Retour sur la première vague pour combattre la deuxième

 

L’actualité sanitaire n’ayant laissé qu’un bref répit entre la première vague de Covid-19 en Suisse et la deuxième, on aura à peine eu le temps de digérer l’ouvrage au titre prémonitoire de « La première vague* » sur les effets dévastateurs de ce virus au printemps. Cette enquête remarquable, réalisé par la cellule enquête Tamedia, met en scène certains des acteurs-clés à la pointe de ce combat en Suisse, dont évidemment Alain Berset et Daniel Koch, mais aussi ces héros et héroïnes anonymes qui ont contribué à sauver la situation.

Tirer les leçons de la première vague

On aurait sans doute envie de passer à autre chose plutôt que de ressasser ces moments difficiles. Paradoxalement, avec la résurgence de la pandémie sous nos latitudes, c’est une lecture qui permet de replacer les décisions prises dans leur contexte et de prendre du recul par rapport à la stratégie actuelle. Notamment pour mieux comprendre la répartition fluctuante des compétences entre le Conseil fédéral et les cantons.

Rassemblements de moins de 1’000 personnes

À cet égard, l’ouvrage de mes confrères de Tamedia est particulièrement édifiant, lorsqu’ils évoquent la décision prise à fin février d’interdire les rassemblements de plus de 1’000 personnes, la Suisse étant l’une des premières à faire un tel choix. Décision peu appréciée au niveau des cantons « au point que même les ministres de la Santé de différents cantons n’ont pas voulu la soutenir ». Alors que, toujours selon les auteurs, cela a « probablement sauvé des centaines voire des milliers de vies ».

Manque de réaction

Malheureusement, critiquent les auteurs, le gouvernement n’aurait pas toujours agi avec la même célérité à partir de là. Ainsi, « la Suisse a certes graduellement augmenté l’intensité des mesures, mais elle a laissé dix longs jours s’écouler avant de se résoudre à ordonner les restrictions les plus fortes, avec le semi-confinement ».

Quoi faire maintenant ?

Par comparaison avec l’Autriche, qui avait pris des mesures plus tôt, et qui avait donc pu se déconfiner plus rapidement que les autres, le bilan est moins favorable : « Si la Suisse avait agi de la sorte, il y aurait probablement eu moins de morts, et le préjudice économique aurait été moindre, avec un confinement moins long. » Cette dernière affirmation peut inquiéter. Si l’on observe les décisions drastiques qui viennent d’être prises chez certains de nos voisins, on peut se demander si l’on n’est pas en train de répéter cette erreur. Pas facile d’être ministre de la Santé par les temps qui courent !

*La première vague – Enquête au coeur de la crise du coronavirus en Suisse,, Cellule enquête Tamedia, Slatkine, 2020