Un couple avec deux enfants travaillerait plus de 6 mois pour l’Etat ! Vraiment ?

En cette journée historique du 14 juin, j’ai parcouru distraitement le tout ménage de l’UDC, baptisé Edition spéciale, que j’ai découvert dans ma boîte aux lettres tout à l’heure. Sans grande surprise, je n’ai trouvé aucune allusion à une certaine grève, mais une attaque en règle contre l’instrumentalisation des changements climatiques qui serait à l’oeuvre: « (…) les idéologues de la gauche et des verts abusent sans aucune gêne de cette situation pour tenter d’imposer leurs recettes inefficace. Nous devons nous y opposer et faire appel à la raison ».

L’impôt serait-il si lourd pour les classes moyennes ?

En revanche, le titre d’un encadré dans la double page où le parti expose son programme pour les années 2019 à 2023, a capté mon attention . «Les couples avec deux enfants travaillent plus que six mois pour l’Etat !» On imagine évidemment qu’il s’agit de l’ensemble des impôts et des taxes que les couples doivent régler. Or ce chiffre paraît énorme.

(Source : Edition spéciale – UDC)

Raccourci un peu trop saisissant

En examinant de plus près les données fournies, on constate rapidement qu’il s’agit d’un raccourci un peu trop saisissant : on parle en fait non seulement des impôts et des taxes sous toutes ses formes, mais également de l’ensemble des prélèvement obligatoires ! En d’autres termes, les cotisations aux assurances sociales, y compris celles qui sont versées par l’employeur, au titre de l’AVS, de l’AI, de l’assurance chômage, de la caisse de pension et l’assurance accidents professionnels et non professionnels, ainsi que pour les allocations familiales, sans oublier les primes d’assurance maladie, constitueraient des sortes d’impôt !

Dérapage contrôlé ?

Dans un premier temps, j’ai pensé qu’il s’agissait peut-être du dérapage du metteur en page qui cherchait à faire « mousser » ces données, en amalgamant l’ensemble des prélèvements obligatoires à la ponction fiscale effective. Malheureusement, en parcourant le corps central du dossier consacré au programme du parti, on retrouve le même ordre de grandeur : «Nous travaillons cinq mois par an pour l’Etat. Ce qui n’est pas forcément faux pour les très hauts revenus, au taux marginal d’imposition très élevé et dont les cotisations au titre de l’AVS-AI vont s’avérer particulièrement lourdes puisque non plafonnées, contrairement aux prestations à venir.

Très forte redistribution dans l’AVS-AI

Dans ce cas, les cotisations à l’AVS-AI peuvent être considérées comme une sorte d’impôt en raison du caractère redistributif très fort de ces assurances sociales. Mais l’exemple de l’encadré parle d’un revenu effectif de couple de 116’000 francs… Quand l’idéologie remplace la raison !