint ses limites, aussi bien pour la Suisse que pour le Royaume-Uni!
Merci pour votre commentaire. Je suis du même avis.
Le monde n’est ni noir, ni blanc et il serait bien que l’Europe s’en rende compte!
Quels sont les succès de Juncker, ou Macron, essayer un dernier baroud d’honneur avec Château Darius?
On est tout près, d’ailleurs, que les cousins US des Britishes pétent un câble dans le détroit d’Ormuz et ça c’est la réalité grise!
Il leur faudra bien, aux cow-boys, trouver de quoi payer leurs 2’500 miliards de dettes (dont plus de la moitié chinoise), comme beaucoup de pays européens. De là à penser que WWIII est à la porte?
Alors stop à la propagande de moutons de Cornouaille, la Suisse n’a que 25% de dettes/PIB, ce qu’on lui reproche déjà
Évidemment cette anti Europe n’est qu’une dictature. Teresa May s’en est aperçue. Mais ce n’est pas une raison pour céder aux sempiternels ultimatums, chantages, menaces, des dictateurs. Gardons notre dignité et notre sérénité et espérons que les syndicats ne braderont pas la protection des salaires que l’UE veut supprimer.
Merci pour votre réaction. Cependant, en quoi l’Union européenne serait-elle une dictature? Elle est à mille lieux d’en être une… Peut-être que cette lecture vous sera utile: http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2019/05/14/pourquoi-l-union-europeenne-n-est-pas-une-dictature-de-bruxelles_5461785_4355770.html?xtor=RSS-3208.
Jamais, au grand jamais je ferais partie de cette europe qui ment trompe et pille. On a toujours été seul et cela nous a toujours réussi !
L’Europe donne gratos l’accès du marché aux USA et à la Chine et nous non ? Depuis quand c’est permis de faire deux poids deux mesures ? Ils nous font du chantage ! Leurs systeme est à chier ! Et avec toutes contrepartie qu’on nous oblige à signer ? Qu’ils aillent en enfer, je me ferais un plaisir de vote N-O-N !
Merci pour votre réaction. La Suisse n’a cependant jamais été seule: elle n’a réussi que grâce à son ouverture (économique) et au fait qu’elle soit connectée aux niveaux européen et international. Par ailleurs, la Suisse bénéficie d’un accès au marché intérieur européen bien plus poussé que ce dont peuvent se targuer les Américains et les Chinois. L’accord institutionnel a pour but de réglementer cela. Il n’a pas question ici que de simple libre-échange.
Je trouve très courageux pour un jeune militant politologue de combattre son propre pays en faveur d’un idéal que s’appelle UE. Or, l’UE a eu ses heures de gloire, et elle serait en voie de dislocation (selon BHL sur la RTS il y a quelques mois). l’UE n’aurait jamais dû, par exemple, accepter la perte d’un de ses membres parmi les plus prospèrent qui est la GB. Il fallait leur accorder le droit de calibrer la libre circulation et empêcher le Brexit. L’idée de reprise automatique des lois par la Suisse n’est tout simplement pas compatible avec notre constitution & la démocratie directe, vous devriez le savoir. Je pense que gagnez votre vie en vous positionnant comme opposant à la politique de notre pays ce qui nécessite aussi beaucoup de caractère. Personnellement, bien que je ne suis pas riche je refuserais d’occuper un emploi qui consiste à saper l’effort de mon pays pour garder son indépendance. J’espère que vous allez vous réveiller un jour en vous disant comment j’étais capable de faire ça? Encore un exemple pour vous convaincre que cet idéal n’existe pas? Le Président français se félicite publiquement d’attirer des entreprises étrangères, mais ce qu’il n’a pas dit publiquement, qu’il fait une concurrence frontale aux autres pays européens en offrant des meilleures conditions alors que eux aussi veulent en attirer. Encore un exemple pour conclure? M. Juncker; quand il dirigeait son propre pays, il a privé l’ensemble des pays de l’UE de plusieurs centaines de milliards d’EUR de recettes fiscales pendant plusieurs décennies. Avec des compétences comme les vôtres et la maîtrise de toutes ses langues (selon votre profile In) votre place est avec nous pas contre nous !
Merci pour votre réaction. N’ayez crainte, je suis avec vous et c’est bien pour cela que je m’engage pour une participation pleine et entière de mon pays au sein de l’UE. Je suis intimement convaincu qu’une adhésion de la Suisse nous permettrait de regagner la part de souveraineté que nous avons cédé en signant les accords bilatéraux: enfin, nous pourrions codécider, pleinement défendre nos intérêts, contribuer à la définition de notre futur européen. La Suisse a les capacités de jouer un rôle important au sein de l’UE – son engagement à l’ONU ou encore à l’OSCE en sont des exemples. Le plurilinguisme, la neutralité, la culture du compromis sont, par exemple, des atouts non négligeables.
Je pense aussi être très européen et dans l’absolu vous avez raison. C’est plus simple d’en partie. Le problème est le suivant: nous avons une différence structurelle au niveau de la cherté de vie. Si nous devrions accepter par exemple de libérer totalement le marché des médicaments, des assurances maladie, des marchandises, et de la main d’oeuvre, et de baisser nos salaires, nous risquons d’avoir une crise hypothécaire au moins 3 fois plus aiguë que celle des supprimes aux USA, puisque cette dette représente CHF 1 trillion, et une baisse des salaires de 30% rendrais probablement 30% de ces dettes des créances douteuses. L’UE fonctionne comme un ogre dominant qui ne pense qu’à réglementer et les pays européens ne pensent qu’à “tirer la couverture” chacun pour son pays. Vous voulez de cette UE? oui peut-être, mais le peuple suisse n’en veut pas. Essayer de répondre aux 3 questions du CF au sujet de l’accord-cadre et vous arriverez à la même conclusion que la majorité écrasante du peuple suisse: NOUS NE POUVONS PAS SIGNER, d’autant plus que le texte est très certainement fabriquer par l’UE seule, autrement les diplomates suisses auraient posés les questions avant de conclure les négociations. C’est triste de vous voir mettre votre énergie à l’encontre des intérêts de votre pays qui vous a fait grandir et éduquer. Vous êtes 4 plumes en Romandie qui nous font ouvertement du tort. Les autres sont plus nuancés. Merci d’avoir répondu mais je pensais que vous alliez répondre, point par point, mais je reste sur ma faim. Échec et mat !