Absence de courage politique? Mobilisons-nous!

Chères lectrices, chers lecteurs,

Il y a quelques jours, nous avons eu l’occasion d’entendre le président du Parti démocrate-chrétien (PDC) présenter à Lausanne sa position en matière de relations entre la Suisse et l’Union européenne (UE). La presse dominicale des derniers mois a permis à ses collègues présidents de faire de même. L’émission Arena de la télévision suisse-alémanique de vendredi dernier, consacrée à la politique européenne de la Suisse, leur a donné une nouvelle occasion de nous faire part de leurs avis en la matière.

Un manque criant de courage politique

Une même conclusion s’impose, celle d’un manque criant de courage politique! A l’exception des partisans d’une Suisse barricadée et coupée du reste du monde, où sont celles et ceux qui osent porter et défendre leur vision de la Suisse en Europe? D’importantes échéances électorales concernant les relations Suisse-UE approchent – pour la plupart dictée par l’Union démocratique du centre (UDC), ce qui ne semble pas déranger certains partis – sans oublier les élections fédérales de 2019 qui pointent doucement leur nez. Ce devrait être là l’occasion rêvée de mobiliser électrices, électeurs et sympathisant-e-s avec un discours ambitieux, visionnaire et positif quant à la place de la Confédération sur notre continent! Que nenni! Rien ne bouge; chacune et chacun semble se limiter à ses calculs stratégiques à court terme, espérant ne pas se retrouver dans le camp des perdants, priant pour sauver ses sièges.

Mouvement vs. parti politique?

Pourtant le président Macron l’a démontré (tout comme, dans une certaine mesure, la chancelière allemande Merkel voire aussi le chancelier autrichien Kurz): un discours honnête et positif sur l’Europe peut s’avérer gagnant. Pourquoi donc hésiter? Est-ce la logique des partis politiques qui empêche qu’une nouvelle vision de la Suisse dans l’Europe ne prenne forme? Si Macron et Kurz semblent confirmer cette hypothèse – tous deux s’étant émancipés de la logique des partis pour lancer leurs «mouvements» – l’UDC nous amène au constat inverse, puisqu’elle a réussi, en tant que parti, à diffuser largement dans la population son projet politique et à s’assurer de nombreux succès électoraux depuis les années nonante. Que pouvons-nous donc faire?

A l’évidence et compte tenu des propos de leurs présidents, nous ne pouvons pas compter sur les partis gouvernementaux « proeuropéens » – entendons par là ceux opposés à la résiliation des accords bilatéraux conclus entre la Suisse et l’UE. Le Conseil fédéral, trop divisé sur les relations Suisse-UE, ne nous sera pas non plus d’une grande aide. Les milieux économiques ne se mobilisent, quant à eux, que de façon bien timide pour le moment.

Mobilisons-nous pour une Suisse démocratique, prospère et qui a voix au chapitre dans une Europe qui garantit nos libertés et nous protège

C’est donc à la société civile et aux citoyennes et citoyens de porter un projet d’avenir radicalement autre que celui prôné par les tacticiens de l’UDC: celui d’une Suisse démocratique, prospère et qui a voix au chapitre dans une Europe qui garantit nos libertés et nous protège. Il semble que nous ayons encore passablement « de pain sur la planche »: retroussons donc nos manches et profitons  des échéances électorales à venir et des élections fédérales de l’an prochain pour partager notre vision européenne ambitieuse, courageuse et tournée vers l’avenir!

Raphaël Bez

Diplômé en science politique et en études européennes, Raphaël Bez est secrétaire général du Mouvement européen Suisse. Il est également vice-président de la Plateforme Suisse Europe, membre du bureau exécutif de l’Union des fédéralistes européens et membre du Conseil de la Fondation Jean Monnet pour l’Europe.

12 réponses à “Absence de courage politique? Mobilisons-nous!

  1. Ben voyons…! L’autisme et le déni de réalité continuent.

    Votre argumentaire est totalement réfractaire au réel.

    80% des citoyen(ne)s sont opposés à ce que la Suisse se lie encore un peu plus les mains dans l’intégration européenne. Il est temps pour le Foraus de le réaliser.

    La prise de conscience se répand dans tous les milieux que l’acceptation d’un accord cadre évolutif, impliquant reprise des évolutions du droit européen, impliquerait nécessairement à terme l’obligation pour la Suisse de s’aligner sur les taux de TVA européens, la perte de protections auxquelles les gens sont attachés comme par exemple la garantie de l’état aux banques cantonales. Et bien d’autres choses (arme à la maison, liberté de payer en espèces mémé des gros montants, etc.) qui font partie de la souveraineté du mode de vie et de la liberté à laquelle nous sommes attachés.

    Si nous avions un accord cadre la démocratie directe ne permettrait pas d’échapper à ces évolutions dont personne ne veut.

    Tout cela ne sera peut-être pas abrogé immédiatement mais c’est dans l’esprit des institutions européennes. La TVA sera fatalement harmonisée un jour prochain dans les pays européens (il suffit d’entendre les déclarations de Macron, Merkel, Schulz & Co) et la garantie des banques cantonales est fondamentalement contraire à l’esprit des traités européens. Donc celà sera considéré comme “Marktrelevant”. On n’y coupera pas. Inutile de mentir pour cacher la vérité. Les gens ont pris l’habitude décrypter les mensonges.

    Avec un accord global nous serions livrés pieds et poings liés à ces évolutions que les Suissesses et les Suisses ne veulent pas.

    Il est temps pour les euroturbos de redescendre sur terre et commencer enfin à tenir compte de la réalité.

    Il faut que monsieur Cassis fasse comprendre à Bruxelles que pour la Suisse, ses institutions, son peuple, sa démocratie direct, sa TVA à 8%, ses banque cantonales, un accord cadre n’est envisageable.

    C’est un non possumus. Il faut signifier ce non possumus à Bruxelles et cesser de se tortiller.

    Seule cette démarche d’honnêteté permettra à notre pays d’être respecté. Et à nos autorités d’être à nouveau respectées par les citoyen(ne)s qui actuellement ont beaucoup de mépris pour toutes ces reptations devant les chantages de l’étranger.

    1. Cher Martin, je vois que nous n’avez pas résisté à la tentation de lire mon deuxième article même si vous aviez gentiment déclaré “Allez, on a lu votre premier billet. Mais ça suffira. À partir de maintenant on va vous zapper.”… Merci!

  2. Dites donc, votre appel à la mobilisation ça n’a pas l’air de marcher. Dure, dure, la vie d’euroturbo!

    Pas un seul commentaire à votre post, rien, nada! Aucun succès, aucun écho! Manifestement votre zèle proeuropéen n’est pas du tout suivi, même par le public de ce blog super euroturbo.

    Vous avez fait le choix de ne pas publier mon commentaire. Evidemment ça ne vous fait pas plaisir qu’on vous porte la contradiction. Mais le résultat c’est que vous êtes obligé de constater qu’il n’y a aucun commentaire approbateur. ll n’y a donc personne, même parmi les lecteurs du Temps, pour supporter votre credo eurobéat. ll ne vous reste plus qu’à rédiger vous-même un post approbateur, pour faire croire qu’il y a quand même un peu de soutien à votre appel.

    Comme on vous plaît mon pauvre monsieur… allez, on va verser une petite larme sur votre sort.

    1. Le pseudo Oui Ouin ajoute t il du sérieux à vos commentaires moqueurs?
      Oin-Oin est la figure de nombreuses histoires drôles circulant en Suisse romande, en particulier dans le canton de Vaud.
      Le personnage de Oin-Oin tenait son surnom de sa manière de dire « oui », qu’on entendait « oin » – une élocution due à un bec-de-lièvre qu’il cachait par une moustache. On prête par ailleurs à cet amateur d’absinthe et de bière une descente assez impressionnante dès qu’il s’agit d’alcool. (source Wikipedia)

  3. Je voulais dire comme on vous plaint. On vous plaint vraiment. Ca doit être déprimant, vraiment, de prêcher ainsi dans le désert, face à une opinion indifférente et hostile..

  4. Ah tiens, vous avez fini par les publier. Bien joué. Maintenant il y a une petite chance que ca fasse un peu le buzz. J’espère qu’il y aura quelques courageux euroturbos pour voler à votre secours….

  5. De la même façon que l’on peut comprendre que les UDC Suisses fassent tout ce qu’ils peuvent pour s’éloigner de l’Europe, j’espère que ces mêmes UDC ne blâmeront pas ceux qui sont partisans de bilatérales étroites d’exprimer leurs convictions.
    Beaucoup de partis de droite nationaliste souhaitent que leur pays quittent l’Europe ou s’en éloignent. Jusqu’à maintenant, aucun pays n’a franchi le pas, et permettez moi de me délecter chaque fois que je m’intéresse aux propositions, que la GB avance lors des négociations avec l’UE.
    Mais je suis sans illusion, un jour, alors que les partis nationalistes continuent à “prendre des parts de marché”, il va bien y avoir un pays qui va finir par rompre. Et c’est à ce moment que nous verrons bien les résultats.
    Pour ce qui est de la Suisse, comme à son habitude, le désengagement de certains accords, s’ils ont lieu, prendra beaucoup de temps. Et il n’est pas certain que l’UDC ait encore l’influence qu’elle a aujourd’hui en Suisse.
    Depuis une quinzaine d’année que l’UDC a blochérisé sa politique, quels en sont les résultats?
    – Cinq minarets au lieu de 6!
    – Quelques milliers de Suisse en difficulté de santé rayés de l’AI!
    – Le doublement du coût des caisses maladie pour ne plus être remboursé qu’en cas de maladie grave!
    – la division privée des hôpitaux réservés aux seuls fortunés
    – L’age de la retraite le plus souvent repoussé!
    – Les pensions des seconds piliers réduites de 30% pour les futures pensionnés.
    – La réduction des allocations chômage souvent remplacées par des oeuvres sociales locales…
    Je pourrais prolonger cette liste de “nouvelles conquêtes “.
    Mais je me pose une simple question: de ces brillants résultats, êtes vous fiers, pensez-vous avoir atteints vos buts initiaux?

  6. @HERVÉ

    Je ne me place pas du point de vue de l’UDC. Je n’appartiens pas à ce parti. Je me place uniquement du point de vue de 80 pourcent de nos concitoyen(ne)s qui ne veulent pour rien au monde un accord institutionnel avec l’UE, et qui se battent depuis au moins 1992, par leurs votes réitérés, pour qu’une telle soumission à un pouvoir étranger n’ait pas lieu, et donc qui ne peuvent plus supporter l’argumentaire de ces gens comme le Foraus, qui ne représentent rien, défendent une option politique détestée par 80 pourcent de la population, mais continuent à nous importuner.

    Vous parlez, cher Hervé, de sortir des accords bilatéraux et vous dites que cela n’apporterait rien. mais je ne parle pas de sortie des ces accords, malgré qu’ils soient inutiles, je parle seulement de ne pas entrer dans un accord institutionnel de soumission, qui consisterait à mettre notre tête sur le billot et à abandonner notre bien le plus précieux qui est notre souveraineté.

    1. Je ne sais pas d’ou vous sortez ce chiffre de 80%. Une fois de plus les minorités ont le droit de s’exprimer et peuvent changer et devenir majorité. Vous me rappelez les Bernois de Moutier avec vos propos.
      Quand aux accords qui ne servent à rien entre la Suisse et l’UE, vous devriez réfléchir avant d’émettre de tels propos.

  7. Ils ne servent à rien ces accords bilatéraux. Ils nous imposent trop de contraintes. Nous sommes suffisamment protégés par les accords de l’OMC dont nous sommes parties prenantes. Mon opinion personnelle est que ce serait une excellente chose si nous étions débarrassés de ces accords bilatéraux, et s’ils étaient caducs (et donc je ne crains pas la clause guillotine que Mr Kellenberger a honteusement accepté de signer).

    Mais je n’en demande pas tant. Tout ce que je demande c’est que monsieur Cassis ait le courage de dire la VÉRITÉ à Juncker et aux autres pantins de Bruxelles: “NON POSSUMUS. C’est dommage mais un accord institutionnel est politiquement IMPOSSIBLE pour la Suisse.”

    Seule cette franchise sera respectée. L’attitude actuelle qui consiste à mentir à Bruxelles en leur faisant croire que, peut-être, un jour, on arrivera à un accord cadre, et en même temps à mentir au peuple suisse en lui disant qu’on défend ses intérêts alors qu’on cède à tous les chantages et qu’on rampe devant le mannekenpis, cette attitude ne peut attirer que le mépris général, et mérité. Mépris du peuple Suisse, mépris de Bruxelles.

    Quand à l’attitude du Foraus, prônée par l’auteur de l’article ci-dessus, on n’en parle même pas. Il s’agit d’une vue de l’esprit, qui n’a aucun rapport avec le monde réel.

    1. Tant pis pour la répétition: Je ne sais pas d’ou vous sortez ce chiffre de 80%. Une fois de plus les minorités ont le droit de s’exprimer et peuvent changer et devenir majorité. Vous me rappelez les Bernois de Moutier avec vos propos.

      1. Merci, cher Hervé, pour votre commentaire! En effet, une minorité doit pouvoir s’exprimer et – vous avez raison – n’est pas appelée à rester indéfiniment une minorité 🙂

Les commentaires sont clos.