La loi sur l’énergie est-elle une usine à gaz ?

Pour Doris Leuthard, la votation du 21 mai s’annonce sous les meilleurs auspices (Source : DETEC)

 

Pour ceux qui n’auraient pas eu l’envie (ou le courage) d’assister au duel Le Pen – Macron mercredi soir, mais qui sont pénétrés par leur devoir de citoyen, Infrarouge leur offrait un débat sur la prochaine loi sur l’énergie. Loi qui sera soumise à votation le 21 mai prochain.

Un projet complexe

Un tel débat s’avérait d’autant plus utile qu’il faut faire preuve de beaucoup d’abnégation pour essayer de comprendre les tenants et aboutissants de cette nouvelle loi qui a suscité le lancement du référendum. Sur le papier, le projet paraît bien tenir la route, mais serait grevé de défauts aux effets particulièrement pervers selon ses détracteurs, aux considérations souvent divergentes : l’énergie deviendrait hors de prix ; les éoliennes défigurent le paysage ; la bureaucratie va proliférer et les interdictions s’accumuler ; enfin, il faudrait s’attendre à des perte d’emplois et à la baisse du niveau de vie.

Comment se forger une opinion ?

Au cours de ce débat télévisuel, auquel participait Doris Leuthard, notre sémillante ministre de l’Énergie et présidente de la Confédération, les échanges s’avéraient nourris, voire tendus. Au terme de cette émission, on restait cependant sur sa faim car il est très difficile de se forger une opinion si l’on n’est pas un spécialiste pour décortiquer les arguments de chacun. Comment juger s’il s’agit d’une usine à gaz, comme le laisse entendre ses détracteurs, ou d’un système sophistiqué répondant à une problématique complexe ? Même si certaines critiques paraissent pertinentes, est-ce que cela justifierait de renvoyer l’ensemble du paquet ? La question reste ouverte.

Les prises de position des partis

Évidemment, cette votation n’a pas lieu dans le vide : pour s’orienter, les citoyens de ce pays regardent comme d’habitude les prises de position des partis et associations qui semblent le mieux correspondre à leur vision du monde. Ce que confirme d’ailleurs le sondage publié par Tamedia le 28 avril, qui montre que 55% des personnes interrogées sont certainement ou plutôt favorables au projet, contre 42% certainement ou plutôt défavorables. La ligne de partage est assez claire, puisque les électeurs des Verts, des Vert’libéraux et du PS sont largement favorables, un peu moins pour le PDC, tandis que les électeurs de l’UDC y sont largement opposés. Quant au PLR, les partisans de la nouvelle révision sont faiblement majoritaires.

Motivation des intentions de vote

Ces chiffres prennent d’autant plus de sens si on met en parallèle les arguments qui militent en faveur de l’acceptation ou du rejet. Pour deux tiers des personnes sondées, l’argument en faveur de la loi est que les énergies renouvelables protègent le climat. En revanche, pour 37% des opposants, le souci de l’approvisionnement en énergie et pour 23% l’argument principal serait l’augmentation considérable du tarif de l’électricité.

Les sondeurs mettent en évidence l’exceptionnelle stabilité des intentions de vote par rapport au sondage précédent. Ce qu’on peut facilement expliquer par le fait qu’on oppose des points de vue profondément ancrés dans les esprits et qui ne pourraient être remis en question que par des chocs émotionnels balayant tout autre argument rationnel. Mais la ficelle ne doit pas être trop grosse. Et l’on peut douter que des arguments aussi subtils que la menace de douche froide au coût de 3’200 francs, comme on peut le voir sur des affiches publiques, puissent vraiment refroidir les ardeurs des partisans de la réforme, surtout soucieux de la protection de l’environnement. Madame Leuthard semble donc assurée de la victoire.