Accord-cadre, populisme, Europe, Suisse: stop – faisons la part des choses!

La pause estivale est bel et bien terminée, en tous les cas en politique: personne n’échappe ces jours aux innombrables émissions, articles, commentaires et discussions sur le fameux accord-cadre que voudraient conclure la Suisse et l’Union européenne (UE). A bientôt une année des élections fédérales de l’automne 2019, certain∙e∙s diront que nous sommes déjà entré∙e∙s dans la campagne électorale: les coups pleuvent, chacun∙e accuse l’autre, les émotions sont à vif. Difficile dès lors de garder son calme et faire la place nécessaire dans son esprit pour raisonner de façon objective. Pourtant, à mon sens, il est essentiel de faire la part des choses dans le débat actuel.

D’une part, nous discutons de nos relations bilatérales avec notre voisin européen et – surtout – de la question de l’accès au marché unique, primordial pour notre économie d’exportation. Cette voie bilatérale – telle que mise en œuvre comme mesure transitoire après l’échec de l’adhésion de la Suisse à l’Espace économique européen en 1992 – s’essouffle. Un renouvellement en est nécessaire si nous souhaitons continuer à bénéficier d’un accès facilité au marché de l’UE et à ses 500 millions de consommatrices et consommateurs. De nouveaux accords sectoriels, qui offriraient des perspectives de développement économique supplémentaires, en dépendent aussi. La conclusion d’un accord-cadre semble dès lors inévitable si la Suisse veut garantir sa prospérité, sa sécurité juridique et maintenir une relation privilégiée avec son principal partenaire économique. Bien sûr, cet accord-cadre a un coût: il est impossible de vouloir s’insérer dans une équipe de football en s’obstinant à ne vouloir appliquer que les règles du volleyball.

D’autre part, il est question de la direction que prend politiquement le continent européen – Suisse y compris – avec la montée en puissance des mouvements nationalistes, conservateurs et antisystèmes. Ne mâchons pas nos mots, l’Union démocratique du centre (UDC) joue ici un jeu similaire à ceux de la Ligue du Nord, du FPÖ autrichien, du Rassemblement national (ex-Front national), de l’Alternative pour l’Allemagne et de bien d’autres encore. Tous remettent en cause les progrès réalisés en matière de droits humains, de démocratie, de libertés et d’Etat de droit. Pourtant, aucun de ces partis ne propose une alternative réellement viable. Face à cette vague populiste et anti-démocratique, les citoyennes et citoyens européen∙ne∙s attaché∙e∙s à un monde ouvert et libre – issus ou non d’Etats membres de l’UE – doivent se réveiller.

Ce sont là deux problématiques qui ne devraient être confondues dans le débat actuel, car un élément central les distingue l’une de l’autre: la non-participation de la Suisse à l’UE. Cet état de fait est à l’origine du débat sur l’accord-cadre. Il n’a cependant rien à faire avec la seconde problématique.

Ce ne sera que le jour où nous serons assis à la table des Etats membres de l’UE, avec le droit de codécision, que nous pourrons pleinement défendre nos intérêts. Nous n’avons toutefois pas besoin d’attendre une adhésion de la Suisse à l’UE pour nous engager à lutter contre les forces politiques dont l’unique objectif est de détruire nos acquis et de nous conduire vers un passé qui n’a jamais existé.

(c) Image: KEYSTONE

Raphaël Bez

Diplômé en science politique et en études européennes, Raphaël Bez est secrétaire général du Mouvement européen Suisse. Il est également vice-président de la Plateforme Suisse Europe, membre du bureau exécutif de l’Union des fédéralistes européens et membre du Conseil de la Fondation Jean Monnet pour l’Europe.

16 réponses à “Accord-cadre, populisme, Europe, Suisse: stop – faisons la part des choses!

  1. Ce discours menteur est insupportable. Et en plus en écriture inclusive ce qui nous donne un avant goût de l’ambiance idéologique étouffante et de la langue de bois du monde dans lequel ces gens du FORAUS (petite organisation autoproclamés sans aucune représentativité) veulent nous faire entrer contre la volonté du peuple suisse. Toujours ces sophismes orwelliens comme : “… le jour où nous serons assis à la table des membres de l’UE avec droit de co-décision…” Quel mensonge éhonté! Cessez donc d’insulter l’intelligence des Suissesses et des Suisses. Tout le monde a compris que la vérité est autre: “… si par malheur nous étions membres de l’UE, cette prison des peuples en pleine déliquescence, et même si nous avions seulement un accord institutionnel avec elle, nous n’aurions plus aucun droit de prendre aucune décision dans notre intérêt puisque nous aurons moins de 2% des droits de vote dans le club. Nous serons donc ligotés, spoliés, ruinés. On nous imposerait de payer des contributions financières illimitées, ou plutôt des tribus. Nous devrions renflouer les finances de tous les gouvernements en faillite et incompétents des autres états membres. On nous imposerait une TVA à 15% et nous ne pourrions pas nous y opposer car cela intéresse le marché intérieur. On supprimerait même les mesures d’accompagnement au nom de la Libre Circulation. Tout le monde l’a compris maintenant, même les syndicats. Tout le monde sait que le Conseil fédéral nous ment à ce sujet. Nous serions la vache à lait de l’Europe, la poire pour la soif, taillable et corvéable à merci. Et en plus nous perdrions notre démocratie semi directe. Nos décisions populaires prises en votations pourraient être annullées par Bruxelles et nous ne pourrons rien faire là contre car en cas de conflit, la décision reviendrait à des juges étrangers.”

    L’UE est un Titanic en train de couler à pic et vous voudriez nous arrimer à ce paquebot qui fait naufrage. Pour celà vous mentez éhontément et tentez de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.

    Cessez donc de mentir. Tout le monde décrypte vos mensonges. Vous devriez avoir honte!

    1. Ma chère M. Martin vous utilisez de bien jolies mots pour dire de grandes idioties l’Europe est très loin de coulé cela et un gros mensonge qui flatte l’extrême droite et partie nationaliste qui rêve de ses jours depuis 60 ans
      Les Suisses se font manipuler par le partie nationaliste (UDC) qui leurs fonds crois que le méchant loup et l’Europe ce qui est faux le méchant loup sont les parties nationalistes qui fonds de la propagande mensongère comme vous le faite en ce moment la Suisse a besoin de cet accord si elle ne veut pas finir comme la GB ou le peuple c’est fait manipuler et aujourd’hui regrette leur vote, car comprenne le risque et les conséquences que leurs pays risquent donc Mr Martin vous devait être un de ses Suisses pros UDC pour dire ce genre de connerie.

    2. Cher Monsieur, merci pour cette réaction même si je ne peux souscrire à ce que vous avancez. Je n’ai en rien honte de mes propos. Au contraire, j’estime que nous devrions pouvoir nous exprimer et débattre de ces questions de façon posée et constructive. M’accuser de mentir et – je lis entre vos lignes – demander à ce que je me taise n’amène à rien. Au vu de vos affirmations et de nos avis divergents, je pourrais faire de même. Mais serait-ce là réellement la solution? J’en doute.

      Permettez-moi donc quelques brèves réponses à vos propos:
      – Prise de décision au sein de l’UE: au sein du Conseil de l’UE (qui réunit les chefs d’Etat et de gouvernement des Etats membres et qui est l’une des principales instances de l’UE avec la Commission et le Parlement), les décisions se prennent à la majorité qualifiée voire à l’unanimité. Un système de “minorité de blocage” existe aussi. Enfin, pour rappel, la Suisse avec ses quelques 8 millions d’habitants ne serait pas le plus petit des Etats membres: 13 ont une population inférieure à celle de la Suisse.
      – Mesures d’accompagnement: la directive sur les travailleurs détachés, en vigueur au sein de l’UE et récemment révisée, vise justement à lutter contre le dumping salarial et garantir un salaire égal pour un travail égal sur un même lieu de travail.
      – Dettes des Etats membres: il n’y a aucun système en vigueur au sein de l’UE qui obligeraient certains Etats membres à devoir éponger les dettes d’autres Etats membres.
      – Démocratie semi-directe suisse: notre système démocratique ne serait en rien remis en cause en cas d’adhésion – il y aurait certes, pour certains domaines, un transfert de compétences mais ceci sera contrebalancé par une participation de la Suisse aux processus décisionnels européens et par l’envoi de représentant-e-s suisses au Parlement européen.
      – Etat actuel de l’UE: loin d’être un Titanic, l’UE se trouve face à des défis considérables (migration, sécurité, numérique, populisme) mais peut aussi se féliciter d’avoir, entre autres, surmonté la crise financière et économique, d’avoir créé 12 millions d’emplois depuis 2014, d’avoir un taux de chômage des jeunes à son niveau le plus bas depuis l’an 2000.

  2. Vous parlez beaucoup d’argent, d’intérêt matériel. S’il faut que les Suisses gagnent encore davantage, votre discours est peut-être correct. Il semble toutefois que bien des Suisses attachent moins d’importance à leurs intrérêts matériels que vous, moins d’importance à leur intérêts matériels qu’à la paix politique et sociétale que notre démocratie très directe leur assure, et sont même prêts à gagner moins pour continuer à en bénéficier.

    C’est probablement sur cet antagonisme que les choses vont se jouer: l’argent, ou la paix. Vous êtes pour l’argent, je suis pour la paix.

    1. Cher Monsieur, merci pour votre réaction. En effet, l’une des questions qui se pose à nous est de savoir si nous souhaitons privilégier la prospérité (économique notamment) de notre pays ou son “indépendance formelle”. Nous devrons faire des choix, à l’avenir, qui nous obligerons à renoncer à certaines choses. D’où l’importance d’un débat ouvert et constructif – toutes les options doivent être étudiées, les pour et les contre pesés, pour que nous puissions trancher en connaissance de cause.

  3. Toute personne raisonnable aura facilement fait la différence entre un discours haineux et insultant ceux qui ne pensent pas comme lui (et il sont plus nombreux que “Martin” veut le faire croire, malgré sa prétention à représenter “tout le monde”!) et une argumentation étayée, avec laquelle certes tout le monde n’est pas obligé d’être d’accord (c’est ça la démocratie), mais qui expose et défend des idées sans recourir à aucune basse attaque personnelle ou prétention abusive à représenter l’opinion générale.
    Quant à l’image plus qu’éculée du “Titanic en train de couler à pic”, depuis le temps qu’il coule selon les opposants à l’UE il devrait être déjà par au moins 1000 mètres de fond! Et attention si cette institution devait réellement faire naufrage un jour, la Suisse serait inévitablement entraînée dans les remous de la catastrophe; être dans une frêle barque située par la force des réalités géo-économiques à côté d’un gros paquebot en train de couler est l’assurance d’être également entraînée avec lui par le fond! L’UE a garanti une période de paix et stabilité en Europe que ce continent n’avait jamais connue dans son histoire. Souhaiter sa disparition est proprement suicidaire, surtout pour un petit pays situé au coeur du continent et fortement dépendant de ses voisins. L’UE n’est certes pas une construction parfaite (il a fallu combien de temps à la Confédération suisse pour parachever sa construction?!), mais il faut oeuvrer à l’améliorer, pas à jeter “le bébé face l’eau du bain”. Il est d’ailleurs frappant de constater que les “nationalistes-populistes” ne proposent jamais d’alternatives crédibles, mais seulement le retour aux égoïsmes et antagonismes nationaux qui ont déjà provoqué tant de catastrophes sur notre continent.

    1. @ Mr Haldi je suis tout à fait d’accord avec vous les états unis ne se sont pas fait sans casse et en quelques années donc oui on le sais tous l’Europe est loin d’être parfaite mais elle avance et tout ceux qui veulent se mettre sur son chemin pour l’empêcher seront écartés, si l’Europe n’existait pas les ricain nous aurai mangé tout cru, la suisse ne peut pas se permettre de refuser un marché de 500 millions de personnes ceux qui croit cela sont des menteurs purement et simplement .

  4. Evidemment, qand un paquebot coule, ça fait des remous et ça peut être dangereux pour les embarcations plus petites qui sont dans les parages.

    C’est justement pourquoi il ne faut surtout pas être arrimé à ce paquebot qui prend l’eau. Car ce serait la garantie d’être entraîné dans son naufrage. Si on reste libre, on a de meilleures chances de s’en sortir.

    Le discours des euroturbos consiste à nous dire: ce paquebot c’est le bien, tout simplement. ll incarne le progrès de l’humanité. Donc nous avons le devoir moral de nous arrimer à lui pour l’aider à ne pas couler. Et même, si nécessaire, nous devons couler avec lui par solidarité humaniste et pour résister au populisme. Nous pouvons l’aider. Nous sommes riches. Ne soyons donc pas égoïste. Sacrifions nous gaiement sur l’autel de la déesse Europe.

    A ce chant des sirènes qui nous entraine vers le gouffre, et qui ruinerait les protections sociales contenues dans mesures d’accompagnement, chacun répondra selon sa sensibilité et son évaluation des risques. Moi je réponds : non merci!

  5. En 1992, après la Guerre froide, l’idée européenne me paraissait encore séduisante. Une association d’Etats amis, un héritage historique commun, des valeurs admises par tous, des frontières qui allaient de soi. Puis sont arrivés Maastricht, Nice, Lisbonne, les délires mondialistes, l’UE porteuse d’un dogme, qui brime les derniers de classe tout en voulant pousser ses frontières au-delà du raisonnable (sérieusement, qui a jamais cru que la Turquie était européenne?); une entité qui fait la promotion maladive des droits de l’homme tout en niant systématiquement l’héritage culturel de chacun de ses peuples. Une libre-circulation des personnes qui a laminé la classe moyenne et qui ne profite qu’a une petite caste mondialisée soi-disant «moderne» et «ouverte sur le monde». Une politique migratoire absolument suicidaire et irresponsable, qui prépare les guerres inter-ethniques de demain (réjouissez-vous, les guerres civiles sont les plus festives de toutes!) L’alliance entre le socialisme démocratique et le libéralisme économique, quel beau rêve éveillé avons-nous là: une machine à fabriquer des citoyens décérébrés et immatures nourris de télé-réalité et de Facebook. Mais voilà, tout le monde ne veut pas que les frontières disparaissent, que l’Europe se convertisse en marché africain (malgré toute la sympathie que j’éprouve pour ce continent) ; que l’Aquarius débarque ses chargements de misère sur nos côtes au nom d’on ne sait quelle idée supérieure. Non, l’Islam n’est pas forcément une religion d’amour et de paix (c’est méconnaître un antagonisme historique multi-séculaire qui est visiblement nié par nos élites). Oui, l’Europe a des racines et des frontières qu’elle se doit de défendre vigoureusement s’il le faut ; non le mariage homosexuel et l’adoption des enfants par des couples du même sexe ne sont pas des progrès sociaux, c’est une profonde régression des mœurs. Alors à moins de se réformer et d’apprendre de ses erreurs, à moins de réapprendre le consensus, l’UE va contribuer à diviser l’opinion sur ce continent et préparer les conflits de demain. Car ne nous voilons pas la face: l’enjeu porte sur un modèle de civilisation, l’abandon ou non d’un passé, l’acceptation ou non de populations étrangères, avec leurs cultures et leurs croyances. Il n’est plus même question de droits de l’homme, mais de survie d’une culture. Je n’ai jamais aimé l’UDC, essentiellement à cause de la qualité de son personnel politique; comme beaucoup d’autres, je ne me retrouve pas dans les autres partis conservateurs parce qu’ils ont abandonné le terrain politique pour faire de l’économie. Je me retrouve en revanche partiellement dans le combat mené par plusieurs Etats de l’Est (Pologne, Hongrie, voire parfois Russie, comme dans l’affaire syrienne), qui suivent à mon sens le juste chemin. Après plus de 60 ans de gauchisme triomphant, la droite doit revenir aux affaires, et vite…

    1. Cher Monsieur, merci pour votre réaction. Permettez-moi tout de même de rappeler que la droite chrétienne-démocrate est au pouvoir, en Europe, depuis quelques années déjà. Mme Merkel en est sa plus grande ambassadrice… depuis 2005.

  6. A ce que je vois vous avez déjà un accord d’échange avec l’UE non?
    Bon bien alors pourquoi vouloir y entrer?

    1. Cher Monsieur, pourquoi vouloir y entrer? Pour pouvoir enfin codécider et avoir notre mot à dire sur des décisions qui ont un impact direct sur nous en Suisse. Aujourd’hui, nous ne sommes que des spectateurs alors qu’un Etat qui se veut souverain et démocratique devrait chercher à être acteur!

      1. Comment pouvez-vous proner la codécision lorsque le CETA à été refusé par la belgique (grace aux wallons) mais qu’il est quand même appliqué ?
        Ce même type de cas s’est encore produit cette année avec l’accord bel-pan…
        La seule chose dont nous auront droit dans l’europe c’est dire oui et d’appliquer un leu de vaseline pour accepter la douloureuse…

  7. Voilà une chose à faire pour la Suisse et l’Europe assez simple en soi la plupart des Suisses ne veulent pas de cette Europe qui va droit dans le mur d’après eux , dans ce cas on stop tout lien avec l’Europe tous accords bilatéraux tombent, accords de 1972 tombent aussi un brexit suisse une fois pour toutes et on verra le résultat, mais il y a une certitude, la Suisse sera dans une tourmente sans précédent dans son histoire, un vote oui ou non a tout accords bilatéraux et tous prochain accords ? si le non l’emporte plus aucunes collaborations avec l’Europe et je peux vous dire que l’Europe ne ce gênera pas de son côté de dire à tous ces partenaires commerciaux la suisse à rejeter l’union celui qui fera du commerce avec la suisse, verra le marché européen restreint, que fera là et les Suisses ? porté plainte à OMC n’oublient pas une chose pour faire du commerce ils faut un acheteur et un vendeur si la suisse est vendeur et que personne n’achète car son commerce est taxé à 50 voire 100% quel en sera le résultat, n’oublient pas une chose ceux qui sont anti tout sont les premiers à quitter le navire quand cela va mal car ils en ont les moyens regarder en G.B.
    la suisse doit négocier sans essayer de tiré la couverture rien que pour elle car l’union ne sera pas patiente éternellement.

    1. Cher Monsieur, merci pour votre réaction! Je suis également d’avis que nous devons trouver une solution avec l’UE, et ce rapidement.

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